HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), De la royauté (discours complet)

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6] Ἴσοις ὅροις φημὶ βασιλέα τε καὶ τύραννον διεστάναι· καίτοι τὰ παρὰ τῆς τύχης ἀμφοῖν ὅμοια, ἄρχουσιν ἑκάτερος ἀνθρώπων πολλῶν· ἀλλ´ ὃς μὲν ἂν ἑαυτὸν συντάττῃ τῷ φαινομένῳ τῶν ἀρχομένων καλῷ, καὶ ἐθέλῃ μοχθεῖν, ἵνα μηδὲν ἐκείνοις μοχθηρόν, καὶ προκινδυνεύειν, ἵνα ἐπ´ ἀδείας ἐκεῖνοι βιοτεύωσιν, καὶ ἀγρυπνεῖν καὶ συνεστιᾶσθαι μερίμναις, ἵνα νύκτωρ καὶ μεθ´ ἡμέραν σχολάζωσι δυσχερῶν, οὗτός ἐστιν ἐν προβάτοις μὲν ποιμήν, ἐν ἀνθρώποις δὲ βασιλεύς. ὅστις δὲ ἀπολαύει τῆς ἡγεμονίας εἰς τρυφὴν καὶ καθηδυπαθεῖ τὴν ἐξουσίαν, οἰόμενος δεῖν ἐμπιπλάναι τὰς αὐτὸς αὑτοῦ πάσας ὀρέξεις, ὅθεν οἰμώξεται τὸ ἀρχόμενον, τοῦτο κέρδος τοῦ πολλῶν ἄρχειν τιθέμενος, τὸ παρὰ πολλῶν αὐτῷ θεραπεύεσθαι τῆς ψυχῆς τὸ ἡδόμενον· καὶ καθάπαξ εἰπεῖν, ὅστις οὐ πιαίνει τὴν ἀγέλην, ἀλλ´ αὐτὸς ὑπὸ τῆς ἀγέλης θέλει πιαίνεσθαι, τοῦτον καλῶ μάγειρον ἐπὶ βοσκημάτων, τοῦτον ἀποφαίνω {τὸν} τύραννον, ὅταν δῆμος ἔλλογος τὸ ἀρχόμενον. εἷς οὗτος βασιλείας σοι γνώμων. σὺ δὲ ἤδη σαυτὸν πρόσαγε τῷ βασανιστηρίῳ· κἂν μὲν ἐφαρμόζῃς, χρῆσθαι δικαίως τῇ σεμνῇ προσηγορίᾳ τοῦ σεμνοῦ πράγματος· ἀφαρμόζων δέ, ἐπανορθοῦν πειρῶ τὰ διάστροφα, καὶ τῷ κανόνι προσφύεσθαι. οὐ γὰρ ἀπογινώσκω τῆς ἡλικίας χωρῆσαι πᾶσαν ἐπίδοσιν, μόνον εἴ τις αὐτὴν εἰς ζῆλον ἀρετῆς μυωπίσειεν· ἰσχυρὸν γὰρ νεότης ἐφ´ ἑκατέρᾳ ῥοπῇ, ὥσπερ οἱ ποταμοὶ ταῖς δοθείσαις ὁδῶν ἀφορμαῖς ἀπληστότερον ἐπεξέρχονται. ταύτῃ καὶ δεῖ τῷ νέῳ βασιλεῖ φιλοσοφίας προσλαμβανούσης αὐτόν, ἀνθελκούσης ἀπὸ τῆς εἰς ἑκάτερον ἐκροῆς· ἄλλαι μὲν γὰρ ἄλλαις ἀρεταῖς κακίαι γείτονες, καὶ ἀφ´ ἑκάστης ὄλισθος οὐκ εἰς ἑτέραν, ἀλλ´ εἰς τὴν γείτονα. βασιλείᾳ δὲ τυραννὶς παροικεῖ, καὶ μάλα ἀγχίθυρος, καθάπερ ἀνδρείᾳ μὲν θρασύτης, ἐλευθεριότητι δὲ ἀσωτία· καὶ μεγαλόφρων, ἢν μὴ παρὰ φιλοσοφίας εἴσω τῶν τῆς ἀρετῆς ὅρων φυλάττηται, προκύψας ἀλαζών ἐστι καὶ φαῦλος τὴν γνώμην ἀντὶ τοῦ μεγαλόφρονος. μὴ τοίνυν ἄλλην, ἀλλὰ τὴν βασιλείας νόσον, τυραννίδα, δείδιθί τε καὶ διαγίνωσκε, χαρακτῆρσι τοῖς τεθεῖσιν ὑπὸ τοῦ λόγου χρώμενος· μεγίστῳ δέ, ὅτι βασιλέως μέν ἐστι τρόπος νόμος, τυράννου δὲ τρόπος νόμος· δὲ ἐξουσία κοινή τίς ἐστιν ὕλη, καὶ μαχομένων τῶν βίων. [6] 6. Il en est de même du roi et du tyran: également favorisés par la Fortune, tous deux exercent leur autorité sur des milliers d’hommes. Mais celui qui cherche le bien de ceux qu’il gouverne, qui sacrifie son repos pour leur épargner des souffrances, qui s’expose au péril pour qu’ils vivent en sécurité, qui supporte les veilles, les soucis, afin que jour et nuit, ils soient exempts d’inquiétudes, c’est vraiment celui-là qui mérite le nom de berger, s’il conduit des troupeaux, et le nom de roi, s’il commande à des hommes. Mais pour celui qui, s’abandonnant à ses désirs déréglés, n’use de sa puissance que pour jouir; qui, se croyant le droit de satisfaire ses passions, opprime ceux qui lui sont soumis, et prétend n’avoir des sujets que pour en faire des esclaves dévoués à tous ses caprices; pour celui, en un mot, qui veut, non point engraisser son troupeau, mais s’engraisser de son troupeau, je l’appelle boucher quand son pouvoir porte sur des brebis, je le déclare tyran quand sa domination s’exerce sur des êtres doués de raison. Tel est le caractère distinctif de la royauté. Examine-toi d’après ce que je viens de dire. Si ce portrait de roi est le tien, alors tu peux justement te glorifier du titre auguste que tu portes; sinon corrige-toi pour ressembler à ce modèle. Je ne désespère pas de la jeunesse: elle peut toujours s’avancer dans le sentier de la vertu, pourvu qu’on l’aiguillonne; suivant qu’on la pousse, elle se jette aisément d’un côté ou de l’autre, comme ces fleuves qui se précipitent dans le chemin qui leur est ouvert. Un jeune prince a donc besoin que la Philosophie le tienne par la main, et l’empêche de s’écarter de la droite voie. Chaque vertu est tout près d’un vice, et l’on glisse aisément de cette vertu dans le vice qui l’avoisine. La tyrannie confine et touche à la royauté, comme la témérité au courage, et la prodigalité à la générosité. La fierté, lorsqu’elle n’est pas contenue par la Philosophie dans les limites de la vertu, devient, en s’exagérant, arrogance et présomption. La tyrannie n’est rien autre chose que l’excès de la royauté : prends-la en aversion; tu peux la reconnaître aisément aux traits sous lesquels je la représente. Mais voici surtout ce qui la distingue: le roi règle ses penchants d’après les lois; le tyran érige en lois ses penchants : mais si opposée que soit leur vie, ils ont cela de commun qu’ils possèdent l’un et l’autre tout pouvoir.


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Dernière mise à jour : 10/07/2008