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[5,43] Κατὰ τοιαύτην δὴ διαφορὰν ὄντων τῶν Λακεδαιμονίων
πρὸς τοὺς Ἀθηναίους, οἱ ἐν ταῖς Ἀθήναις αὖ βουλόμενοι
(5.43.2) λῦσαι τὰς σπονδὰς εὐθὺς ἐνέκειντο. ἦσαν δὲ ἄλλοι τε καὶ
Ἀλκιβιάδης ὁ Κλεινίου, ἀνὴρ ἡλικίᾳ μὲν ἔτι τότε ὢν νέος
ὡς ἐν ἄλλῃ πόλει, ἀξιώματι δὲ προγόνων τιμώμενος· ᾧ
ἐδόκει μὲν καὶ ἄμεινον εἶναι πρὸς τοὺς Ἀργείους μᾶλλον
χωρεῖν, οὐ μέντοι ἀλλὰ καὶ φρονήματι φιλονικῶν ἠναντιοῦτο,
ὅτι Λακεδαιμόνιοι διὰ Νικίου καὶ Λάχητος ἔπραξαν τὰς
σπονδάς, ἑαυτὸν κατά τε τὴν νεότητα ὑπεριδόντες καὶ κατὰ
τὴν παλαιὰν προξενίαν ποτὲ οὖσαν οὐ τιμήσαντες, ἣν τοῦ
(5.43.2.9) πάππου ἀπειπόντος αὐτὸς τοὺς ἐκ τῆς νήσου αὐτῶν αἰχμαλώτους
(5.43.3) θεραπεύων διενοεῖτο ἀνανεώσασθαι. πανταχόθεν τε
νομίζων ἐλασσοῦσθαι τό τε πρῶτον ἀντεῖπεν, οὐ βεβαίους
φάσκων εἶναι Λακεδαιμονίους, ἀλλ' ἵνα Ἀργείους σφίσι
σπεισάμενοι ἐξέλωσι καὶ αὖθις ἐπ' Ἀθηναίους μόνους ἴωσι,
τούτου ἕνεκα σπένδεσθαι αὐτούς, καὶ τότε, ἐπειδὴ ἡ διαφορὰ
ἐγεγένητο, πέμπει εὐθὺς ἐς Ἄργος ἰδίᾳ, κελεύων ὡς τάχιστα
ἐπὶ τὴν ξυμμαχίαν προκαλουμένους ἥκειν μετὰ Μαντινέων
καὶ Ἠλείων, ὡς καιροῦ ὄντος καὶ αὐτὸς ξυμπράξων τὰ μάλιστα.
| [5,43] - Au moment où surgissaient ces différends entre Lacédémoniens et
Athéniens, le parti, qui à Athènes voulait rompre la trêve, se montrait aussitôt
fort entreprenant. Il comprenait entre autres Alcibiade, fils de Klinias, qui
dans un autre État eût paru bien jeune, mais qui bénéficiait de la réputation de
ses ancêtres. Selon lui, le meilleur parti était de s'unir à Argos. En fait,
c'était une querelle d'orgueil qui le dressait contre les Lacédémoniens ;
ceux-ci avaient négocié la trêve par l'entremise de Nicias et de Lakhès ; ils
l'avaient tenu comme quantité négligeable en raison de sa jeunesse et ne lui
avaient pas témoigné les égards dus aux anciens liens d'hospitalité qui
l'unissaient à Lacédémone. Il est vrai que son grand-père avait renoncé à cette
proxénie, mais lui-même avait songé à la rétablir, en rendant des services aux
prisonniers de Sphaktérie. Estimant qu'on lui avait manqué à tous égards, il
commença par faire de l'opposition aux Lacédémoniens, en prétendant qu’ils
n'étaient pas des alliés sûrs et qu'en traitant avec Athènes, ils n'avaient en
vue que la ruine des Argiens, prélude d'une attaque contre les Athéniens
désormais isolés. Tel était, disait-il, le but de leur traité. Quand Lacédémone
et Athènes se trouvèrent en désaccord, il prit sur lui d'envoyer des gens à
Argos, pour convier les Argiens à venir à Athènes avec les Mantinéens et les
Éléens et y solliciter l'alliance dé cette ville. L'occasion était favorable et
il les aiderait de tous ses moyens.
