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[4,35] τέλος δὲ τραυματιζομένων ἤδη πολλῶν διὰ τὸ αἰεὶ ἐν τῷ αὐτῷ
ἀναστρέφεσθαι, ξυγκλῄσαντες ἐχώρησαν ἐς τὸ ἔσχατον ἔρυμα τῆς νήσου,
ὃ οὐ (4.35.2) πολὺ ἀπεῖχε, καὶ τοὺς ἑαυτῶν φύλακας. ὡς δὲ ἐνέδοσαν,
ἐνταῦθα ἤδη πολλῷ ἔτι πλέονι βοῇ τεθαρσηκότες οἱ ψιλοὶ
ἐπέκειντο, καὶ τῶν Λακεδαιμονίων ὅσοι μὲν ὑποχωροῦντες
ἐγκατελαμβάνοντο, ἀπέθνῃσκον, οἱ δὲ πολλοὶ διαφυγόντες ἐς
τὸ ἔρυμα μετὰ τῶν ταύτῃ φυλάκων ἐτάξαντο παρὰ πᾶν ὡς
(4.35.3) ἀμυνούμενοι ᾗπερ ἦν ἐπίμαχον. καὶ οἱ Ἀθηναῖοι ἐπισπόμενοι
περίοδον μὲν αὐτῶν καὶ κύκλωσιν χωρίου ἰσχύι οὐκ εἶχον,
(4.35.4) προσιόντες δὲ ἐξ ἐναντίας ὤσασθαι ἐπειρῶντο. καὶ χρόνον
μὲν πολὺν καὶ τῆς ἡμέρας τὸ πλεῖστον ταλαιπωρούμενοι
ἀμφότεροι ὑπό τε τῆς μάχης καὶ δίψης καὶ ἡλίου ἀντεῖχον,
πειρώμενοι οἱ μὲν ἐξελάσασθαι ἐκ τοῦ μετεώρου, οἱ δὲ μὴ
ἐνδοῦναι· ῥᾷον δ' οἱ Λακεδαιμόνιοι ἠμύνοντο ἢ ἐν τῷ πρίν,
οὐκ οὔσης σφῶν τῆς κυκλώσεως ἐς τὰ πλάγια.
| [4,35] Déjà, beaucoup d'entre eux avaient été
blessés, parce qu'ils tournoyaient sans cesse sur
eux-mêmes. Enfin ils serrèrent leurs rangs et se
retinrent vers le fortin de l'extrémité de l'île, peu
distant du lieu du combat et où se trouvait leur
garnison. Dès qu'ils eurent commencé à reculer, les
troupes légères les poursuivirent, en redoublant de
cris et d'audace. Tous les Lacédémoniens, qui
furent cernés au cours de ce mouvement de
retraite, périrent ; néanmoins, la plupart d'entre
eux purent se réfugier dans le fortin et y rejoindre
la garnison, ils se préparèrent à défendre tous les
points par où il était accessible. Les Athéniens les
poursuivirent, mais ne purent, en raison de
l'escarpement du terrain, entourer et investir le
fortin ; ils s'efforcèrent en l'abordant de front d'en
déloger les défenseurs. La plus grande partie du
jour se lassa en combats extrêmement rudes,
qu'aggravaient la soif et le soleil. Les Athéniens
déployaient tous leurs efforts pour s'emparer de la
hauteur ; les Lacédémoniens pour les repousser.
Ceux-ci se défendaient plus facilement qu'auparavant,
car on ne pouvait les attaquer sur les flancs.
| [4,36] Ἐπειδὴ δὲ ἀπέραντον ἦν, προσελθὼν ὁ τῶν Μεσσηνίων
στρατηγὸς Κλέωνι καὶ Δημοσθένει ἄλλως ἔφη πονεῖν σφᾶς·
εἰ δὲ βούλονται ἑαυτῷ δοῦναι τῶν τοξοτῶν μέρος τι καὶ τῶν
ψιλῶν περιιέναι κατὰ νώτου αὐτοῖς ὁδῷ ᾗ ἂν αὐτὸς εὕρῃ,
(4.36.2) δοκεῖν βιάσεσθαι τὴν ἔφοδον. λαβὼν δὲ ἃ ᾐτήσατο, ἐκ
τοῦ ἀφανοῦς ὁρμήσας ὥστε μὴ ἰδεῖν ἐκείνους, κατὰ τὸ αἰεὶ
παρεῖκον τοῦ κρημνώδους τῆς νήσου προσβαίνων, καὶ ᾗ οἱ
Λακεδαιμόνιοι χωρίου ἰσχύι πιστεύσαντες οὐκ ἐφύλασσον,
χαλεπῶς τε καὶ μόλις περιελθὼν ἔλαθε, καὶ ἐπὶ τοῦ μετεώρου
ἐξαπίνης ἀναφανεὶς κατὰ νώτου αὐτῶν τοὺς μὲν τῷ ἀδοκήτῳ
ἐξέπληξε, τοὺς δὲ ἃ προσεδέχοντο ἰδόντας πολλῷ μᾶλλον
(4.36.3) ἐπέρρωσεν. καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι βαλλόμενοί τε ἀμφοτέρωθεν
ἤδη καὶ γιγνόμενοι ἐν τῷ αὐτῷ ξυμπτώματι, ὡς
μικρὸν μεγάλῳ εἰκάσαι, τῷ ἐν Θερμοπύλαις, ἐκεῖνοί τε γὰρ
τῇ ἀτραπῷ περιελθόντων τῶν Περσῶν διεφθάρησαν, οὗτοί
τε ἀμφίβολοι ἤδη ὄντες οὐκέτι ἀντεῖχον, ἀλλὰ πολλοῖς τε
ὀλίγοι μαχόμενοι καὶ ἀσθενείᾳ σωμάτων διὰ τὴν σιτοδείαν
ὑπεχώρουν, καὶ οἱ Ἀθηναῖοι ἐκράτουν ἤδη τῶν ἐφόδων.
| [4,36] Comme cette situation se prolongeait, le
commandant des Messéniens vint trouver Cléon et
Démosthénès et leur fit remarquer qu'on se
donnait beaucoup de mal pour rien. Il demanda
qu'on mît à sa disposition une partie des archers et
des troupes légères : il prendrait l'ennemi à revers
en empruntant un chemin qu'il saurait trouver et
forcerait l'entrée du fortin. On lui accorda ce qu'il
demandait et il s'avança en se dissimulant à la vue
des assiégés et en profitant, au milieu des
escarpements de l'île, de tous les endroits
accessibles. Finalement au prix de grandes
difficultés et de longs détours, il parvint, sans
éveiller l'attention, à un point du rempart que les
Lacédémoniens confiants dans la force de la
position ne gardaient pas. Tout à coup, il parut
derrière eux sur le rocher, frappant d'effroi les
assiégés et redoublant l'ardeur de ses troupes, qui
voyaient se confirmer ce qu'elles attendaient. A ce
moment les Lacédémoniens, attaqués des deux
côtés, se trouvèrent, toutes proportions gardées,
dans la même situation que les soldats des
Thermopyles, quand les Perses les tournèrent par
le sentier d'Ephialtès et les massacrèrent ; il en fut
de même à Sphactérie. Ne sachant plus de quel
côté se tourner, ils cessèrent toute résistance, trop
peu nombreux pour leurs adversaires et exténués
de faim, ils reculèrent. Les Athéniens se trouvèrent
alors maîtres des passages.
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