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[5,58] Ἀργεῖοι δὲ προαισθόμενοι τό τε πρῶτον τὴν παρασκευὴν
τῶν Λακεδαιμονίων καὶ ἐπειδὴ ἐς τὸν Φλειοῦντα βουλόμενοι
τοῖς ἄλλοις προσμεῖξαι ἐχώρουν, τότε δὴ ἐξεστράτευσαν
καὶ αὐτοί· ἐβοήθησαν δ' αὐτοῖς καὶ Μαντινῆς, ἔχοντες
τοὺς σφετέρους ξυμμάχους, καὶ Ἠλείων τρισχίλιοι ὁπλῖται.
(5.58.2) καὶ προϊόντες ἀπαντῶσι τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐν Μεθυδρίῳ
τῆς Ἀρκαδίας. καὶ καταλαμβάνουσιν ἑκάτεροι λόφον· καὶ
οἱ μὲν Ἀργεῖοι ὡς μεμονωμένοις τοῖς Λακεδαιμονίοις παρεσκευάζοντο
μάχεσθαι, ὁ δὲ Ἆγις τῆς νυκτὸς ἀναστήσας τὸν
στρατὸν καὶ λαθὼν ἐπορεύετο ἐς Φλειοῦντα παρὰ τοὺς
(5.58.3) ἄλλους ξυμμάχους. καὶ οἱ Ἀργεῖοι αἰσθόμενοι ἅμα ἕῳ
ἐχώρουν, πρῶτον μὲν ἐς Ἄργος, ἔπειτα δὲ ᾗ προσεδέχοντο
τοὺς Λακεδαιμονίους μετὰ τῶν ξυμμάχων καταβήσεσθαι,
(5.58.4) τὴν κατὰ Νεμέαν ὁδόν. Ἆγις δὲ ταύτην μὲν ἣν προσεδέχοντο
οὐκ ἐτράπετο, παραγγείλας δὲ τοῖς Λακεδαιμονίοις
καὶ Ἀρκάσι καὶ Ἐπιδαυρίοις ἄλλην ἐχώρησε χαλεπὴν καὶ
κατέβη ἐς τὸ Ἀργείων πεδίον· καὶ Κορίνθιοι καὶ Πελληνῆς
καὶ Φλειάσιοι ὄρθιον ἑτέραν ἐπορεύοντο· τοῖς δὲ Βοιωτοῖς
καὶ Μεγαρεῦσι καὶ Σικυωνίοις εἴρητο τὴν ἐπὶ Νεμέας ὁδὸν
καταβαίνειν, ᾗ οἱ Ἀργεῖοι ἐκάθηντο, ὅπως, εἰ οἱ Ἀργεῖοι
ἐπὶ σφᾶς ἰόντες ἐς τὸ πεδίον βοηθοῖεν, ἐφεπόμενοι τοῖς
(5.58.5) ἵπποις χρῷντο. καὶ ὁ μὲν οὕτω διατάξας καὶ ἐσβαλὼν ἐς
τὸ πεδίον ἐδῄου Σάμινθόν τε καὶ ἄλλα·
| [5,58] - Les Argiens, à la nouvelle des préparatifs des Lacédémoniens et de leur
avance sur Phliunte, dans le dessein de se joindre à leurs alliés, se mirent eux
aussi aussitôt en campagne. Ils furent renforcés par les Mantinéens et leurs
alliés et par trois mille hoplites d'Elis ; ils s'avancèrent à la rencontre des
Lacédémoniens, qu'ils trouvèrent à Méthydrion, en Arcadie. Les deux armées
s'emparèrent chacune d'une hauteur. Les Argiens, voyant les Lacédémoniens isolés
de leurs alliés, se préparèrent au combat. Mais Agis profita de la nuit pour
lever son camp et à l'insu des Argiens se dirigea vers Phliunte pour faire sa
jonction avec la troupe de ses alliés. A l'aurore les Argiens constatèrent la
disparition de l'ennemi ; ils s'avancèrent d'abord en direction d'Argos, ensuite
prirent la route de Némée, par où ils pensaient, que les Lacédémoniens et leurs
alliés allaient descendre. Mais Agis évita de prendre cette route ; il mit au
courant de son dessein Lacédémoniens, Arcadiens et Epidauriens, prit une autre
route difficile et descendit dans la plaine d'Argos, pendant que les
Corinthiens, les gens de Pellénè et de Phliunte empruntaient un autre chemin,
gravissant en ligne droite la montagne. Les Béotiens, les Mégariens et les
Sikyôniens avaient reçu l'ordre de descendre par la route de Némée, sur laquelle
étaient postés les Argiens, afin que, si les Argiens venaient engager le combat
dans la plaine, ils fussent poursuivis par la cavalerie béotienne. Après avoir
pris ces dispositions, Agis déboucha dans la plaine, où il ravagea Saminthos
ainsi que d'autres places.
