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[6,55] ὅτι δὲ πρεσβύτατος ὢν Ἱππίας ἦρξεν, εἰδὼς μὲν καὶ ἀκοῇ
ἀκριβέστερον ἄλλων ἰσχυρίζομαι, γνοίη δ' ἄν τις καὶ αὐτῷ
τούτῳ· παῖδες γὰρ αὐτῷ μόνῳ φαίνονται τῶν γνησίων
ἀδελφῶν γενόμενοι, ὡς ὅ τε βωμὸς σημαίνει καὶ ἡ στήλη
περὶ τῆς τῶν τυράννων ἀδικίας ἡ ἐν τῇ Ἀθηναίων ἀκροπόλει
σταθεῖσα, ἐν ᾗ Θεσσαλοῦ μὲν οὐδ' Ἱππάρχου οὐδεὶς παῖς
γέγραπται, Ἱππίου δὲ πέντε, οἳ αὐτῷ ἐκ Μυρρίνης τῆς
Καλλίου τοῦ Ὑπεροχίδου θυγατρὸς ἐγένοντο· εἰκὸς γὰρ ἦν
(6.55.2) τὸν πρεσβύτατον πρῶτον γῆμαι. καὶ ἐν τῇ αὐτῇ στήλῃ
πρῶτος γέγραπται μετὰ τὸν πατέρα, οὐδὲ τοῦτο ἀπεοικότως
(6.55.3) διὰ τὸ πρεσβεύειν τε ἀπ' αὐτοῦ καὶ τυραννεῦσαι. οὐ μὴν
οὐδ' ἂν κατασχεῖν μοι δοκεῖ ποτὲ Ἱππίας τὸ παραχρῆμα
ῥᾳδίως τὴν τυραννίδα, εἰ Ἵππαρχος μὲν ἐν τῇ ἀρχῇ ὢν
ἀπέθανεν, αὐτὸς δὲ αὐθημερὸν καθίστατο· ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ
πρότερον ξύνηθες τοῖς μὲν πολίταις φοβερόν, ἐς δὲ τοὺς
ἐπικούρους ἀκριβές, πολλῷ τῷ περιόντι τοῦ ἀσφαλοῦς κατεκράτησε,
καὶ οὐχ ὡς ἀδελφὸς νεώτερος ὢν ἠπόρησεν, ἐν
(6.55.4) ᾧ οὐ πρότερον ξυνεχῶς ὡμιλήκει τῇ ἀρχῇ. Ἱππάρχῳ δὲ
ξυνέβη τοῦ πάθους τῇ δυστυχίᾳ ὀνομασθέντα καὶ τὴν δόξαν
τῆς τυραννίδος ἐς τὰ ἔπειτα προσλαβεῖν.
| [6,55] LV. - Qu'Hippias, en qualité d'aîné, ait eu le pouvoir, j'en suis certain et je
puis l'affirmer, car je le sais par tradition plus exactement que d'autres. On
peut du reste s'en assurer par les constatations ci-dessous : de tous ses frères
légitimes il fut le seul, semble-t-il, à avoir des enfants ; l'autel l'indique
ainsi que la stèle qui fut élevée à l'Acropole pour perpétuer les excès des
tyrans. On n'y voit mentionné aucun des enfants de Thessalos et d'Hipparque,
tandis qu'on mentionne cinq enfants d'Hippias, que lui avait donnés Myrrhinè
fille de Kallias, fils lui-même d'Hyperokhidès. Vraisemblablement étant l'aîné,
il dut se marier le premier ; car sur la même stèle son nom vient immédiatement
après celui de son père ; il n'y a donc rien d'étonnant qu'étant l'aîné, il lui
ait succédé. A mon avis, comment Hippias se serait-il emparé de la tyrannie
sur-le-champ et sans difficultés, si Hipparque était mort dans l'exercice du
pouvoir - or le jour même Hippias détenait solidement l'autorité ? Mais la
terreur inspirée depuis longtemps aux citoyens et l'exacte obéissance de ses
satellites lui permirent, en toute tranquillité, de garder le pouvoir. Il ne
rencontra pas les difficultés qu'il eût éprouvées, si, plus jeune que son frère,
il n'eût pas été favorisé par une longue habitude du commandement. Mais le
malheur d'Hipparque l'a rendu célèbre et a fait croire à la postérité que
c'était lui qui avait exercé la tyrannie.
| [6,56] Τὸν δ' οὖν Ἁρμόδιον ἀπαρνηθέντα τὴν πείρασιν, ὥσπερ
διενοεῖτο, προυπηλάκισεν· ἀδελφὴν γὰρ αὐτοῦ κόρην ἐπαγγείλαντες ἥκειν
κανοῦν οἴσουσαν ἐν πομπῇ τινί, ἀπήλασαν
λέγοντες οὐδὲ ἐπαγγεῖλαι τὴν ἀρχὴν διὰ τὸ μὴ ἀξίαν εἶναι.
(6.56.2) χαλεπῶς δὲ ἐνεγκόντος τοῦ Ἁρμοδίου πολλῷ δὴ μᾶλλον δι'
ἐκεῖνον καὶ ὁ Ἀριστογείτων παρωξύνετο. καὶ αὐτοῖς τὰ
μὲν ἄλλα πρὸς τοὺς ξυνεπιθησομένους τῷ ἔργῳ ἐπέπρακτο,
περιέμενον δὲ Παναθήναια τὰ μεγάλα, ἐν ᾗ μόνον ἡμέρᾳ οὐχ
ὕποπτον ἐγίγνετο ἐν ὅπλοις τῶν πολιτῶν τοὺς τὴν πομπὴν
πέμψοντας ἁθρόους γενέσθαι· καὶ ἔδει ἄρξαι μὲν αὐτούς,
ξυνεπαμύνειν δὲ εὐθὺς τὰ πρὸς τοὺς δορυφόρους ἐκείνους.
(6.56.3) ἦσαν δὲ οὐ πολλοὶ οἱ ξυνομωμοκότες ἀσφαλείας ἕνεκα·
ἤλπιζον γὰρ καὶ τοὺς μὴ προειδότας, εἰ καὶ ὁποσοιοῦν τολμήσειαν, ἐκ τοῦ
παραχρῆμα ἔχοντάς γε ὅπλα ἐθελήσειν σφᾶς αὐτοὺς ξυνελευθεροῦν.
| [6,56] LVI. - Je reprends ma narration : repoussé par Harmodios, Hippias mit à
exécution son projet et lui fit un cruel outrage. On avait mandé une jeune soeur
d'Harmodios pour lui faire porter une corbeille dans une procession ; puis
on la chassa, en disant qu'on ne l'avait même pas invitée, car elle n'était pas
digne de cet honneur. Harmodios en conçut une violente fureur, mais Aristogitôn
par amour pour Harmodios ressentit l'affront plus vivement encore. Ils prirent
toutes leurs dispositions avec ceux qui devaient participer à l'attentat et ils
attendirent les Grandes Panathénées ; c'est le seul jour de l'année où, sans
éveiller la défiance, les citoyens peuvent se rassembler en armes pour
accompagner la procession. Eux-mêmes devaient porter les premiers coups, les
conjurés avaient l'ordre d'accourir aussitôt à leur secours en attaquant les
satellites. On n'avait, pour plus de sûreté, réuni qu'un petit nombre de
complices ; mais on espérait que ceux-là même qui étaient dans l'ignorance du
complot, au moindre signe d'audace, consentiraient à seconder les conjurés, les
armes à la main, pour recouvrer la liberté.
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