HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Des songes (texte complet)

Chapitre 19

  Chapitre 19

[19] Ἀλλ´ οὔ τί γε φαῦλον τὸ ἔργον, ἐν τῇ ψυχῇ γενόμενον ἀλλόκοτον κίνημα διαβιβάζειν ἐφ´ ἕτερον. ὅταν δὲ τῇ φαντασίᾳ ἐξωθῆται μὲν τοῦ εἶναι τὰ ὄντα, ἀντεισάγηται δὲ εἰς τὸ εἶναι τὰ μηδαμῆ μηδαμῶς μήτε ὄντα μήτε φύσιν ἔχοντα εἶναι, τίς μηχανὴ τοῖς οἴκοθεν ἀνεννοήτοις παραστῆσαι φύσιν ἀκατονόμαστον; δὲ ταῦτ´ οὔτε εἴδη πολλὰ καὶ ἅμα πάντα, οὐδὲ σὺν χρόνῳ φέρουσα δείκνυσι· καὶ μέντοι ταῦτα ὡς ἂν ἔχῃ τε καὶ ὀρέγῃ τὸ ἐνύπνιον. οἰόμεθα γὰρ ἅπαν τι ἂν βούληται· ἐν οἷς ἅπασι καὶ τὸ διαγενέσθαι μὴ λίαν ἀσχημονοῦντα, τελειοτάτης ἂν εἴη ῥητορικῆς. νεανιεύεται δὲ ἡμῶν καὶ κατ´ αὐτῆς ἤδη τῆς γνώμης, ἐνδιδοῦσά τι πλέον τοῦ οἴεσθαι· οὐδὲ γὰρ οὐδὲ ἀπαθῶς διακείμεθα περὶ τὰ θεάματα, ἀλλ´ ἰσχυραὶ μὲν αἱ συγκαταθέσεις τε καὶ προσπάθειαι, ἀποστυγοῦμεν δὲ οὐχ ἥκιστα, καὶ αἱ συχναὶ περὶ ταῦτα μαγγανεῖαι καθεύδουσιν ἐπιτίθενται· τε ἡδονὴ τότε δὴ καὶ μάλιστα μειλιχώτατον, ὡς ἐναπομόργνυσθαι ταῖς ψυχαῖς μίση καὶ ἔρωτας εἰς τὴν ὕπαρ ζωήν. εἰ δή τις μέλλοι μὴ ἄψυχα φθέγγεσθαι, ἀλλ´ ὅτου χάριν ἐσπουδάσθη λόγος ἐπιτελεῖν, ἐν ταὐτῷ πάθει καὶ ταῖς αὐταῖς ὑπολήψεσι καθιστάναι τὸν ἀκουστήν, κινουμένων ἂν δέοιτο τῶν ῥημάτων. ἤδη δέ τις ἅμα καὶ νικᾷ, καὶ βαδίζει, καὶ ἵπταται, καὶ χωρεῖ πάντα φαντασία· πῶς δ´ ἂν λέξις χωρήσειε; καὶ καθεύδει τις ὄναρ, καὶ ὄναρ ὁρᾷ, καὶ διανέστη καθεύδων, ὡς οἴεται, καὶ τὸν ὕπνον ἀπετινάξατο κείμενος, καὶ φιλοσοφεῖ τι περὶ τοῦ φανέντος ὀνείρου, καθὰ οἶδε, καὶ τοῦτο ὄνειρος, ἀλλ´ ἐκεῖνο διπλοῦς· εἶτ´ ἀπιστεῖ, καὶ οἴεται τὸ παρὸν ὕπαρ εἶναι, καὶ ζῆν τὰ φαινόμενα. ἐντεῦθεν ἀνὰ κράτος μάχη, καὶ ὀνειρώττει τις ἀγῶνα πρὸς αὑτὸν, ἀπολιπεῖν τε καὶ διεγείρεσθαι, καὶ πεῖραν λαβεῖν ἑαυτοῦ, καὶ τὴν ἀπάτην φωρᾶσαι. οἱ μὲν οὖν Ἀλωάδαι κολάζονται τὰ Θετταλῶν ὄρη τοῖς θεοῖς ἐπιτειχίζοντες· καθεύδοντι δὲ οὐδεὶς Ἀδραστείας νόμος ἐμποδών, τὸ μὴ οὐκ ἀπᾶραι τῆς γῆς εὐτυχέστερον Ἰκάρου, καὶ ὑπερπτῆναι μὲν ἀετούς, ὑπεράνω δὲ καὶ αὐτῶν γενέσθαι τῶν ἀνωτάτω σφαιρῶν. καὶ τὴν γῆν τις ἀποσκοπεῖται πόρρωθεν, καὶ οὐδ´ ὁρωμένην τῇ σελήνῃ σημαίνεται. ἔξεστι δὲ καὶ ἄστρασι διαλέγεσθαι, καὶ τοῖς ἀφανέσιν ἐν κόσμῳ συνεῖναι θεοῖς. τό γέ τοι χαλεπὸν λεγόμενον, τότε ῥᾴδιον γίνεται, θεοὶ φαίνονται ἐναργεῖς· οὐδὲ τούτων μέντοι φθόνος οὐδὲ εἷς. μετὰ γὰρ μικρὸν ἐπὶ γῆς οὐδὲ ἦλθεν, ἀλλ´ ἔστιν. οὐδὲν γὰρ οὕτως ἐνυπνίων, ὡς τὸ κλέψαι τοὒν μέσῳ, καὶ μὴ σὺν χρόνῳ ποιῆσαι· εἶτα προβατίοις τε διαλέγεται, καὶ τὴν βληχὴν ἡγεῖται φωνήν, καὶ λεγόντων ξυνίησιν. οὕτω μὲν καινόν, οὕτω δὲ πολὺ τὸ πλάτος τῶν ὑποθέσεων, εἴ τις αὐταῖς ἐπαφιέναι τοὺς λόγους θαρσήσειεν. ἐγὼ μὲν γὰρ οἶμαι καὶ τοὺς μύθους ἐξουσίαν παρὰ τῶν ἐνυπνίων λαβεῖν, οἷς καὶ ταὼς καὶ ἀλώπηξ καὶ θάλαττα φθέγγονται. ὀλίγα ταῦτα πρὸς τὴν αὐτονομίαν τῶν ὕπνων. ἀλλὰ καίπερ ἐλαχίστη μερὶς τῶν ἐνυπνίων ὄντες οἱ μῦθοι, ὅμως ὑπὸ τῶν σοφιστῶν ἠγαπήθησαν εἰς παρασκευὴν ἑρμηνείας. καίτοιγε οἷς ἀρχὴ τῆς τέχνης μῦθος, πρέπον ἂν γένοιτο τέλος ἐνύπνιον· καὶ πρόσεστι τὸ μὴ μάτην ἠσκηκέναι τὴν γλῶτταν, ὥσπερ ἐπὶ τῶν μύθων, ἀλλ´ εἶναι καὶ γνώμῃ σοφώτερον. [19] Est-ce un mérite si mince que de faire passer dans l’âme d’autrui nos propres impressions? L’imagination relègue dans le néant des êtres qui existent; elle fait sortir du néant des êtres qui n’existent pas, qui ne peuvent exister: comment, alors que nous