| [5,59] οἱ δὲ Ἀργεῖοι γνόντες ἐβοήθουν ἡμέρας ἤδη ἐκ τῆς Νεμέας, καὶ
περιτυχόντες τῷ Φλειασίων καὶ Κορινθίων στρατοπέδῳ τῶν μὲν
Φλειασίων ὀλίγους ἀπέκτειναν, ὑπὸ δὲ τῶν Κορινθίων αὐτοὶ
(5.59.2) οὐ πολλῷ πλείους διεφθάρησαν. καὶ οἱ Βοιωτοὶ καὶ οἱ
Μεγαρῆς καὶ οἱ Σικυώνιοι ἐχώρουν, ὥσπερ εἴρητο αὐτοῖς,
ἐπὶ τῆς Νεμέας, καὶ τοὺς Ἀργείους οὐκέτι κατέλαβον, ἀλλὰ
καταβάντες, ὡς ἑώρων τὰ ἑαυτῶν δῃούμενα, ἐς μάχην παρετάσσοντο.
ἀντιπαρεσκευάζοντο δὲ καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι.
(5.59.3) ἐν μέσῳ δὲ ἀπειλημμένοι ἦσαν οἱ Ἀργεῖοι· ἐκ μὲν γὰρ τοῦ
πεδίου οἱ Λακεδαιμόνιοι εἶργον τῆς πόλεως καὶ οἱ μετ'
αὐτῶν, καθύπερθεν δὲ Κορίνθιοι καὶ Φλειάσιοι καὶ Πελληνῆς,
τὸ δὲ πρὸς Νεμέας Βοιωτοὶ καὶ Σικυώνιοι καὶ
Μεγαρῆς. ἵπποι δὲ αὐτοῖς οὐ παρῆσαν· οὐ γάρ πω οἱ
Ἀθηναῖοι μόνοι τῶν ξυμμάχων ἧκον.
(5.59.4) Τὸ μὲν οὖν πλῆθος τῶν Ἀργείων καὶ τῶν ξυμμάχων
οὐχ οὕτω δεινὸν τὸ παρὸν ἐνόμιζον, ἀλλ' ἐν καλῷ ἐδόκει
ἡ μάχη ἔσεσθαι, καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἀπειληφέναι ἐν
(5.59.5) τῇ αὐτῶν τε καὶ πρὸς τῇ πόλει. τῶν δὲ Ἀργείων δύο
ἄνδρες, Θράσυλός τε τῶν πέντε στρατηγῶν εἷς ὢν καὶ
Ἀλκίφρων πρόξενος Λακεδαιμονίων, ἤδη τῶν στρατοπέδων
ὅσον οὐ ξυνιόντων προσελθόντε Ἄγιδι διελεγέσθην μὴ
ποιεῖν μάχην· ἑτοίμους γὰρ εἶναι Ἀργείους δίκας δοῦναι
καὶ δέξασθαι ἴσας καὶ ὁμοίας, εἴ τι ἐπικαλοῦσιν Ἀργείοις
Λακεδαιμόνιοι, καὶ τὸ λοιπὸν εἰρήνην ἄγειν σπονδὰς ποιησαμένους.
