| [6,82]  ’Ἀφικόμεθα μὲν ἐπὶ τῆς πρότερον οὔσης ξυμμαχίας  
ἀνανεώσει, τοῦ δὲ Συρακοσίου καθαψαμένου ἀνάγκη καὶ  
(6.82.2)   περὶ τῆς ἀρχῆς εἰπεῖν ὡς εἰκότως ἔχομεν. τὸ μὲν οὖν  
μέγιστον μαρτύριον αὐτὸς εἶπεν, ὅτι οἱ Ἴωνες αἰεί ποτε  
πολέμιοι τοῖς Δωριεῦσιν εἰσίν. ἔχει δὲ καὶ οὕτως· ἡμεῖς  
γὰρ Ἴωνες ὄντες Πελοποννησίοις Δωριεῦσι καὶ πλέοσιν  
οὖσι καὶ παροικοῦσιν ἐσκεψάμεθα ὅτῳ τρόπῳ ἥκιστα αὐτῶν  
(6.82.3)   ὑπακουσόμεθα, καὶ μετὰ τὰ Μηδικὰ ναῦς κτησάμενοι τῆς  
μὲν Λακεδαιμονίων ἀρχῆς καὶ ἡγεμονίας ἀπηλλάγημεν,   
οὐδὲν προσῆκον μᾶλλόν τι ἐκείνους ἡμῖν ἢ καὶ ἡμᾶς ἐκείνοις  
ἐπιτάσσειν, πλὴν καθ' ὅσον ἐν τῷ παρόντι μεῖζον ἴσχυον,  
(6.82.3.5)   αὐτοὶ δὲ τῶν ὑπὸ βασιλεῖ πρότερον ὄντων ἡγεμόνες καταστάντες 
οἰκοῦμεν, νομίσαντες ἥκιστ' ἂν ὑπὸ Πελοποννησίοις  
οὕτως εἶναι, δύναμιν ἔχοντες ᾗ ἀμυνούμεθα, καὶ ἐς τὸ ἀκριβὲς  
εἰπεῖν οὐδὲ ἀδίκως καταστρεψάμενοι τούς τε Ἴωνας καὶ  
νησιώτας, οὓς ξυγγενεῖς φασὶν ὄντας ἡμᾶς Συρακόσιοι  
(6.82.4)   δεδουλῶσθαι. ἦλθον γὰρ ἐπὶ τὴν μητρόπολιν ἐφ' ἡμᾶς μετὰ  
τοῦ Μήδου καὶ οὐκ ἐτόλμησαν ἀποστάντες τὰ οἰκεῖα φθεῖραι,  
ὥσπερ ἡμεῖς ἐκλιπόντες τὴν πόλιν, δουλείαν δὲ αὐτοί τε  
ἐβούλοντο καὶ ἡμῖν τὸ αὐτὸ ἐπενεγκεῖν.
 | [6,82] LXXXII. – « Nous sommes venus pour renouveler notre ancienne alliance ; 
mais puisque le Syracusain nous a pris à partie, force nous est de justifier la 
légitimité de notre empire. Lui-même a donné l'argument le plus important en 
notre faveur, en parlant de l'hostilité presque ininterrompue des Ioniens et des 
Doriens. Le fait est bien exact. Nous autres Ioniens, voisins des 
Péloponnésiens, Doriens d'origine et plus nombreux que nous-mêmes, nous avons 
cherché les moyens de nous soustraire le plus possible à leur domination. Après 
les guerres médiques, quand nous sommes devenus possesseurs d'une marine, nous 
avons rejeté l'autorité et l'hégémonie de Lacédémone, car il ne nous convenait 
plus de recevoir leurs ordres qu'à nous de leur en donner, sinon pendant le 
temps oû leurs forces étaient supérieures aux nôtres. De notre côté, nous nous 
sommes mis à la tête des populations, autrefois soumises au Roi, que nous nous 
sommes conciliées par la suite, car nous estimions que le seul moyen de nous 
soustraire au pouvoir des Péloponnésiens était de posséder les moyens de nous 
défendre. A vrai dire, ce n'est pas sans justes raisons que nous avons soumis 
ces Ioniens et ces insulaires, que les Syracusains nous reprochent d'avoir 
asservis, au mépris de notre communauté d'origine. Ils avaient marché avec le 
Mède, contre leur métropole, contre nous ; ils n'avaient pas eu le courage de 
rompre avec l'ennemi, de détruire leurs propriétés, comme nous l'avons fait en 
abandonnant notre ville ; d'eux-mêmes, ils allaient au-devant de l'esclavage et 
ils voulaient nous l'imposer.
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