[500] καὶ δή που φόρμιγξ ἀνεπαύσατο, κεῖτο δὲ κάμνων
501 αὐλὸς ἐπὶ κρητῆρι, κύπελλα δὲ πολλὰ χυθέντα
502 αὐτομάτως ῥείεσκε καθελκομένων ἀπὸ χειρῶν.
503 ἡσυχίη δὲ πόλιν κατεβόσκετο, νυκτὸς ἑταίρη,
504 οὐδ´ ὑλακὴ σκυλάκων ἠκούετο, πᾶσα δὲ σιγὴ
505 εἱστήκει καλέουσα φόνον πνείουσαν ἀυτήν.
506 ἤδη δὲ Τρώεσσιν ὀλέθριον εἷλκε τάλαντον
507 Ζεὺς ταμίης πολέμοιο, μόγις δ´ ἐλέλιξεν Ἀχαιούς·
508 χάζετο δ´ Ἰλιόθεν Λυκίης ἐπὶ πίονα νηὸν
509 ἀχνύμενος μεγάλοις ἐπὶ τείχεσι Φοῖβος Ἀπόλλων.
510 αὐτίκα δ´ Ἀργείοισιν Ἀχιλλῆος παρὰ τύμβον
511 ἀγγελίην ἀνέφαινε Σίνων εὐφεγγέι δαλῷ.
512 παννυχίη δ´ ἑτάροισιν ὑπὲρ θαλάμοιο καὶ αὐτὴ
513 εὐειδὴς Ἑλένη χρυσέην ἐπεδείκνυτο πεύκην.
514 ὡς δ´ ὁπότε πλήθουσα πυρὸς γλαυκοῖο σελήνη
515 οὐρανὸν αἰγλήεντα κατεχρύσωσε προσώπῳ·
516 οὐχ ὅτε που γλωχῖνας ἀποξύνουσα κεραίης
517 πρωτοφαὴς ὑπὸ μηνὸς ἀνίσταται ἄσκιον ἀχλύν,
518 ἀλλ´ ὅτε κυκλώσασα περίτροχον ὄμματος αὐγὴν
519 ἀντιτύπους ἀκτῖνας ἐφέλκεται ἠελίοιο·
520 τοίη μαρμαίρουσα Θεραπναίη τότε νύμφη
521 οἴνοπα πῆχυν ἀνεῖλκε, φίλου πυρὸς ἡνιοχῆα.
522 οἱ δὲ σέλας πυρσοῖο μετήορον ἀθρήσαντες
523 νῆας ἀνεκρούσαντο παλιγγνάμπτοισι κελεύθοις
524 Ἀργεῖοι σπεύδοντες, ἅπας δ´ ἠπείγετο ναύτης
525 δηναιοῦ πολέμοιο τέλος διζήμενος εὑρεῖν.
526 οἱ δ´ αὐτοὶ πλωτῆρες ἔσαν κρατεροί τε μαχηταὶ
527 ἀλλήλοις τ´ ἐκέλευον ἐλαυνέμεν· αἱ δ´ ἄρα νῆες
528 ὠκύτεραι κραιπνῶν ἀνέμων ταχυπειθέι ῥιπῇ
529 Ἴλιον εἰσανάγοντο Ποσειδάωνος ἀρωγῇ.
530 ἐνθάδε δὴ πεζοὶ πρότεροι κίον, οἱ δ´ ἐπέλειφθεν
531 ἱππῆες κατόπισθεν, ὅπως μὴ Τρώιον ἵπποι
532 λαὸν ἀναστήσωσιν ἀειρομένῳ χρεμετισμῷ.
533 οἱ δ´ ἕτεροι γλαφυρῆς ἀπὸ γαστέρος ἔρρεον ἵππου,
534 τευχησταὶ βασιλῆες, ἀπὸ δρυὸς οἷα μέλισσαι,
535 αἵτ´ ἐπεὶ οὖν ἔκαμον πολυχανδέος ἔνδοθι σίμβλου
536 κηρὸν ὑφαίνουσαι μελιηδέα ποικιλοτέχναι,
537 ἐς νομὸν εὐγυάλοιο κατ´ ἄγγεος ἀμφιχυθεῖσαι
538 νύγμασι πημαίνουσι παραστείχοντας ὁδίτας·
539 ὣς Δαναοὶ κρυφίοιο λόχου κληῖδας ἀνέντες
540 θρῷσκον ἐπὶ Τρώεσσι καὶ εἰσέτι κοῖτον ἔχοντας
541 χαλκείου θανάτοιο κακοῖς ἐκάλυψαν ὀνείροις.
