[4] Ἐπιθετέον δὲ μάλιστα μαθήσεων ταύτῃ, ὅτι
παρ´ ἡμῶν αὕτη, καὶ ἔνδοθεν, καὶ ἰδία τῆς ἑκάστου ψυχῆς.
νοῦς μὲν γὰρ ἔχει τὰ εἴδη τῶν ὄντων, ἀρχαία φιλοσοφία
φησί. προσθείημεν δ´ ἂν ἡμεῖς, ὅτι καὶ τῶν γινομένων
ψυχή· ἐπειδὴ λόγος ἐστὶ νῷ πρὸς ψυχήν, ὅστις τῷ ὄντι
πρὸς τὸ γινόμενον. ἐναλλὰξ οὖν πρώτῳ πρὸς τρίτον, καὶ
δευτέρῳ πρὸς τέταρτον· καὶ ἀνάπαλιν λαβόντες, οὐδὲν
ἧττον ἂν ἀληθεύοιμεν ὅροις ἐπιστήμης ἑπόμενοι. οὕτως ἂν
ἀποδεδειγμένον εἴη τὸ ὑφ´ ἡμῶν ἀξιούμενον, ὅτι τὰ εἴδη
τῶν γινομένων ἔχει ψυχή· ἔχει μὲν οὖν πάντα, προβάλλει
δὲ τὰ προσήκοντα, καὶ ἐνοπτρίζει τὴν φαντασίαν, δι´ ἧς
τὴν ἀντίληψιν τῶν ἐκεῖ μενόντων ἴσχει τὸ ζῷον. ὥσπερ
οὖν οὐδὲ τοῦ νοῦ τῶν ἐνεργειῶν ἐπαΐομεν, πρὶν τῷ κοινῷ
τὴν ἐπιστατικὴν δύναμιν ἀπαγγεῖλαι, καὶ τὸ μὴ εἰς ἐκείνην
ἧκον λανθάνει τὸ ζῷον, οὕτως οὐδὲ τῶν ἐν τῇ πρώτῃ
ψυχῇ τὴν ἀντίληψιν ἴσχομεν, πρὶν εἰς φαντασίαν ἥκειν
αὐτῶν ἐκμαγεῖα. καὶ ἔοικεν αὕτη ζωή τις εἶναι μικρὸν ὑποβᾶσα,
καὶ ἐν ἰδιότητι φύσεως στᾶσα. αἰσθητήριά γέ τοι
πάρεστι κατ´ αὐτήν. καὶ γὰρ χρώματα ὁρῶμεν, καὶ ψόφων
ἀκούομεν, καὶ ἁφῆς πληκτικωτάτην ἀντίληψιν ἴσχομεν,
ἀνενεργήτων ὄντων τῶν ὀργανικῶν μορίων τοῦ σώματος.
καὶ μή ποτε ἱερώτερον τοῦτο γένος αἰσθήσεως. κατ´ αὐτό
γέ τοι καὶ θεοῖς τὰ πολλὰ συγγινόμεθα νουθετοῦσι καὶ
χρῶσι καὶ τἄλλα προμηθουμένοις. ὥστε εἰ μέν τῳ γέγονε
θησαυρὸς ὕπνου δῶρον, οὐκ ἐν θαυμαστοῖς ἄγω· οὐδ´ εἴ
τις καταδαρθὼν ἄμουσος, ἔπειτα ἐντυχὼν ὄναρ ταῖς μούσαις,
καὶ τὰ μὲν εἰπών, τὰ δὲ ἀκούσας, ποιητής ἐστι δεξιός,
ὥσπερ ὁ καθ´ ἡμᾶς χρόνος ἤνεγκεν, οὐδὲ τοῦτο τῶν λίαν
ἐστὶ παραδόξων. ἐῶ δ´ ἔγωγε καὶ ἐπιβουλὰς καταμηνυθείσας,
καὶ ὅσοις ὕπνος ἰατρὸς ἐξάντη τὴν νόσον ἐποίησεν,
ἀλλ´ ὅταν εἰς τὰς τελεωτάτας τῶν ὄντων ἐποψίας ὁδὸν
ἀνοίξῃ τῇ ψυχῇ τῇ μὴ ὀρεχθείσῃ ποτέ, μηδὲ εἰς νοῦν βαλομένῃ
τὴν ἄνοδον, τοῦτο ἂν εἴη τὸ ἐν τοῖς οὖσι κορυφαιότατον,
φύσεως ὑπερκύψαι, καὶ συνάψαι τῷ νοητῷ τὸν
ἐς τοσοῦτο πεπλανημένον, ὡς μὴ ὅθεν ἦλθεν εἰδέναι. εἰ δέ
τις μέγα μὲν οἴεται τὴν ἀναγωγήν, φαντασίᾳ δὲ ἀπιστεῖ,
μή τοι καὶ κατ´ αὐτήν ποτε πορισθῆναι τὴν εὐδαίμονα συναφήν,
ἀκουσάτω τῶν ἱερῶν λογίων, ἃ λέγει περὶ διαφόρων
ὁδῶν. μετὰ δὴ τὸν ὅλον κατάλογον τῶν οἴκοθεν εἰς ἀναγωγὴν
ἀφορμῶν, καθ´ ὃν ἔξεστι τὸ ἔνδοθεν σπέρμα αὐξῆσαι·
τοῖς δὲ (φησὶ) διδακτὸν ἔδωκε φάους γνώρισμα λαβέσθαι·
τοὺς δὲ καὶ ὑπνώοντας ἑῆς ἐνεκάρπισεν ἀλκῆς.
