[12] Οὕτως αἰτήσομεν ὄνειρον, ὥσπερ ἴσως Ὅμηρος
ᾔτησεν. κἂν ἐπιτήδειος ᾖς, πάρεστιν ὁ πόρρω θεὸς ὅτε γε
καὶ μηδὲ ταῦτα πραγματευσαμένων ἑκάστοτε παραγίνεται
μόνον καταδαρθοῦσι· καὶ τοῦτ´ ἔστιν ἡ πᾶσα πραγματεία
τῆς τελετῆς, δι´ ἣν οὐδείς πω πενίαν ὠδύρατο, ὡς ταύτῃ
μειονεκτῶν τοῦ πλουσίου. ἔνιαι γέ τοι τῶν πόλεων τοὺς ἱεροφάντας,
ὥσπερ Ἀθηναῖοι τοὺς τριηράρχους, ἀπὸ τῶν μεγίστων
τιμημάτων αἱροῦνται. καὶ δεῖ δαπάνης συχνῆς καὶ
τύχης οὐχ ἥκιστα συγκομίσαι Κρῆσσαν βοτάνην, καὶ πτερὸν
Αἰγύπτιον, καὶ ὀστέον Ἰβηρικόν, καὶ νὴ Δί´ εἴ τι τεράστιον
γῆς ἢ θαλάσσης ἐν παραβύστῳ φύεταί τε καὶ τρέφεται
ἠμὲν δυσομέμου Ὑπερίονος ἠδ´ ἀνιόντος.
λέγεται γάρ τοι καὶ ταῦτα καὶ πολλὰ τοιαῦτα περὶ
τῶν τεχνευόντων τὴν θύραθεν μαντικήν, πρὸς ἃ τίς ἂν
ἰδιώτης ἀπὸ τῶν ὑπαρχόντων ἀρκέσειεν; ἐνύπνιον δὲ ὁρᾷ
μὲν ὁ πεντακοσιομέδιμνος, ὁρᾷ δὲ ὁ τριακοσιομέδιμνος· ἀλλὰ
καὶ ὁ ζευγίτης οὐδὲν ἧττον, ὁ τὴν ἐσχατιὰν ἀπεργαζόμενος
ὥστε ἀποζῆν· ἀλλὰ καὶ ὁ πρόσκωπος καὶ ὁ θὴς
ὁμοίως, ὅ τε ἰσοτελὴς καὶ ὁ τιθεὶς τὸ μετοίκιον. διαφέρει
δὲ οὐδὲν τῷ θεῷ, τίς ὁ Ἐτεοβουτάδης καὶ τίς ὁ Μανῆς ὁ
νεώνητος· καὶ τὸ δημοτικὸν αὐτῆς μάλα φιλάνθρωπον, καὶ
τὸ λιτὸν καὶ τὸ αὐτόσκευον μάλα φιλόσοφον, καὶ τὸ μὴ
βίαιον εὐσεβές, καὶ τὸ πανταχοῦ παρεῖναι, καὶ μὴ καταλαβεῖν
ὕδωρ ἢ πέτραν ἢ χάσμα γῆς, τοῦτο μέντοι γε θεοειδέστατον·
τὸ δὲ μήτε πρὸς μίαν πρᾶξιν ἀσχόλους ἡμᾶς διὰ
τὴν τοιάνδε μαντικὴν γίνεσθαι, μηδὲ ἀφαιρεῖσθαι καιρὸν
ὑπ´ αὐτῆς, τοῦτο καὶ πρῶτον ἄξιον ἦν εἰρῆσθαι. οὐδεὶς γὰρ
ἀπολιπών τι τῶν προὔργου καὶ ἐν χερσὶν ᾤχετο καθευδήσων
οἴκαδε, συγκείμενον αὐτῷ πρὸς ἐνύπνιον· ἀλλ´ ὁ
χρόνος, ὃν ἀνάγκη τῷ ζῴῳ δαπανᾶν εἰς τὴν φύσιν, οὐκ
ἀρκούσης ἡμῖν τῆς οὐσίας εἰς ἐνέργειαν ἐγρηγόρσεως, οὗτος
ἥκει κομίζων ἀνθρώποις τοῦτο δὴ τὸ λεγόμενον, ἔργου
μεῖζον τὸ πάρεργον, ἐπισυντιθεὶς τὸ αἱρετὸν τῷ ἀναγκαίῳ,
καὶ τὸ εὖ εἶναι τῷ εἶναι. ἀλλ´ αἵ γε προγνώσεις αἱ διὰ
τῶν ποικίλων ὀργάνων παραγινόμεναι, ἀγαπητὸν εἰ τὴν
πλείω μερίδα τοῦ βίου νειμάμεναι, παραχωρήσειάν τι ταῖς
λοιπαῖς ἁπάσαις καὶ χρείαις καὶ πράξεσιν. ὧν εἰ πάνυ
πρός τινι γένοιο, χαλεπῶς ἂν εἰς αὐτὴν ὑπὸ τῆς μαντικῆς
ὠφελοῖο· οὔτε γὰρ καιροῦ παντός, οὔτε τόπου παντὸς δέξασθαι
κατασκευὴν τελετῆς, οὔτε πᾶσα εὐμάρεια συμπεριφέρειν
τὰ ἐπ´ αὐτὴν ὄργανα. ἵνα γὰρ ἄλλο μηδέν, ἀλλ´ ἐφ´ οἷς