542 νήχετο δ´ αἵματι γαῖα, βοὴ δ´ ἄλληκτος ὀρώρει
543 Τρώων φευγόντων, ἐστείνετο δ´ Ἴλιος ἱρὴ
544 πιπτόντων νεκύων, οἱ δ´ ἀνδροφόνῳ κολοσυρτῷ
545 ἔζεον ἔνθα καὶ ἔνθα μεμηνότες οἷα λέοντες
546 σώμασιν ἀρτιφάτοισι γεφυρώσαντες ἀγυιάς.
547 Τρωιάδες δὲ γυναῖκες ὑπὲρ τεγέων ἀίουσαι
548 αἱ μὲν ἐλευθερίης ἐρατῆς ἔτι διψώουσαι
549 αὐχένας ἐς θάνατον δειλοῖς ὑπέβαλλον ἀκοίταις,
| [500] Ils ne faisaient plus résonner leurs instruments de musique.
Ceux-ci, fatigués des excès de la table, s'étaient endormis la tête penchée sur leurs verres,
pendant que ceux-là, cherchant à saisir leurs coupes remplies de vin, les laissaient échapper de leurs
mains débiles. Le repos, compagnon de la nuit, versait sa douce influence sur les mortels ; les chiens
même, suspendant leurs aboiements, semblaient craindre de troubler ce silence. Le calme qui régnait
dans la cité allait devenir le signal du carnage. Déjà le maître des dieux, qui dispense la victoire à son
gré, avait fait pencher sa balance en faveur des ennemis des Troyens ; la perte de ces derniers était
assurée. Apollon ne pouvait plus frapper les Grecs de ses traits. Affligé de la ruine prochaine des
murs sacrés d'Ilion, il sortit de leur enceinte, et se retira dans un superbe temple que les Lyciens lui
avaient bâti.
Cependant Sinon, ayant allumé des feux auprès du tombeau d'Achille, donnait aux Grecs le signal
convenu. Hélène à son tour, voulant les favoriser, leur montrait du haut de son palais une torche
ardente. Telle Hécate, brillant d'un éclat non pareil, dore la voûte céleste qui s'éclaire à son aspect,
quand, ayant passé les premiers jours du mois pendant lesquels cet astre cornu ne répand sur
l'univers qu'une lueur ténébreuse, son disque s'arrondit enfin, et devient plus lumineux en attirant à soi
un plus grand nombre de rayons du soleil ; telle l'épouse de Ménélas étincelait, dans l'obscurité de la
nuit, de l'éclat que lui prêtait la flamme qu'elle avait allumée en faveur des Grecs. Ceux-ci, apercevant
de loin les flambeaux que leur tendait une si belle main, s'empressèrent d'aborder aux rivages
phrygiens qu'ils avaient feint de vouloir quitter. Les rameurs faisaient diligence, pressés du desir de
terminer une guerre malheureuse ; il leur tardait de quitter la rame pour s'élancer dans la mêlée ;
impatients d'arriver, ils s'animaient l'un l'autre. Les vents, secondant leur ardeur et soufflant avec
violence sur leurs vaisseaux, les eurent bientôt portés devant Troie, où ils abordèrent heureusement
sous les auspices de Neptune. A l'instant les matelots, devenus soldats, se mirent en marche, laissant
derrière eux leurs cavaliers, de crainte que les chevaux des Troyens, hennissant à l'approche de leurs
cavales, n'éveillassent leurs maîtres.
Déjà les guerriers enfermés dans le ventre du cheval s'élançaient hors de ses flancs. Telles des
abeilles sortant du creux d'un chêne, où elles ont bâti artistement leur ruche, se répandent dans la
prairie ; elles s'y repaissent du suc des fleurs et se jettent ensuite sur les passants, qu'elles percent de
leur aiguillon : tels les Grecs, sortant d'embuscade et sautant à terre, fondaient impétueusement sur
les Troyens. Le sommeil dans lequel ils les trouvèrent plongés devint le sommeil de la mort. Elle n'eut
pour eux d'autres horreurs que les songes funestes qui vinrent s'offrir à leur esprit. Le carnage fut tel,
qu'on vit la terre inondée de sang ; l'air retentissait à chaque instant des cris des vaincus fuyant au-devant
de leurs meurtriers : la cité était ébranlée par la chute des morts qui tombaient sans
mouvement. Les vainqueurs, semblables à des lions furieux, portaient le tumulte dans tous les
quartiers, et jonchaient les rues des cadavres de leurs ennemis. Les femmes troyennes, entendant
tout ce fracas du haut de leurs toits et soupirant sur la perte de leur liberté, présentaient la tête à leur
époux en leur demandant le coup mortel ;
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