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[3,47] ᾿Ὑμεῖς δὲ σκέψασθε ὅσον ἂν καὶ τοῦτο ἁμαρτάνοιτε Κλέωνι
πειθόμενοι. νῦν μὲν γὰρ ὑμῖν ὁ δῆμος ἐν πάσαις ταῖς πόλεσιν εὔνους ἐστί,
καὶ ἢ οὐ ξυναφίσταται τοῖς ὀλίγοις ἤ, ἐὰν βιασθῇ, ὑπάρχει τοῖς ἀποστήσασι
πολέμιος εὐθύς, καὶ τῆς ἀντικαθισταμένης πόλεως τὸ πλῆθος ξύμμαχον
ἔχοντες ἐς πόλεμον ἐπέρχεσθε. εἰ δὲ διαφθερεῖτε τὸν δῆμον τὸν
Μυτιληναίων, ὃς οὔτε μετέσχε τῆς ἀποστάσεως, ἐπειδή τε ὅπλων ἐκράτησεν,
ἑκὼν παρέδωκε τὴν πόλιν, πρῶτον μὲν ἀδικήσετε τοὺς εὐεργέτας κτείνοντες,
ἔπειτα καταστήσετε τοῖς δυνατοῖς τῶν ἀνθρώπων ὃ βούλονται μάλιστα·
ἀφιστάντες γὰρ τὰς πόλεις τὸν δῆμον εὐθὺς ξύμμαχον ›ξουσι, προδειξάντων
ὑμῶν τὴν αὐτὴν ζημίαν τοῖς τε ἀδικοῦσιν ὁμοίως κεῖσθαι καὶ τοῖς μή. δεῖ δέ,
καὶ εἰ ἠδίκησαν, μὴ προσποιεῖσθαι, ὅπως ὃ μόνον ἡμῖν ἔτι ξύμμαχόν ἐστι μὴ
πολέμιον γένηται. καὶ τοῦτο πολλῷ ξυμφορώτερον ἡγοῦμαι ἐς τὴν κάθεξιν
τῆς ἀρχῆς, ἑκόντας ἡμᾶς ἀδικηθῆναι ἢ δικαίως οὓς μὴ δεῖ διαφθεῖραι· καὶ τὸ
Κλέωνος τὸ αὐτὸ δίκαιον καὶ ξύμφορον τῆς τιμωρίας οὐχ εὑρίσκεται ἐν αὐτῷ
δυνατὸν ὂν ἅμα γίγνεσθαι.
| [3,47] XLVII. - "Et vous voyez quelle serait votre faute, si
vous suiviez les consuls de Cléon. A l'heure
actuelle, le populaire, dans tous les États, est bien
disposé à notre endroit ; il refuse de s'associer aux
aristocrates pour abandonner votre parti ; ou bien,
s'il y est contraint, il se retourne immédiatement
contre les rebelles ; et dans les villes soulevées,
vous trouvez dans le peuple un auxiliaire, lorsque
vous vous avancez pour les réduire. Si vous faites
périr le peuple de Mytilène, ce peuple qui n'a pas
participé à la rébellion et qui, une fois armé, vous a
spontanément remis la ville, d'abord vous
commettez une injustice en mettant à mort vos
bienfaiteurs, ensuite vous rendez aux grands le
service qu'ils désirent le plus ardemment. Chaque
fois qu'ils pousseront une cité à faire défection, ils
auront immédiatement le concours du peuple,
puisque vous leur aurez montré que vous réservez
le même châtiment aux coupables et aux
innocents. Même s'ils vous ont attaqués
injustement, encore faut-il fermer les yeux, pour ne
pas vous aliéner les seuls alliés qui vous restent.
Pour maintenir votre domination, il vaut beaucoup
mieux vous résigner à subir l'injustice que punir
justement des gens que vous devez épargner. Quoi
qu'en dise Cléon, la justice et l'utilité ne peuvent se
trouver réunies dans lé châtiment qu'on vous propose.
| [3,48] ᾿Ὑμεῖς δὲ γνόντες ἀμείνω τάδε εἶναι καὶ μήτε οἴκτῳ πλέον
νείμαντες μήτ᾿ ἐπιεικείᾳ, οἷς οὐδὲ ἐγὼ ἐῶ προσάγεσθαι, ἀπ᾿ αὐτῶν δὲ τῶν
παραινουμένων πείθεσθέ μοι Μυτιληναίων οὓς μὲν Πάχης ἀπέπεμψεν ὡς
ἀδικοῦντας κρῖναι καθ᾿ ἡσυχίαν, τοὺς δ᾿ ἄλλους ἐᾶν οἰκεῖν. τάδε γὰρ ἔς τε τὸ
μέλλον ἀγαθὰ καὶ τοῖς πολεμίοις ἤδη φοβερά· ὅστις γὰρ εὖ βουλεύεται πρὸς
τοὺς ἐναντίους κρείσσων ἐστὶν ἢ μετ᾿ ἔργων ἰσχύος ἀνοίᾳ ἐπιών.᾿
| [3,48] XLVIII. - "Reconnaissez que c'est là le plus sage
parti et sans accorder plus qu'il ne faut à la pitié et
à l'indulgence, - sentiments contre lesquels je vous
mets en garde - n'écoutez d'autres conseils que les
miens. Jugez de sang-froid les Mytiléniens que
Pakhès vous a envoyés comme coupables ; mais
laissez aux autres la libre disposition de leur cité.
Voilà ce qui pour l'avenir est avantageux et
présentement redoutable pour vos ennemis. Contre
des adversaires de sages résolutions ont plus de
poids que la déraison appuyée sur la force."
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