[50] αὐτίκα μηκεδανοῖο μόθου τέλος ἠρτύναντο.
51 καὶ Σκῦρον μὲν ἔβαινε λιπὼν εὐπάρθενον ἄστυ
52 υἱὸς Ἀχιλλῆος καὶ ἐπαινῆς Δηιδαμείης·
53 μήπω δ´ εὐφυέεσσιν ἰουλίζων κροτάφοισιν
54 ἀλκὴν πατρὸς ἔφαινε νέος περ ἐὼν πολεμιστής.
55 ἦλθε δὲ καὶ Δαναοῖσιν ἑὸν βρέτας ἁγνὸν ἄγουσα
56 ληιστὴ μὲν ἐοῦσα, φίλοις δ´ ἐπίκουρος Ἀθήνη.
57 ἤδη καὶ βουλῇσι θεῆς ὑποεργὸς Ἐπειὸς
58 Τροίης ἐχθρὸν ἄγαλμα πελώριον ἵππον ἐποίει.
59 καὶ δὴ τέμνετο δοῦρα καὶ ἐς πεδίον κατέβαινεν
60 Ἴδης ἐξ αὐτῆς, ὁπόθεν καὶ πρόσθε Φέρεκλος
61 νῆας Ἀλεξάνδρῳ τεκτήνατο, πήματος ἀρχήν.
62 ποίει δ´ εὐρυτάτῃς μὲν ἐπὶ πλευρῇς ἀραρυῖαν
63 γαστέρα κοιλήνας, ὁπόσον νεὸς ἀμφιελίσσης
64 ὀρθὸν ἐπὶ στάθμην μέγεθος τορνώσατο τέκτων.
65 αὐχένα δὲ γλαφυροῖσιν ἐπὶ στήθεσσιν ἔπηξε
66 ξανθῷ πορφυρόπεζαν ἐπιρρήνας τρίχα χρυσῷ·
67 ἡ δ´ ἐπικυμαίνουσα μετήορος αὐχένι κυρτῷ
68 ἐκ κορυφῆς λοφόεντι κατεσφρηγίζετο δεσμῷ.
69 ὀφθαλμοὺς δ´ ἐνέθηκε λιθώπεας ἐν δυσὶ κύκλοις
70 γλαυκῆς βηρύλλοιο καὶ αἱμαλέης ἀμεθύσσου·
71 τῶν δ´ ἐπιμισγομένων διδύμης ἀμαρύγματι χροιῆς
72 γλαυκῶν φοινίσσοντο λίθων ἑλίκεσσιν ὀπωπαί.
73 ἀργυφέους δ´ ἐχάραξεν ἐπὶ γναθμοῖσιν ὀδόντας
74 ἄκρα δακεῖν σπεύδοντας ἐυστρέπτοιο χαλινοῦ·
75 καὶ στόματος μεγάλοιο λαθὼν ἀνέῳξε κελεύθους
76 ἀνδράσι κευθομένοισι παλίρροον ἆσθμα φυλάσσων,
77 καὶ διὰ μυκτήρων φυσίζοος ἔρρεεν ἀήρ.
78 οὔατα δ´ ἀκροτάτοισιν ἐπὶ κροτάφοισιν ἄρηρεν
79 ὀρθὰ μάλ´, αἰὲν ἑτοῖμα μένειν σάλπιγγος ἀκουήν.
80 νῶτα δ´ ὁμοῦ λαγόνεσσι συνήρμοσε καὶ ῥάχιν ὑγρήν,
81 ἰσχία δὲ γλουτοῖσιν ὀλισθηροῖσι συνῆψε.
82 σύρετο δὲ πρυμνοῖσιν ἐπ´ ἴχνεσιν ἔκλυτος οὐρὴ
83 ἄμπελος ὣς γναμπτοῖσι καθελκομένη θυσάνοισιν.
84 οἱ δὲ πόδες βαλίοισιν ἐπερχόμενοι γονάτεσσιν
85 εὔπτερον ὥσπερ ἔμελλον ἐπὶ δρόμον ὁπλίζεσθαι,
86 οὕτως ἠπείγοντο· μένειν δ´ ἐκέλευεν ἀνάγκη.
87 οὐ μὲν ὑπὸ κνήμῃσιν ἀχαλκέες ἔξεχον ὁπλαί,
88 μαρμαρέης δ´ ἑλίκεσσι κατεσφήκωντο χελώνης
89 ἁπτόμεναι πεδίοιο μόγις κρατερώνυχι χαλκῷ.
