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[5,40] Ἅμα δὲ τῷ ἦρι εὐθὺς τοῦ ἐπιγιγνομένου θέρους οἱ Ἀργεῖοι,
ὡς οἵ τε πρέσβεις τῶν Βοιωτῶν οὓς ἔφασαν πέμψειν οὐχ ἧκον
τό τε Πάνακτον ᾔσθοντο καθαιρούμενον καὶ ξυμμαχίαν ἰδίαν
γεγενημένην τοῖς Βοιωτοῖς πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους, ἔδεισαν
μὴ μονωθῶσι καὶ ἐς Λακεδαιμονίους πᾶσα ἡ ξυμμαχία
(5.40.2) χωρήσῃ· τοὺς γὰρ Βοιωτοὺς ᾤοντο πεπεῖσθαι ὑπὸ Λακεδαιμονίων
τό τε Πάνακτον καθελεῖν καὶ ἐς τὰς Ἀθηναίων
σπονδὰς ἐσιέναι, τούς τε Ἀθηναίους εἰδέναι ταῦτα, ὥστε
οὐδὲ πρὸς Ἀθηναίους ἔτι σφίσιν εἶναι ξυμμαχίαν ποιήσασθαι,
πρότερον ἐλπίζοντες ἐκ τῶν διαφορῶν, εἰ μὴ μείνειαν αὐτοῖς
αἱ πρὸς Λακεδαιμονίους σπονδαί, τοῖς γοῦν Ἀθηναίοις
(5.40.3) ξύμμαχοι ἔσεσθαι. ἀποροῦντες οὖν ταῦτα οἱ Ἀργεῖοι, καὶ
φοβούμενοι μὴ Λακεδαιμονίοις καὶ Τεγεάταις, Βοιωτοῖς καὶ
Ἀθηναίοις ἅμα πολεμῶσι, πρότερον οὐ δεχόμενοι τὰς Λακεδαιμονίων
σπονδάς, ἀλλ' ἐν φρονήματι ὄντες τῆς Πελοποννήσου
ἡγήσεσθαι, ἔπεμπον ὡς ἐδύναντο τάχιστα ἐς τὴν
Λακεδαίμονα πρέσβεις Εὔστροφον καὶ Αἴσωνα, οἳ ἐδόκουν
προσφιλέστατοι αὐτοῖς εἶναι, ἡγούμενοι ἐκ τῶν παρόντων
κράτιστα πρὸς Λακεδαιμονίους σπονδὰς ποιησάμενοι, ὅπῃ ἂν
ξυγχωρῇ, ἡσυχίαν ἔχειν.
| [5,40] - Dès le commencement du printemps suivant, les Argiens qui ne voyaient pas
venir la députation que les Béotiens avaient promis d'envoyer, qui étaient au
fait de la destruction de Panakton et de la conclusion d'une alliance
particulière entre les Béotiens et Lacédémone, les Argiens donc craignaient de
se trouver isolés et de voir passer tous les alliés du côté de Lacédémone.
C'étaient les Lacédémoniens, pensaient-ils, qui avaient décidé les Béotiens à
démanteler Panakton et à entrer dans l'alliance d'Athènes : ils croyaient que
les Athéniens étaient au courant de ces dispositions. Ils se voyaient privés de
la possibilité de faire alliance avec ces derniers, comme ils l'espéraient, au
cas où les différends de ces deux peuples amèneraient la rupture de leur traité
avec Lacédémone. Leur embarras était grand, et vive leur crainte d'avoir à
combattre simultanément les Lacédémoniens, les Tégéates, les Béotiens et les
Athéniens, pour n'avoir pas au préalable accepté le traité avec Lacédémone et
pour avoir eu la prétention de faire la loi au Péloponnèse. Aussi envoyèrent-ils
au plus tôt à Lacédémone une députation composée d'Eustrophos et d'Aesôn. Ces
personnages étaient, leur semblait-il, fort bien vus à Lacédémone et estimaient
que, pour l'instant, le meilleur parti était de s'allier aux Lacédémoniens à
quelque condition que ce fût et de se tenir tranquilles.
