HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Des songes (texte complet)

Chapitre 13

  Chapitre 13

[13] Ἰτητέον οὖν ἐπ´ αὐτὴν καὶ γυναικὶ καὶ ἀνδρί, καὶ πρεσβύτῃ καὶ νέῳ, καὶ πένητι καὶ πλουσίῳ, καὶ ἰδιώτῃ καὶ ἄρχοντι, καὶ ἀστικῷ καὶ ἀγροδιαίτῳ, καὶ βαναύσῳ καὶ ῥήτορι. οὐ γένος, οὐχ ἡλικίαν, οὐ τύχην, οὐ τέχνην ἀποκηρύττει. πᾶσι πανταχοῦ πάρεστι, προφῆτις ἕτοιμος, ἀγαθὴ σύμβουλος, ἐχέμυθος. αὕτη μυσταγωγός τε καὶ μύστις, εὐαγγελίσασθαι μὲν ἀγαθόν, ὥστε μακροτέραν ποιῆσαι τὴν ἡδονὴν προαρπάσαντα τὴν ἀπόλαυσιν, καταμηνύσαι δὲ τὸ χεῖρον, ὥστε φυλάξασθαι καὶ προαποκρούσασθαι. καὶ γὰρ ὅσα ἐλπίδες, αἳ τὸ ἀνθρώπων βόσκουσι γένος, ὀρέγουσι χρηστά τε καὶ μείλιχα, καὶ ὅσα φόβος ἔχει προμηθῆ τε καὶ ὀνήσιμα, πάντα τοῖς ὀνείροις ἔνι, καὶ ὑπ´ οὐδενὸς οὕτως ἐλπίζειν ἀναπειθόμεθα. καίτοι τὸ χρῆμα τῶν ἐλπίδων οὕτως ἐστὶν ἐν τῇ φύσει πολὺ καὶ σωτήριον, ὥστε φασὶν οἱ κομψοὶ σοφισταὶ μηδ´ ἂν ἐθελῆσαι ζῆν τοὺς ἀνθρώπους ἔχοντας ὡς ἐγένοντο τὴν ἀρχήν. ἀπαγορεύειν γὰρ ὑπὸ τῶν περικεχυμένων τὸν βίον δεινῶν, εἰ μὴ τὰς ἐλπίδας αὐτοῖς ἐνέχεεν εἰς τὴν φύσιν Προμηθεύς, διαμονῆς φάρμακον, ὑφ´ ὧν παραγόμενοι πιστότερον ἥγηνται τοῦ φαινομένου τὸ προσδοκώμενον· αἱ δὲ τοσαύτην ἔχουσι τὴν ἰσχύν, ὥστε δεδεμένος ἐν πέδαις, ὅταν ἐφῇ τῷ βουλομένῳ τῆς γνώμης ἐλπίσαι, καὶ λέλυται, καὶ στρατεύεται, καὶ αὐτίκα διμοιρίτης ἐστί, καὶ μετὰ μικρὸν λοχαγός, ἔπειτα στρατηγός, καὶ νικᾷ καὶ θύει, καὶ στεφανηφορεῖ, καὶ παρατίθεται τράπεζαν, εἰ μὲν βούλοιτο, Σικελικήν, εἰ δὲ βούλοιτο, Μηδικήν. καὶ μέντοι τοῖν ποδοῖν ἐπιλήσμων ἐστίν, ἕως εἶναι βούλεται στρατηγός. καίτοι πᾶν τοῦτο ὕπαρ ἐστὶν ὀνειρώττοντος καὶ ἐγρηγορότος ἐνύπνιον· περὶ γὰρ ταὐτὸν ὑποκείμενον ἄμφω συνίστανται, τὴν φανταστικὴν φύσιν, ἣν ὅταν μὲν ἡμεῖς εἰδωλοποιεῖν ἐθελήσωμεν, ἓν τοῦτο παρέχεται χρήσιμον· ἐπαλείφει τὸν βίον ἡμῶν εὐθυμίᾳ, καὶ κολακεύουσα τὴν ψυχὴν ταῖς πεπλανημέναις ἐλπίσιν, ἀναλαμβάνει τῶν δυσχερῶν τῆς αἰσθήσεως· ὅταν δὲ αὐτεπίτακτος ἡμῖν ἐλπίδα προβάληται· τοῦτο δὲ γίνεται καθευδόντων· ἐνέχυρον ἔχομεν τοῦ θεοῦ τὴν τῶν ὕπνων ὑπόσχεσιν· ὥστε ἤδη τις εὐτρεπίσας τὴν γνώμην εἰς τὸ χρήσασθαι μείζοσι πράγμασιν, προὔτεινεν αὐτῷ τὸ ἐνύπνιον, διττὸν ἠνέγκατο κέρδος, τό τε ἡσθῆναι πρὸ τῶν πραγμάτων, καὶ τὸ παραγενομένοις ἐπισταμένως χρήσασθαι τῷ πάλαι προεσκέφθαι περὶ αὐτῶν, ὡς προσηκόντων αὐτοῦ τῷ βίῳ. ὥστε ἣν ὕμνησε τὴν ἐλπίδα Πίνδαρος περὶ ἀνδρὸς λέγων εὐδαίμονος, ὅτι ἄρα αὐτῷ γλυκεῖα καρδίαν ἀτάλλοισα κουροτρόφος συναορεῖ ἐλπίς, μάλιστα θνατῶν πολύστροφον γνώμαν κυβερνᾷ, φαίη τις ἂν οὐ περὶ τῆς ὕπαρ λέγεσθαι, τῆς ἀπατηλῆς, ἣν ἡμεῖς ἑαυτοῖς διαπλάττομεν. ἀλλ´ ὅλον τοῦτο μικροῦ μέρους ἐνυπνίων ἔπαινος εἴρηται τῷ Πινδάρῳ. περὶ τοὺς ὀνείρους οὖν μαντική, σὺν τέχνῃ μετιοῦσα τὸ πεφηνός, βεβαιοτέραν τὴν ἐλπίδα παρέχεται, ὥστε μὴ τοῦ φαυλοτέρου γένους δοκεῖν. δὲ Ὁμήρου Πηνελόπη, διττὰς ὑποτίθεται πύλας ὀνείρων, καὶ ποιεῖ τοὺς ἡμίσεις ἀπατηλούς, ὅτι σοφὴ τὰ περὶ ὀνείρων οὐκ ἦν· εἰ γὰρ ἠπίστατο τέχνην ἐπ´ αὐτούς, πάντας ἂν διὰ τῶν κεράτων παρήνεγκεν. πεποίηται γοῦν ἐξελεγχομένη καὶ ἀμαθίαν ὀφλισκάνουσα περὶ αὐτὴν δήπου τὴν ὄψιν, μὴ δέον ἠπίστησε· χῆνες μὲν μνηστῆρες· ἐγὼ δέ τοι αἰετὸς ὄρνις, εἴμ´ Ὀδυσσεύς. δὲ ἦν ὁμωρόφιος, καὶ πρὸς ὃν ἠδολέσχει διὰ τῆς ὄψεως. δοκῶ μοι διὰ τῶν τοιούτων ἀκούειν Ὁμήρου λέγοντος, ὡς οὐκ ἄξιον ἀπογινώσκειν {οὔτε} ὀνείρων, οὐδὲ τὴν ἀσθένειαν τῶν χρωμένων ἐπὶ τὴν φύσιν μετατιθέναι τῶν ὁρωμένων. παρ´ μηδὲ Ἀγαμέμνων δίκαιός ἐστιν ἐγκαλεῖν ἀπάτην ὀνείρων, κακῶς ὑπολαβὼν περὶ τῆς νίκης τῆς μαντευτῆς· θωρῆξαί σε κέλευσε κάρη κομόωντας Ἀχαιοὺς πανσυδίῃ· νῦν γάρ κεν ἕλοις πόλιν εὐρυάγυιαν. πρόεισιν οὖν ὡς αὐτοβοεὶ τὴν πόλιν αἱρήσων, ὅτι τοῦ πανσυδίῃ παρήκουσεν, φησιν, εἰ πρὸς ἕνα τὸ Ἑλληνικὸν ἐξοπλίσειεν· τῷ δ´ Ἀχιλλεύς τε καὶ Μυρμιδόνων φάλαγξ ἀπόμαχος ἦν, τὸ εὐψυχότατον τοῦ στρατεύματος. [13] Livrons-nous donc tous à l’interprétation des songes, hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, citoyens privés et magistrats, habitants de la ville et de la campagne, artisans ct orateurs. Il n’y a de privilèges ni de sexe, ni d’âge, ni de fortune, ni de profession. Le sommeil s’offre à tous; c’est un oracle toujours prêt, un conseiller infaillible et silencieux; dans ces mystères d’un nouveau genre chacun est à la fois le prêtre et l’initié. C’est ainsi que la divination nous annonce les joies à venir, et, par la jouissance anticipée qu’elle nous procure, elle donne à nos plaisirs une plus longue durée; elle nous avertit des malheurs qui nous menacent, afin que nous puissions nous mettre sur nos gardes. Les charmantes promesses de l’espérance si chère à l’homme, les calculs prévoyants de la crainte, tout nous vient des songes. Rien n’est plus propre en effet à nourrir en nous l’espérance, ce bien si grand et si précieux que sans lui nous ne pourrions, comme disent les plus illustres sophistes, supporter la vie; car qui voudrait rester toujours dans le même état? Entouré de tant de maux, l’homme se laisserait aller au découragement, si Prométhée n’avait mis dans son cœur l’espérance qui charme ses peines, et lui donne, avec l’oubli du présent, la certitude d’un meilleur avenir. Telle est la force de l’illusion que le prisonnier, dont les pieds sont retenus captifs dans des entraves, dès qu’il laisse aller sa pensée, se voit libre; il est soldat, il commande une demi-cohorte : le voilà centurion, général; il est victorieux; il offre des sacrifices, il se couronne pour célébrer son triomphe; il donne des festins où brille, à son choix, tout le luxe de la Sicile ou de la Perse; il ne songe plus à ses fers, tout le