| [5,59] - Dès le matin les Argiens, informés de ces mouvements, accoururent de
Némée. Ils tombèrent sur le corps d'armée de Phliunte et de Corinthe,
massacrèrent quelques hommes de Phliunte, tandis que les Corinthiens leur
infligeaient des pertes sensiblement égales. Les Béotiens, les Mégariens et les
Sikyôniens s'avancèrent, conformément aux ordres reçus, en direction de Némée ;
mais ils ne trouvèrent plus les Argiens. Ceux-ci en voyant ravager leur pays
étaient descendus dans la plaine, où ils avaient pris une formation de combat. A
leur tour, les Lacédémoniens se formèrent en ligne de bataille. La retraite
était coupée aux Argiens : du côté de la plaine les Lacédémoniens leur
interdisaient toute communication avec la ville ; les alliés de Lacédémone,
venus de Corinthe, Phliunte et Pellénè occupaient les hauteurs, tandis que
Béotiens et Mégariens tenaient le terrain du côté de Némée. Ils n'avaient pas de
cavalerie, car seuls de leurs alliés les Athéniens n'étaient pas encore arrivés.
Dans l'ensemble les Argiens et leurs alliés ne se rendaient pas exactement
compte de la gravité de la situation ; ils croyaient que le combat se présentait
dans de bonnes conditions et que, sur le territoire d'Argos et dans le voisinage
de la ville, ils avaient coupé la retraite aux Lacédémoniens. Mais deux Argiens,
Thrasyllos un des cinq stratèges et Alkiphrôn proxène des Lacédémoniens, au
moment où les deux armées étaient sur le point d'engager le combat, s'en vinrent
trouver Agis et le détournèrent d'engager la bataille : les Argiens,
prétendaient-ils, étaient prêts à donner une juste satisfaction aux griefs des
Lacédémoniens, à être traités en état autonome à droits égaux, à conclure un
traité et à respecter désormais la paix.
| [5,60] καὶ οἱ μὲν ταῦτα εἰπόντες τῶν Ἀργείων ἀφ'
ἑαυτῶν καὶ οὐ τοῦ πλήθους κελεύσαντος εἶπον· καὶ ὁ Ἆγις
δεξάμενος τοὺς λόγους αὐτός, καὶ οὐ μετὰ τῶν πλεόνων
οὐδὲ αὐτὸς βουλευσάμενος ἀλλ' ἢ ἑνὶ ἀνδρὶ κοινώσας τῶν
ἐν τέλει ξυστρατευομένων, σπένδεται τέσσαρας μῆνας, ἐν
οἷς ἔδει ἐπιτελέσαι αὐτοὺς τὰ ῥηθέντα. καὶ ἀπήγαγε τὸν
(5.60.2) στρατὸν εὐθύς, οὐδενὶ φράσας τῶν ἄλλων ξυμμάχων. οἱ
δὲ Λακεδαιμόνιοι καὶ οἱ ξύμμαχοι εἵποντο μὲν ὡς ἡγεῖτο
διὰ τὸν νόμον, ἐν αἰτίᾳ δ' εἶχον κατ' ἀλλήλους πολλῇ τὸν
Ἆγιν, νομίζοντες ἐν καλῷ παρατυχὸν σφίσι ξυμβαλεῖν καὶ
(5.60.2.5) πανταχόθεν αὐτῶν ἀποκεκλῃμένων καὶ ὑπὸ ἱππέων καὶ
πεζῶν οὐδὲν δράσαντες ἄξιον τῆς παρασκευῆς ἀπιέναι.
