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[5,67] τότε δὲ κέρας μὲν εὐώνυμον Σκιρῖται αὐτοῖς καθίσταντο,
αἰεὶ ταύτην τὴν τάξιν μόνοι Λακεδαιμονίων ἐπὶ σφῶν αὐτῶν
ἔχοντες· παρὰ δ' αὐτοὺς οἱ ἀπὸ Θρᾴκης Βρασίδειοι στρατιῶται
καὶ νεοδαμώδεις μετ' αὐτῶν· ἔπειτ' ἤδη Λακεδαιμόνιοι
αὐτοὶ ἑξῆς καθίστασαν τοὺς λόχους, καὶ παρ' αὐτοὺς Ἀρκάδων
Ἡραιῆς, μετὰ δὲ τούτους Μαινάλιοι, καὶ ἐπὶ τῷ δεξιῷ
κέρᾳ Τεγεᾶται καὶ Λακεδαιμονίων ὀλίγοι τὸ ἔσχατον ἔχοντες,
(5.67.2) καὶ οἱ ἱππῆς αὐτῶν ἐφ' ἑκατέρῳ τῷ κέρᾳ. Λακεδαιμόνιοι
μὲν οὕτως ἐτάξαντο· οἱ δ' ἐναντίοι αὐτοῖς δεξιὸν μὲν κέρας
Μαντινῆς εἶχον, ὅτι ἐν τῇ ἐκείνων τὸ ἔργον ἐγίγνετο, παρὰ
δ' αὐτοὺς οἱ ξύμμαχοι Ἀρκάδων ἦσαν, ἔπειτα Ἀργείων οἱ
χίλιοι λογάδες, οἷς ἡ πόλις ἐκ πολλοῦ ἄσκησιν τῶν ἐς τὸν
πόλεμον δημοσίᾳ παρεῖχε, καὶ ἐχόμενοι αὐτῶν οἱ ἄλλοι
Ἀργεῖοι, καὶ μετ' αὐτοὺς οἱ ξύμμαχοι αὐτῶν, Κλεωναῖοι καὶ
Ὀρνεᾶται, ἔπειτα Ἀθηναῖοι ἔσχατοι τὸ εὐώνυμον κέρας
ἔχοντες, καὶ ἱππῆς μετ' αὐτῶν οἱ οἰκεῖοι.
| [5,67] - Ce jour-là, les Skirites se placèrent à l'aile gauche ; de tout
temps ils sont les seuls des Lacédémoniens à avoir le privilège de combattre
séparément et à cette place. A leurs côtés se trouvaient les soldats qui avaient
fait la campagne de Thrace avec Brasidas et avec eux les Néodamodes.
Immédiatement après venaient les Lacédémoniens proprement dits, distribués en
compagnies ; auprès d'eux le contingent d'Héraea, qui fait partie de l'Arcadie ;
enfin les Ménaliens. A l'aile droite, il y avait les Tégéates et quelques
Lacédémoniens à l'extrémité de la ligne ; enfin la cavalerie était répartie aux
deux ailes. Tel état l'ordre de bataille des Lacédémoniens.
Face à eux, les Mantinéens occupaient l'aile droite, parce que c'était sur leur
territoire que se livrait la bataille ; à leurs côtés se trouvaient les alliés
d'Arcadie, puis venaient mille hommes d'élite d'Argos, soldats de carrière dont
l'entraînement se faisait depuis longtemps aux frais de l'État. En liaison avec
eux il y avait les autres Argiens, puis leurs alliés de Kléônes et d'Ornées.
Enfin les Athéniens se trouvaient à l'extrémité de l'aile gauche, avec leurs
propres cavaliers.
| [5,68] Τάξις μὲν ἥδε καὶ παρασκευὴ ἀμφοτέρων ἦν, τὸ δὲ
(5.68.2) στρατόπεδον τῶν Λακεδαιμονίων μεῖζον ἐφάνη. ἀριθμὸν
δὲ γράψαι ἢ καθ' ἑκάστους ἑκατέρων ἢ ξύμπαντας οὐκ ἂν
ἐδυνάμην ἀκριβῶς· τὸ μὲν γὰρ Λακεδαιμονίων πλῆθος διὰ
τῆς πολιτείας τὸ κρυπτὸν ἠγνοεῖτο, τῶν δ' αὖ διὰ τὸ ἀνθρώπειον
κομπῶδες ἐς τὰ οἰκεῖα πλήθη ἠπιστεῖτο. ἐκ
μέντοι τοιοῦδε λογισμοῦ ἔξεστί τῳ σκοπεῖν τὸ Λακεδαιμονίων
(5.68.3) τότε παραγενόμενον πλῆθος. λόχοι μὲν γὰρ ἐμάχοντο
ἑπτὰ ἄνευ Σκιριτῶν ὄντων ἑξακοσίων, ἐν δὲ ἑκάστῳ
λόχῳ πεντηκοστύες ἦσαν τέσσαρες, καὶ ἐν τῇ πεντηκοστύι
ἐνωμοτίαι τέσσαρες. τῆς τε ἐνωμοτίας ἐμάχοντο ἐν τῷ πρώτῳ
ζυγῷ τέσσαρες· ἐπὶ δὲ βάθος ἐτάξαντο μὲν οὐ πάντες
ὁμοίως, ἀλλ' ὡς λοχαγὸς ἕκαστος ἐβούλετο, ἐπὶ πᾶν δὲ κατέστησαν
ἐπὶ ὀκτώ. παρὰ δὲ ἅπαν πλὴν Σκιριτῶν τετρακόσιοι
καὶ δυοῖν δέοντες πεντήκοντα ἄνδρες ἡ πρώτη τάξις ἦν.
| [5,68] - Tels étaient l'ordre de bataille et le dispositif des deux armées.
