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[5,73] Ὡς δὲ ταύτῃ ἐνεδεδώκει τὸ τῶν Ἀργείων καὶ ξυμμάχων
στράτευμα, παρερρήγνυντο ἤδη ἅμα καὶ ἐφ' ἑκάτερα, καὶ
ἅμα τὸ δεξιὸν τῶν Λακεδαιμονίων καὶ Τεγεατῶν ἐκυκλοῦτο
τῷ περιέχοντι σφῶν τοὺς Ἀθηναίους, καὶ ἀμφοτέρωθεν
αὐτοὺς κίνδυνος περιειστήκει, τῇ μὲν κυκλουμένους, τῇ δὲ
ἤδη ἡσσημένους. καὶ μάλιστ' ἂν τοῦ στρατεύματος ἐταλαιπώρησαν,
εἰ μὴ οἱ ἱππῆς παρόντες αὐτοῖς ὠφέλιμοι ἦσαν.
(5.73.2) καὶ ξυνέβη τὸν Ἆγιν, ὡς ᾔσθετο τὸ εὐώνυμον σφῶν πονοῦν
τὸ κατὰ τοὺς Μαντινέας καὶ τῶν Ἀργείων τοὺς χιλίους,
παραγγεῖλαι παντὶ τῷ στρατεύματι χωρῆσαι ἐπὶ τὸ νικώμενον.
(5.73.3) καὶ γενομένου τούτου οἱ μὲν Ἀθηναῖοι ἐν τούτῳ,
ὡς παρῆλθε καὶ ἐξέκλινεν ἀπὸ σφῶν τὸ στράτευμα, καθ'
ἡσυχίαν ἐσώθησαν καὶ τῶν Ἀργείων μετ' αὐτῶν τὸ ἡσσηθέν·
οἱ δὲ Μαντινῆς καὶ οἱ ξύμμαχοι καὶ τῶν Ἀργείων
οἱ λογάδες οὐκέτι πρὸς τὸ ἐγκεῖσθαι τοῖς ἐναντίοις τὴν
γνώμην εἶχον, ἀλλ' ὁρῶντες τούς τε σφετέρους νενικημένους
καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἐπιφερομένους ἐς φυγὴν ἐτράποντο.
(5.73.4) καὶ τῶν μὲν Μαντινέων καὶ πλείους διεφθάρησαν, τῶν δὲ
Ἀργείων λογάδων τὸ πολὺ ἐσώθη. ἡ μέντοι φυγὴ καὶ
ἀποχώρησις οὐ βίαιος οὐδὲ μακρὰ ἦν· οἱ γὰρ Λακεδαιμόνιοι
μέχρι μὲν τοῦ τρέψαι χρονίους τὰς μάχας καὶ βεβαίους τῷ
μένειν ποιοῦνται, τρέψαντες δὲ βραχείας καὶ οὐκ ἐπὶ πολὺ
τὰς διώξεις.
| [5,73] - L'armée des Argiens et des alliés, qui avait cédé de ce côté, se
trouva dès lors rompue en deux points, en même temps l'aile droite des
Lacédémoniens et des Tégéates supérieure en nombre enveloppa les Athéniens ;
ceux-ci se trouvèrent exposés à un double péril, enveloppés d'un côté et vaincus
de l'autre. Ils auraient plus souffert que le reste de l'armée, si les cavaliers
qui les flanquaient ne les eussent dégagés. D'ailleurs Agis qui voyait son aile
gauche en danger du fait des Mantinéens et des Mille Argiens d'élite donna
l'ordre à toute son armée d'opérer un glissement à gauche, pour soutenir l'aile
vaincue. Les Athéniens profitèrent de ce mouvement latéral qui éloignait d'eux
l'adversaire pour se sauver tranquillement ; les Argiens vaincus en firent
autant. Alors les Mantinéens, leurs alliés et les troupes d'élite d'Argos ne
songèrent plus à lutter ; voyant la défaite des leurs et l'approche des
Lacédémoniens, ils prirent la fuite. Nombre de Mantinéens furent tués, tandis
que les troupes d'élite d'Argos réussirent à se sauver presque entièrement.
