[19] Ἕτερον δὲ τούτου νεώτερον ἀκούεις, οἶμαι· καὶ
γὰρ οὐδὲ εἰκὸς ἀνήκοόν τινα εἶναι βασιλέως ἑαυτὸν ἐπιδόντος
εἴσω τῆς πολεμίας γενέσθαι ἐν χρείᾳ κατασκοπῆς,
μιμησαμένου σχῆμα πρεσβείας. λειτουργεῖν γὰρ ἦν τότε
τὸ πόλεών τε καὶ στρατευμάτων ἡγεῖσθαι καὶ ἐξώμνυντό
γε πολλοὶ τὴν τοιαύτην ἀρχήν. εἷς δέ τις αὐτῶν καὶ
ἐννεάσας τῷ βασιλεύειν, ἀπειπὼν πρὸς τοὺς πόνους ἑκὼν
ἰδιώτης ἐγήρα. ἐπεὶ καὶ τοὔνομα αὐτό σοι δείξω τοῦ βασιλέως
ὄψιμον, ἐκλιπὲς Ῥωμαίοις γενόμενον ἀφ´ οὗ Ταρκυνίους
ὁ δῆμος ἐξήλασεν. ἀπὸ τούτου γὰρ ἡμεῖς μὲν ὑμᾶς ἀξιοῦμεν
καὶ καλοῦμεν βασιλέας, καὶ γράφομεν οὕτως· ὑμεῖς δέ,
εἴτε εἰδότες εἴτε μή, συνηθείᾳ δὲ συγχωροῦντες, τὸν ὄγκον
τῆς προσηγορίας ἀναδυομένοις ἐοίκατε. οὔκουν οὔτε πρὸς
πόλιν οὔτε πρὸς ἰδιώτην οὔτε πρὸς ὕπαρχον γράφοντες
οὔτε πρὸς ἄρχοντα βάρβαρον ἐκαλλωπίσασθέ ποτε τῷ
βασιλέως ὀνόματι· ἀλλ´ αὐτοκράτορες εἶναι ποιεῖσθε. ὁ δὲ
αὐτοκράτωρ ὄνομα στρατηγίας ἐστὶ πάντα ποιεῖν ὑποστάσης·
καὶ Ἰφικράτης καὶ Περικλῆς ἔπλεον Ἀθήνηθεν αὐτοκράτορες
στρατηγοί, καὶ οὐκ ἐλύπει τοὔνομα τὸν δῆμον τὸν
ἀδυνάστευτον, ἀλλ´ αὐτὸς ἐχειροτόνει τὴν στρατηγίαν νόμιμον
οὖσαν. Ἀθήνησι μὲν οὖν καὶ βασιλεύς τις καλούμενος
μικρὰ ἔπραττε καὶ ὑπεύθυνος ἦν, εἰς τοὔνομα τοῦ δήμου,
οἶμαι, παίζοντος ἅτε ὄντες ἀκρατῶς ἐλεύθεροι· ἀλλ´ ὅγε
αὐτοκράτωρ αὐτοῖς οὔτε μόναρχος ἦν, καὶ σπουδαῖον ἦν
καὶ πρᾶγμα καὶ ὄνομα. πῶς οὖν οὐ σαφὲς τοῦτο τεκμήριον
τῆς σώφρονος ἐν τῇ Ῥωμαίων πολιτείᾳ προαιρέσεως, ὅτι
καίτοι μοναρχία προδήλως ἀποτελεσθεῖσα, μίσει τῶν τυραννίδος
κακῶν, διευλαβεῖται καὶ φειδομένως ἅπτεται τοῦ βασιλείας
ὀνόματος; μοναρχίαν γὰρ διαβάλλει μὲν τυραννίς,
ζηλωτὴν δὲ ποιεῖ βασιλεία, καὶ Πλάτων αὐτὴν θεῖον ἀγαθὸν
ἐν ἀνθρώποις καλεῖ· ὁ δὲ αὐτὸς οὗτος τὸ θείας εἰληχὸς
μοίρας ἀξιοῖ πάντη ἄτυφον εἶναι· οὐ γὰρ σκηνοβατῶν