| [5,41] καὶ οἱ πρέσβεις ἀφικόμενοι αὐτῶν
λόγους ἐποιοῦντο πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους ἐφ' ᾧ ἂν σφίσιν
(5.41.2) αἱ σπονδαὶ γίγνοιντο. καὶ τὸ μὲν πρῶτον οἱ Ἀργεῖοι ἠξίουν
δίκης ἐπιτροπὴν σφίσι γενέσθαι ἢ ἐς πόλιν τινὰ ἢ ἰδιώτην
περὶ τῆς Κυνουρίας γῆς, ἧς αἰεὶ πέρι διαφέρονται μεθορίας
οὔσης (ἔχει δὲ ἐν αὑτῇ Θυρέαν καὶ Ἀνθήνην πόλιν, νέμονται
δ' αὐτὴν Λακεδαιμόνιοι)· ἔπειτα δ' οὐκ ἐώντων Λακεδαιμονίων
μεμνῆσθαι περὶ αὐτῆς, ἀλλ', εἰ βούλονται σπένδεσθαι ὥσπερ
πρότερον, ἑτοῖμοι εἶναι, οἱ Ἀργεῖοι πρέσβεις τάδε ὅμως
ἐπηγάγοντο τοὺς Λακεδαιμονίους ξυγχωρῆσαι, ἐν μὲν τῷ
παρόντι σπονδὰς ποιήσασθαι ἔτη πεντήκοντα, ἐξεῖναι δ'
ὁποτεροισοῦν προκαλεσαμένοις, μήτε νόσου οὔσης μήτε
πολέμου Λακεδαίμονι καὶ Ἄργει, διαμάχεσθαι περὶ τῆς γῆς
ταύτης, ὥσπερ καὶ πρότερόν ποτε ὅτε αὐτοὶ ἑκάτεροι ἠξίωσαν
νικᾶν, διώκειν δὲ μὴ ἐξεῖναι περαιτέρω τῶν πρὸς Ἄργος καὶ
(5.41.3) Λακεδαίμονα ὅρων. τοῖς δὲ Λακεδαιμονίοις τὸ μὲν πρῶτον
ἐδόκει μωρία εἶναι ταῦτα, ἔπειτα (ἐπεθύμουν γὰρ τὸ Ἄργος
πάντως φίλιον ἔχειν) ξυνεχώρησαν ἐφ' οἷς ἠξίουν καὶ
ξυνεγράψαντο. ἐκέλευον δ' οἱ Λακεδαιμόνιοι, πρὶν τέλος
τι αὐτῶν ἔχειν, ἐς τὸ Ἄργος πρῶτον ἐπαναχωρήσαντας
αὐτοὺς δεῖξαι τῷ πλήθει, καὶ ἢν ἀρέσκοντα ᾖ, ἥκειν ἐς τὰ
Ὑακίνθια τοὺς ὅρκους ποιησομένους. καὶ οἱ μὲν ἀνεχώρησαν·
| [5,41] - Une fois arrivés, les députés conférèrent avec les Lacédémoniens sur les
conditions auxquelles pourrait se conclure le traité. Tout d'abord, les Argiens
demandèrent que les différends relatifs à la Kynurie fussent soumis à
l'arbitrage d'une cité ou d'un particulier. La Kynurie est une contrée
limitrophe habitée par les Lacédémoniens et comprenant les villes de Thyréa et
d'Anthénè ; elle a été de tout temps un sujet de contestation pour les deux
peuples. Mais les Lacédémoniens ne permirent pas qu'on évoquât cette affaire ;
en revanche ils étaient disposés, si les Argiens y consentaient, à traiter aux
mêmes conditions qu'auparavant. Les députés d'Argos n'en pressèrent pas moins
les Lacédémoniens de conclure sur-le-champ une alliance de cinquante ans, tout
en laissant la latitude aux deux nations de se provoquer et de se combattre pour
la possession de la Kynurie, à condition qu'il n'y eût à Lacédémone et à Argos
ni peste ni guerre. Agissant de la sorte, ils s'inspiraient du passé, quand les
deux pays avaient cru être victorieux. Ils ajoutaient qu'on ne pourrait se
poursuivre au delà des frontières d'Argos et de Lacédémone. Tout d'abord ces
propositions semblèrent folles aux Lacédémoniens ; puis - tant était vif leur
désir d'avoir l'amitié d'Argos - ils acceptèrent ce qu'on leur demandait et
signèrent le traité. Mais les Lacédémoniens avant qu'il devint exécutoire,
invitèrent les Argiens à retourner dans leur pays, pour le communiquer au
peuple. En cas d'approbation, les députés reviendraient aux fêtes des
Hyakinthies pour le confirmer par serment. Les Argiens se retirèrent.
