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[7,77] ‘Καὶ ἐκ τῶν παρόντων, ὦ Ἀθηναῖοι καὶ ξύμμαχοι, ἐλπίδα
χρὴ ἔχειν (ἤδη τινὲς καὶ ἐκ δεινοτέρων ἢ τοιῶνδε ἐσώθησαν),
μηδὲ καταμέμφεσθαι ὑμᾶς ἄγαν αὐτοὺς μήτε ταῖς ξυμφοραῖς
(7.77.2) μήτε ταῖς παρὰ τὴν ἀξίαν νῦν κακοπαθίαις. κἀγώ τοι
οὐδενὸς ὑμῶν οὔτε ῥώμῃ προφέρων (ἀλλ' ὁρᾶτε δὴ ὡς
διάκειμαι ὑπὸ τῆς νόσου) οὔτ' εὐτυχίᾳ δοκῶν που ὕστερός
του εἶναι κατά τε τὸν ἴδιον βίον καὶ ἐς τὰ ἄλλα, νῦν ἐν τῷ
αὐτῷ κινδύνῳ τοῖς φαυλοτάτοις αἰωροῦμαι· καίτοι πολλὰ
μὲν ἐς θεοὺς νόμιμα δεδιῄτημαι, πολλὰ δὲ ἐς ἀνθρώπους
(7.77.3) δίκαια καὶ ἀνεπίφθονα. ἀνθ' ὧν ἡ μὲν ἐλπὶς ὅμως θρασεῖα
τοῦ μέλλοντος, αἱ δὲ ξυμφοραὶ οὐ κατ' ἀξίαν δὴ φοβοῦσιν.
τάχα δὲ ἂν καὶ λωφήσειαν· ἱκανὰ γὰρ τοῖς τε πολεμίοις
ηὐτύχηται, καὶ εἴ τῳ θεῶν ἐπίφθονοι ἐστρατεύσαμεν, ἀποχρώντως
(7.77.4) ἤδη τετιμωρήμεθα. ἦλθον γάρ που καὶ ἄλλοι
τινὲς ἤδη ἐφ' ἑτέρους, καὶ ἀνθρώπεια δράσαντες ἀνεκτὰ
ἔπαθον. καὶ ἡμᾶς εἰκὸς νῦν τά τε ἀπὸ τοῦ θεοῦ ἐλπίζειν
ἠπιώτερα ἕξειν (οἴκτου γὰρ ἀπ' αὐτῶν ἀξιώτεροι ἤδη ἐσμὲν
ἢ φθόνου), καὶ ὁρῶντες ὑμᾶς αὐτοὺς οἷοι ὁπλῖται ἅμα καὶ ὅσοι
ξυντεταγμένοι χωρεῖτε μὴ καταπέπληχθε ἄγαν, λογίζεσθε δὲ
ὅτι αὐτοί τε πόλις εὐθύς ἐστε ὅποι ἂν καθέζησθε καὶ ἄλλη
οὐδεμία ὑμᾶς τῶν ἐν Σικελίᾳ οὔτ' ἂν ἐπιόντας δέξαιτο ῥᾳδίως
(7.77.5) οὔτ' ἂν ἱδρυθέντας που ἐξαναστήσειεν. τὴν δὲ πορείαν ὥστ'
ἀσφαλῆ καὶ εὔτακτον εἶναι αὐτοὶ φυλάξατε, μὴ ἄλλο τι
ἡγησάμενος ἕκαστος ἢ ἐν ᾧ ἂν ἀναγκασθῇ χωρίῳ μάχεσθαι,
(7.77.6) τοῦτο καὶ πατρίδα καὶ τεῖχος κρατήσας ἕξειν. σπουδὴ δὲ
ὁμοίως καὶ νύκτα καὶ ἡμέραν ἔσται τῆς ὁδοῦ· τὰ γὰρ ἐπιτήδεια
βραχέα ἔχομεν, καὶ ἢν ἀντιλαβώμεθά του φιλίου χωρίου τῶν
Σικελῶν (οὗτοι γὰρ ἡμῖν διὰ τὸ Συρακοσίων δέος ἔτι βέβαιοι
εἰσίν), ἤδη νομίζετε ἐν τῷ ἐχυρῷ εἶναι. προπέπεμπται δ'
ὡς αὐτούς, καὶ ἀπαντᾶν εἰρημένον καὶ σιτία ἄλλα κομίζειν.
