[8] Εἰ δὲ ἓν ἐξ ἀμφοῖν τῷ συνδυασμῷ γίνεται, καὶ
ὁ νοῦς ἂν ἐμβαπτισθείη τῷ ἥδεσθαι. καίτοι τοῦτο κακῶν
ἂν εἴη τὸ ἔσχατον, μηδ´ ἐπαΐειν κακοῦ παρόντος· τοῦτο γάρ
ἐστι μηδ´ ἀναδῦναι ζητούντων, ὥσπερ ὁ σκίρρος τῷ μηκέτι
λυπεῖν οὐδὲ ὑπομιμνήσκει τοῦ σῴζεσθαι· καὶ διὰ τοῦτο ἀναγωγὸν
ἡ μετάνοια. ὁ γὰρ τὰ ἐν οἷς ἐστι δυσχεραίνων,
φυγὴν μηχανᾶται· καὶ καθαρμοῦ τὸ μέγιστον μέρος ἡ βούλησις·
ταύτῃ γὰρ ὀρέγει χεῖρα τὰ δρώμενά τε καὶ τὰ λεγόμενα·
ἀπούσης δὲ ἄψυχος ἅπασα καθαρτικὴ τελετή, κολοβὸς
οὖσα τοῦ μεγίστου συνθήματος. καὶ διὰ τοῦτο τῇδέ τε κἀκεῖ
χρείαν τὴν μεγίστην τε καὶ ἀρίστην τῇ τάξει τῶν ὄντων
αἱ κρίσεις παρέχονται, τὸ λυπηρὸν ἀντεισάγουσαι καὶ τῆς
ἐμπλήκτου χαρᾶς τὴν ψυχὴν ἐκκαθαίρουσαι· αἵ τε παρ´ ἀξίαν
καλούμεναι συμφοραὶ μέγα μέρος συμβάλλονται πρὸς τὸ λῦσαι
τὴν σχέσιν, ἣν ἔχομεν πρὸς τὰ τῇδε. καὶ ἡ πρώτη πρόνοια
διὰ τούτων εἰσάγεται τοῖς ἔχουσι νοῦν, δι´ ὧν τοῖς οὐκ ἔχουσιν
ἀπιστεῖται. ὡς οὐκ ἔστιν ὅπως ποτ´ ἂν ἀποστραφείη
τὴν ὕλην ψυχὴ μηδενὶ κακῷ περὶ τὰ τῇδε προσκόπτουσα.
διὸ τὰς πολυθρυλήτους εὐτυχίας οἴεσθαι δεῖ λόχον ἐπὶ ψυχὰς
ἐξευρῆσθαι τοῖς ἐφόροις τῶν κάτω. ὥσθ´ ὅτι μὲν ἂν
ἐξελθούσαις γένοιτο πόμα λήθαιον, ἄλλος εἰπάτω· εἰσελθούσῃ
δὲ εἰς τὸν βίον ψυχῇ λήθαιον ὀρέγεται πόμα τὸ τῇδε ἡδὺ
καὶ μειλίχιον. θῆσσα γὰρ κατιοῦσα τὸν πρῶτον βίον ἐθελοντὴς
ἀντὶ τοῦ θητεῦσαι δουλεύει· ἀλλὰ ἐκεῖνο μὲν ἦν
λειτουργίαν τινὰ ἐκπλῆσαι τῇ φύσει τοῦ κόσμου, θεσμῶν
Ἀδραστείας ἐπιταττόντων. γοητευθεῖσα δὲ ὑπὸ τῶν δώρων
τῆς ὕλης, πάθος πέπονθε παραπλήσιον ἐλευθέροις ἐπὶ
συγκείμενον χρόνον μεμισθωμένοις, οἳ κάλλει θεραπαίνης
ἐνσχεθέντες μένειν ἐθέλουσι, τῷ κυρίῳ τῆς ἐρωμένης δουλεύειν
ὁμολογήσαντες. καὶ ἡμεῖς ἐοίκαμεν, ὅταν ποτ´ ἀπὸ
βαθείας τῆς γνώμης ἡσθῶμεν ἐπί τῳ τῶν περὶ σῶμά τε
καὶ θυραίων, ἀγαθῶν εἶναι δοκούντων, ὁμολογεῖν τῇ φύσει
τῆς ὕλης, ὅτι καλή· ἡ δὲ τὴν συγκατάθεσιν ἡμῶν γραμματεῖον
ἀπόρρητον δέχεται, κἂν ἀποχωρῆσαι ὡς ἐλεύθεροι
βουλευσώμεθα, φυγάδας εἶναί φησι καὶ ἐπανάγειν πειρᾶται,
καὶ ὡς δραπετευόντων ἀντιλαμβάνεται, τὸ γραμματεῖον ἐπαναγινώσκουσα.