| [5,44] Οἱ δὲ Ἀργεῖοι ἀκούσαντες τῆς τε ἀγγελίας καὶ ἐπειδὴ
ἔγνωσαν οὐ μετ' Ἀθηναίων πραχθεῖσαν τὴν τῶν Βοιωτῶν
ξυμμαχίαν, ἀλλ' ἐς διαφορὰν μεγάλην καθεστῶτας αὐτοὺς
πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους, τῶν μὲν ἐν Λακεδαίμονι πρέσβεων,
οἳ σφίσι περὶ τῶν σπονδῶν ἔτυχον ἀπόντες, ἠμέλουν, πρὸς
δὲ τοὺς Ἀθηναίους μᾶλλον τὴν γνώμην εἶχον, νομίζοντες
πόλιν τε σφίσι φιλίαν ἀπὸ παλαιοῦ καὶ δημοκρατουμένην
ὥσπερ καὶ αὐτοὶ καὶ δύναμιν μεγάλην ἔχουσαν τὴν κατὰ
θάλασσαν ξυμπολεμήσειν σφίσιν, ἢν καθιστῶνται ἐς πόλεμον.
(5.44.2) ἔπεμπον οὖν εὐθὺς πρέσβεις ὡς τοὺς Ἀθηναίους
περὶ τῆς ξυμμαχίας· ξυνεπρεσβεύοντο δὲ καὶ Ἠλεῖοι καὶ Μαντινῆς.
(5.44.3) Ἀφίκοντο δὲ καὶ Λακεδαιμονίων πρέσβεις κατὰ τάχος,
δοκοῦντες ἐπιτήδειοι εἶναι τοῖς Ἀθηναίοις, Φιλοχαρίδας καὶ
Λέων καὶ Ἔνδιος, δείσαντες μὴ τήν τε ξυμμαχίαν ὀργιζόμενοι
πρὸς τοὺς Ἀργείους ποιήσωνται, καὶ ἅμα Πύλον ἀπαιτήσοντες
ἀντὶ Πανάκτου καὶ περὶ τῆς Βοιωτῶν ξυμμαχίας
ἀπολογησόμενοι, ὡς οὐκ ἐπὶ κακῷ τῶν Ἀθηναίων ἐποιήσαντο.
| [5,44] - A cette nouvelle les Argiens, convaincus d'ailleurs que l'alliance de
Lacédémone et de la Béotie s'était faite contre le gré des Athéniens et que ces
derniers étaient en vif désaccord avec Lacédémone, cessèrent de s'occuper des
députés partis pour y négocier une trêve. Ils penchaient davantage maintenant
vers Athènes, estimant que cette ville avait été de tout temps leur amie, que
son gouvernement était démocratique comme le leur et qu'avec sa marine puissante
elle pourrait les aider en cas de conflit. Aussi envoyèrent-ils aussitôt une
députation à Athènes pour y conclure une alliance. Les Éléens et les Mantinéens
se joignirent à eux.
On vit arriver en toute hâte des députés lacédémoniens qui passaient pour être
en crédit à Athènes Fhilokharidas, Léôn et Endios. On les avait envoyés parce
qu'on craignait que l'irritation ne poussât les Athéniens à l'alliance avec
Argos ; ils avaient également pour mission de réclamer Pylos en échange de
Panakton et, en ce qui concernait l'alliance avec la Béotie, de la justifier en
disant qu'elle ne dissimulait aucune hostilité contre Athènes.
| [5,45] καὶ λέγοντες ἐν τῇ βουλῇ περί τε τούτων καὶ ὡς αὐτοκράτορες
ἥκουσι περὶ πάντων ξυμβῆναι τῶν διαφόρων, τὸν
Ἀλκιβιάδην ἐφόβουν μὴ καί, ἢν ἐς τὸν δῆμον ταῦτα λέγωσιν,
ἐπαγάγωνται τὸ πλῆθος καὶ ἀπωσθῇ ἡ Ἀργείων ξυμμαχία.
