HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, livre III

Chapitre 11-12

  Chapitre 11-12

[3,11] καὶ εἰ μὲν αὐτόνομοι ἔτι ἦμεν ἅπαντες, βεβαιότεροι ἂν ἡμῖν ἦσαν μηδὲν νεωτεριεῖν· ὑποχειρίους δὲ ἔχοντες τοὺς πλείους, ἡμῖν δὲ ἀπὸ τοῦ ἴσου ὁμιλοῦντες, χαλεπώτερον εἰκότως ἔμελλον οἴσειν καὶ πρὸς τὸ πλέον ἤδη εἶκον τοῦ ἡμετέρου ἔτι μόνου ἀντισουμένου, ἄλλως τε καὶ ὅσῳ δυνατώτεροι αὐτοὶ αὑτῶν ἐγίγνοντο καὶ ἡμεῖς ἐρημότεροι. τὸ δὲ ἀντίπαλον δέος μόνον πιστὸν ἐς ξυμμαχίαν· γὰρ παραβαίνειν τι βουλόμενος τῷ μὴ προύχων ἂν ἐπελθεῖν ἀποτρέπεται. αὐτόνομοί τε ἐλείφθημεν οὐ δι᾿ ἄλλο τι ὅσον αὐτοῖς ἐς τὴν ἀρχὴν εὐπρεπείᾳ τε λόγου καὶ γνώμης μᾶλλον ἐφόδῳ ἰσχύος τὰ πράγματα ἐφαίνετο καταληπτά. ἅμα μὲν γὰρ μαρτυρίῳ ἐχρῶντο μὴ ἂν τούς γε ἰσοψήφους ἄκοντας, εἰ μή τι ἠδίκουν οἷς ἐπῇσαν, ξυστρατεύειν· ἐν τῷ αὐτῷ δὲ καὶ τὰ κράτιστα ἐπί τε τοὺς ὑποδεεστέρους πρώτους ξυνεπῆγον καὶ τὰ τελευταῖα λιπόντες τοῦ ἄλλου περιῃρημένου ἀσθενέστερα ἔμελλονξειν. εἰ δὲ ἀφ᾿ ἡμῶν ἤρξαντο, ἐχόντων ἔτι τῶν πάντων αὐτῶν τε ἰσχὺν καὶ πρὸς ὅτι χρὴ στῆναι, οὐκ ἂν ὁμοίως ἐχειρώσαντο. τό τε ναυτικὸν ἡμῶν παρεῖχέ τινα φόβον μή ποτε καθ᾿ ἓν γενόμενον ὑμῖν ἄλλῳ τῳ προσθέμενον κίνδυνον σφίσι παράσχῃ. τὰ δὲ καὶ ἀπὸ θεραπείας τοῦ τε κοινοῦ αὐτῶν καὶ τῶν αἰεὶ προεστώτων περιεγιγνόμεθα. οὐ μέντοι ἐπὶ πολύ γ᾿ ἂν ἐδοκοῦμεν δυνηθῆναι, εἰ μὴ πόλεμος ὅδε κατέστη, παραδείγμασι χρώμενοι τοῖς ἐς τοὺς ἄλλους. [3,11] XI. - "Si nous étions encore tous indépendants, nous serions plus assurés qu'ils ne tenteront rien contre nous ; mais, comme ils avaient assujetti la plupart des alliés et que nous étions les seuls à nous maintenir sur un pied d'égalité avec eux, cette situation ne pouvait manquer de leur être pénible : le reste leur avait cédé, et seuls nous traitions encore de pair avec eux. De plus leur puissance augmentait en même temps que notre isolement. Or la crainte réciproque est la seule garantie d'une alliance fidèle. Car celui qui est tenté de se soustraire aux conditions d'une alliance ne résiste à cette tentation que par la crainte de n'être pas le plus fort, s'il attaque. Ils nous ont lassé notre liberté, c'est entendu ; mais la seule raison en est qu'ils ont cru pouvoir se saisir de la domination en usant d'arguments spécieux et en employant la prudence plutôt que la force. De plus ils invoquaient en leur faveur notre conduite ; des alliés comme nous qui étions leurs égaux n'eussent pas participé, malgré eux, à des expéditions contre des peuples qui n'auraient pas été coupables. En même temps nous étions les plus forts et c'est nous qu'ils entraînaient contre