| [6] Εἰ δὲ τὰς σωματικὰς αἰσθήσεις διὰ τὸ γινώσκειν
τιμῶντες, ὅτι μάλιστα ἴσμεν ἃ τεθεάμεθα, φαντασίαν ἀποσκορακίζοιμεν 
ὡς ἀπιστοτέραν αἰσθήσεως, ἐοίκαμεν ἐπιλαθομένοις, 
ὅτι μηδὲ ὀφθαλμὸς ἅπαντα ἀληθῆ δείκνυσιν, ἀλλ´ ὁ
μὲν οὐδὲ δείκνυσιν, ὁ δὲ ψεύδεται, καὶ παρὰ τὴν φύσιν
τῶν ὁρωμένων, καὶ δι´ ὧν ὁρᾶται. ταῖς γὰρ ἀποστάσεσιν
ἐλάττω καὶ μείζω ταῦτα, καὶ τὰ καθ´ ὕδατος μείζω· ἡ δὲ
κώπη κεκλασμένη προσπίπτει· καὶ παρὰ τὴν ἀδυναμίαν
τὴν αὑτοῦ αὐτὸ τὸ ὄμμα· λημῶν γὰρ συγκεχυμένα καὶ
ἀδιάκριτα δείκνυσι. καὶ ὅστις οὖν τὸ φανταστικὸν πνεῦμα
νοσεῖ, μὴ ἀπαιτείτω σαφῆ μηδὲ εἰλικρινῆ τὰ θεάματα· ἥτις
δὲ αὐτοῦ νόσος, καὶ οἷς λημᾷ καὶ παχύνεται, καὶ οἷς καθαίρεται 
καὶ ἀπειλικρινεῖται καὶ εἰς τὴν φύσιν ἐπάνεισι, τῆς
ἀπορρήτου φιλοσοφίας πυνθάνου, ὑφ´ ἧς καὶ καθαιρόμενον
διὰ τελετῶν, ἔνθεον γίνεται. αἵ τε εἰσκρίσεις πρὶν τὸν θεὸν
ἐπεισαγαγεῖν τὸ φανταστικόν, ἐκθέουσι. καὶ ὅστις αὐτὸ διὰ
τοῦ κατὰ φύσιν βίου τηρεῖ καθαρόν, ἑτοίμῳ χρῆται, ὡς
ταύτῃ πάλιν εἶναι κοινότατον· ἐπαΐει γὰρ τὸ πνεῦμα τοῦτο
τῆς ψυχικῆς διαθέσεως, καὶ οὐκ ἀσύμπαθές ἐστι καθ´ αὑτό, 
καθάπερ τὸ ὀστρεῶδες περίβλημα. ἐκεῖνο μὲν γὰρ καὶ ἀντίθεσιν 
ἔχει πρὸς τὰς ἀμείνους τῆς ψυχῆς διαθέσεις. ἀλλά
τοι τὸ πρῶτον αὐτῆς καὶ ἴδιον ὄχημα, ἀγαθυνομένης μὲν
λεπτύνεται καὶ ἀπαιθεροῦται, κακυνομένης δὲ παχύνεται
καὶ γεοῦται. ὅλως γὰρ τοῦτο μεταίχμιόν ἐστιν ἀλογίας καὶ
λόγου, καὶ ἀσωμάτου καὶ σώματος, καὶ κοινὸς ὅρος ἀμφοῖν·
καὶ διὰ τούτου τὰ θεῖα τοῖς ἐσχάτοις συγγίνεται. ταύτῃ
καὶ χαλεπόν ἐστιν αἱρεθῆναι διὰ φιλοσοφίας τὴν φύσιν
αὐτοῦ. ἐρανίζεται γάρ τι προσῆκον ὡς ἐκ γειτόνων ἀφ´ ἑκατέρου 
τῶν ἄκρων, καὶ φαντάζεται μιᾷ φύσει τὰ τοσοῦτον
ἀπῳκισμένα.
 | [6] Nous tenons nos sens physiques en grande estime parce qu’ils nous mettent 
en rapport avec le monde; et ce que nous croyons le mieux connaître, c’est ce qui 
frappe nos regards. Mais si nous n’avons que du dédain pour l’imagination, parce 
qu’elle est souvent en désaccord avec les sens, nous oublions que l’œil lui-même 
nous trompe fréquemment: tantôt il ne perçoit pas les objets, tantôt il les voit autres 
qu’ils ne sont réellement, à cause du milieu à travers lequel il les voit. Suivant la 
distance les choses paraissent plus grandes ou plus petites; dans l’eau elles sont plus 
grandes; la réfraction fait qu’une rame droite semble brisée. Parfois d’ailleurs l’œil 
souffre, et tout lui paraît trouble et confus. De même, quand l’imagination est malade, 
ne comptez point sur des visions claires et distinctes. Quelle est la nature de ses 
maladies? D’où lui viennent les vices qu’elle contracte? Comment peut-elle s’amender 
et recouvrer la santé? Une philosophie profonde pourra seule nous le dire, et nous 
prescrira les remèdes sacrés qui guérissent l’imagination et la rendent divine. Mais 
pour que Dieu vienne la visiter, il faut qu’elle expulse d’abord tous les éléments 
étrangers qu’elle a reçus. Quand on vit conformément à la nature, l’imagination reste 
pure et sans mélange; elle garde toute son énergie; c’est ainsi qu’elle se rapproche 
véritablement de l’âme: elle entre alors avec elle en relation; elle n’est pas pour elle 
une étrangère, comme notre enveloppe corporelle, sur laquelle n’agit point la 
bienfaisante influence du principe spirituel. L’imagination est le véhicule de l’âme : 
suivant que celle-ci incline davantage vers la vertu ou vers le vice, l’imagination est 
plus subtile et plus éthérée, ou plus épaisse et plus terrestre. Elle tient le milieu entre 
l’être doué de raison et l’être privé de raison, entre l’esprit et la matière; elle leur sert 
de moyen terme, elle unit ainsi les deux extrêmes : voilà pourquoi sa nature ne peut 
être exactement saisie par le philosophe. 
Voisine de la matière et de l’esprit, l’imagination leur fait des emprunts à tous 
les deux, suivant sa convenance; et, tout en gardant sa nature propre, elle forme ses 
conceptions des éléments les plus opposés. 
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