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[6,39] φήσει τις δημοκρατίαν οὔτε ξυνετὸν οὔτ' ἴσον εἶναι, τοὺς δ' ἔχοντας
τὰ χρήματα καὶ ἄρχειν ἄριστα βελτίστους. ἐγὼ δέ φημι πρῶτα μὲν
δῆμον ξύμπαν ὠνομάσθαι, ὀλιγαρχίαν δὲ μέρος, ἔπειτα φύλακας μὲν ἀρίστους
εἶναι χρημάτων τοὺς πλουσίους, βουλεῦσαι δ' ἂν βέλτιστα τοὺς ξυνετούς,
κρῖναι δ' ἂν ἀκούσαντας ἄριστα τοὺς πολλούς, καὶ ταῦτα ὁμοίως
καὶ κατὰ μέρη καὶ
(6.39.2) ξύμπαντα ἐν δημοκρατίᾳ ἰσομοιρεῖν. ὀλιγαρχία δὲ τῶν μὲν
κινδύνων τοῖς πολλοῖς μεταδίδωσι, τῶν δ' ὠφελίμων οὐ
πλεονεκτεῖ μόνον, ἀλλὰ καὶ ξύμπαντ' ἀφελομένη ἔχει· ἃ
ὑμῶν οἵ τε δυνάμενοι καὶ οἱ νέοι προθυμοῦνται, ἀδύνατα ἐν
μεγάλῃ πόλει κατασχεῖν.
| [6,39] XXXIX. – « On va m'objecter que la démocratie n'est ni intelligente ni juste et
que les possédants sont les plus capables d'exercer le pouvoir. Pour moi,
j'affirme en premier lieu que le peuple est l'État tout entier, que l'oligarchie
n'en est qu'une fraction, en second lieu que, si les riches s'entendent
parfaitement à conserver les richesses, les gens intelligents ont chance de
donner les meilleurs conseils et la foule une fois informée de prendre les
meilleures décisions. Dans une démocratie ces trois catégories, prises ensemble
ou séparément, participent également au gouvernement. L'oligarchie, au
contraire, fait participer la multitude aux dangers ; mais elle recherche
âprement les avantages. Que dis-je ? Elle met la main sur tous, elle les
monopolise. Voilà à quoi aspirent chez vous les puissants et les jeunes gens !
Dans une grande cité comme la nôtre, c'est impossible, ils ne réussiront pas.
| [6,40] ‘Ἀλλ' ἔτι καὶ νῦν, ὦ πάντων ἀξυνετώτατοι, εἰ μὴ μανθάνετε
κακὰ σπεύδοντες, ἢ ἀμαθέστατοί ἐστε ὧν ἐγὼ οἶδα
Ἑλλήνων, ἢ ἀδικώτατοι, εἰ εἰδότες τολμᾶτε. ἀλλ' ἤτοι
μαθόντες γε ἢ μεταγνόντες τὸ τῆς πόλεως ξύμπασι κοινὸν
αὔξετε, ἡγησάμενοι τοῦτο μὲν ἂν καὶ ἴσον καὶ πλέον οἱ ἀγαθοὶ
ὑμῶν (ἤπερ τὸ τῆς πόλεως πλῆθος) μετασχεῖν, εἰ δ' ἄλλα
βουλήσεσθε, καὶ τοῦ παντὸς κινδυνεῦσαι στερηθῆναι· καὶ
τῶν τοιῶνδε ἀγγελιῶν ὡς πρὸς αἰσθανομένους καὶ μὴ ἐπιτρέψοντας
(6.40.2) ἀπαλλάγητε. ἡ γὰρ πόλις ἥδε, καὶ εἰ ἔρχονται
Ἀθηναῖοι, ἀμυνεῖται αὐτοὺς ἀξίως αὑτῆς, καὶ στρατηγοί
εἰσιν ἡμῖν οἳ σκέψονται αὐτά· καὶ εἰ μή τι αὐτῶν ἀληθές
ἐστιν, ὥσπερ οὐκ οἴομαι, οὐ πρὸς τὰς ὑμετέρας ἀγγελίας
καταπλαγεῖσα καὶ ἑλομένη ὑμᾶς ἄρχοντας αὐθαίρετον δουλείαν ἐπιβαλεῖται,
αὐτὴ δ' ἐφ' αὑτῆς σκοποῦσα τούς τε
λόγους ἀφ' ὑμῶν ὡς ἔργα δυναμένους κρινεῖ καὶ τὴν ὑπάρχουσαν ἐλευθερίαν
οὐχὶ ἐκ τοῦ ἀκούειν ἀφαιρεθήσεται, ἐκ δὲ
τοῦ ἔργῳ φυλασσομένη μὴ ἐπιτρέπειν πειράσεται σῴζειν.’
| [6,40] XL. – « Même encore à présent, vous êtes les plus stupides de tous les Grecs de
ma connaissance, si vous ne comprenez pas que vous favorisez votre perte ! Vous
êtes les plus injustes, si le sachant vous persistez dans votre audace.
Comprenez donc votre intérêt, ou revenez sur vos résolutions, ainsi vous
accroîtrez pour tous la prospérité de la cité. Dites-vous bien que
l'aristocratie y trouvera son compte et même davantage, tandis qu'en suivant un
avis contraire vous risquez de perdre entièrement l'État. Cessez de répandre ces
nouvelles alarmantes, car nous voyons clair et nous ne les accueillerons pas.
Notre ville, même si les Athéniens viennent l'attaquer, saura les repousser
d'une façon digne d'elle ; nous avons aussi des stratèges qui aviseront aux
événements. Et si, comme je le crois, rien de ce qu'on dit n'est vrai, notre
ville refusera de se laisser intimider par vos racontars, elle ne vous mettra
pas à la tête et n'ira pas de son plein gré se jeter dans l'esclavage. Elle s'en
remettra à sa propre décision, elle jugera vos paroles comme des actes
véritables et, sur la foi de vos discours, elle ne se laissera pas dépouiller de
sa liberté ; elle se gardera bien de vous céder, agira et tâchera de se sauver. »
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