[7] Τό γέ τοι πλάτος τῆς φανταστικῆς οὐσίας ἐξέχεεν
ἡ φύσις εἰς πολλὰς μοίρας τῶν ὄντων. καταβαίνει γέ
τοι μέχρι ζῴων, οἷς οὐκέτι πάρεστι νοῦς, οὐδέ ἐστιν ὄχημα
τότε θειοτέρας ψυχῆς, ἀλλ´ αὐτὴ ταῖς ὑποκειμέναις δυνάμεσιν
ἐποχεῖται, αὐτὴ λόγος οὖσα τοῦ ζῴου, καὶ πολλὰ
κατ´ αὐτὴν φρονεῖ τε καὶ πράττει δεόντως. καθαίρεταί γέ
τοι καὶ ἐν ἀλόγοις, ὡς εἰσφρεῖσθαί τι κρεῖττον· γένη τε ὅλα
δαιμόνων οὐσίωται τῇ τοιαύτῃ ζωῇ· ἐκεῖνα μὲν γὰρ καθ´ ὅλον
αὑτῶν τὸ εἶναι, εἰδωλικά τε ὄντα καὶ τοῖς γινομένοις
ἐμφανταζόμενα, ἀνθρώπῳ δὲ τὰ πολλὰ καθ´ αὑτὴν καὶ μόνην,
ἢ μεθ´ ἑτέρου πλείονα. τὰς γὰρ νοήσεις οὐκ ἀφαντάστους
ποιούμεθα, πλὴν εἰ δή τις ἐν ἀκαρεῖ ποτε ἐπαφὴν ἔσχεν
εἴδους ἀύλου· τὸ δὲ ὑπερκύψαι φαντασίαν χαλεπὸν οὐχ
ἧττον ἢ εὔδαιμον· νοῦς γάρ, φησί, καὶ φρόνησις ἀγαπητὸν
ὅτῳ καὶ εἰς γῆρας ἀφίκοιντο, τὴν ἀφάνταστον λέγων· ὡς ἥ
γε προβεβλημένη ζωὴ φαντασίας ἐστὶν ἢ νοῦ φαντασίᾳ
χρωμένου. τό γέ τοι πνεῦμα τοῦτο τὸ ψυχικόν, ὃ καὶ πνευματικὴν
ψυχὴν προσηγόρευσαν οἱ εὐδαίμονες, καὶ θεὸς καὶ
δαίμων παντοδαπὸς καὶ εἴδωλον γίνεται, καὶ τὰς ποινὰς
ἐν τούτῳ τίνει ψυχή· χρησμοί τε γὰρ ὁμοφωνοῦσι περὶ
αὐτοῦ, ταῖς ὄναρ φαντασίαις τὴν ἐκεῖ διεξαγωγὴν τῆς ψυχῆς
προσεικάζοντες, καὶ φιλοσοφία συντίθεται παρασκευὰς εἶναι
δευτέρων βίων τοὺς πρώτους, τῆς τε ἀρίστης ἕξεως ἐν ψυχαῖς
ἐλαφριζούσης αὐτὸ καὶ ἐναπομοργνυμένης κηλῖδα τῆς χείρονος.
ὁλκαῖς οὖν φυσικαῖς ἢ μετέωρον αἴρεται διὰ θερμότητα
καὶ ξηρότητα· καὶ τοῦτο ἄρα ἡ ψυχῆς πτέρωσις (τό τε αὔη
{ξηρὴ} ψυχὴ σοφή, πρὸς οὐδὲν ἄλλο τῷ Ἡρακλείτῳ
τεῖνον εὑρίσκομεν)· ἢ παχὺ καὶ ὑγρὸν γινόμενον τοῖς
χηραμοῖς τῆς γῆς ἐνδύεται, ῥοπῇ φυσικῇ φωλεῦον καὶ ὠθούμενον
εἰς τὴν κατάγαιον χώραν· τόπος γὰρ οὗτος οἰκειότατος
ὑγροῖς πνεύμασι. κἀκεῖ μὲν κακοδαίμων τε καὶ ποιναῖος
ὁ βίος· ἔξεστι δὲ χρόνῳ καὶ πόνῳ καὶ βίοις ἄλλοις καθηραμένην
ἀναδῦναι. γενομένη γὰρ ἀμφίβιον δίαυλον θεῖ, καὶ
παρὰ μέρος ὁμιλεῖ τοῖς χείροσι καὶ τοῖς κρείττοσιν· ἣν
δανείζεται μὲν ἀπὸ τῶν σφαιρῶν ἡ πρώτη ψυχὴ κατιοῦσα,
κἀκείνης ὥσπερ σκάφους ἐπιβᾶσα, τῷ σωματικῷ κόσμῳ
συγγίνεται. ἀγῶνα δὲ ἀγωνίζεται τοῦτον ἢ συναναγαγεῖν,
ἢ μή τοι συγκαταμεῖναι· μόλις μὲν γάρ, ἀλλὰ γένοιτ´ ἂν
ἀφεῖναι μὴ συνεπόμενον· οὐ γὰρ θέμις ἀπιστεῖν ἐγνωσμένων
τῶν τελετῶν· αἰσχρὰ δ´ ἂν ἐπάνοδος γένοιτο μὴ ἀποδιδούσαις
τὸ ἀλλότριον, ἀλλὰ περὶ γῆν ἀπολιπούσαις
ὅπερ ἄνωθεν ἠρανίσαντο. καὶ τοῦτο μὲν ἑνὶ καὶ δευτέρῳ
δῶρον ἂν γένοιτο τελετῆς καὶ θεοῦ· φύσιν δὲ ἔχει τὴν
ἅπαξ ἐγκεκεντρισμένην εἰς αὐτὸ ψυχὴν ἢ ὁμορροθεῖν, ἢ
ἕλκειν, ἢ ἕλκεσθαι· πάντως γε μέντοι συνεῖναι μέχρι τῆς
ὅθεν ἦλθεν ἐπανόδου. ὥστε καὶ βρῖθον ὑπὸ κάκης συγκατασπᾷ
τὴν ἐφεῖσαν αὐτῷ βαρυνθῆναι ψυχήν. καὶ τοῦτ´ ἔστιν
ᾧ δεδίττεται τὰ λόγια τὸ νοερὸν ἐν ἡμῖν σπέρμα·
μηδὲ κάτω νεύσῃς εἰς τὸν μελαναυγέα κόσμον,
ᾧ βυθὸς αἰὲν ἄπιστος ὑπέστρωται καὶ ἀειδής,
ἀμφικνεφής, ῥυπόων, εἰδωλοχαρής, ἀνόητος.