L'ennemi ne pressa ni ne poursuivit la fuite des uns et la retraite des autres.
Car les Lacédémoniens, tant qu'ils n'ont pas contraint l'ennemi à céder,
combattent longtemps et résistent vigoureusement. Mais une fois qu'ils l'ont mis
en fuite, ils ne le poursuivent pas longtemps ni sur de grandes distances.
| [5,74] Καὶ ἡ μὲν μάχη τοιαύτη καὶ ὅτι ἐγγύτατα τούτων ἐγένετο,
πλείστου δὴ χρόνου μεγίστη δὴ τῶν Ἑλληνικῶν καὶ ὑπὸ
(5.74.2) ἀξιολογωτάτων πόλεων ξυνελθοῦσα. οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι
προθέμενοι τῶν πολεμίων νεκρῶν τὰ ὅπλα τροπαῖον εὐθὺς
ἵστασαν καὶ τοὺς νεκροὺς ἐσκύλευον, καὶ τοὺς αὑτῶν ἀνείλοντο
καὶ ἀπήγαγον ἐς Τεγέαν, οὗπερ ἐτάφησαν, καὶ τοὺς
(5.74.3) τῶν πολεμίων ὑποσπόνδους ἀπέδοσαν. ἀπέθανον δὲ
Ἀργείων μὲν καὶ Ὀρνεατῶν καὶ Κλεωναίων ἑπτακόσιοι, Μαντινέων
δὲ διακόσιοι, καὶ Ἀθηναίων ξὺν Αἰγινήταις διακόσιοι
καὶ οἱ στρατηγοὶ ἀμφότεροι. Λακεδαιμονίων δὲ οἱ μὲν
ξύμμαχοι οὐκ ἐταλαιπώρησαν ὥστε καὶ ἀξιόλογόν τι ἀπογενέσθαι·
αὐτῶν δὲ χαλεπὸν μὲν ἦν τὴν ἀλήθειαν πυθέσθαι,
ἐλέγοντο δὲ περὶ τριακοσίους ἀποθανεῖν.
| [5,74] - Tel fut, à peu de chose près, ce combat le plus important que les Grecs
eussent livré depuis longtemps et qui mit aux prises les villes les plus
considérables. Les Lacédémoniens établirent leurs postes en avant du champ de
bataille et sans tarder élevèrent un trophée ; ils dépouillèrent les cadavres
ennemis, relevèrent les leurs qu'ils transportèrent à Tégée, où eurent lieu les
cérémonies funèbres. Une convention rendit à l'ennemi ses morts. Les contingents
d'Argos, de Kléônes et d'Ornées avaient perdu sept cents hommes ; les Mantinéens
deux cents, les Athéniens et les Éginètes deux cents ; les deux stratèges
athéniens avaient péri. Les Lacédémoniens et leurs alliés n'avaient pas subi de
pertes qui méritent d'être signalées. D'ailleurs, il a été difficile d'en savoir
le nombre exact ; on dit toutefois qu'ils perdirent environ trois cents hommes.
| [5,75] Τῆς δὲ μάχης μελλούσης ἔσεσθαι καὶ Πλειστοάναξ ὁ
ἕτερος βασιλεὺς ἔχων τούς τε πρεσβυτέρους καὶ νεωτέρους
ἐβοήθησε, καὶ μέχρι μὲν Τεγέας ἀφίκετο, πυθόμενος δὲ τὴν
(5.75.2) νίκην ἀπεχώρησεν. καὶ τοὺς ἀπὸ Κορίνθου καὶ ἔξω Ἰσθμοῦ
ξυμμάχους ἀπέστρεψαν πέμψαντες οἱ Λακεδαιμόνιοι, καὶ
αὐτοὶ ἀναχωρήσαντες καὶ τοὺς ξυμμάχους ἀφέντες (Κάρνεια
(5.75.3) γὰρ αὐτοῖς ἐτύγχανον ὄντα) τὴν ἑορτὴν ἦγον. καὶ τὴν ὑπὸ
τῶν Ἑλλήνων τότε ἐπιφερομένην αἰτίαν ἔς τε μαλακίαν διὰ
τὴν ἐν τῇ νήσῳ ξυμφορὰν καὶ ἐς τὴν ἄλλην ἀβουλίαν τε
καὶ βραδυτῆτα ἑνὶ ἔργῳ τούτῳ ἀπελύσαντο, τύχῃ μέν, ὡς
ἐδόκουν, κακιζόμενοι, γνώμῃ δὲ οἱ αὐτοὶ ἔτι ὄντες.
