[10] Ἀλλὰ περὶ μὲν τῆς ἐκ τῶν στοιχείων μοίρας ταῦτα
εἰρῆσθαι καὶ ἀπιστεῖν ἔξεστι καὶ πιστεύειν. τὴν δὲ ἐκεῖθεν
ἥκουσαν σωματικὴν οὐσίαν, οὐδεμία μηχανὴ κατὰ φύσιν
ἀνιούσης ψυχῆς μὴ οὐ συνεξᾶραι τοῦ πτώματος ἀναστᾶσαν,
καὶ ταῖς σφαίραις ἐναρμοσθῆναι, τοῦτ´ ἔστιν εἰς τὴν
οἰκείαν φύσιν ὥσπερ ἀναχυθῆναι. ἔσχαται μὲν οὖν αὗται
δύο λήξεις, ἡ μὲν ἀμφικνεφής, ἡ δὲ ἀμφιφαὴς οὖσα, εὐμοιρίας
τε καὶ κακοδαιμονίας τὰ ἄκρα νειμάμεναι. πόσας δὲ οἴει
μεταξὺ χώρας ἐν τῷ κύτει τοῦ κόσμου, ἑτεροφαεῖς τε καὶ
ἑτεροκνεφεῖς, ἐν αἷς ἁπάσαις δίαιταν ἔχει ψυχὴ μετὰ τοῦδε
τοῦ πνεύματος, ἤθη τε καὶ εἴδη καὶ βίους ἀμείβουσα; ἀναδραμοῦσα
μὲν οὖν ἐπὶ τὴν οἰκείαν εὐγένειαν, ἀληθείας ἐστὶ
ταμιεῖον· καθαρὰ γάρ ἐστι καὶ διαφανὴς καὶ ἀκήρατος, θεὸς
οὖσα καὶ προφῆτις, εἰ βούλοιτο· καταπεσοῦσα δέ, ἀχλυοῦται
καὶ ἀοριστεῖ καὶ ψεύδεται· τὸ γὰρ ὁμιχλῶδες τοῦ πνεύματος
οὐ χωρεῖ τὴν τῶν ὄντων ἐνέργειαν. μεταξὺ δὲ οὖσα,
τῶν μὲν ἂν ἁμάρτοι, τῶν δὲ τυγχάνοι. γνωματεύσαις
ἂν οὕτω καὶ δαιμονίαν φύσιν ἐν ᾕτινι τάξει. τὸ γὰρ ἢ
πάντως ἢ παρὰ μικρὸν ἀληθίζεσθαι θεῖόν ἐστιν ἢ πέλας τοῦ
θείου. τὸ δέ γε πλάνον ἐν ταῖς προρρήσεσιν ἀληκτόν ἐστι
τῶν ἀλινδουμένων εἰς ὕλην, ἐμπαθὲς καὶ φιλότιμον. ταύτῃ
γὰρ ὑποδύεται τὸ σίραιον ἀεὶ καὶ θεὸν καὶ πρεσβύτερον
δαίμονα, καὶ ἐνάλλεται καὶ καταλαμβάνει τὴν εὐτρεπισθεῖσαν
χώραν τῇ φύσει τῇ μείζονι. ἐν ἀνθρώπῳ τε οὔσης
ψυχῆς τάξιν ἂν ἐνθένδε φωράσαιμεν. ὅτῳ τὸ φανταστικὸν
πνεῦμα καθαρὸν καὶ εὐόριστον, καὶ ὕπαρ καὶ ὄναρ ἀληθῆ
τῶν ὄντων ἐκμαγεῖα δεχόμενον, οὗτος ἂν ὑπόσχεσιν ἔχοι,
τό γε ἐπὶ τῷ τῆς ψυχῆς σχήματι, βελτίονος λήξεως. οὐχ
ἥκιστα δὲ ἀπὸ τῶν φαντασμάτων, ἃ προβάλλει καὶ περὶ
ἃ καταγίνεται, ὅτε μὴ ἔξωθεν ὑφ´ ἑτέρου κινεῖται, ἐν ὁποίᾳ
διαθέσει τυγχάνει τὸ ψυχικὸν πνεῦμα θηρῶμεν, χορηγούσης
φιλοσοφίας εἰς τοῦτο κριτήρια, ὡς καὶ δεῖ τρέφειν αὐτὸ καὶ
συνεπιμελεῖσθαι μήτοι ποτὲ πλανηθῆναι. τροφὴ δὲ ἀρίστη
κατὰ τὴν ἐπιβλητικὴν δύναμιν ἐνεργεῖν, καὶ καθάπαξ νοερὰν
εἶναι τὴν προβολὴν τῆς ζωῆς, ὅση δύναμις, τὰς τῶν
ἀτόπων καὶ προπετῶν φαντασμάτων ὁρμὰς προλαμβάνοντας·
τοῦτο γάρ ἐστι πρὸς τὸ κρεῖττον ἐστράφθαι, καὶ
ἄσχετον εἶναι τοῦ χείρονος, ὅσα ἀναγκαῖα μόνον προσομιλοῦντα.
