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[4,97] καὶ οἱ Βοιωτοὶ τροπαῖον στήσαντες καὶ τοὺς ἑαυτῶν ἀνελόμενοι
νεκροὺς τούς τε τῶν πολεμίων σκυλεύσαντες καὶ φυλακὴν καταλιπόντες
ἀνεχώρησαν ἐς τὴν Τάναγραν, καὶ τῷ Δηλίῳ ἐπεβούλευον ὡς προσβαλοῦντες.
(4.97.2) Ἐκ δὲ τῶν Ἀθηναίων κῆρυξ πορευόμενος ἐπὶ τοὺς νεκροὺς
ἀπαντᾷ κήρυκι Βοιωτῷ, ὃς αὐτὸν ἀποστρέψας καὶ εἰπὼν ὅτι
οὐδὲν πράξει πρὶν ἂν αὐτὸς ἀναχωρήσῃ πάλιν, καταστὰς ἐπὶ
τοὺς Ἀθηναίους ἔλεγε τὰ παρὰ τῶν Βοιωτῶν, ὅτι οὐ δικαίως
(4.97.3) δράσειαν παραβαίνοντες τὰ νόμιμα τῶν Ἑλλήνων· πᾶσι
γὰρ εἶναι καθεστηκὸς ἰόντας ἐπὶ τὴν ἀλλήλων ἱερῶν τῶν
ἐνόντων ἀπέχεσθαι, Ἀθηναίους δὲ Δήλιον τειχίσαντας ἐνοικεῖν,
καὶ ὅσα ἄνθρωποι ἐν βεβήλῳ δρῶσι πάντα γίγνεσθαι
αὐτόθι, ὕδωρ τε ὃ ἦν ἄψαυστον σφίσι πλὴν πρὸς τὰ ἱερὰ
(4.97.4) χέρνιβι χρῆσθαι, ἀνασπάσαντας ὑδρεύεσθαι· ὥστε ὑπέρ τε
τοῦ θεοῦ καὶ ἑαυτῶν Βοιωτούς, ἐπικαλουμένους τοὺς ὁμωχέτας
δαίμονας καὶ τὸν Ἀπόλλω, προαγορεύειν αὐτοὺς ἐκ τοῦ ἱεροῦ
ἀπιόντας ἀποφέρεσθαι τὰ σφέτερα αὐτῶν.
| [4,97] Les Béotiens dressèrent un trophée,
relevèrent leurs morts et dépouillèrent les cadavres
ennemis. Puis laissant une garde suffisante, ils se
retirèrent à Tanagra, faisant mine de vouloir
attaquer Délion. Un héraut athénien, qui venait
demander la permission d'enlever les morts,
rencontra un héraut béotien, qui lui fit faire demi-tour,
en lui déclarant qu'il n'obtiendrait rien avant
que lui-même fût de retour. Arrivé devant les
Athéniens, il leur fit entendre les représentations
des Béotiens : les Athéniens commettaient une
injustice et violaient les coutumes des Grecs ; car il
avait été de tout temps établi que tes occupants
d'un pays étranger y respectaient les temples ; les
Athéniens au contraire avaient fortifié Délion et s'y
maintenaient ; ils s'y étaient comportés absolument
comme en un lieu profane ; ils avaient même puisé
l'eau que les Béotiens se gardaient bien d'utiliser,
sauf pour les ablutions dans les cérémonies
sacrées ; aussi, au nom du dieu et en leur propre
nom, les Béotiens, invoquant Apollon et les autres
divinités du temple, les sommaient d'évacuer
l'enceinte sacrée, en emportant ce qui leur appartenait.
| [4,98] τοσαῦτα τοῦ κήρυκος εἰπόντος οἱ Ἀθηναῖοι πέμψαντες παρὰ τοὺς
Βοιωτοὺς ἑαυτῶν κήρυκα τοῦ μὲν ἱεροῦ οὔτε ἀδικῆσαι ἔφασαν
οὐδὲν οὔτε τοῦ λοιποῦ ἑκόντες βλάψειν· οὐδὲ γὰρ τὴν
ἀρχὴν ἐσελθεῖν ἐπὶ τούτῳ, ἀλλ' ἵνα ἐξ αὐτοῦ τοὺς ἀδικοῦντας
(4.98.2) μᾶλλον σφᾶς ἀμύνωνται. τὸν δὲ νόμον τοῖς
Ἕλλησιν εἶναι, ὧν ἂν ᾖ τὸ κράτος τῆς γῆς ἑκάστης ἤν
τε πλέονος ἤν τε βραχυτέρας, τούτων καὶ τὰ ἱερὰ αἰεὶ
γίγνεσθαι, τρόποις θεραπευόμενα οἷς ἂν πρὸς τοῖς εἰωθόσι
(4.98.3) καὶ δύνωνται. καὶ γὰρ Βοιωτοὺς καὶ τοὺς πολλοὺς τῶν
ἄλλων, ὅσοι ἐξαναστήσαντές τινα βίᾳ νέμονται γῆν, ἀλλοτρίοις
ἱεροῖς τὸ πρῶτον ἐπελθόντας οἰκεῖα νῦν κεκτῆσθαι.