(7.77.7) ’Τό τε ξύμπαν γνῶτε, ὦ ἄνδρες στρατιῶται, ἀναγκαῖόν τε
ὂν ὑμῖν ἀνδράσιν ἀγαθοῖς γίγνεσθαι ὡς μὴ ὄντος χωρίου
ἐγγὺς ὅποι ἂν μαλακισθέντες σωθείητε καί, ἢν νῦν διαφύγητε
τοὺς πολεμίους, οἵ τε ἄλλοι τευξόμενοι ὧν ἐπιθυμεῖτέ που
ἐπιδεῖν καὶ οἱ Ἀθηναῖοι τὴν μεγάλην δύναμιν τῆς πόλεως
καίπερ πεπτωκυῖαν ἐπανορθώσοντες· ἄνδρες γὰρ πόλις, καὶ
οὐ τείχη οὐδὲ νῆες ἀνδρῶν κεναί.‘
| [7,77] LXXVII. – « Athéniens et alliés, même dans notre situation, il faut continuer à
espérer. On a vu des gens se tirer de plus mauvais pas. Renoncez à vous
reprocher sans arrêt vos échecs et vos malheurs immérités. Moi qui ne suis pas
en meilleur point que vous - vous voyez en quel état m'a mis la maladie - moi
qui ne le cédais à personne dans ma vie privée et publique, me voici exposé aux
mêmes périls que les plus misérables. Pourtant j'ai toujours, dans ma vie, rendu
aux dieux le culte qui leur était dû ; j'ai toujours observé envers les hommes
une justice irréprochable. C'est ce qui me permet d'avoir une confiance
inébranlable dans l'avenir. Ces malheurs que nous n'avons pas mérités nous
effraient, mais bientôt peut-être ils feront trêve. Le bonheur de l'ennemi a
assez duré et, si par notre expédition nous avons excité la jalousie des dieux,
notre châtiment s'est suffisamment prolongé. Il est arrivé déjà que d'autres se
livrent à des agressions ; ils se sont comportés comme des hommes et ils n'ont
souffert que des maux supportables. Nous aussi nous avons toutes raisons de nous
attendre de la part des deux à un traitement moins rigoureux ; car notre
situation mérite moins leur jalousie que leur pitié. Jetez donc les yeux sur le
nombre et la valeur des hoplites qui avancent en rangs serrés et en bon ordre et
évitez de vous laisser abattre. Dites-vous bien que partout où vous vous
arrêterez, vous formez une cité puissante, qu'aucune autre en Sicile n'est en
mesure de supporter impunément votre attaque ni de vous déloger de vos
positions. Veillez à assurer la sécurité et le bon ordre de votre marche ; que
chacun de vous n'ait qu'une pensée unique partout où vous serez obligés de
combattre, vous aurez en cas de victoire une patrie, un rempart. Nuit comme
jour, nous presserons notre marche ; car nos vivres sont limités. Si nous
réussissons à atteindre une place appartenant à nos amis sicules, vous pourrez
vous croire en sûreté. Nous sommes assurés de leur fidélité, en raison de la
crainte que leur inspirent les Syracusains. Nous les avons prévenus, nous leur
avons dit de venir au-devant de nous et de nous apporter des vivres. Bref,
sachez, soldats, qu'une nécessité impérieuse vous impose le courage ; si vous
faiblissez, vous n'avez à proximité aucun lieu où vous réfugier ; si maintenant
vous échappez aux ennemis, il vous sera possible de revoir l'objet de vos
désirs. Et vous en particulier, Athéniens, vous rétablirez la puissance d'Athènes
abattue pour l'instant. Ce sont les hommes qui font les villes et non les
remparts, ni les vaisseaux vides de défenseurs. »
| [7,78] Ὁ μὲν Νικίας τοιάδε παρακελευόμενος ἅμα ἐπῄει τὸ
στράτευμα, καὶ εἴ πῃ ὁρῴη διεσπασμένον καὶ μὴ ἐν τάξει
χωροῦν ξυνάγων καὶ καθιστάς, καὶ ὁ Δημοσθένης οὐδὲν
ἧσσον τοῖς καθ' ἑαυτὸν τοιαῦτά τε καὶ παραπλήσια λέγων.
(7.78.2) τὸ δὲ ἐχώρει ἐν πλαισίῳ τεταγμένον, πρῶτον μὲν ἡγούμενον
τὸ Νικίου, ἐφεπόμενον δὲ τὸ Δημοσθένους· τοὺς δὲ
σκευοφόρους καὶ τὸν πλεῖστον ὄχλον ἐντὸς εἶχον οἱ ὁπλῖται.