(5.45.2) μηχανᾶται δὲ πρὸς αὐτοὺς τοιόνδε τι ὁ Ἀλκιβιάδης· τοὺς
Λακεδαιμονίους πείθει πίστιν αὐτοῖς δούς, ἢν μὴ ὁμολογήσωσιν
ἐν τῷ δήμῳ αὐτοκράτορες ἥκειν, Πύλον τε αὐτοῖς
ἀποδώσειν (πείσειν γὰρ αὐτὸς Ἀθηναίους, ὥσπερ καὶ νῦν
(5.45.3) ἀντιλέγειν) καὶ τἆλλα ξυναλλάξειν. βουλόμενος δὲ αὐτοὺς
Νικίου τε ἀποστῆσαι ταῦτα ἔπρασσε καὶ ὅπως ἐν τῷ δήμῳ
διαβαλὼν αὐτοὺς ὡς οὐδὲν ἀληθὲς ἐν νῷ ἔχουσιν οὐδὲ
λέγουσιν οὐδέποτε ταὐτά, τοὺς Ἀργείους καὶ Ἠλείους καὶ
(5.45.4) Μαντινέας ξυμμάχους ποιήσῃ. καὶ ἐγένετο οὕτως. ἐπειδὴ
γὰρ ἐς τὸν δῆμον παρελθόντες καὶ ἐπερωτώμενοι οὐκ ἔφασαν
ὥσπερ ἐν τῇ βουλῇ αὐτοκράτορες ἥκειν, οἱ Ἀθηναῖοι οὐκέτι
ἠνείχοντο, ἀλλὰ τοῦ Ἀλκιβιάδου πολλῷ μᾶλλον ἢ πρότερον
καταβοῶντος τῶν Λακεδαιμονίων ἐσήκουόν τε καὶ ἑτοῖμοι
ἦσαν εὐθὺς παραγαγόντες τοὺς Ἀργείους καὶ τοὺς μετ' αὐτῶν
ξυμμάχους ποιεῖσθαι· σεισμοῦ δὲ γενομένου πρίν τι
ἐπικυρωθῆναι, ἡ ἐκκλησία αὕτη ἀνεβλήθη.
| [5,45] - Les députés avaient déclaré au Sénat qu'ils étaient munis de pleins
pouvoirs pour traiter tous les points qui divisaient Athènes et Lacédémone.
Alcibiade eut peur qu'en faisant cette déclaration devant l'Assemblée du peuple
ils ne l'entraînassent et ne fissent rejeter l'alliance avec Argos. Voici donc à
peu de chose près le stratagème qu'il employa. Il leur donna sa parole et leur
persuada qu'il leur ferait rendre Pylos, si dans l'assemblée du peuple ils ne
déclaraient pas les pleins pouvoirs dont ils étaient munis ; il convaincrait les
Athéniens, ajoutait-il, comme il les avait décidés en ce moment à résister à
Lacédémone et sur les autres points il arriverait également à un accommodement.
Son dessein était de détacher de Nicias les Lacédémoniens, de les accuser
calomnieusement devant le peuple de duplicité et de versatilité et ainsi de
faire entrer dans l'alliance athénienne les Argiens, les Éléens et les
Mantinéens. C'est bien ce qui arriva. On les introduisit dans l'assemblée, on
les questionna ; ils ne déclarèrent pas, contrairement à ce qu'ils avaient dit
au Sénat, être munis de pleins pouvoirs. Les Athéniens alors ne se continrent
plus ; Alcibiade se mit à accabler de reproches, plus que jamais, les
Lacédémoniens ; on l'écouta et l’on se montra disposé à introduire sans retard
les Argiens et ceux qui les accompagnaient et à conclure avec eux une alliance.
Mais avant qu'on eût pris une décision, il survint un tremblement de terre, qui
fit remettre l'assemblée.
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