(5.75.4) Τῇ δὲ προτέρᾳ ἡμέρᾳ ξυνέβη τῆς μάχης ταύτης καὶ τοὺς
Ἐπιδαυρίους πανδημεὶ ἐσβαλεῖν ἐς τὴν Ἀργείαν ὡς ἐρῆμον
οὖσαν καὶ τοὺς ὑπολοίπους φύλακας τῶν Ἀργείων ἐξελθόντων
(5.75.5) αὐτῶν διαφθεῖραι πολλούς. καὶ Ἠλείων τρισχιλίων
ὁπλιτῶν βοηθησάντων Μαντινεῦσιν ὕστερον τῆς μάχης καὶ
Ἀθηναίων χιλίων πρὸς τοῖς προτέροις ἐστράτευσαν ἅπαντες
οἱ ξύμμαχοι οὗτοι εὐθὺς ἐπὶ Ἐπίδαυρον, ἕως οἱ Λακεδαιμόνιοι
Κάρνεια ἦγον, καὶ διελόμενοι τὴν πόλιν περιετείχιζον.
(5.75.6) καὶ οἱ μὲν ἄλλοι ἐξεπαύσαντο, Ἀθηναῖοι δέ, ὥσπερ
προσετάχθησαν, τὴν ἄκραν τὸ Ἡραῖον εὐθὺς ἐξειργάσαντο. καὶ
ἐν τούτῳ ξυγκαταλιπόντες ἅπαντες τῷ τειχίσματι φρουρὰν
ἀνεχώρησαν κατὰ πόλεις ἕκαστοι. καὶ τὸ θέρος ἐτελεύτα.
| [5,75] - Peu de temps avant le combat, Pleistoanax l'autre roi de Lacédémone,
était parti en renfort avec les plus vieilles et les plus jeunes classes. Il
s'avança jusqu'à Tégée ; mais à la nouvelle de la victoire, il rebroussa chemin.
Les Lacédémoniens qui avaient mandé les Corinthiens et leurs alliés d'au-delà de
l'Isthme leur envoyèrent contre-ordre. Eux-mêmes opérèrent leur retraite et
congédièrent leurs alliés ; on était justement au mois des fêtes d'Apollon
Karnéios ; ils les célébrèrent. Cette seule bataille leur permit de se laver aux
yeux des Grecs du reproche de mollesse, que leur avait valu leur désastre de
Sphaktérie et de celui d'indécision et de lenteur, provoqué par d'autres
affaires. On vit qu'ils avaient été les victimes du sort, mais que leur courage
était resté le même.
La veille de la bataille, les Épidauriens, avec toutes leurs forces, envahirent
l'Argolide qu'ils savaient sans troupes ; les Argiens partis en campagne
n'avaient laissé que quelques postes de garde, dont la plupart furent massacrés.
Après le combat, trois mille hoplites d'Élis et mille Athéniens, outre les
premiers qui étaient partis, vinrent au secours des Mantinéens. Tous ces alliés
marchèrent aussitôt sur Épidaure, pendant que les Lacédémoniens célébraient
leurs fêtes de Karnéios. Ils établirent une circonvallation, chacun se réservant
un secteur déterminé ; tandis que les autres abandonnaient le travail, les
Athéniens, selon l'ordre qu'ils avaient reçu, vinrent à bout rapidement
d'investir la colline de l'Héraeon. Tous contribuèrent à fournir des troupes
à la garnison de cet ouvrage, puis chacun se retira dans ses foyers. L'été prit fin.
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