(7.78.3) καὶ ἐπειδή (τε) ἐγένοντο ἐπὶ τῇ διαβάσει τοῦ Ἀνάπου ποταμοῦ, ηὗρον ἐπ'
αὐτῷ παρατεταγμένους τῶν Συρακοσίων καὶ
ξυμμάχων, καὶ τρεψάμενοι αὐτοὺς καὶ κρατήσαντες τοῦ
πόρου ἐχώρουν ἐς τὸ πρόσθεν· οἱ δὲ Συρακόσιοι παριππεύοντές
τε προσέκειντο καὶ ἐσακοντίζοντες οἱ ψιλοί.
(7.78.4) Καὶ ταύτῃ μὲν τῇ ἡμέρᾳ προελθόντες σταδίους ὡς
τεσσαράκοντα ηὐλίσαντο πρὸς λόφῳ τινὶ οἱ Ἀθηναῖοι· τῇ
δ' ὑστεραίᾳ πρῲ ἐπορεύοντο καὶ προῆλθον ὡς εἴκοσι σταδίους,
καὶ κατέβησαν ἐς χωρίον ἄπεδόν τι καὶ αὐτοῦ ἐστρατοπεδεύσαντο, βουλόμενοι
ἔκ τε τῶν οἰκιῶν λαβεῖν τι ἐδώδιμον
(ὠκεῖτο γὰρ ὁ χῶρος) καὶ ὕδωρ μετὰ σφῶν αὐτῶν φέρεσθαι
αὐτόθεν· ἐν γὰρ τῷ πρόσθεν ἐπὶ πολλὰ στάδια, ᾗ ἔμελλον
(7.78.5) ἰέναι, οὐκ ἄφθονον ἦν. οἱ δὲ Συρακόσιοι ἐν τούτῳ προελθόντες
(7.78.5.2) τὴν δίοδον τὴν ἐν τῷ πρόσθεν ἀπετείχιζον· ἦν δὲ
λόφος καρτερὸς καὶ ἑκατέρωθεν αὐτοῦ χαράδρα κρημνώδης,
ἐκαλεῖτο δὲ Ἀκραῖον λέπας.
(7.78.6) Τῇ δ' ὑστεραίᾳ οἱ Ἀθηναῖοι προῇσαν, καὶ οἱ τῶν
Συρακοσίων καὶ ξυμμάχων αὐτοὺς ἱππῆς καὶ ἀκοντισταὶ
ὄντες πολλοὶ ἑκατέρωθεν ἐκώλυον καὶ ἐσηκόντιζόν τε καὶ
παρίππευον. καὶ χρόνον μὲν πολὺν ἐμάχοντο οἱ Ἀθηναῖοι,
ἔπειτα ἀνεχώρησαν πάλιν ἐς τὸ αὐτὸ στρατόπεδον. καὶ τὰ
ἐπιτήδεια οὐκέτι ὁμοίως εἶχον· οὐ γὰρ ἔτι ἀποχωρεῖν οἷόν
τ' ἦν ὑπὸ τῶν ἱππέων.
| [7,78] LXXVIII. - Telles étaient, à peu de chose près, les exhortations que Nicias
adressait à l'armée en parcourant les rangs. S'il voyait des hommes à l'écart et
hors des rangs, il leur faisait rejoindre la colonne et leur place. Démosthénès
tint à ses troupes une harangue semblable. L'armée s'avançait formée en carré
long, Nicias en tête, Démosthénès à l'arrière ; les valets et le reste de
la multitude étaient encadrés par les hoplites.
Arrivés au passage de l'Anapos, les Athéniens trouvèrent un parti de Syracusains
et d'alliés qui les attendait en formation de combat, sur la rive. Ils les
mirent en fuite, forcèrent le passage et purent continuer leur route ; mais les
Syracusains les harcelaient sur leurs flancs avec la cavalerie et les troupes
légères les accablaient de traits. Ce jour-là, après avoir parcouru environ
quarante stades, ils bivouaquèrent sur une hauteur. Le lendemain, ils se mirent
en marche de bonne heure, firent environ vingt stades et descendirent dans une
plaine où ils campèrent. L'endroit était habité ils voulaient en tirer des
vivres et faire provision d'eau, car l'eau était rare sur un long parcours de la
route qu'ils avaient à suivre. Les Syracusains prirent alors les devants et
barrèrent le passage aux Athéniens par un retranchement ; c'était une colline
élevée, bordée des deux côtés par un ravin escarpé ; elle s'appelait
Akraeon-Lépas (la hauteur d'Akrès). Le lendemain les Athéniens se portèrent en
avant. La cavalerie syracusaine et alliée, une foule de gens de trait gênaient
leur marche, les criblaient de javelots, les chargeaient sur les flancs. Pendant
longtemps les Athéniens résistèrent ; puis ils revinrent à leur camp de la
veille. Déjà leurs vivres s'épuisaient, car la cavalerie les empêchait de
s'éloigner pour se ravitailler.
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