les alliés les plus faibles. Ils nous réservaient pour la fin avec l'idée que, quand tout leur serait soumis, nous nous trouverons affaiblis. S'ils avaient commencé par nous, comme tous auraient encore disposé de leurs forces et de leurs moyens, ils n'auraient pas si bien triomphé. Ajoutez que notre flotte n'était pas sans leur inspirer quelque crainte elle pouvait s'unir à la vôtre ou à une autre et les mettre en danger. Enfin, ce n'est que par les attentions prodiguées par leur gouvernement et par leurs chefs sans cesse renouvelés, que nous avons pu rester nos maîtres. Cependant, à voir ce qui arrive aux autres, il ne semble pas que cette situation eût pu durer longtemps, si cette guerre n'eût pas éclaté.
[3,12] τίς οὖν αὕτη φιλία ἐγίγνετο ἐλευθερία πιστή, ἐν παρὰ γνώμην ἀλλήλους ὑπεδεχόμεθα, καὶ οἱ μὲν ἡμᾶς ἐν τῷ πολέμῳ δεδιότες ἐθεράπευον, ἡμεῖς δὲ ἐκείνους ἐν τῇ ἡσυχίᾳ τὸ αὐτὸ ἐποιοῦμεν· τε τοῖς ἄλλοις μάλιστα εὔνοια πίστιν βεβαιοῖ, ἡμῖν τοῦτο φόβος ἐχυρὸν παρεῖχε, δέει τε τὸ πλέον φιλίᾳ κατεχόμενοι ξύμμαχοι ἦμεν· καὶ ὁποτέροις θᾶσσον παράσχοι ἀσφάλεια θάρσος, οὗτοι πρότεροί τι καὶ παραβήσεσθαι ἔμελλον. ὥστε εἴ τῳ δοκοῦμεν ἀδικεῖν προαποστάντες διὰ τὴν ἐκείνων μέλλησιν τῶν ἐς ἡμᾶς δεινῶν, αὐτοὶ οὐκ ἀνταναμείναντες σαφῶς εἰδέναι εἴ τι αὐτῶν ἔσται, οὐκ ὀρθῶς σκοπεῖ. εἰ γὰρ δυνατοὶ ἦμεν ἐκ τοῦ ἴσου καὶ ἀντεπιβουλεῦσαι καὶ ἀντιμελλῆσαι, τί ἔδει ἡμᾶς ἐκ τοῦ ὁμοίου ἐπ᾿ ἐκείνοις εἶναι; ἐπ᾿ ἐκείνοις δὲ ὄντος αἰεὶ τοῦ ἐπιχειρεῖν καὶ ἐφ᾿ ἡμῖν εἶναι δεῖ τὸ προαμύνασθαι. [3,12] XII. - "Etaient-ce là une amitié sûre et une liberté solide ? Nos relations n'avaient rien de sincère. Pendant la guerre, ils nous craignaient et nous accablaient de prévenances. Pendant la paix nous les payions de la même monnaie. Tandis que chez les autres c'est l'affection qui est surtout le garant de la sûreté, chez nous c'était la peur ; la crainte plus que l'amitié nous retenait dans leur alliance. Ceux qui les premiers seraient enhardis par la sécurité devaient être les premiers à rompre cette alliance. Aussi qu'on ne nous fasse pas un crime de notre conduite, si nous avons fait défection, sans attendre qu'ils aient manifesté par des faits leurs mauvais desseins à notre égard ; c'est mal juger de la situation. Car si nous avions pu comme eux préparer ou différer l'attaque, pourquoi aurions-nous dû, étant leurs égaux, leur rester soumis ? Puisqu'ils étaient à tout moment maîtres de nous assaillir, pourquoi ne l'eussions-nous pas été de nous défendre ?


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Dernière mise à jour : 19/05/2006