Celle de Lacédémone paraissait la plus importante. Mais il me serait impossible
de donner avec exactitude le chiffre auquel s'élevait chaque armée, ou les deux
ensemble. En raison de la dissimulation habituelle à son gouvernement, on
ignorait le nombre des troupes de Lacédémone. Pour l'autre armée, en raison de
la jactance des hommes qui grossissent tout ce qui les touche, l'évaluation
était sujette à caution. Voici pourtant sur quel calcul on peut s'appuyer pour
estimer le nombre des Lacédémoniens alors en ligne. Sept bataillons
lacédémoniens prirent part au combat, à quoi il faut ajouter six cents Skirites ;
dans chaque bataillon, il y avait quatre compagnies ; dans chaque compagnie
quatre sections ; dans chaque section il y avait au premier rang quatre hommes ;
il est juste de dire que toutes n'avaient pas le même nombre d'hommes en
profondeur ; chaque commandant de bataillon prenait sur ce point les
dispositions utiles. En règle générale ils étaient par files de huit hommes en
profondeur. En tout la première ligne sans compter les Skirites était composée
de quatre cent quarante-huit hommes.
| [5,69] Ἐπεὶ δὲ ξυνιέναι ἔμελλον ἤδη, ἐνταῦθα καὶ παραινέσεις
καθ' ἑκάστους ὑπὸ τῶν οἰκείων στρατηγῶν τοιαίδε ἐγίγνοντο,
Μαντινεῦσι μὲν ὅτι ὑπέρ τε πατρίδος ἡ μάχη ἔσται καὶ
ὑπὲρ ἀρχῆς ἅμα καὶ δουλείας, τὴν μὲν μὴ πειρασαμένοις
ἀφαιρεθῆναι, τῆς δὲ μὴ αὖθις πειρᾶσθαι· Ἀργείοις δὲ ὑπὲρ
τῆς τε παλαιᾶς ἡγεμονίας καὶ τῆς ἐν Πελοποννήσῳ ποτὲ
ἰσομοιρίας μὴ διὰ παντὸς στερισκομένους ἀνέχεσθαι, καὶ
ἄνδρας ἅμα ἐχθροὺς καὶ ἀστυγείτονας ὑπὲρ πολλῶν ἀδικημάτων
ἀμύνασθαι· τοῖς δὲ Ἀθηναίοις καλὸν εἶναι μετὰ
πολλῶν καὶ ἀγαθῶν ξυμμάχων ἀγωνιζομένους μηδενὸς λείπεσθαι,
καὶ ὅτι ἐν Πελοποννήσῳ Λακεδαιμονίους νικήσαντες
τήν τε ἀρχὴν βεβαιοτέραν καὶ μείζω ἕξουσι καὶ οὐ μή ποτέ
(5.69.2) τις αὐτοῖς ἄλλος ἐς τὴν γῆν ἔλθῃ. τοῖς μὲν Ἀργείοις καὶ
ξυμμάχοις τοιαῦτα παρῃνέθη, Λακεδαιμόνιοι δὲ καθ' ἑκάστους
τε καὶ μετὰ τῶν πολεμικῶν νόμων ἐν σφίσιν αὐτοῖς ὧν
ἠπίσταντο τὴν παρακέλευσιν τῆς μνήμης ἀγαθοῖς οὖσιν
ἐποιοῦντο, εἰδότες ἔργων ἐκ πολλοῦ μελέτην πλείω σῴζουσαν
ἢ λόγων δι' ὀλίγου καλῶς ῥηθεῖσαν παραίνεσιν.
| [5,69] - Au moment d'en venir aux mains, les stratèges de chaque peuple
encouragèrent chacun leurs hommes : aux Mantinéens, ils firent valoir qu'ils
allaient combattre pour leur patrie ; que l'enjeu de la lutte était la
domination ou l'esclavage ; la suprématie ils l'avaient connue : à eux de ne pas
se la laisser arracher ; à eux aussi de ne pas connaître une seconde fois
l'asservissement ; aux Argiens, qu'ils allaient lutter pour maintenir leur
antique hégémonie, sauvegarder durablement leur égalité de droits dans le
Péloponnèse et punir de tant d'injustices des ennemis leurs voisins ; aux
Athéniens qu'il était glorieux, en luttant avec tant et de si braves allés, de
ne le céder en courage à aucun ; que leur victoire sur les Lacédémoniens
affirmerait et augmenterait leur puissance dans le Péloponnèse et qu'ils seraient
désormais à l'abri de toute crainte d'invasion. Telles furent les exhortations
données aux Argiens et à leurs alliés. De leur cóté, les Lacédémoniens
s'encourageaient les uns les autres ; au bruit des chants de guerre, ils
s'excitaient, par le rappel de leurs hauts faits bien connus, à se montrer
pleins de courage, convaincus qu'une longue pratique de belles actions est plus
efficace qu'un beau discours au dernier moment.
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