| [15] Τὰ μὲν δὴ γένη ταῦτα τῶν ἐνυπνίων θεσπεσιώτερά 
ἐστι, καὶ ἢ πάντως ἢ παρὰ μικρὸν πάντως τρανὰ
καὶ σαφῆ, καὶ ἥκιστα τέχνης δεόμενα· ἀλλὰ ταῦτα μόνοις
ἂν παραγένοιτο τοῖς κατ´ ἀρετὴν ζῶσιν εἴτε φρονήσει πεπορισμένην, 
εἴτ´ ἔθεσιν ἐγγενομένην. εἰ δέ ποτε καὶ ἄλλῳ τῳ, 
μόλις μέν, ἀλλὰ γένοιτ´ ἄν· πάντως γε οὐκ ἐπὶ σμικρῷ δή
τινι τῶν ἀρίστων γενῶν ἐνύπνιον τῷ τυχόντι παρέσται.
τὸ δὲ λοιπὸν καὶ πολὺ καὶ κοινότατον γένος, ἐκεῖνο ἂν
εἴη τὸ ᾐνιγμένον, καὶ ἐφ´ ὃ δεῖ τὴν τέχνην παρασκευάσασθαι. 
γένεσίν τε γὰρ ἔσχεν, ὡς οὕτως εἰπεῖν, ἄτοπον
καὶ ἀλλόκοτον, καὶ ὡς ἐκ τῶν τοιούτων βλαστῆσαν ἀσαφέστατον 
πρόεισιν. ἔχει γὰρ ὧδε περὶ αὐτοῦ· ὅσα φύσις
ἔχει πάντων ὄντων, γενομένων, μελλόντων, ἐπεὶ καὶ τοῦτο
τρόπος ὑπάρξεως, εἴδωλα ἀπορρεῖ, καὶ τῆς ὑποστάσεως
αὐτῶν ἀποπάλλεται. εἰ γὰρ ἕκαστον αἰσθητὸν εἶδός ἐστιν
ὕλῃ συνδυασθέν, ἐφωράσαμεν δὲ τῆς ὕλης ἐν τῷ συνθέτῳ
τὴν ἐκροήν, ὁ λόγος αἱρεῖ καὶ τὴν τῶν εἰδώλων φύσιν
ἐξοχετεύεσθαι, ἵνα κατ´ ἄμφω τὰ μέρη τὴν τοῦ ὄντος ἀξίαν
ἀρνήσηται τὰ γινόμενα. τούτων ἁπάντων τῶν ἀπορρεόντων 
εἰδώλων τὸ φανταστικὸν πνεῦμα κάτοπτρόν ἐστιν
ἐμφανέστατον. περινοστοῦντα γὰρ ἄλλως καὶ διολισθαίνοντα 
στάσεως τῇ τε ἀοριστίᾳ τοῦ εἶναι καὶ τῷ παρὰ
μηδενὸς τῶν ὄντων ἐπιγινώσκεσθαι, ἐπειδὰν ἐγκύρσῃ τοῖς
ψυχικοῖς πνεύμασιν, εἰδώλοις μὲν οὖσιν, ἕδραν δὲ ἔχουσιν
εἰς τὴν φύσιν, τούτοις προσαπερείδονται καὶ ὥσπερ εἰς
ἑστίαν αὐτὰ ἀναπαύονται. τῶν μὲν οὖν γενομένων, ἅτε
ἤδη παρελθόντων εἰς τὴν τοῦ εἶναι ἐνέργειαν, σαφῆ τὰ
εἴδωλα ἀποστέλλεται, μέχρις ἂν ὑπὸ χρόνου πλήθους 
ἀμενηνὰ καὶ ἐξίτηλα γένηται· τῶν δὲ ὄντων, ἅτε ἑστώτων
ἔτι, μᾶλλον ἔμβια καὶ ἀριδηλότερα, ἀοριστότερα δὲ τῶν
μελλόντων καὶ ἀδιάκριτα· προκυλινδήματα γάρ ἐστιν
οὔπω παρόντων, φύσεως ἀτελοῦς ἐξανθήματα, οἷον ἀποσκιρτῶντα 
καὶ ἐξαλλόμενα σπερμάτων ἀποκειμένων αἰνίγματα. 
ταύτῃ καὶ δεῖ τέχνης ἐπὶ μελλόντων· ἐσκιαγραφημένα
γὰρ ἐπ´ αὐτοῦ πρόεισιν εἴδωλα, καὶ οὐκ ἐμφανεῖς εἰκόνες,
ὥσπερ ἀπὸ τῶν ὄντων· θαυμαστά γέ τοι τὴν φύσιν ἐστὶ
καὶ οὕτως ἔχοντα, ὅτι ἀπὸ μήπω γενομένων ἐγένετο.
 | [15] Les songes 
alors n’ont plus rien de terrestre; ils sont d’une clarté, d’une évidence parfaite, ou 
presque parfaite: il n’est plus besoin de les interpréter. Mais ce bonheur n’est réservé 
qu’à ceux qui vivent dans la pratique de la vertu, acquise par un effort de la raison ou 
par l’habitude. Il est bien rare que les autres hommes aient des songes aussi lucides; 
cela se voit pourtant quelquefois, mais dans des conjonctures fort graves : leurs rêves, 
en autre temps, sont vulgaires et confus, pleins d’obscurité; il faut le secours de l’art 
pour les expliquer. Comme l’origine en est, pour ainsi dire, étrange et bizarre, ils 
doivent, vu cette origine, n’offrir qu’incertitude: c’est en effet ce qui arrive. 
Tous les êtres qui existent dans la nature, qui ont existé, qui existeront (car 
l’avenir est encore un mode d’existence), envoient au dehors des images qui 
s’échappent de leur substance. Les objets sensibles sont un composé de forme et de 
matière: or, comme nous voyons que la matière est dans un écoulement perpétuel, les 
images qu’elle produit sont emportées avec elle, nous sommes bien forcés de 
l’admettre: ainsi images et matière, tout ce qui est soumis à la génération n’approche 
pas en dignité de l’être permanent. Toutes ces images fugitives se réfléchissent dans 
l’imagination comme dans un miroir brillant. Errant à l’aventure et détachées des 
objets où elles ont pris naissance, comme elles n’ont qu’une existence indécise, et que 
pas un des êtres qui subsistent par eux-mêmes ne veut les accueillir, quand elles 
rencontrent des esprits animaux, qui eux aussi sont des images, mais des images 
résidant en nous, elles pénètrent dans ces esprits, elles s’y établissent comme dans 
leur demeure. Les choses passées, puisqu’elles ont été réellement, donnent de claires 
images, mais qui finissent à la longue par s’effacer et disparaître; les choses 
présentes, comme elles continuent d’exister, des images encore plus nettes et plus 
vivantes; mais l’avenir ne donne rien que de vague et d’indistinct: tels les bourgeons, 
qui ne font que de naître, laissent soupçonner seulement les fleurs et les feuilles 
encore mal formées qu’ils renferment, et qui vont éclore et sortir tout à l’heure. Aussi 
l’art est-il indispensable pour connaître l’avenir; nous ne pouvons avoir qu’une 
esquisse incertaine de ce qui n’est pas encore; il n’y a de représentation exacte que 
de ce qui est. Mais n’est-il pas étonnant qu’il puisse se produire des images de ce qui sera 
seulement plus tard ? 
 |