temps qu’il lui plaît d’être général. Ces rêveries viennent même dans la veille comme dans le sommeil; mais c’est toujours de l’imagination qu’elles procèdent. L’imagination, quand c’est notre volonté qui la met en jeu, nous rend cet unique service de charmer notre existence, d’offrir à notre âme les illusions flatteuses de l’espérance, et de nous consoler ainsi de nos peines. Mais lorsqu’elle nous apporte d’elle-même l’espérance, comme il arrive dans le sommeil, alors nous pouvons considérer Dieu comme le garant des promesses que nous font les rêves. En se préparant à recevoir les biens annoncés en songe, on a deux fois du bonheur: d’abord parce que d’avance on jouit de ces biens en idée; puis, quand on les possède réellement, on sait en user comme il convient, car on a prévu le juste emploi qu’on en pourrait faire. Pindare, en parlant de l’homme heureux, célèbre l’espérance: « Elle est douce, dit-il, elle nourrit le cœur; elle accompagne, elle anime la jeunesse; c’est elle surtout qui gouverne l’esprit mobile des mortels. » Sans doute il ne peut être question de cette espérance trompeuse que nous nous forgeons à nous-mêmes tout éveillés. Mais tout ce que dit Pindare n’est qu’une faible partie de l’éloge qu’on peut faire des songes. La divination par les songes est une science qui poursuit l’exacte vérité, et qui inspire assez de confiance pour qu’on n’aille pas la reléguer à un rang inférieur. Si la Pénélope d’Homère nous dit que deux portes différentes donnent passage aux songes, et que l’une ne laisse échapper que des songes trompeurs, c’est qu’elle ne connaissait pas bien la nature des rêves : mieux instruite, elle les aurait fait tous sortir par la porte de corne. Elle est convaincue d’erreur et d’ignorance quand elle refuse de croire à une vision qui devait cependant lui inspirer confiance. "L’oie est le prétendant, et l’aigle c’est Ulysse, C’est moi". Ulysse était près d’elle, et c’est à lui qu’elle parlait de la fausseté de son rêve. Homère, je crois, a voulu montrer par là qu’il ne faut pas se défier des rêves, et que, si nous pouvons nous tromper sur nos songes, le songe lui-même ne trompe pas. Agamemnon aussi a tort de croire qu’un rêve a été menteur; il n’a pas compris à quelle condition la victoire lui était promise "Ordonne à tous les Grecs de revêtir leurs armes, Et d’Ilion les murs tomberont devant toi". Il marche donc, comptant que le premier assaut va lui livrer la ville; mais il n’a pas pris garde à la prédiction : il faut que les Grecs s’arment tous, jusqu’au dernier. Or Achille et la troupe des Myrmidons, c’est-à-dire l’élite de l’armée, refusent de prendre part au combat.


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Dernière mise à jour : 10/07/2008