(5.60.3) στρατόπεδον γὰρ δὴ τοῦτο κάλλιστον Ἑλληνικὸν τῶν μέχρι
τοῦδε ξυνῆλθεν· ὤφθη δὲ μάλιστα ἕως ἔτι ἦν ἁθρόον ἐν
Νεμέᾳ, ἐν ᾧ Λακεδαιμόνιοί τε πανστρατιᾷ ἦσαν καὶ Ἀρκάδες
καὶ Βοιωτοὶ καὶ Κορίνθιοι καὶ Σικυώνιοι καὶ Πελληνῆς
καὶ Φλειάσιοι καὶ Μεγαρῆς, καὶ οὗτοι πάντες λογάδες ἀφ'
ἑκάστων, ἀξιόμαχοι δοκοῦντες εἶναι οὐ τῇ Ἀργείων μόνον
(5.60.4) ξυμμαχίᾳ ἀλλὰ κἂν ἄλλῃ ἔτι προσγενομένῃ. τὸ μὲν οὖν
στρατόπεδον οὕτως ἐν αἰτίᾳ ἔχοντες τὸν Ἆγιν ἀνεχώρουν
(5.60.5) τε καὶ διελύθησαν ἐπ' οἴκου ἕκαστοι, Ἀργεῖοι δὲ καὶ αὐτοὶ
ἔτι ἐν πολλῷ πλέονι αἰτίᾳ εἶχον τοὺς σπεισαμένους ἄνευ
τοῦ πλήθους, νομίζοντες κἀκεῖνοι μὴ ἂν σφίσι ποτὲ κάλλιον
παρασχὸν Λακεδαιμονίους διαπεφευγέναι· πρός τε γὰρ τῇ
σφετέρᾳ πόλει καὶ μετὰ πολλῶν καὶ ἀγαθῶν ξυμμάχων τὸν
(5.60.6) ἀγῶνα ἂν γίγνεσθαι. τόν τε Θράσυλον ἀναχωρήσαντες ἐν
τῷ Χαράδρῳ, οὗπερ τὰς ἀπὸ στρατείας δίκας πρὶν ἐσιέναι
κρίνουσιν, ἤρξαντο λεύειν. ὁ δὲ καταφυγὼν ἐπὶ τὸν βωμὸν
περιγίγνεται· τὰ μέντοι χρήματα ἐδήμευσαν αὐτοῦ.
| [5,60] - En parlant ainsi, ils n'avaient pris conseil que d'eux-mêmes et n'avaient
pas l'aveu de la foule. Agis, de son côté, prit seul l'initiative d'écouter
leurs propositions ; il n'en référa pas aux autres commandants et ne les
communiqua qu'à un seul des magistrats de Sparte qui faisaient campagne avec
lui. Il accorda aux Argiens une trêve de quatre mois pour exécuter leurs
engagements. Puis, sans parler de rien aux alliés, il retira ses troupes. Les
Lacédémoniens et leurs alliés exécutèrent ses ordres, conformément à la loi ;
mais, entre eux, ils accablaient Agis de reproches. On avait une occasion
inespérée, disaient-ils, d'attaquer l'ennemi ; les Argiens étaient cernés de
tous côtés par la cavalerie et l'infanterie ; et l'on n'avait pas tiré parti de
tous les moyens dont on disposait et l'on se retirait ! Aussi bien, jamais
jusqu'alors, plus belle armée n'avait été mise en ligne par les Grecs. On avait
pu en juger, surtout quand elle avait été rassemblée à Nisaea : les Lacédémoniens
s'y trouvaient avec toutes leurs forces ainsi que les contingents d'Arcadie, de
Béotie, de Corinthe, de Sikyônè, de Pellënè, de Phliunte et de Mégare. Ce
n'étaient que troupes d'élite de tous les peuples, dignes de se mettre en ligne,
non seulement contre les alliés d'Argos, mais contre toutes les forces qui
auraient pu se joindre à eux. Tels étaient les reproches adressés à Agis par
l'armée lors de sa retraite. Finalement tous rentrèrent dans leurs foyers. Les
Argiens, eux, étaient encore plus furieux contre ceux qui, sans l'aveu du
peuple, avaient conclu la trêve. Eux aussi pensaient qu'ils avaient manqué la
plus belle occasion qui fût jamais, en laissant échapper les Lacédémoniens ; ils
eussent livré bataille à proximité de leur ville, de concert avec de nombreux et
vaillants altiés. Aussi, à leur retour, commencèrent-ils à lapider Thrasyllos
dans le Kharadros, lieu où avant d'entrer dans la ville ils jugent les
délits militaires. Thrasyllos, en se réfugiant au pied d'un autel, réussit à
conserver la vie, mais ses biens furent confisqués.
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