90 κληιστὴν δ´ ἐνέθηκε θύρην καὶ κλίμακα τυκτήν,
91 ἡ μὲν ὅπως ἀίδηλος ἐπὶ πλευρῇς ἀραρυῖα
92 ἔνθα καὶ ἔνθα φέρῃσι λόχον κλυτόπωλον Ἀχαιῶν,
93 ἡ δ´ ἵνα λυομένη τε καὶ ἔμπεδον εἰς ἓν ἰοῦσα
94 εἴη σφιν καθύπερθεν ὁδὸς καὶ νέρθεν ὀροῦσαι.
95 ἀμφὶ δέ μιν λευκοῖο κατ´ αὐχένος ἠδὲ γενείων
96 ἄνθεσι πορφυρέοισι πέριξ ἔζωσεν ἱμάντων
97 καὶ σκολιῇς ἑλίκεσσιν ἀναγκαίοιο χαλινοῦ
98 κολλήσας ἐλέφαντι καὶ ἀργυροδίνεϊ χαλκῷ.
99 αὐτὰρ ἐπειδὴ πάντα κάμεν μενεδήιον ἵππον,
| [50] s'empressèrent de faire leurs préparatifs pour quelque action décisive. Le fils d'Achille et de la
belle Déidamie, ayant quitté Scyros sa patrie, si renommée pour la beauté de ses jeunes filles, s'était
rendu sous les murs de Troie. Ce héros, dont les belles joues n'étaient point encore ombragées de
poil follet, montrait déjà dans les combats la valeur de son père ; il apportait aux Grecs une statue de
Minerve, qu'il regardait comme inviolable : c'était un don que la déesse elle-même lui avait fait pour
favoriser un peuple qu'elle chérissait. Epéus, guidé par les conseils de cette immortelle, s'occupait
alors à construire un cheval d'une grosseur prodigieuse, qui devait faire l'admiration et la désolation
des Troyens. Le bois destiné à cet ouvrage était descendu des sommets du mont Ida dans la plaine ;
il avait été tiré des mêmes forêts qui avaient fourni les vaisseaux que Phéréclus avait fait construire
par les ordres de Pâris, source infinie de malheurs. Cet habile architecte avait ménagé entre les côtés
de cette énorme machine une cavité pareille à celle que forme l'intérieur d'un vaisseau. Il avait mis la
plus grande précision dans ce travail. Au-dessus du poitrail s'élevait le cou de l'animal, sur lequel on
voyait flotter une crinière, dont le haut était attaché par un noeud qui formait un ornement au-dessus
de sa tête. Deux pierres précieuses, un béryl et une améthyste, placées dans chaque orbite, imitaient
parfaitement l'éclat des yeux. Le violet et le pourpre, se confondant, produisaient une nuance pareille
à celle d'un oeil bleu. L'ouvrier n'avait pas négligé de placer dans chaque mâchoire des dents
d'argent, qui serraient fortement un mors fait avec beaucoup de soin.
Il avait pratiqué une ouverture secrète qui venait aboutir à la bouche, et à la faveur de laquelle l'air
intérieur, se renouvelant, laissait respirer librement ceux qui devaient se cacher dans le corps de
l'animal. Un autre conduit, ouvert à travers ses naseaux, était encore destiné à rafraîchir l'air au
dedans. On voyait s'élever au-dessus de la tête des oreilles qui se redressaient sans cesse, et
semblaient attendre le signal du clairon. La tournure du dos était admirable : il allait parfaitement
d'ensemble avec les flancs, et les cuisses tombaient très naturellement sous la croupe. Une queue
superbe descendait, en flottant, jusqu'au bas des jambes, et traînait à terre ; semblable à une branche
de cep qui serpente le long du terrain, où elle est entortillée par ses pampres. Ses pieds se mouvaient
très lentement et très difficilement, leurs articulations n'étant point flexibles, comme elles auraient dû
l'être pour exécuter des mouvements rapides. La manière dont ce cheval avait été construit l'aurait
forcé à rester en place, si le génie de l'ouvrier ne lui eût suggéré des ressources. Ses jambes étaient
soutenues sur des plaques d'airain, qui lui tenaient lieu de cornes : leur extrémité était enchâssée
dans une brillante écaille de tortue, au moyen de laquelle ses pieds ne touchaient jamais à terre. Une
porte et un escalier, ménagés avec art sur le côté de cette énorme machine, servaient à y introduire
les bataillons grecs : au moyen de cette échelle et de cette ouverture, il était aisé d'y monter, et de se
porter au dehors dans le besoin. On voyait descendre des guirlandes de fleurs le long de son cou, et
jusque vers le bout de ses naseaux. Quant à son mors, il était orné d'ivoire et d'airain incrusté
d'argent. Dès qu'Epéus eut achevé de construire ce cheval, qui devait être si funeste aux Troyens,
|