πρώην ἐστενοχωρήθη τὰ κολαστήρια, ἀπήνης ἐστὶν ἢ νεὼς
κοίλης φορτία, μεθ´ ὧν ἄλλα μέρη τῆς τελετῆς ἀπογραφεῖς
ἄνδρες καὶ μάρτυρες. οὕτω γὰρ εἰπεῖν ἀληθέστερον, τοῦ
καθ´ ἡμᾶς χρόνου πολλὰ διὰ τῶν ὑπηρετησάντων τοῖς νόμοις
καταμηνύσαντος, ὑφ´ ὧν ἐξαγορευθέντα δήμου βεβήλου γέγονε
θεάματά τε καὶ ἀκροάματα. πρὸς οὖν τῷ σχέτλιον
εἶναι συγκύπτειν εἰς τὰ τοιάδε, ὡς ἔγωγε πείθομαι, καὶ
ἀπηχθημένον θεῷ· τὸ γὰρ μὴ ἐθελοντὴν περιμένειν ὁντινοῦν,
ἀλλ´ ὠθισμῷ καὶ μοχλείᾳ κινεῖν, ὅμοιόν ἐστι βιαζομένοις,
ὃ μηδ´ ἐπ´ ἀνθρώπων γενόμενον ὁ νομοθέτης εἴασεν ἀτιμώρητον.
πρὸς οὖν ἅπασι τούτοις, ἅπερ ἐστὶ χαλεπά,
τοῖς οὕτω μετιοῦσι τὸ μέλλον ὑπάρχει καὶ τὸ διακόπτεσθαι
τὴν ἐνέργειαν, καὶ ὑπερορίοις ἰοῦσιν, ὥσπερ ἀπολείπειν τὴν
τέχνην. ἔργον γὰρ οὐ μικρὸν ἁπανταχοῦ βαδίζοντας σκευαγωγεῖν
τὰ ἐπὶ ταύτην ἐφόδια. ἀλλὰ τῆς γε δι´ ὀνείρων
μαντικῆς αὐτός τίς ἐστιν ἕκαστος ὅργανον· ὥστε οὐδὲ βουλομένοις
ἔξεστιν ἀπολιπεῖν τὸ χρηστήριον· ἀλλὰ καὶ μένοντι
συνοικουρεῖ, καὶ ἀποδημοῦντι συμπεριέρχεται, καὶ
συστρατεύεται, καὶ συμπολιτεύεται, καὶ συγγεωργεῖ, καὶ
συνεμπορεύεται. ταύτην οὐδὲ οἱ νόμοι τῆς βασκάνου πολιτείας
κωλύουσιν, οὐδ´ ἄν, εἰ βούλοιντο, δύναιντο· κατὰ γὰρ
τῶν χρωμένων οὐκ ἔχουσιν ἔλεγχον. τί δ´ ἂν καὶ ἀδικοῖμεν
καθεύδοντες; οὐδ´ ἂν διατάξαιτο τύραννος ὀνείρων ἀθεάμονας
εἶναι, οὐκ εἰ μή γε καὶ τὸ καθεύδειν ἐκ τῆς ἀρχομένης
ἀποκηρύξειεν. ἀλλὰ τοῦτο ἀνοήτου μέν ἐστιν, οἷς
ἀδύνατα βούλεται· ἀσεβοῦς δέ, οἷς ἐναντία νομοθετεῖ τῇ
τε φύσει καὶ τῷ θεῷ.
| [12] Nous ferons comme elle pour goûter le sommeil. Etes-vous dans les dispositions
convenables? Le Dieu, qui se tenait éloigné, vient à vous. Vous n’avez pas à vous
donner de peine: il se présente toujours pendant votre sommeil. Dormir, voilà tout le
secret. Jamais pauvre n’a pu se plaindre que l’indigence l’empêchât d’être initié à ce
mystère aussi bien que le riche. Les hiérophantes de certaines villes ne peuvent être
pris, comme les triérarques d’Athènes, que parmi ceux qui possèdent une grande
fortune; car il faut dépenser beaucoup pour se procurer l’herbe crétoise, un oiseau
d’Égypte, un ossement d’Ibérie, et autres raretés de cette espèce qui ne se trouvent
que dans les profondeurs de la terre et de la mer, aux bords
"Où le soleil commence et finit sa carrière".