(4.98.4) καὶ αὐτοί, εἰ μὲν ἐπὶ πλέον δυνηθῆναι τῆς ἐκείνων κρατῆσαι,
τοῦτ' ἂν ἔχειν· νῦν δὲ ἐν ᾧ μέρει εἰσίν, ἑκόντες εἶναι ὡς ἐκ
(4.98.5) σφετέρου οὐκ ἀπιέναι. ὕδωρ τε ἐν τῇ ἀνάγκῃ κινῆσαι, ἣν
οὐκ αὐτοὶ ὕβρει προσθέσθαι, ἀλλ' ἐκείνους προτέρους ἐπὶ
(4.98.6) τὴν σφετέραν ἐλθόντας ἀμυνόμενοι βιάζεσθαι χρῆσθαι. πᾶν
δ' εἰκὸς εἶναι τὸ πολέμῳ καὶ δεινῷ τινὶ κατειργόμενον
ξύγγνωμόν τι γίγνεσθαι καὶ πρὸς τοῦ θεοῦ. καὶ γὰρ
τῶν ἀκουσίων ἁμαρτημάτων καταφυγὴν εἶναι τοὺς βωμούς,
παρανομίαν τε ἐπὶ τοῖς μὴ ἀνάγκῃ κακοῖς ὀνομασθῆναι καὶ
(4.98.7) οὐκ ἐπὶ τοῖς ἀπὸ τῶν ξυμφορῶν τι τολμήσασιν. τούς τε
νεκροὺς πολὺ μειζόνως ἐκείνους ἀντὶ ἱερῶν ἀξιοῦντας ἀποδιδόναι
ἀσεβεῖν ἢ τοὺς μὴ ἐθέλοντας ἱεροῖς τὰ πρέποντα
(4.98.8) κομίζεσθαι. σαφῶς τε ἐκέλευον σφίσιν εἰπεῖν μὴ ἀπιοῦσιν
ἐκ τῆς Βοιωτῶν γῆς (οὐ γὰρ ἐν τῇ ἐκείνων ἔτι εἶναι, ἐν ᾗ
δὲ δορὶ ἐκτήσαντο), ἀλλὰ κατὰ τὰ πάτρια τοὺς νεκροὺς
σπένδουσιν ἀναιρεῖσθαι.
| [4,98] A la suite de cette proclamation, les
Athéniens envoyèrent aux Béotiens un de leurs
hérauts pour protester qu'ils n'avaient nullement
profané l'enceinte sacrée et qu'ils se garderaient à
l'avenir d'y commettre volontairement la moindre
profanation. Quand ils y avaient pénétré, ils
n'avaient nulle intention sacrilège ; ils voulaient
seulement l'utiliser pour se défendre contre ceux
qui leur faisaient tort. C'était une coutume établie
de tout temps chez les Grecs que les édifices sacrés
appartinssent à ceux qui s'étaient rendus maîtres
de la contrée, quelle que fût son étendue, à
condition d'y accomplir dans la mesure du possible
les rites jusque là en vigueur. Du reste les Béotiens
et la plupart des Grecs sur les territoires dont ils
avaient chassé par la force les habitants, entraient
en possession des temples étrangers, qu'ils
considéraient maintenant comme leur appartenant
en propre. Si les Athéniens avaient pu soumettre
une plus grande partie du territoire béotien, ils la
conserveraient. De leur plein gré ils
n'abandonneraient pas ce qu'ils en occupaient
maintenant qui, à leurs yeux, leur appartenait.
S'ils avaient puisé de l'eau, c'était sous l'empire de
la nécessité, non par mépris et c'étaient les
Béotiens, qui en venant attaquer les Athéniens
chez eux, les avaient contraints les premiers à se
défendre et à faire usage de cette eau. Il était admis
que les actes commis à la guerre ou sous
l'imminence de quelque danger méritaient quelque
indulgence, même de la part du dieu. Les autels
n'étaient-ils pas un refuge pour les fautes
involontaires ? Le nom de criminels s'appliquait à
ceux qui faisaient le mal sans nécessité et non à
ceux qui, sous le coup du malheur, se portaient à
quelque extrémité. L'impiété des Béotiens était bien
plus grande, car ils prétendaient ne rendre les
morts que contre la restitution des temples, tandis
que les Athéniens se refusaient à faire des temples
l'objet d'une transaction indigne. Bref, ils
sommaient sans détours les Béotiens de ne pas
faire de leur départ de la Béotie la condition de la
restitution des morts, puisqu'ils n'étaient plus en
Béotie, mais sur un territoire conquis par les
armes. Les Béotiens devaient donc s'inspirer des
coutumes traditionnelles pour accorder l'enlèvement des morts.
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