[3] Ἀρχιμήδης μὲν οὖν ὁ Σικελὸς ᾔτει χωρίον ἔξω τῆς
γῆς, ὡς ἑαυτὸν ἀντιταλαντεύσων ὅλῃ τῇ γῇ· ἐν αὐτῇ γὰρ
ὢν οὐκ ἔχειν ἔφη δύναμιν πρὸς αὐτήν. ὁ δὲ ὁτιοῦν περὶ
τὴν φύσιν τοῦ κόσμου σοφός, ἔξω τεθείς, οὐκ ἂν ἔτ´ ἔχοι
τῇ σοφίᾳ τι χρήσασθαι· αὐτῷ γὰρ ἐπ´ αὐτὸν χρῆται.
διεσπασμένης οὖν τῆς συνεχείας μάτην ἂν ἴδοι, καὶ ἄψυχα
ἂν κατασημαίνοιτο σύμβολα. καὶ ὅσον γὰρ ἔξω τοῦ κόσμου
θεῖόν ἐστιν, ἅπαν ἐστὶν ἀγοήτευτον·
--- ὁ δ´ ἀφήμενος οὐκ ἀλεγίζει,
οὐδ´ ὄθεται.
ἡ γὰρ νοῦ φύσις ἀμείλικτος· τὸ δὲ παθητικόν ἐστι τὸ
θελγόμενον. τὸ μὲν δὴ πλάτος ἔν τε μαντείαις καὶ τελεταῖς,
ἡ τῶν ἐν κόσμῳ παρέχεται πληθὺς καὶ συγγένεια, διαστάντων
μὲν ἡ πληθύς, ἑνὸς δὲ ὄντων συγγένεια. καὶ τελετὰς
μέν, ἀλλὰ μηδὲ ὁ λόγος κινείτω, νόμῳ πολιτείας πειθόμενος·
μαντικὴν δὲ ἀνεμέσητον ἀποδέξασθαι.
Καὶ δὴ τὸ ὅλον αὐτῆς ἐκ τῶν ἐνόντων ἐγκεκωμίασται.
τὸ δὲ νῦν ἔχον ἔστι τὴν ἀρίστην ἀποτεμόμενον ἐμφιλοχωρῆσαι
τῷ περὶ αὐτὴν σκέμματι, χαρακτῆρα κοινὸν ἐπὶ
πάσαις ἔχοντα τὴν ἀσάφειαν, ὡς μηδεμιᾶς ἀξιοῦν ἔλεγχον
εἶναι τὸ ἐν ὁλοκλήρῳ τῇ φύσει θεωρούμενον. ὁ δὲ λόγος
ἐδείκνυ καὶ τοῦτο σεμνόν, ὥσπερ ἐν τελεταῖς τὸ ἀπόρρητον.
οὕτως οὐδὲ τὰ χρηστήρια πᾶσι συνετὰ φθέγγεται, καὶ
Λοξίας ἐκεῖθεν ὁ Πυθοῖ χρησμῳδός, ὅ τι τὸ ξύλινον τεῖχος,
ὃ τοῖς Ἀθηναίοις ὁ θεὸς ἐδίδου σωτήριον, μάτην ἂν ἤκουσεν
ἐκκλησιάζων ὁ δῆμος, εἰ μὴ Θεμιστοκλῆς ἀνέγνω τοῦ
χρησμοῦ τὴν διάνοιαν. ὥστε οὐδὲ ἐνταῦθά γε ἀπόβλητος
ἡ διὰ τῶν ὕπνων ἂν εἴη μαντεία, κοινὴν ἔχουσα πρός τε
τὰ ἄλλα καὶ πρὸς τοὺς χρησμοὺς τὴν ἐπίκρυψιν.
| [3] Archimède le Sicilien demandait un point situé hors de la terre pour mouvoir la
terre. « Tant que je l’habite, disait-il, je ne puis agir sur elle. » Mais il en est tout
autrement de celui qui a pénétré dans les mystères du monde, et acquis ainsi quelque
partie de la science divinatoire: s’il se plaçait en dehors du monde, il ne pourrait plus
exercer sa science; car il l’exerce sur le monde, et par le moyen du monde. Sortez de
notre univers, vous aurez beau regarder: l’observation des phénomènes qui se
produisent au-dessus de la région où l’âme est répandue ne vous apprendra rien. Tout
ce qu’il y a de divin en dehors du monde échappe au pouvoir de la magie;
"--- à distance il n’en est point touché,
Il n’en est point ému".
L’intelligence est essentiellement indépendante: or il faut être passif pour subir
l’influence des enchantements. La multiplicité des êtres que renferme le monde et les
affinités qu’ils ont entre eux donnent naissance à tous les genres de divination et de
mystères; divers, parce qu’ils sont multiples, à cause de leurs affinités ils forment tous
ensemble un grand tout. Les mystères, il convient de n’en pas parler témérairement,
par respect pour les lois de l’État; mais il nous est permis de nous expliquer tout à
loisir sur la divination. Nous avons fait l’éloge de cet art en général; nous voulons
maintenant considérer spécialement la plus parfaite de toutes les divinations. Elles
présentent toutes ce caractère commun d’être obscures; la contemplation attentive
des choses de ce monde ne sert de rien pour dissiper cette obscurité. L’obscurité,
nous le verrons, est essentielle à la divination, comme le mystère aux initiations
sacrées. C’est ainsi que l’oracle de Delphes n’est pas compris de tous parce qu’il
s’exprime en termes ambigus; et quand le dieu indiquait aux Athéniens comment ils
pourraient se sauver, le peuple assemblé n’aurait pas saisi le sens de ses paroles, si
Thémistocle n’avait été là pour l’expliquer. Aussi ne faut-il pas rejeter la divination par
les songes comme trop peu claire: elle a cela de commun avec toute divination et avec
les oracles.
|