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[7,65] Ὁ μὲν Νικίας τοσαῦτα παρακελευσάμενος εὐθὺς ἐκέλευε
πληροῦν τὰς ναῦς. τῷ δὲ Γυλίππῳ καὶ τοῖς Συρακοσίοις
παρῆν μὲν αἰσθάνεσθαι, ὁρῶσι καὶ αὐτὴν τὴν παρασκευήν,
ὅτι ναυμαχήσουσιν οἱ Ἀθηναῖοι, προηγγέλθη δ' αὐτοῖς
(7.65.2) καὶ ἡ ἐπιβολὴ τῶν σιδηρῶν χειρῶν, καὶ πρός τε τἆλλα
ἐξηρτύσαντο ὡς ἕκαστα καὶ πρὸς τοῦτο· τὰς γὰρ πρῴρας
καὶ τῆς νεὼς ἄνω ἐπὶ πολὺ κατεβύρσωσαν, ὅπως ἂν ἀπολισθάνοι
καὶ μὴ ἔχοι ἀντιλαβὴν ἡ χεὶρ ἐπιβαλλομένη.
(7.65.3) καὶ ἐπειδὴ πάντα ἑτοῖμα ἦν, παρεκελεύσαντο ἐκείνοις οἵ τε
στρατηγοὶ καὶ Γύλιππος καὶ ἔλεξαν τοιάδε.
| [7,65] LXV. - Après cette exhortation, Nicias donna, sans tarder, l'ordre d'embarquer.
Gylippos et les Syracusains pouvaient voir distinctement que les Athéniens se
préparaient au combat. De plus, on les informa que l'ennemi devait utiliser des
grappins de fer. Ils prirent en conséquence toutes leurs dispositions ; en
particulier, ils garnirent de peaux les proues et les gaillards ; ainsi les
grappins glisseraient et n'auraient pas de prise. Quand tout fut prêt Gylippos
et les stratèges syracusains exhortërent leurs troupes en ces termes :
| [7,66] ’Ὅτι μὲν καλὰ τὰ προειργασμένα καὶ ὑπὲρ καλῶν τῶν
μελλόντων ὁ ἀγὼν ἔσται, ὦ Συρακόσιοι καὶ ξύμμαχοι, οἵ
τε πολλοὶ δοκεῖτε ἡμῖν εἰδέναι (οὐδὲ γὰρ ἂν οὕτως αὐτῶν
προθύμως ἀντελάβεσθε), καὶ εἴ τις μὴ ἐπὶ ὅσον δεῖ ᾔσθηται,
(7.66.2) σημανοῦμεν. Ἀθηναίους γὰρ ἐς τὴν χώραν τήνδε ἐλθόντας
πρῶτον μὲν ἐπὶ τῆς Σικελίας καταδουλώσει, ἔπειτ', εἰ
κατορθώσειαν, καὶ τῆς Πελοποννήσου καὶ τῆς ἄλλης
Ἑλλάδος, καὶ ἀρχὴν τὴν ἤδη μεγίστην τῶν τε πρὶν
Ἑλλήνων καὶ τῶν νῦν κεκτημένους, πρῶτοι ἀνθρώπων
ὑποστάντες τῷ ναυτικῷ, ᾧπερ πάντα κατέσχον, τὰς μὲν
νενικήκατε ἤδη ναυμαχίας, τὴν δ' ἐκ τοῦ εἰκότος νῦν
(7.66.3) νικήσετε. ἄνδρες γὰρ ἐπειδὰν ᾧ ἀξιοῦσι προύχειν
κολουθῶσι, τό γ' ὑπόλοιπον αὐτῶν τῆς δόξης ἀσθενέστερον αὐτὸ
ἑαυτοῦ ἐστὶν ἢ εἰ μηδ' ᾠήθησαν τὸ πρῶτον, καὶ τῷ παρ'
ἐλπίδα τοῦ αὐχήματος σφαλλόμενοι καὶ παρὰ ἰσχὺν τῆς
δυνάμεως ἐνδιδόασιν· ὃ νῦν Ἀθηναίους εἰκὸς πεπονθέναι.
| [7,66] LXVI. – « Syracusains et alliés, vos exploits jusqu'à ce jour ont été glorieux ;
la lutte qui va s'engager ne le sera pas moins. Vous le savez tous, j'imagine ;
autrement, vous n'y apporteriez pas tant d'ardeur. Pour ceux qui ne sont pas
suffisamment informés des nécessités de l'heure, nous allons les en instruire. Si
les Athéniens sont venus attaquer notre pays, c'est en premier lieu pour
asservir la Sicile ; c'est aussi pour imposer le même sort, en cas de succès, au
Péloponnèse et au reste de la Grèce. Ils ont acquis un empire comme aucun peuple
grec n'en a possédé jadis ni n'en possède actuellement ; pourtant vous êtes les
premiers à avoir résisté à cette marine, qui leur a permis de tout dominer, vous
avez déjà remporté maintes victoires navales et vous remporterez sans aucun
doute celle que nous allons livrer. L'homme atteint sur le point où il
s'attribuait la supériorité perd la haute opinion qu'il avait de lui-même.
Humilié, trompé dans ses espérances, on s'abandonne, on ne s'estime plus à sa
juste valeur. Voilà quelle est vraisemblablement la situation des Athéniens.
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