HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Tryphiodore, La prise de Troie

Vers 550-599

  Vers 550-599

[550] αἱ δὲ φίλοις ἐπὶ παισί, χελιδόνες οἷάτε κοῦφαι,
551 μητέρες ὠδύροντο· νέη δέ τις ἀσπαίροντα
552 ἠίθεον κλαύσασα θανεῖν ἔσπευδε καὶ αὐτὴ
553 οὐδὲ δορυκτήτοισιν ὁμοῦ δεσμοῖσιν ἕπεσθαι
554 ἤθελεν, ἀλλ´ ἐχόλωσε καὶ οὐκ ἐθέλοντα φονῆα
555 καὶ ξυνὸν λέχος ἔσχεν ὀφειλόμενον παρακοίτῃ.
556 πολλαὶ δ´ ἠλιτόμηνα καὶ ἄπνοα τέκνα φέρουσαι
557 γαστέρος ὠμοτόκοιο χύδην ὠδῖνα μεθεῖσαι
558 ῥιγεδανῶς σὺν παισὶν ἀπεψύχοντο καὶ αὐταί.
559 παννυχίη δ´ ἐχόρευσεν ἀνὰ πτόλιν, οἷα θύελλα,
560 κύμασι παφλάζουσα πολυφλοίσβου πολέμοιο
561 αἵματος ἀκρήτοιο μέθης ἐπίκωμος Ἐνυώ.
562 σὺν δ´ Ἔρις οὐρανόμηκες ἀναστήσασα κάρηνον
563 Ἀργείους ὀρόθυνεν, ἐπεὶ καὶ φοίνιος Ἄρης
564 ὀψὲ μὲν ἀλλὰ καὶ ὣς πολέμων ἑτεραλκέα νίκην
565 ἦλθε φέρων Δαναοῖσι καὶ ἀλλοπρόσαλλον ἀρωγήν.
566 ἴαχε δὲ γλαυκῶπις ἐπ´ ἀκροπόληος Ἀθήνη
567 αἰγίδα κινήσασα, Διὸς σάκος, ἔτρεμε δ´ αἰθὴρ
568 Ἥρης σπερχομένης, ἐπὶ δ´ ἔβραχε γαῖα βαρεῖα
569 παλλομένη τριόδοντι Ποσειδάωνος ἀκωκῇ,
570 ἔφριξεν δ´ Ἀίδης, χθονίων δ´ ἐξέδρακε θώκων
571 ταρβήσας, μή πού τι Διὸς μέγα χωσαμένοιο
572 πᾶν γένος ἀνθρώπων κατάγοι ψυχοστόλος Ἑρμῆς.
573 πάντα δ´ ὁμοῦ κεκύκητο, φόνος δέ τις ἄκριτος ἦεν·
574 τοὺς μὲν γὰρ φεύγοντας ἐπὶ Σκαιῇσι πύλῃσι
575 κτεῖνον ἐφεστηῶτες, δ´ ἐξ εὐνῆς ἀνορούσας
576 τεύχεα μαστεύων δνοφερῇ περικάππεσεν αἰχμῇ.
577 καί τις ὑπὸ σκιόεντι δόμῳ κεκρυμμένος ἀνήρ,
578 ξεῖνος ἐών, ἐκάλεσσεν ὀιόμενος φίλον εἶναι·
579 νήπιος, οὐ μὲν ἔμελλεν ἐνηέι φωτὶ μιγῆναι,
580 ξείνια δ´ ἐχθρὰ κόμισσεν· ὑπὲρ τέγεος δέ τις ἄλλος
581 μήπω παπταίνων τι θοῷ διέπιπτεν ὀιστῷ.
582 καί τινες ἀλγεινῷ κραδίην βεβαρηότες οἴνῳ,
583 ἐκπλαγέες ποτὶ δοῦπον, ἐπειγόμενοι καταβῆναι,
584 κλίμακος ἐξελάθοντο καθ´ ὑψηλῶν τε μελάθρων
585 ἔκπεσον ἀγνώσσοντες, ἐπαυχενίους δὲ λυθέντες
586 ἀστραγάλους ἐάγησαν, ὁμοῦ δ´ ἐξήρυγον οἶνον.
587 πολλοὶ δ´ εἰς ἕνα χῶρον ἀολλέες ἐκτείνοντο
588 μαρνάμενοι, πολλοὶ δὲ διωκόμενοι κατὰ πύργων
589 ἤριπον εἰς Ἀίδαο πανύστατον ἅλμα θορόντες.
590 παῦροι δὲ στεινῆς διὰ κοιλάδος, οἷάτε φῶρες,
591 πατρίδος ὀλλυμένης ἔλαθον χειμῶνα φυγόντες.
592 οἱ δ´ ἔνδον πολέμῳ τε καὶ ἀχλύι κυμαίνοντες,
593 ἀνδράσιν οἰχομένοισι καὶ οὐ φεύγουσιν ὁμοῖοι,
594 πίπτον ἐπ´ ἀλλήλοισι· πόλις δ´ οὐ χάνδανε λύθρον
595 ἀνδρῶν χηρεύουσα, περιπλήθουσα δὲ νεκρῶν.
596 οὐδέ τι φειδωλή τις ἐγίνετο· φοιταλέῃ δὲ
597 σπερχόμενοι μάστιγι φιλαγρύπνοιο κυδοιμοῦ
598 οὐδὲ θεῶν ὄπιν εἶχον, ἀθεσμοτάτης δ´ ὑπὸ ῥιπῆς
599 ἀθανάτων ἔχραινον ἀπενθέας αἵματι βωμούς.
[550] les mères désolées répandaient des larmes sur leurs enfants, comme on voit la tendre hirondelle, lorsqu'elle a perdu les fruits de ses amours, se désespérer en voltigeant autour de son nid. Plus d'une jeune fille versa des pleurs sur le corps de son amant palpitant encore, et courut d'elle-même à la mort pour terminer sa peine ; elle aima mieux périr que de se voir condamnée à passer le reste de ses jours dans les fers d'un insolent vainqueur ; elle craignit peu de l'irriter par des refus, et, demeurant toujours fidèle à ses prerniers voeux, elle voulut être unie à son amant, même après le trépas. Les femmes enceintes, surprises avant le terme par les douleurs de l'enfantement, expirèrent avec leur fruit dans des souffrances horribles. Bellone, cette déesse qui se plaît tant à s'abreuver de sang, passa toute cette nuit dans l'ivresse et la joie : on la vit traverser la ville en dansant, semblable à la tempête qui soulève jusqu'aux nues les flots de la mer bruyante. La Discorde, dont la tête atteint jusqu'aux cieux, travaillait de concert avec elle à exciter l'ardeur des Grecs. Le terrible Mars se joignit aussi, quoique un peu tard, à ces divinités : il venait secourir les enfants de Danaüs, et il avait fixé en leur faveur la victoire inconstante. Cependant la déesse aux yeux bleus, secouant l'égide du maître des dieux, fit retentir la citadelle d'Ilion de ses cris horribles ; Junon accourant à ce bruit, l'air en frémit ; la terre, ébranlée par le trident de Neptune, répondit à ce fracas ; le souverain des enfers fut troublé d'effroi ; il se précipita à l'entrée de ses royaumes sombres : ce dieu craignait que Jupiter irrité n'eût enfin détruit l'espèce humaine, et que Mercure n'amenât dans son empire tant d'âmes dégagées de leur enveloppe. Une confusion épouvantable régnait dans toute la ville. Les meurtriers s'abandonnaient à leur rage, sans considérer quelles étaient leurs victimes. Des soldats arrêtés auprès de la porte Scée massacraient tous ceux qu'ils voyaient fuir vers eux ; quelques-uns, surpris au saut du lit, se sentirent percés par une main inconnue, dans le temps qu'ils cherchaient eux-mêmes leurs armes pour aller au combat ; d'autres, à la faveur des ténèbres, s'étant réfugiés ailleurs que chez eux, y donnaient leurs ordres comme s'ils eussent été les amis du maître de la maison. Insensés ! ils ne voyaient pas que cet asile devait leur être funeste, et qu'ils imploreraient en vain les droits de l'hospitalité. Plusieurs, perchés sur leurs toits, furent atteints de flèches au moment qu'ils s'y attendaient le moins ; il y en eut qui, s'étant surchargés de vin, se réveillèrent en sursaut, et, voulant accourir au bruit qu'ils entendaient, ils se précipitèrent du haut du toit, sans songer qu'un escalier pouvait les conduire dans la rue : tant ils étaient aveuglés par leur ivresse ! leurs vertèbres, fracassées dans cette chute, ouvraient une issue au vin dont ils s'étaient gorgés. On en voyait d'attroupés pour combattre, qui périssaient ensemble sous les coups de l'ennemi : la fuite ne pouvait les dérober au trépas ; on les poursuivait avec un tel acharnement, qu'ils n'hésitaient pas à sauter du haut des tours en bas ; ils descendaient ainsi dans le Tartare, et le funeste saut qui les y conduisait était le dernier de leur vie. Quelques-uns, plus heureux, échappèrent en prenant des routes secrètes à la tempête qui soufflait avec tant de rage sur Ilion : ils fuyaient dans les vallons de manière qu'on les eût pris pour des voleurs qui se sauvent furtivement. Enfin, un grand nombre de Troyens étaient immobiles au milieu des ténèbres et du carnage ; on eût dit qu'ils étaient déjà sans vie, et qu'ils n'avaient pas même la ressource de fuir ; on les voyait tomber sans défense les uns sur les autres. La cité, destituée de ses habitants et peuplée uniquement de morts, ne pouvait plus contenir les flots de sang : on n'épargnait personne ; les vainqueurs pressaient les vaincus avec furie ; leur rage insolente étouffait en eux la crainte de la vengeance céleste ; le sang dont ils souillaient les autels allumait la colère des dieux, bien loin de les apaiser.


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Dernière mise à jour : 29/11/2006