HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Tryphiodore, La prise de Troie

Vers 450-499

  Vers 450-499

[450] ἀφραδίῃ τε βέβυστο, μεθημοσύνῃ τε κεχήνει
451 πᾶσα πόλις, πυλέων δ´ ὀλίγοις φυλάκεσσι μεμήλει·
452 ἤδη γὰρ καὶ φέγγος ἐδύετο, δαιμονίη δὲ
453 Ἴλιον αἰπεινὴν ὀλεσίπτολις ἀμφέβαλεν νύξ.
454 Ἀργείῃ δ´ Ἑλένῃ πολιὸν δέμας ἀσκήσασα
455 ἦλθε δολοφρονέουσα πολυφράδμων Ἀφροδίτη,
456 ἐκ δὲ καλεσσαμένη προσέφη πειθήμονι φωνῇ·
457 νύμφα φίλη, καλέει σε πόσις Μενέλαος ἀγήνωρ
458 ἵππῳ δουρατέῳ κεκαλυμμένος, ἀμφὶ δ´ Ἀχαιῶν
459 ἡγεμόνες λοχόωσι τεῶν μνηστῆρες ἀέθλων.
460 ἀλλ´ ἴθι, μηδ´ ἔτι τοι μελέτω Πριάμοιο γέροντος
461 μήτ´ ἄλλων Τρώων μήτ´ αὐτοῦ Δηιφόβοιο·
462 ἤδη γάρ σε δίδωμι πολυτλήτῳ Μενελάῳ.
463 ὣς φαμένη θεὸς αὖθις ἀνέδραμεν· δὲ δόλοισι
464 θελγομένη κραδίην θάλαμον λίπε κηώεντα,
465 καί οἱ Δηίφοβος πόσις εἵπετο· τὴν δὲ κιοῦσαν
466 Τρῳάδες ἑλκεχίτωνες ἐθηήσαντο γυναῖκες.
467 δ´ ὁπόθ´ ὑψιμέλαθρον ἐς ἱερὸν ἦλθεν Ἀθήνης,
468 ἔστη παπταίνουσα φυὴν εὐήνορος ἵππου.
469 τρὶς δὲ περιστείχουσα καὶ Ἀργείους ἐρέθουσα
470 πάσας ἠυκόμους ἀλόχους ὀνόμαζεν Ἀχαιῶν
471 φωνῇ λεπταλέῃ· τοὶ δ´ ἔνδοθι θυμὸν ἄμυσσον
472 ἀλγεινοὶ κατέχοντες ἐεργμένα δάκρυα σιγῇ.
473 ἔστενε μὲν Μενέλαος, ἐπεὶ κλύε Τυνδαρεώνης,
474 κλαῖε δὲ Τυδείδης μεμνημένος Αἰγιαλείης,
475 οὔνομα δ´ ἐπτοίησεν Ὀδυσσέα Πηνελοπείης.
476 Ἄντικλος δ´ ὅτε κέντρον ἐδέξατο Λαοδαμείης,
477 μοῦνος ἀμοιβαίην ἀνεβάλλετο γῆρυν ἀνοίξας·
478 ἀλλ´ Ὀδυσεὺς κατέπαλτο καὶ ἀμφοτέρῃς παλάμῃσιν
479 ἀμφιπεσὼν ἐπίεζεν ἐπειγόμενον στόμα λῦσαι.
480 μάστακα δ´ ἀρρήκτοισιν ἀλυκτοπέδῃσι μεμαρπὼς
481 εἶχεν ἐπικρατέως· δ´ ἐπάλλετο χερσὶ πιεσθείς,
482 φεύγων ἀνδροφόνοιο πελώρια δεσμὰ σιωπῆς.
483 καὶ τὸν μὲν λίπεν ἆσθμα φερέσβιον· οἱ δέ μιν ἄλλοι
484 δάκρυσι λαθριδίοισι κατακλαύσαντες Ἀχαιοὶ
485 κοῖλον ἀποκρύψαντες ἐς ἰσχίον ἔνθεσαν ἵππου
486 καὶ χλαῖναν μελέεσσιν ἐπὶ ψυχροῖσι βαλόντες.
487 καί νύ κεν ἄλλον ἔθελγε γυνὴ δολόμητις Ἀχαιῶν,
488 εἰ μή οἱ βλοσυρῶπις ἀπ´ αἰθέρος ἀντήσασα
489 Παλλὰς ἐπηπείλησε, φίλου δ´ ἐξήγαγε νηοῦ
490 μούνῃ φαινομένη, στερεῇ δ´ ἀπεπέμψατο φωνῇ·
491 δειλαίη, τέο μέχρις ἀλιτροσύναι σε φέρουσι
492 καὶ πόθος ἀλλοτρίων λεχέων καὶ Κύπριδος ἄτη;
493 οὔποτε δ´ οἰκτείρεις πρότερον πόσιν οὐδὲ θύγατρα
494 Ἑρμιόνην ποθέεις; ἔτι δὲ Τρώεσσιν ἀρήγεις;
495 χάζεο καὶ θαλάμων ὑπερώιον εἰσαναβᾶσα
496 σὺν πυρὶ μειλιχίῳ ποτιδέχνυσο νῆας Ἀχαιῶν.
497 ὣς φαμένη κενεὴν ἀπάτην ἐκέδασσε γυναικός.
498 καὶ τὴν μὲν θαλαμόνδε πόδες φέρον· οἱ δὲ χοροῖο
499 παυσάμενοι καμάτῳ ἀδδηκότες ἤριπον ὕπνῳ.
[450] On ne pensait plus à rien, personne n'était à son poste, et l'on ne cherchait qu'un prétexte pour y manquer. Entre ceux à qui l'on avait confié la garde des portes, il y en avait bien peu qui songeassent à y veiller. Déjà le jour venant de s'éteindre, la nuit avait couvert Ilion de son voile funeste, lorsque la déesse des amours, toujours habile à imaginer des ruses, ayant pris un ajustement favorable à ses charmes, se rendit auprès d'Hélène ; elle l'appela, et lui parla ainsi : «Chère princesse, lui dit-elle avec douceur, le vaillant Ménélas ton époux, porté dans les flancs du cheval de bois, vient te retirer des mains de tes ravisseurs. Les autres princes grecs, jaloux de l'honneur de partager les périls d'une entreprise dont