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[5,70] Καὶ μετὰ ταῦτα ἡ ξύνοδος ἦν, Ἀργεῖοι μὲν καὶ οἱ ξύμμαχοι
ἐντόνως καὶ ὀργῇ χωροῦντες, Λακεδαιμόνιοι δὲ βραδέως
καὶ ὑπὸ αὐλητῶν πολλῶν ὁμοῦ ἐγκαθεστώτων, οὐ τοῦ
θείου χάριν, ἀλλ' ἵνα ὁμαλῶς μετὰ ῥυθμοῦ βαίνοντες προσέλθοιεν
καὶ μὴ διασπασθείη αὐτοῖς ἡ τάξις, ὅπερ φιλεῖ τὰ
μεγάλα στρατόπεδα ἐν ταῖς προσόδοις ποιεῖν.
| [5,70] - Là-dessus les deux armées s'avancèrent ; les Argiens et leurs alliés au
pas de course et avec impétuosité ; les Lacédémoniens à la cadence lente des
flûtes nombreuses réparties dans les rangs, selon le règlement pour le
combat ; ce n'est pas là un usage religieux, mais un moyen de régler le pas
et d'avancer en mesure, sans ouvrir les rangs, ce qui arrive souvent aux armées
importantes, quand elles « accrochent » l'ennemi.
| [5,71] ξυνιόντων δ' ἔτι Ἆγις ὁ βασιλεὺς τοιόνδε ἐβουλεύσατο δρᾶσαι. τὰ
στρατόπεδα ποιεῖ μὲν καὶ ἅπαντα τοῦτο· ἐπὶ τὰ δεξιὰ κέρατα
αὐτῶν ἐν ταῖς ξυνόδοις μᾶλλον ἐξωθεῖται, καὶ περιίσχουσι
κατὰ τὸ τῶν ἐναντίων εὐώνυμον ἀμφότεροι τῷ
δεξιῷ, διὰ τὸ φοβουμένους προσστέλλειν τὰ γυμνὰ ἕκαστον
ὡς μάλιστα τῇ τοῦ ἐν δεξιᾷ παρατεταγμένου ἀσπίδι καὶ
νομίζειν τὴν πυκνότητα τῆς ξυγκλῄσεως εὐσκεπαστότατον
εἶναι· καὶ ἡγεῖται μὲν τῆς αἰτίας ταύτης ὁ πρωτοστάτης
τοῦ δεξιοῦ κέρως, προθυμούμενος ἐξαλλάσσειν αἰεὶ τῶν
ἐναντίων τὴν ἑαυτοῦ γύμνωσιν, ἕπονται δὲ διὰ τὸν αὐτὸν
(5.71.2) φόβον καὶ οἱ ἄλλοι. καὶ τότε περιέσχον μὲν οἱ Μαντινῆς
πολὺ τῷ κέρᾳ τῶν Σκιριτῶν, ἔτι δὲ πλέον οἱ Λακεδαιμόνιοι
καὶ Τεγεᾶται τῶν Ἀθηναίων, ὅσῳ μεῖζον τὸ στράτευμα
(5.71.3) εἶχον. δείσας δὲ Ἆγις μὴ σφῶν κυκλωθῇ τὸ εὐώνυμον,
καὶ νομίσας ἄγαν περιέχειν τοὺς Μαντινέας, τοῖς μὲν
Σκιρίταις καὶ Βρασιδείοις ἐσήμηνεν ἐπεξαγαγόντας ἀπὸ
σφῶν ἐξισῶσαι τοῖς Μαντινεῦσιν, ἐς δὲ τὸ διάκενον τοῦτο
παρήγγελλεν ἀπὸ τοῦ δεξιοῦ κέρως δύο λόχους τῶν πολεμάρχων
Ἱππονοΐδᾳ καὶ Ἀριστοκλεῖ ἔχουσι παρελθεῖν καὶ ἐσβαλόντας
πληρῶσαι, νομίζων τῷ θ' ἑαυτῶν δεξιῷ ἔτι περιουσίαν
ἔσεσθαι καὶ τὸ κατὰ τοὺς Μαντινέας βεβαιότερον τετάξεσθαι.
| [5,71] - Au dernier moment, voici de quoi s'avisa Agis. Toutes les armées, quand
se produit l'accrochage, ont tendance à incliner à droite et les deux armées en
présence débordent par la droite l'aile gauche ennemie. C'est que chaque soldat,
craignant pour lui-même, colle le plus possible au bouclier de l'homme qui est
sur sa droite, pour protéger son flanc découvert et pense que plus la ligne est
serrée, plus il se trouve en sûreté. Le premier responsable de ce mouvement
c'est le chef de file de l'aile droite, qui toujours veut soustraire aux coups
de l'ennemi son flanc découvert ; poussés par la même crainte, les autres en
font autant. Dans ce combat, les Mantinéens débordaient beaucoup l'aile des
Skirites ; les Lacédémoniens et les Tégéates débordaient davantage encore celle
des Athéniens, d'autant mieux que leurs troupes étaient plus nombreuses. Agis,
craignant de voir enveloppée son aile gauche et estimant que les Mantinéens la
débordaient d'une façon inquiétante, donna l'ordre aux Skirites et aux anciens
soldats de Brasidas d'élargir les intervalles, pour donner à leur ligne la même
longueur que celle des Mantinéens. Et il commanda à deux des polémarques,
Hipponoïdas et Aristoklès, de dégarnir l'aile droite de deux bataillons, de les
pousser dans l'espace laissé vide. Par cette manoeuvre, il estimait que son aile
droite garderait sa supériorité et que la partie de sa ligne opposée aux
Mantinéens s'en trouverait renforcée.