νοερὰ δ´ ἐπιβολὴ χρῆμα τῶν συνισταμένων ἐπὶ
τὸ πνεῦμα τμητικώτατον· λεπτύνει γὰρ ἀρρήτως αὐτὸ καὶ
πρὸς θεὸν ἀνατείνει. τὸ δὲ γενόμενον ἐπιτήδειον ἕλκει τῇ
συγγενείᾳ πνεῦμα θεῖον εἰς ὁμιλίαν ψυχῆς, ὥσπερ ὅταν
ὑπὸ πάχους συνειληθῇ καὶ γένηται μεῖον ἢ ὥστε πληρῶσαι
τὰς ἀποδειχθείσας αὐτῷ χώρας ὑπὸ τῆς διαπλασάσης
προνοίας ἄνθρωπον· αἱ δέ εἰσιν ἐγκεφάλου κοιλίαι· τότε
τῆς φύσεως οὐκ ἀνεχομένης ἐν τοῖς οὖσι κενοῦ, πονηρὸν
πνεῦμα εἰσκρίνεται. καὶ τί οὐκ ἂν πάθοι γενομένη συνέστιος
ἀποτροπαίῳ κακῷ; τὰς γὰρ ἐπ´ αὐτῷ τούτῳ γενομένας
τοῦ πνεύματος εἶναι χώρας, φύσις ἐστὶν ἢ χείρονος
ἢ βελτίονος εἶναι πλήρεις. ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἀθέων δίκη
τῶν μολυνάντων τὸ ἐν αὐτοῖς θεῖον· ἐκεῖνο δὲ τέλος εὐσεβείας,
ἢ ὅ τι ἀγχοῦ τοῦ τέλους.
| [10] Mais c’est assez parler des emprunts
que l’imagination fait aux éléments : on peut accorder ou refuser sa croyance à ce
dogme; mais ce qu’il y a de certain, c’est que l’essence corporelle qui vient de là-haut
doit nécessairement, quand l’âme retourne à son principe, se relever, prendre aussi
son vol et se joindre aux sphères célestes, c’est-à-dire revenir à sa nature propre.
Il y a donc deux destinées tout opposées, l’une obscure, l’autre brillante; ici le
comble du bonheur, là l’excès de la misère. Mais entre ces deux limites extrêmes,
dans le monde sublunaire, il est, ne le croyez-vous pas? un grand nombre de stations
intermédiaires, que se disputent la lumière et les ténèbres. L’âme avec l’imagination
peut parcourir tout cet espace, changeant, suivant les lieux, d’état, d’habitudes et de
vie. Quand elle revient à sa noblesse originelle, elle est le réceptacle de la vérité; pure,
brillante, incorruptible, elle est divine, et pour prévoir l’avenir n’a qu’à le vouloir. Mais
lorsqu’elle tombe jusqu’aux régions inférieures, elle ne renferme que ténèbres,
incertitudes et mensonge; car l’imagination, en s’obscurcissant, devient incapable de
discerner nettement les choses. Quand elle est entre les deux points extrêmes, l’âme
a une part de vérité, une part d’erreur. C’est ainsi que l’on peut déterminer à quel
degré de l’échelle sont placés les divers démons. Car rester toujours ou presque
toujours dans le vrai, c’est le propre de l’être divin ou quasi-divin; mais se tromper
sans cesse quand il s’agit de prédire l’avenir, c’est le sort de ceux qui se vautrent dans
la matière, aveuglés par d’orgueilleuses passions. Les démons, que retiennent de
célestes liens, deviennent des dieux ou des esprits d’un ordre supérieur; ils s’élèvent,
et vont occuper la région préparée pour les plus nobles essences.
Par là on peut deviner quelle place occupe une âme humaine. L’homme dont
l’imagination, pure, bien réglée, ne perçoit dans la veille et dans le sommeil que de
fidèles images des choses, peut être tranquille sur l’état de son âme : elle est dans les
meilleures conditions. Or c’est surtout d’après les visions que l’imagination se forme et
auxquelles elle s’attache, lorsqu’elle n’est pas sous l’influence des objets extérieurs,
que nous pouvons reconnaître les dispositions où elle se trouve. C’est à la philosophie
de nous apprendre quels soins il faut donner à l’imagination, et comment on peut la
préserver de toute erreur. La meilleure de toutes les préparations, c’est de pratiquer
surtout la vertu spéculative, de telle sorte que la vie soit un progrès intellectuel continu.
Il faut, autant que possible, prévenir les mouvements aveugles et désordonnés de
l’imagination; en d’autres termes, tendre vers le bien, s’affranchir du mal, ne se mêler
aux choses terrestres qu’autant que la nécessité l’exige. Rien n’est efficace comme la
contemplation pour dissiper les ennemis qui assiègent l’esprit. L’esprit se subtilise
ainsi plus qu’on ne saurait croire, et se tourne vers Dieu; alors, convenablement
préparé, il attire, par une sorte d’affinité, l’esprit divin; il le fait entrer en commerce avec
l’âme. Mais lorsqu’il s’épaissit, se contracte et se rapetisse au point de ne pouvoir plus
entièrement remplir la place que lui destinait la Providence, lorsqu’elle a formé
l’homme, (j’entends par là les cases du cerveau), comme la nature a horreur du vide il
s’introduit en nous un mauvais esprit. Et que de souffrances nous apporte cet hôte
détestable ! Car, puisque ces cases ont été faites pour recevoir un esprit, la nature
veut qu’elles soient toujours occupées par un esprit, bon ou méchant. Ce dernier état
est la punition des impies qui ont souillé ce qu’il y avait en eux de divin; l’autre est la fin
même, ou presque la fin d’une vie pieuse.
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