| [5,42] ἐν δὲ τῷ χρόνῳ τούτῳ ᾧ οἱ Ἀργεῖοι ταῦτα ἔπρασσον, οἱ
πρέσβεις τῶν Λακεδαιμονίων Ἀνδρομένης καὶ Φαίδιμος καὶ
Ἀντιμενίδας, οὓς ἔδει τὸ Πάνακτον καὶ τοὺς ἄνδρας τοὺς
παρὰ Βοιωτῶν παραλαβόντας Ἀθηναίοις ἀποδοῦναι, τὸ μὲν
Πάνακτον ὑπὸ τῶν Βοιωτῶν αὐτῶν καθῃρημένον ηὗρον, ἐπὶ
προφάσει ὡς ἦσάν ποτε Ἀθηναίοις καὶ Βοιωτοῖς ἐκ διαφορᾶς
περὶ αὐτοῦ ὅρκοι παλαιοὶ μηδετέρους οἰκεῖν τὸ χωρίον, ἀλλὰ
κοινῇ νέμειν, τοὺς δ' ἄνδρας οὓς εἶχον αἰχμαλώτους Βοιωτοὶ
Ἀθηναίων παραλαβόντες οἱ περὶ τὸν Ἀνδρομένη ἐκόμισαν
τοῖς Ἀθηναίοις καὶ ἀπέδοσαν, τοῦ τε Πανάκτου τὴν καθαίρεσιν
ἔλεγον αὐτοῖς, νομίζοντες καὶ τοῦτο ἀποδιδόναι·
πολέμιον γὰρ οὐκέτι ἐν αὐτῷ Ἀθηναίοις οἰκήσειν οὐδένα.
(5.42.2) λεγομένων δὲ τούτων οἱ Ἀθηναῖοι δεινὰ ἐποίουν, νομίζοντες
ἀδικεῖσθαι ὑπὸ Λακεδαιμονίων τοῦ τε Πανάκτου τῇ καθαιρέσει,
ὃ ἔδει ὀρθὸν παραδοῦναι, καὶ πυνθανόμενοι ὅτι καὶ
Βοιωτοῖς ἰδίᾳ ξυμμαχίαν πεποίηνται, φάσκοντες πρότερον
κοινῇ τοὺς μὴ δεχομένους τὰς σπονδὰς προσαναγκάσειν.
τά τε ἄλλα ἐσκόπουν ὅσα ἐξελελοίπεσαν τῆς ξυνθήκης καὶ
ἐνόμιζον ἐξηπατῆσθαι, ὥστε χαλεπῶς πρὸς τοὺς πρέσβεις
ἀποκρινάμενοι ἀπέπεμψαν.
| [5,42] - Au moment où les Argiens menaient ces négociations, les députés de
Lacédémone, Androménès, Phaedimos et Antiménidas, qui étaient chargés d'obtenir
des Béotiens la restitution de Panakton et des prisonniers athéniens pour les
rendre à Athènes, trouvèrent Panakton démantelée par les Béotiens eux-mêmes.
Ceux-ci justifiaient cette destruction par les serments jadis échangés entre
Athéniens et Béotiens pour régler la question de Panakton ; selon ces serments,
aucun des deux peuples ne pourrait prétendre à occuper la place ; ils la
posséderaient en commun. Les Béotiens remirent les prisonniers athéniens à
Androménès et à ses collègues, qui les ramenèrent à Athènes et les rendirent.
Là-dessus, ils annoncèrent la destruction de Panakton ; ils estimaient que
c'était une véritable restitution, puisqu'il n'y pourrait habiter aucun ennemi
d'Athènes. A ces mots, les Athéniens jetèrent feu et flamme : ils s'estimaient
lésés par les Lacédémoniens du fait de la destruction de Panakton ; de plus, ils
venaient d'apprendre que Lacédémone avait conclu une alliance avec les Béotiens,
après avoir proclamé qu'elle contraindrait par la force ceux qui refusaient
d'adhérer à la trêve. Ils constataient également toutes les infractions au
traité et s'estimaient lésés ; aussi répondirent-ils durement aux députés avant
de les congédier.
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