La divination externe exige donc des préparatifs coûteux; et quel est le particulier
assez opulent pour faire toutes ces dépenses? Mais s’il s’agit de songes, il importe
peu de posséder cinq cents, trois cents médimnes de revenu, d’être dans une
condition modeste, ou même de travailler à la terre pour gagner de quoi vivre:
rameurs, mercenaires, citoyens, étrangers, en cela tous sont égaux. Dieu ne met point
de différence entre la race des Étéobutades et le dernier des esclaves. Grâce à sa
facilité, la divination par les songes est mise à la portée de tous : simple et sans
artifice, elle est rationnelle par excellence; sainte, car elle n’use pas de moyens
violents, elle peut s’exercer partout; elle se passe de fontaine, de rocher, de gouffre, et
c’est ainsi qu’elle est vraiment divine. Pour la pratiquer il n’est pas besoin de négliger
une seule de nos occupations, de dérober à nos affaires un seul instant, et c’est là un
avantage que j’aurais dû signaler tout d’abord. Jamais personne ne s’est avisé de
quitter son travail et d’aller dormir dans sa maison, tout exprès pour avoir des songes.
Mais comme le corps ne peut résister à des veilles prolongées, le temps que la nature
nous ordonne de consacrer au repos nous apporte, avec le sommeil, un accessoire
bien plus précieux encore que le sommeil même: cette nécessité naturelle devient une
source de jouissances, et nous ne dormons plus seulement pour vivre, mais pour
apprendre à bien vivre. Au contraire la divination qui s’exerce à l’aide de moyens
matériels prend la plus grande partie de notre temps, et c’est un bonheur si elle nous
laisse quelques heures de liberté pour nos besoins et nos affaires. Il est bien rare
qu’elle nous soit de quelque utilité dans le cours ordinaire de la vie; car les
circonstances, les lieux, ne se prêtent pas à l’accomplissement des cérémonies
nécessaires; et d’ailleurs il n’est pas facile de transporter partout avec soi un attirail
d’instruments. En effet, sans parler des autres inconvénients, tout ce bagage, que ne
pouvaient contenir naguère les murs trop étroits des prisons, ferait le chargement
d’un chariot ou d’un navire. Ajoutez encore que ces cérémonies ont des témoins, qui
peuvent les révéler, comme cela s’est passé de nos jours: pour obéir aux prescriptions
légales, bien des gens ont divulgué ces mystères, et les ont livrés aux regards et aux
oreilles d’une multitude profane. Outre qu’il est humiliant de voir ravaler la science,
cette espèce de divination doit être en aversion à Dieu. En effet, ne point attendre que
celui dont on souhaite la présence vienne librement, mais le presser, le harceler pour
l’attirer à soi, c’est user de violence, c’est commettre une faute du genre de celles que
même nos lois humaines ne laissent pas impunies. Tout cela est grave; mais ce n’est
pas tout encore: quand on emploie, pour prévoir l’avenir, des procédés artificiels, on
court le risque d’être interrompu dans ses opérations; et si l’on se met en voyage, on
laisse sa science à la maison; car ce n’est pas une petite affaire que de déménager ce
matériel et de l’emporter. Mais dans la divination par les songes, chacun de nous est à
lui-même son propre instrument; quoi que nous fassions, nous ne pouvons nous
séparer de notre oracle: il habite avec nous; il nous suit partout, dans nos voyages, à
la guerre, dans les fonctions publiques, dans les travaux agricoles, dans les
entreprises commerciales. Les lois d’une république jalouse n’interdisent point cette
divination : le voulussent-elles, qu’elles n’y pourraient rien car comment établir le délit?
Quel mal y a-t-il à dormir? Jamais tyran ne pourrait porter un édit contre les songes, à
moins de proscrire le sommeil dans ses états; et ce serait à la fois une folie de
commander l’impossible, et une impiété de se mettre en opposition avec les volontés
de la nature et de Dieu.
|