n’avons l’idée de rien de semblable, nous figurons-nous des objets qu’il est même impossible de nommer? L’imagination rassemble beaucoup d’images à la fois, et les présente dans un même instant, confondues, telles que le rêve les donne; car c’est au gré du rêve que se produisent nos visions. Pour rendre fidèlement ces impressions variées, il faut toutes les ressources du langage. L’imagination vient agir sur nos affections plus qu’on ne pourrait le croire : les rêves excitent en nous des émotions diverses; nous éprouvons des sentiments tantôt de sympathie et d’attachement, tantôt d’aversion. Souvent aussi c’est pendant le sommeil que s’exercent sur nous les enchantements de la magie, et que nous sommes surtout accessibles à la volupté; l’amour et la haine, pénétrant dans notre âme, persistent même après le réveil. Voulons-nous saisir l’esprit de nos auditeurs? Pour réussir à leur communiquer nos impressions et nos idées, il faut un langage vif et animé. En songe, on est vainqueur, on marche, on vole. L’imagination se prête à tout; la parole a-t-elle les mêmes facilités? Parfois on rêve que l’on dort, que l’on a un rêve, qu’on se lève, qu’on secoue le sommeil, et l’on est toujours endormi; on réfléchit au songe que l’on vient d’avoir: cela même est encore un songe, un double songe; on ne croit plus aux chimères de tout à l’heure; on s’imagine être maintenant éveillé, et l’on regarde ses présentes visions comme des réalités. Ainsi se produit dans l’esprit un véritable combat; on se figure que l’on fait effort sur soi-même, qu’on chasse le rêve, qu’on ne dort plus, qu’on a repris la pleine possession de son être, et qu’on cesse d’être la dupe d’une illusion. Les fils d’Aloüs, pour avoir voulu escalader le ciel, en entassant les uns sur les autres les monts de la Thessalie, furent punis; mais quelle loi interdit à celui qui dort de s’élever au-dessus de la terre sur des ailes plus sûres que celles d’Icare, de devancer le vol des aigles, de planer par delà les sphères célestes? On aperçoit de loin la terre, on découvre un monde que la lune même ne voit point. On peut converser avec les astres, se mêler à la troupe invisible des dieux qui régissent l’univers. Ces merveilles, qui ne peuvent se décrire aisément, s’accomplissent pourtant sans le moindre effort. On jouit de la présence des dieux sans être exposé à la jalousie. Sans avoir eu la peine de redescendre, on se retrouve sur la terre; car un des privilèges de nos rêves, c’est de supprimer le temps et l’espace. Puis on cause avec les brebis : leur bêlement devient un langage clair et distinct. N’est-ce pas là un vaste champ ouvert à une éloquence d’un nouveau genre? De là sans doute est venu l’apologue qui fait parler le paon, le renard, la mer elle-même. Ces hardiesses de l’imagination sont peu de chose comparées aux témérités des songes; mais, bien que l’apologue ne soit qu’une reproduction très affaiblie de quelques-uns de nos rêves, il fournit cependant une ample matière au talent des sophistes. Mais après s’être essayé dans ce genre, pourquoi l’écrivain ne se perfectionnerait-il pas en s’exerçant sur les songes? Par là on ne se forme pas seulement à l’art oratoire, on gagne aussi en sagesse.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 10/07/2008