| [5,72] ξυνέβη οὖν αὐτῷ ἅτε ἐν αὐτῇ τῇ ἐφόδῳ καὶ ἐξ
ὀλίγου παραγγείλαντι τόν τε Ἀριστοκλέα καὶ τὸν Ἱππονοΐδαν
μὴ 'θελῆσαι παρελθεῖν, ἀλλὰ καὶ διὰ τοῦτο τὸ αἰτίαμα
ὕστερον φεύγειν ἐκ Σπάρτης δόξαντας μαλακισθῆναι, καὶ
τοὺς πολεμίους φθάσαι τῇ προσμείξει, καὶ κελεύσαντος
αὐτοῦ, ἐπὶ τοὺς Σκιρίτας ὡς οὐ παρῆλθον οἱ λόχοι, πάλιν
αὖ σφίσι προσμεῖξαι, μὴ δυνηθῆναι ἔτι μηδὲ τούτους ξυγκλῇσαι.
(5.72.2) ἀλλὰ μάλιστα δὴ κατὰ πάντα τῇ ἐμπειρίᾳ Λακεδαιμόνιοι
ἐλασσωθέντες τότε τῇ ἀνδρείᾳ ἔδειξαν οὐχ ἧσσον
(5.72.3) περιγενόμενοι. ἐπειδὴ γὰρ ἐν χερσὶν ἐγίγνοντο τοῖς
ἐναντίοις, τὸ μὲν τῶν Μαντινέων δεξιὸν τρέπει αὐτῶν τοὺς
Σκιρίτας καὶ τοὺς Βρασιδείους, καὶ ἐσπεσόντες οἱ Μαντινῆς
καὶ οἱ ξύμμαχοι αὐτῶν καὶ τῶν Ἀργείων οἱ χίλιοι λογάδες
κατὰ τὸ διάκενον καὶ οὐ ξυγκλῃσθὲν τοὺς Λακεδαιμονίους
διέφθειρον καὶ κυκλωσάμενοι ἔτρεψαν καὶ ἐξέωσαν ἐς τὰς
ἁμάξας καὶ τῶν πρεσβυτέρων τῶν ἐπιτεταγμένων ἀπέκτεινάν
(5.72.4) τινας. καὶ ταύτῃ μὲν ἡσσῶντο οἱ Λακεδαιμόνιοι· τῷ δὲ
ἄλλῳ στρατοπέδῳ καὶ μάλιστα τῷ μέσῳ, ᾗπερ ὁ βασιλεὺς
Ἆγις ἦν καὶ περὶ αὐτὸν οἱ τριακόσιοι ἱππῆς καλούμενοι,
προσπεσόντες τῶν (τε) Ἀργείων τοῖς πρεσβυτέροις καὶ πέντε
λόχοις ὠνομασμένοις καὶ Κλεωναίοις καὶ Ὀρνεάταις καὶ
Ἀθηναίων τοῖς παρατεταγμένοις, ἔτρεψαν οὐδὲ ἐς χεῖρας
τοὺς πολλοὺς ὑπομείναντας, ἀλλ' ὡς ἐπῇσαν οἱ Λακεδαιμόνιοι
εὐθὺς ἐνδόντας καὶ ἔστιν οὓς καὶ καταπατηθέντας τοῦ μὴ
φθῆναι τὴν ἐγκατάληψιν.
| [5,72] - Cet ordre avait été donné au moment de l'attaque et à l'improviste.
Aussi Aristoklès et Hipponoïdas refusèrent-ils d'opérer ce mouvement de
glissement, ce qui les fit plus tard accuser de lâcheté et bannir de Sparte.
L'ennemi alors eut l'initiative de l'attaque. L'ordre donné aux bataillons
d'aller renforcer les Skirites n'ayant pas reçu d'exécution, Agis commanda à
ceux-ci de se joindre à lui et de combler le vide. Mais cette manoeuvre non plus
ne put être exécutée. Mais si dans cette affaire toute l'expérience des
Lacédémoniens ne les empêcha pas d'être défaits, en revanche ils montrèrent
toute la supériorité de leur courage. Quand on en fut venu au corps à corps,
l'aile droite des Mantinéens mit en fuite les Skirites et les soldats de
Brasidas. Les Mantinéens, leurs alliés, les mille hommes d'élite d'Argos
pénétrèrent dans l'intervalle laissé vide des troupes ennemies, battirent les
Lacédémoniens, les cernèrent, les mirent en fuite, les poussèrent jusqu'aux
voitures et massacrèrent quelques-uns des territoriaux préposés à leur garde. De
ce côté, la défaite des Lacédémoniens était complète : sur le reste de la ligne,
principalement au centre, où se trouvait Agis entouré des Trois Cents de la
garde royale, l'attaque déclenchée contre les vétérans d'Argos, les troupes
appelées les « Cinq Bataillons », celles de Kleônes, d'Ornées et celles
d'Athènes rangées à leurs côtés, mit en fuite tous ceux-ci, sans qu'ils eussent
le courage d'attendre de pied ferme les assaillants. Dès qu'ils virent les
Lacédémoniens s'avancer, ils cédèrent ; quelques uns d'entre eux même ne pouvant
fuir assez vite furent foulés aux pieds.
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