ὁρᾷς; ἀντιδιέστειλεν εὐμοιρίας μαθήσεων. ὁ μὲν ὕπαρ,
φησίν, ὁ δὲ ὄναρ διδάσκεται· ἀλλ´ ὕπαρ μὲν ἄνθρωπός
ἐστιν ὁ διδάσκων· τὸν ὑπνώοντα δὲ θεὸς ἑῆς ἐνεκάρπισεν
ἀλκῆς, ὡς ταὐτὸν εἶναι τὸ μανθάνειν τε καὶ τυγχάνειν·
τὸ γὰρ ἐγκαρπίσαι καὶ πλέον ἐστὶ τοῦ διδάξαι.
| [4] Nous devons la rechercher avec un soin tout particulier, car elle s’exerce par
nous, en nous; elle nous appartient en propre à tous. L’intelligence renferme en soi les
images des choses qui sont réellement, dit l’ancienne philosophie; ajoutons que l’âme
renferme les images des choses qui naissent. Il y a donc, entre l’intelligence et l’âme,
le même rapport qu’entre l’absolu et le contingent. Intervertissons l’ordre des termes ;
joignons le premier au troisième, le second au quatrième: la proportion reste encore
vraie, ainsi que nous le démontre la science. Il sera ainsi établi que l’âme, comme
nous l’avancions, renferme en soi les images des choses qui naissent. Elle les
renferme toutes, mais elle ne les produit au dehors que dans la mesure convenable;
l’imagination est comme le miroir dans lequel se réfléchissent, pour être perçues par
l’animal, les images qui ont leur siège dans l’âme. Nous n’avons pas conscience des
actes de l’intelligence, tant que la faculté maîtresse ne nous les révèle pas; tout ce
qu’elle ignore échappe à la connaissance de l’animal; de même nous ne pouvons
nous faire aucune idée des choses qui sont dans la première âme, tant que
l’imagination n’en reçoit pas les images. Cette vie imaginative est une vie inférieure, un
état particulier de notre nature. Elle est comme pourvue de sens : en effet nous voyons
des couleurs, nous entendons des sons, nous touchons, nous saisissons des objets,
quoique nos organes corporels restent inactifs; peut-être même alors nos perceptions
sont-elles plus pures. C’est ainsi que souvent nous entrons en conversation avec les
dieux: ils nous avertissent, ils nous répondent, et nous donnent d’utiles conseils. Aussi
que l’on ait dû quelquefois au sommeil la découverte d’un trésor, je n’en suis pas
étonné; que l’on se soit endormi ignorant, et qu’après avoir eu en songe un entretien
avec les Muses on se soit réveillé poète habile, comme cela est arrivé de notre temps
à quelques-uns, je ne vois là rien de si surprenant. Je ne parle point de ceux qui ont
eu, en dormant, la révélation du danger qui les menaçait, ou la connaissance du
remède qui devait les guérir. Quand l’âme, même sans avoir tenté de prendre son élan
vers l’intelligence, entre, grâce au sommeil, en possession d’une science qu’elle
n’avait point recherchée, n’est-ce pas une chose des plus merveilleuses que de
s’élever au-dessus de la nature et de se rapprocher de l’intelligible, après en avoir été
si éloigné que l’on ne sait même plus d’où l’on vient?
Si l’on trouve extraordinaire que l’âme puisse ainsi monter vers les régions
supérieures, si l’on ne croit pas à l’efficacité de l’imagination pour produire cet heureux
rapprochement, il faut écouter les oracles sacrés quand ils parlent des diverses routes
qui mènent à la science. Après avoir énuméré les différents moyens qui peuvent aider
à l’essor de l’âme en excitant sa vertu native, voici comment ils s’expriment:
"Par des leçons les uns sont éclairés,
Par le sommeil d’autres sont inspirés".
Vous voyez la distinction qu’établit l’oracle; d’un côté l’inspiration, de l’autre
l’étude : ceux-ci, dit-il, s’instruisent en veillant, ceux-là en dormant. Dans la veille c’est
toujours un homme qui est le précepteur; mais quand c’est de Dieu que vient la
science à ceux qui dorment, ils savent du premier coup tout ce qui leur est enseigné;
car en donnant ainsi la science, Dieu n’instruit pas d’une manière ordinaire.
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