[11] Ἡμεῖς μὲν οὖν περὶ τῆς δι´ ὀνείρων μαντικῆς
λέγειν ἐπιβαλλόμενοι, ὡς ἂν μὴ ἀτιμάζοιεν αὐτήν, ἀλλ´
ἐπιτηδεύοιεν οἱ ἄνθρωποι χρείαν τῷ βίῳ παρέχουσαν, ἐπὶ
τούτῳ τὴν φανταστικὴν φύσιν περιειργάσμεθα. ἐκ δὲ τοῦ
λόγου τὸ μὲν ἐνθάδε χρειῶδες ἔλαττον ἀναπέφηνεν. καρπὸς
δὲ ἀμείνων ὑγιοῦς πνεύματος ἀναγωγὴ ψυχῆς, ἱερὸν
ὄντως κέρδος· ὥστε καὶ μελέτη τις εὐσεβείας ἐστὶ πειρᾶσθαι
μαντικὸν ἡμῖν αὐτὸ εἶναι. καί τινες ἤδη διὰ τὸ τοιοῦτο
λιχνείᾳ δελεασθέντες προγνώσεως, τράπεζάν τε ἀπὸ φλεγμαινούσης
ἱερὰν καὶ ἄτυφον προὔθεντο, καὶ κοίτην ἠσπάσαντο
καθαρὰν καὶ ἀμόλυντον. ὁ γὰρ ὅσα τῷ Πυθοῖ τρίποδι
τῇ κλίνῃ χρησάμενος, πολλοῦ δεῖ μάρτυρας ἀκολασίας
τὰς ἐν αὐτῇ νύκτας ποιήσασθαι· ὁ δὲ καὶ προσεκύνησε
θεὸν καὶ προσηύξατο. γίνεται δὲ πολὺ τὸ κατὰ μικρὸν
συντιθέμενον, καὶ τὸ δι´ ἄλλο γινόμενον εἰς μεῖζον ἀπετελεύτησεν,
ἐρασθῆναι θεοῦ προιόντας, καὶ συναφθῆναί ποτε
τοὺς οὐκ ἐπὶ τοῦτο τὰ πρῶτα ὁρμήσαντας. οὔκουν ἄξιον
ἀμελεῖν μαντικῆς, ὁδοιπορούσης ἐπὶ τὰ θεῖα, καὶ παρυφιστάμενον
ἐχούσης τῶν ἐν ἀνθρώπου δυνάμει τὸ τιμιώτατον.
οὐδὲ γὰρ διὰ τοῦτο ἐλάττων ἡ τῇδε χρεία τῆς συνημμένης
ψυχῆς τῷ θεῷ, ὅτι τῆς ἐπαφῆς τῶν κρειττόνων ἠξίωται·
οὔτε γὰρ ἀνεπίστρεπτός ἐστι τοῦ ζῴου, καὶ ἐκ περιωπῆς
ἐπισκοπεῖται τὰ κάτω πολύ που τρανότερον ἢ μετ´ αὐτῶν
οὖσα καὶ συμπεφυρμένη τοῖς χείροσιν, ὥστε μένουσα ἀτρεμὴς
δώσει τῷ ζῴῳ τὰ τῶν γινομένων ἰνδάλματα. καὶ
τοῦτ´ ἔστι τὸ λεγόμενον, κατιόντα μὴ κατιέναι, ὅταν ἀσχέτως
ὁ κρείττων ἐπιμελῆται τοῦ χείρονος. ταύτην ἐγὼ τὴν
μαντικὴν ἐμαυτῷ τε ἀξιῶ παρεῖναι καὶ παισὶ καταλιπεῖν,
ἐφ´ ἣν οὐ δεῖ βαδίζειν συσκευασαμένους ὁδὸν μακρὰν ἢ
πλοῦν ὑπερόριον, ὥσπερ Πυθῶδε καὶ ἐς Ἄμμωνος, ἀλλ´ ἀρκεῖ
καταδαρθεῖν χεῖρα νιψάμενόν τε καὶ εὐφημήσαντα·
ἡ δ´ ὑδρηναμένη, καθαρὰ χροῒ εἵμαθ´ ἑλοῦσα,
εὔχετ´ Ἀθηναίῃ.
| [11] Nous avons voulu, en étudiant la divination par les songes, prouver que cette
science n’est pas à dédaigner, qu’elle mérite au contraire qu’on s’y applique, pour tous
les avantages qu’on peut en retirer, et nous avons dû rechercher quelle est la nature
de l’imagination. Mais de quelle utilité peut être cette divination dans la vie ordinaire,
voilà ce que nous n’avons pas encore montré. Le meilleur profit que nous puissions
obtenir, c’est d’assainir l’esprit, c’est d’élever l’âme: aussi est-ce un religieux exercice
que de nous rendre aptes à la divination. Plusieurs, dans leur désir de prévoir ainsi
l’avenir, ont renoncé aux excès de la table pour vivre sobres et tempérants; ils ont
gardé leur couche pure et chaste : car l’homme qui veut faire de son lit comme le
trépied de Delphes se gardera bien de le rendre témoin de nocturnes débauches; il se
prosterne devant Dieu pour prier. Ainsi peu à peu il fait provision d’admirables vertus; il
atteint un but plus élevé que le but auquel il visait, et sans y avoir d’abord songé il
arrive à s’attacher et à s’unir à Dieu.
Il ne faut donc pas négliger la divination : elle nous conduit vers les sommets
divins, et met en jeu nos facultés les plus précieuses. Le commerce d’une âme avec
Dieu ne la rend pas plus inhabile aux choses d’ici-bas; ses nobles aspirations ne lui
font pas oublier l’être animal. D’en haut elle voit plus nettement tout ce qui est au-dessous
d’elle que si elle vivait retenue dans cette région inférieure; sans rien perdre
de sa sérénité, elle donne à l’animal des images exactes de tout ce qui se produit dans
ce monde contingent. Le proverbe, descendre sans descendre, est vrai surtout de
celui qui, tout en abaissant sa pensée vers des objets moins dignes de lui, ne l’y
retient pas fixée. Cette science de la divination, je désire la posséder et la laisser à
mes enfants. Pour l’acquérir il n’est pas besoin d’entreprendre à grands frais un
pénible voyage ou une lointaine navigation, d’aller à Delphes ou dans le désert
d’Ammon : il suffit de s’endormir, après avoir fait ses ablutions et sa prière. Voyez la
Pénélope d’Homère:
" --- Au sortir d’une eau pure,
Couvrant son corps d’un voile éclatant de blancheur,
Elle invoque Minerve".
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