νῷ γὰρ πῶς καλὸν βίος ἔμπληκτος καὶ ἀνόητος; τῷ δὲ
εἰδώλῳ, διὰ τὴν ποιὰν τότε τοῦ πνεύματος σύστασιν, ἡ
κάτω χώρα προσήκει· ὁμοίῳ γὰρ τὸ ὅμοιον ἥδεται.
| [7] L’essence imaginative a été départie à une multitude d’êtres;
elle descend jusque chez les animaux dénués d’intelligence :
alors elle n’est plus le char sur lequel s’assied l’âme divine ; c’est elle-même qui est
assise sur les facultés inférieures. Elle tient à la bête lieu de raison; elle sent et elle
agit suffisamment par elle-même. Chez certains animaux elle s’épure et se
perfectionne. Il est une multitude de démons dont l’existence est tout imaginative : ce
ne sont que des fantômes dont les apparitions sont liées aux choses contingentes.
Dans l’homme l’imagination peut beaucoup par sa vertu propre, et plus encore par son
association avec l’intelligence. Nous ne pouvons former de pensées qu’avec le
secours de l’imagination, sauf peut-être de courts instants où quelques hommes
saisissent directement la vérité. Laisser loin derrière soi l’imagination est chose belle
autant que difficile. Heureux l’homme à qui les années apportent l’intelligence et la
sagesse, dit Platon en parlant de la raison pure. Mais la vie ordinaire relève de
l’imagination, ou de l’intelligence appelant à son service l’imagination.
Ce souffle animal, que les sages ont appelé une âme douée de souffle, prend
toutes sortes de formes, et devient un dieu, un démon, un fantôme, en qui l’âme reçoit
le châtiment de ses fautes. Les oracles s’accordent à dire que l’âme aura dans l’autre
monde une existence conforme aux visions que lui apporte maintenant le sommeil,
et la philosophie nous assure que toute vie n’est que la préparation de la vie qui doit
suivre. Vertueuse, l’âme rend l’imagination plus légère; vicieuse, elle l’alourdit sous le
poids de ses souillures. Tout naturellement l’imagination s’élève là-haut, quand elle est
douée de chaleur et de sécheresse : voilà ses ailes, et tel est le sens qu’il faut attacher
aux expressions d’Héraclite, quand il dit que l’âme vraiment sage est brillante et
sèche; au contraire, lorsqu’elle est épaisse et chargée d’humidité, l’imagination est
entraînée par sa pesanteur vers les basses régions, dans les profondeurs
souterraines, séjour des esprits mauvais; là elle traîne, dans les châtiments, une
existence douloureuse: toutefois, avec le temps et beaucoup d’efforts, elle peut, dans
une autre vie, se purifier et remonter vers le ciel. A son entrée dans la vie deux
chemins s’ouvrent devant elle; elle va tantôt dans la bonne route, tantôt dans la
mauvaise; puis vient l’âme qui, descendant des sphères célestes, s’empare de
l’imagination; elle use d’elle comme d’un char, pour accomplir son voyage dans ce
monde physique; elle s’efforce de la ramener vers les régions élevées, ou du moins de
ne pas rester enfoncée avec elle dans la matière. Il est difficile sans doute qu’elles se
séparent ; parfois cependant, quand l’imagination ne veut pas obéir, l’âme s’affranchit
de sa société : il est pour cela des cérémonies sacrées qui sont connues, et dans
lesquelles on peut avoir confiance. C’est une honte pour l’âme de retourner là-haut
sans avoir rendu à la terre tout ce qui appartient à la terre, et sans reporter aux globes
célestes tout ce qu’elle leur a emprunté. Grâce aux initiations et à la faveur divine, il
est des hommes qui parviennent ainsi à dégager leur âme des liens de l’imagination;
mais d’ordinaire, une fois qu’elles ont été unies, elles vont de concert: l’âme est attirée
par l’imagination, ou elle l’attire; leur association persiste jusqu’à ce que l’âme retourne
aux lieux d’où elle est partie. Quand l’imagination vient à tomber sous le poids de ses
misères, elle entraîne dans sa chute l’âme qui n’a pas su la préserver. Voilà le danger
que les oracles signalent au principe intelligent qui est en nous.
"Ne va pas t’enfoncer dans ce monde fangeux,
Dans ces gouffres profonds, tristes et noirs royaumes,
Enfers sombres, hideux, tout peuplée de fantômes".
En effet une existence déraisonnable et stupide n’est pas digne de l’intelligence;
mais le fantôme, à cause des éléments qui le constituent, se plaît dans les basses
régions; car le semblable ne recherche-t-il pas son semblable?
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