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[3,41] Τοιαῦτα μὲν ὁ Κλέων εἶπεν· μετὰ δ᾿ αὐτὸν Διόδοτος ὁ Εὐκράτους,
ὅσπερ καὶ ἐν τῇ προτέρᾳ ἐκκλησίᾳ ἀντέλεγε μάλιστα μὴ ἀποκτεῖναι
Μυτιληναίους, παρελθὼν καὶ τότε ἔλεγε τοιάδε.
| [3,41] XLI. - Telles furent les paroles de Cléon. Après lui
Diodotos, fils d'Eukratès, s'avança à la tribune.
C'était lui qui dans la précédente assemblée avait
combattu le plus vivement la sentence de mort
votée contre les Mytiléniens. Voici à peu près son discours :
| [3,42] Ὀὔτε τοὺς προθέντας τὴν διαγνώμην αὖθις περὶ Μυτιληναίων
αἰτιῶμαι, οὔτε τοὺς μεμφομένους μὴ πολλάκις περὶ τῶν μεγίστων
βουλεύεσθαι ἐπαινῶ, νομίζω δὲ δύο τὰ ἐναντιώτατα εὐβουλίᾳ εἶναι, τάχος τε
καὶ ὀργήν, ὧν τὸ μὲν μετὰ ἀνοίας φιλεῖ γίγνεσθαι, τὸ δὲ μετὰ ἀπαιδευσίας
καὶ βραχύτητος γνώμης. τούς τε λόγους ὅστις διαμάχεται μὴ διδασκάλους
τῶν πραγμάτων γίγνεσθαι, ἢ ἀξύνετός ἐστιν ἢ ἰδίᾳ τι αὐτῷ διαφέρει·
ἀξύνετος μέν, εἰ ἄλλῳ τινὶ ἡγεῖται περὶ τοῦ μέλλοντος δυνατὸν εἶναι καὶ μὴ
ἐμφανοῦς φράσαι, διαφέρει δ᾿ αὐτῷ, εἰ βουλόμενός τι αἰσχρὸν πεῖσαι εὖ μὲν
εἰπεῖν οὐκ ἂν ἡγεῖται περὶ τοῦ μὴ καλοῦ δύνασθαι, εὖ δὲ διαβαλὼν ἐκπλῆξαι
ἂν τούς τε ἀντεροῦντας καὶ τοὺς ἀκουσομένους. χαλεπώτατοι δὲ καὶ οἱ ἐπὶ
χρήμασι προσκατηγοροῦντες ἐπίδειξίν τινα. εἰ μὲν γὰρ ἀμαθίαν κατῃτιῶντο,
ὁ μὴ πείσας ἀξυνετώτερος ἂν δόξας εἶναι ἢ ἀδικώτερος ἀπεχώρει· ἀδικίας δ᾿
ἐπιφερομένης πείσας τε ὕποπτος γίγνεται καὶ μὴ τυχὼν μετὰ ἀξυνεσίας καὶ
ἄδικος. ἥ τε πόλις οὐκ ὠφελεῖται ἐν τῷ τοιῷδε· φόβῳ γὰρ ἀποστερεῖται τῶν
ξυμβούλων. καὶ πλεῖστ᾿ ἂν ὀρθοῖτο ἀδυνάτους λέγειν ἔχουσα τοὺς τοιούτους
τῶν πολιτῶν· ἐλάχιστα γὰρ ἂν πεισθεῖεν ἁμαρτάνειν. χρὴ δὲ τὸν μὲν ἀγαθὸν
πολίτην μὴ ἐκφοβοῦντα τοὺς ἀντεροῦντας, ἀλλ᾿ ἀπὸ τοῦ ἴσου φαίνεσθαι
ἄμεινον λέγοντα, τὴν δὲ σώφρονα πόλιν τῷ τε πλεῖστα εὖ βουλεύοντι μὴ
προστιθέναι τιμήν, ἀλλὰ μηδ᾿ ἐλασσοῦν τῆς ὑπαρχούσης, καὶ τὸν μὴ
τυχόντα γνώμης οὐχ ὅπως ζημιοῦν ἀλλὰ μηδ᾿ ἀτιμάζειν. οὕτω γὰρ ὅ τε
κατορθῶν ἥκιστα ἂν ἐπὶ τῷ ἔτι μειζόνων ἀξιοῦσθαι παρὰ γνώμην τι καὶ πρὸς
χάριν λέγοι, ὅ τε μὴ ἐπιτυχὼν ὀρέγοιτο τῷ αὐτῷ χαριζόμενός τι καὶ αὐτὸς
προσάγεσθαι τὸ πλῆθος.
| [3,42] XLII. - "Je me refuse à blâmer ceux qui ont mis à
l'ordre du jour une nouvelle délibération sur
l'affaire de Mytilène et à approuver ceux qui
critiquent la remise en discussion de décisions de
la plus grande importance. Pour moi, j'estime
que deux choses s'opposent essentiellement à une
sage décision : la hâte et la colère. La première
s'accompagne ordinairement de sottise, la seconde
d'obstination et d'insuffisance d'esprit. Prétendre
que les paroles n'éclairent pas les actes, c'est faire
montre d'inintelligence ou d'intérêt personnel ;
d'inintelligence, si l'on s'imagine qu'il est un autre
moyen de mettre à la portée des esprits l'avenir et
les questions obscures ; d'intérêt personnel, si
voulant faire adopter une turpitude et se sentant
impuissant à appuyer sur de bonnes raisons une
mauvaise cause, on s'imagine par des calomnies
habiles réussir à frapper l'esprit des contradicteurs
et des auditeurs. Mais les pires adversaires sont
ceux qui, avant que vous ayez pris la parole, vous
accusent de trafiquer de votre talent. S'ils
n'incriminaient que votre ineptie, vous vous en
tireriez en cas d'échec, en passant plutôt pour
inintelligent que pour injuste ; mais quand vous
êtes accusé de corruption, en cas de succès, vous
demeurez suspect ; si vous perdez la partie, on
vous juge à la fois dépourvu d'habileté et
d'honnêteté. L'Etat ne peut que perdre à de
semblables procédés ; la crainte le prive de
conseillers. Souvent il aurait tout avantage, si des
citoyens de ce genre n'avaient pas le don de la
parole : ils lui feraient commettre moins de fautes.
Le bon citoyen, et c'est son devoir, n'a pas pour
habitude d'effrayer ses contradicteurs ; il ne doit
montrer sa supériorité qu'en luttant à armes
égales. Sans doute un État bien gouverné n'a pas à
accorder un surcroît d'honneur au meilleur
conseiller ; mais il n'a pas non plus à diminuer
ceux dont il jouit. Loin de frapper d'une amende
l'orateur en cas d'insuccès, il doit éviter de le
frapper d'atimie. Dans ces conditions
l'orateur dont l'avis l'emporte n'aura pas parlé dans
son désir d'obtenir de plus hautes distinctions,
contre sa conviction et pour complaire au peuple et
celui dont l'avis est rejeté n'aura pas recherché, lui
non plus, à se faire bien voir de la multitude et à se la concilier.
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