[9] Θέα δὴ πόσῳ τῷ μέσῳ τὸ πνεῦμα τοῦτο ἐμπολιτεύεται.
ῥεψάσης μὲν κάτω ψυχῆς, ἔλεγεν ὁ λόγος, ὅτι
ἐβαρύνθη τε καὶ ἔδυ, μέχρις ἐγκύρσῃ τῷ μελαναυγεῖ καὶ
ἀμφικνεφεῖ χώρῳ· ἀνιούσῃ δὲ συνέπεται μέχρις οὗ δύναμις
ἕπεσθαι· δύναται δὲ μέχρις ἂν εἰς πλεῖστον τὸ ἀντικείμενον
ἥκῃ. ἄκουε γὰρ καὶ περὶ τούτου τῶν λογίων λεγόντων·
οὐδὲ τὸ τῆς ὕλης κρημνῷ σκύβαλον καταλείψει,
ἀλλὰ καὶ εἰδώλῳ μερὶς εἰς τόπον ἀμφιφάοντα·
οὗτος δὲ ἀντίθεσιν ἔχει πρὸς τὸν ἀμφικνεφῆ. καίτοι τι καὶ
πλέον τις ἂν ἐν τούτοις ὀξυωπήσειεν· οὐ γὰρ μόνην εἰς τὰς
σφαίρας ἀνάγειν ἔοικε τὴν ἐκεῖθεν ἥκουσαν φύσιν, ἀλλὰ εἴ
τι καὶ τῆς πυρὸς καὶ τῆς ἀέρος ἀκρότητος εἰς τὴν εἰδωλικὴν
φύσιν ἔσπασε κατιοῦσα, πρὶν τὸ γήινον ἀμφιέσασθαι κέλυφος,
καὶ τοῦτο, φησί, τῇ κρείττονι μερίδι συναναπέμπει· ὕλης γὰρ
σκύβαλον οὐκ ἂν εἴη τὸ θεσπέσιον σῶμα. καὶ λόγον δ´ ἂν
ἔχοι τὰ κοινωνήσαντα φύσεως καὶ εἰς ἓν συντελέσαντα
μήτοι παντάπασιν ἄσχετα εἶναι, καὶ μάλιστα οἷς ἐκ γειτόνων
ἡ χώρα, καθάπερ πῦρ ἐφεξῆς ἐστι τῷ κύκλῳ σώματι,
καὶ οὐχ ὥσπερ γῆ τῶν ὄντων τὸ ἔσχατον. εἰ δὲ τὰ κρείττω
τοῖς χείροσιν εἴξαντα τῆς κοινωνίας ἀπέλαυσε καὶ συνετέλεσεν
εἰς ἰλὺν σῶμα ἀκήρατον, ὥσπερ ἰδιοποιηθὲν ὑπὸ τοῦ
παραχωρηθέντως ἐν τῇ συνόδῳ κρατεῖν, τάχ´ ἂν καὶ τὰ
χείρω μὴ ἀντιτείναντα πρὸς τὴν ἐνέργειαν τῆς ψυχῆς,
ἀλλ´ εὐήνια καὶ καταπειθῆ, αὐτά τε ὁμαρτήσαντα, καὶ τὴν
μέσην φύσιν ἀπερίσπαστον παρασχόμενα τῇ τῆς πρώτης
ἡγεμονίᾳ, συνεξαιθεροῖτο ἂν καὶ συναναπέμποιτο, εἰ μὴ μέχρι
παντός, ἀλλά τοι διαβαίνοι τὴν τῶν στοιχείων ἀκρότητα,
καὶ γεύσαιτ´ ἂν τοῦ ἀμφιφαοῦς· ἔχει γάρ τινα, φησίν, ἐν
αὐτῷ μερίδα, τοῦτ´ ἔστιν ἐν τάξει τινὶ τοῦ κυκλικοῦ γίνεται.
| [9] Dans ces existences diverses l’âme ne cesse d’errer, quand elle ne revient
pas promptement au séjour d’où elle est partie. Voyez comme est vaste la carrière que
l’imagination peut parcourir. Quand l’âme descend, nous l’avons dit tout à l’heure,
l’imagination s’appesantit, tombe, et va se plonger dans les abîmes obscurs et
sombres; mais si l’âme monte, elle l’accompagne et la suit aussi loin qu’il lui est permis
de s’élever, c’est-à-dire jusqu’aux limites supérieures du monde sublunaire. Écoutez
ce que disent à ce sujet les oracles sacrés : "Ne jetez pas
La fleur de la matière aux terrestres abîmes;
Le fantôme a sa part sur les brillantes cimes".
Cette cime est à l’opposé de la région ténébreuse. Mais ces vers recèlent encore
un autre sens qu’il faut pénétrer : l’âme ne doit pas seulement revenir aux sphères
célestes telle qu’elle en est sortie, avec tout ce qui forme sa propre essence; elle doit
rapporter aussi ces particules d’air et de feu qui lui composent une seconde essence,
celle de fantôme, et qu’elle s’est assimilées, alors qu’elle descendait vers le monde,
avant d’avoir revêtu cette enveloppe de terre; elle ramène là-haut cet air et ce feu avec
ce qu’elle a de meilleur: car il ne faut pas, par la fleur de la matière, entendre le corps
divin. La raison nous dit que les choses qui ont une fois participé à une commune
nature et qui se sont unies ne peuvent plus être entièrement séparées, surtout quand
elles sont voisines: c’est ainsi que le feu touche à l’élément répandu tout autour du
monde, et n’est pas comme la terre qui est au plus bas degré dans l’échelle des
êtres. Admettez que le meilleur consente à s’allier avec le moins bon, et produise ainsi
un corps immortel mélangé de fange: site plus noble des deux associés met ce corps
sous sa dépendance, alors la partie la moins pure ne résiste plus à l’action de l’âme;
docile et soumise, elle la suit fidèlement. C’est ainsi que l’imagination, cette essence
intermédiaire, en s’abandonnant à la direction de l’âme, cette essence supérieure, loin
de s’altérer, se purifie et remonte avec elle vers le ciel; s’il est des limites qu’elle ne
peut franchir, du moins elle s’élève au-dessus des éléments, et touche aux espaces
lumineux : car elle a sa place, disent les oracles, dans la région brillante, c’est-à-dire
dans cette voûte circulaire qui nous enveloppe.
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