τότε δὴ καὶ μάλιστα ῥώμης τε δεῖ τῇ ψυχῇ
καὶ ἀρωγοῦ τοῦ θεοῦ· ὡς οὐ φαῦλος ἀγὼν ὁμολογίαν ἑαυτοῦ
παραγράψασθαι, τυχὸν δὲ καὶ βιάσασθαι. ποιναί τε γὰρ
ὑλαῖαι τότε δὴ καὶ παρ´ εἱμαρμένην κινοῦνται κατὰ τῶν
ἀφηνιασάντων πρὸς τοὺς νόμους αὐτῆς· καὶ τοῦτο ἄρα αἱ
καλούμεναι πεῖραι, ἃς Ἡρακλέα τε ἀνατλῆναί φασιν ἱεροὶ
λόγοι, καὶ εἰ δή τις ἕτερος ἐλευθερίᾳ κατὰ τὸ καρτερὸν ἐπεχείρησε,
μέχρις ἂν ἐκεῖ τὸ πνεῦμα διαβιβάσωσιν, οὗ μὴ
φθάνωσιν αἱ χεῖρες τῆς φύσεως. εἰ δὲ ἐντὸς ὅρων τὸ ἅλμα
γένοιτο, κατασπᾶται, καὶ δεῖ βαρυτέρων ἀγώνων· ἀφειδεῖ
γὰρ ὡς ἀλλοτρίων ἤδη· κἂν ἀπογνῷ τῆς ἀνόδου, δίκας
αἰτεῖ τῆς ἐπιχειρήσεως, καὶ προβάλλει βίους οὐκ ἀπ´ ἀμφοῖν
ἔτι τῶν πίθων, οὓς Ὅμηρος ἀπορρήτως αἰνίττεται
μερίδας εἶναι δύο τῆς ὕλης· καὶ ὁ Ζεὺς αὐτῷ κατ´ ἐκεῖνο
τῶν ἐπῶν θεὸς ὑλάρχιός ἐστι, τοῦ διττοῦ τῆς εἱμαρμένης
διανομεύς, παρ´ οὗ τὸ μὲν ἀγαθὸν οὐδέποτε ἀνεπίμικτον, ἤδη
δέ τις ἀκράτου μετέσχε τοῦ χείρονος. ὅλως δὲ οἱ βίοι πάντες
ἐν πλάνῃ, τῇ μὴ μετὰ τὴν πρώτην κάθοδον ἀναδραμούσῃ.
| [8] Si dans cette union l’intelligence vient à se confondre entièrement avec
l’imagination, elle se plonge dans l’ivresse des grossières voluptés: or le comble du
mal c’est de ne plus même sentir son mal; car alors on ne cherche pas à s’en guérir :
c’est ainsi que l’on ne songe pas à faire disparaître les callosités dont on ne souffre
plus. Le repentir aide à revenir à une vie meilleure. Quand on est tourmenté de son
état, on s’efforce d’en sortir. Vouloir, c’est avoir accompli déjà la moitié de l’expiation;
car alors tous les actes, toutes les paroles tendent à cette fin. Mais quand la volonté
est absente, les cérémonies expiatoires n’ont plus de sens; pour qu’elles gardent leur
efficacité, il faut que l’âme soit consentante. Aussi les peines qui de divers côtés
viennent nous frapper sont merveilleusement propres à rétablir l’ordre moral ; en
prenant la place des fausses joies, les chagrins purifient l’âme; les malheurs mêmes
qui semblent immérités sont utiles en ce qu’ils nous délivrent d’un attachement trop
exclusif aux choses d’ici-bas. C’est ainsi que la Providence se révèle aux sages, tandis
que les insensés ne veulent pas admettre qu’il soit impossible à l’âme de se dégager
de la matière, quand elle n’a pas été éprouvée par la souffrance dans ce monde. Les
plaisirs de cette terre ne sont donc qu’un piège que les démons tendent à l’âme.
D’autres diront qu’à sa sortie de la vie elle boit un breuvage qui lui fait oublier le passé
: selon moi c’est plutôt à son entrée dans la vie qu’elle boit, dans la coupe des
trompeuses voluptés, l’oubli de sa destinée. Venue dans le monde pour être
servante, son service se change en servitude; sans doute dans une certaine mesure
elle devait, en vertu des lois de la nécessité, obéir à la nature; mais voici que séduite
par les attraits de la matière elle ressemble à ces malheureux qui, nés dans une
condition libre, se vendent pour un temps épris de la beauté d’une esclave, pour rester
auprès de celle qu’ils aiment ils acceptent le même maître. Voilà comme nous
sommes quand nous venons à nous laisser pleinement charmer par de faux biens, par
ces plaisirs tout extérieurs qui s’adressent au corps; nous semblons alors convenir que
la matière est belle. La matière s’empare de notre aveu comme d’un engagement
secret que nous lui souscrivons; et plus tard, si nous voulons nous détacher d’elle et
reprendre notre liberté, elle nous traite de transfuges, elle essaie de nous ressaisir, et
invoque, pour nous faire revenir sous sa domination, la foi due aux engagements.
C’est alors surtout que l’âme a besoin d’énergie et de l’assistance divine : ce n’est pas
une petite affaire que d’avoir à rompre, quelquefois même violemment, avec les
habitudes prises; car alors (ainsi le veut la destinée) toutes les forces de la matière
viennent fondre sur les rebelles pour les accabler et les punir. C’est là sans doute ce
que signifient les travaux d’Hercule que nous racontent des légendes sacrées, et ces
luttes que soutinrent vaillamment d’autres héros, jusqu’au jour où ils purent s’élever à
des hauteurs où la nature n’avait plus sur eux aucune prise. Si l’âme fait de vains
efforts pour franchir les murs de sa prison, elle retombe sur elle-même; nous avons
alors de rudes combats à soutenir, car la matière nous traite en ennemis; elle se
venge de nos inutiles tentatives par de rigoureux châtiments. Ce n’est plus alors cette
vie mélangée, comme nous l’apprend Homère, du bien et du mal qui sortent des deux
tonneaux, et que Jupiter (c’est encore le poète qui le dit), souverain dispensateur des
choses d’ici-bas, distribue aux hommes. Jamais il ne nous fait goûter le bien tout
pur, mais il arrive parfois que le mal nous est seul versé.
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