tu es l'objet, sont renfermés avec lui dans cette fatale machine. Ne t'inquiète point sur la destinée du vieux Priam ; que le reste des Troyens et Déiphobe lui-même cessent d'occuper ta pensée. Je vais te rendre à Ménélas». Hélène, séduite par le ton insinuant de Vénus, abandonna sa couche embaumée : Déiphobe, guidé par son amour, suivit les traces de sa nouvelle épouse, dont la beauté charmait les regards des femmes troyennes qui se trouvaient sur son passage. Elle se rendit au temple de Minerve ; le superbe cheval qui venait d'être introduit sous ces voûtes sacrées l'étonna par l'énormité de sa taille. Elle en fit trois fois le tour. L'esprit occupé des jeunes beautés de la Grèce, elle les nomma toutes à voix basse. Leurs époux, placés dans le ventre du cheval, s'affligeaient au tendre souvenir que leur rappelaient des noms si chéris. Ménélas s'attendrit au son de la voix de la fille de Tyndare, qui vint frapper ses oreilles ; Diomède versa des pleurs en entendant nommer Egialée, sa tendre épouse ; le nom de Pénélope produisit la même émotion dans l'âme de son cher Ulysse. Anticlus seul ne put contenir ses transports : dès qu'il entendit prononcer le nom de Laodamie, il ouvrit la bouche pour répondre à la voix qui lui rappelait l'objet de son amour ; mais Ulysse arrêta son indiscrétion ; il se jeta sur lui, et, lui pressant la gorge avec ses deux mains, il l'empêcha de proférer un seul mot. Il lui serra les lèvres si fortement, qu'il ne lui fut pas possible de les ouvrir. Ce malheureux voulut se lever, pour échapper à la violence de son adversaire, et pour se soustraire à la rigueur d'un silence qui le tuait ; en se débattant ainsi, il rendit le dernier souffle. Les Grecs, témoins de son malheur, le pleurèrent, sans se laisser aller à l'excès de la douleur, de crainte qu'on ne les entendît. Ils le précipitèrent dans une cavité formée par une des cuisses du cheval, et jetèrent un manteau sur son cadavre glacé. La perfide Hélène aurait attiré bien d'autres Grecs, si Pallas, avec cet air qui répand la terreur, ne l'eût écartée par ses menaces. La seule vue de la déesse lui fit abandonner l'enceinte du temple. Comme elle se disposait à en sortir, Minerve lui parla ainsi : «Malheureuse, lui dit-elle d'un ton qui la fit trembler, jusqu'où doivent t'emporter tes folles ardeurs ? Quand cesseras-tu de soupirer après de nouveaux amants ? Les feux impudiques que Vénus allume en ton sein ne s'éteindront-ils donc jamais ? N'es-tu point touchée de la constance de ton premier époux, et l'éloignement de ta fille Hermione ne te cause-t-il aucun regret ? Tiendras-tu toujours le parti des Troyens ? Fuis loin de ces lieux, retourne au palais de Priam, et du haut de ses tours montre aux Grecs le chemin que leurs vaisseaux doivent tenir pour leur retour, en faisant briller à leurs yeux des flambeaux allumés». C'est ainsi que Pallas prévenait les suites de l'attendrissement qu'aurait pu exciter chez les héros grecs la séduisante voix d'Hélène. Tandis que cette princesse s'acheminait vers le palais, les Troyens, accablés de lassitude, avaient cessé de danser pour se livrer au sommeil.


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Dernière mise à jour : 29/11/2006