οὐδὲ τερατουργῶν ὁ θεός, ἀλλὰ δι´ ἀψόφου
βαίνων κελεύθου κατὰ δίκην τὰ θνήτ´ ἄγει,
παντί τε ἁπανταχοῦ παρεστάναι τῷ πεφυκότι μετέχειν
ἕτοιμος. οὕτως ἀξιῶ τὸν βασιλέα κοινὸν ἀγαθὸν καὶ ἄτυφον
εἶναι. τύραννοι δὲ εἰ θαυματοποιοῦσι κρυπτόμενοί τε
καὶ σὺν ἐκπλήξει φαινόμενοι, φθόνος οὐδεὶς χήτει σεμνότητος
ἀληθινῆς ἐπὶ προσποίησιν καταφεύγειν· τὸν γὰρ οὐδὲν
ὑγιὲς ὄντα, καὶ εἰδότα γε τοῦτο, τίς μηχανὴ μὴ οὐχὶ φεύγειν
τὸ ἐμφανές, φεύγοντα καταφρόνησιν; ἀλλ´ ἡλίου τὸ
μέχρι τήμερον οὐδείς πω καταπεφρόνηκεν· καίτοι τί συνηθέστερον
θέαμα; καὶ βασιλεὺς εἰ τεθάρρηκεν ἀληθινὸς ὢν
καὶ οὐκ ἐλεγχθησόμενος, ἔστω κοινότατος· οὐδὲν γὰρ
ἧττον, εἰ μὴ καὶ μᾶλλον, ἀγαστὸς ἔσται. οὐδὲ τοῦ χωλοῦ
βασιλέως, ὃν ἐπαινεῖ Ξενοφῶν ἐν ὅλῳ τῷ συγγράμματι,
κατεγέλων οὔτε οὓς ἦγεν οὔτε δι´ ὧν ἦγεν οὔτε ἐφ´ οὓς
ἐπορεύετο· καίτοι κατέλυεν οὗτος ἑκάστης πόλεως ἐν τοῖς
δημοσιωτάτοις χωρίοις, ἐν ᾧ πάντα ποιῶν καταφανέστατος
ἦν οἷς ἐπιμελὲς τὸν ἡγεμόνα τῆς Σπάρτης ὁρᾶν. ἀλλ´ οὗτος
εἰς τὴν Ἀσίαν τε διαβὰς ὀλίγῳ στρατεύματι, τὸν
προσκυνούμενον ἄνθρωπον ὑπὸ τῶν ἀκατονομάστων ἐθνῶν
ἐγγὺς ἦλθεν ἀποβιβάσαι τῆς ἀρχῆς· τοῦ μὲν γὰρ φρονήματος
ἀπεβίβασε· καὶ ἐπειδὴ τῶν οἴκοι τελῶν καλούντων
τὰς ἐν Ἀσίᾳ πράξεις ἀφῄρητο, νίκας Ἑλληνικὰς ἀνῃρεῖτο
πολλάς, ὑπὸ μόνου τε ἀνθρώπων ἡττᾶτο μαχόμενος, ὑφ´ οὗ
κρατηθῆναι μόνου τῶν ἁπάντων εἰκὸς Ἀγησίλαον καὶ
ὑπὲρ εὐτελείας ἀγωνιζόμενον. Ἐπαμεινώνδας ἦν οὗτος,
ὃν στεφανοῦσαι μὲν αἱ πόλεις ἐκάλουν εὐωχησόμενον,
ὁ δὲ φοιτῶν αὐταῖς (οὐ γὰρ ἦν ἄλλως ποιοῦντα μὴ οὐκ
αἰτίαν ἔχειν τὸν ἐν ἀξιώματι) δριμέος ὄξους ἐπέπινεν,
«Ἵνα,» φησί, «τῆς οἴκοι διαίτης Ἐπαμεινώνδας μὴ ἐπιλάθοιτο.»
νεανίσκου δὲ Ἀττικοῦ τῆς μαχαίρας αὐτῷ
τὴν κώπην ἐπισκώψαντος, ὅτι ξύλου τε φαύλου καὶ ἀκατέργαστος
ἦν, «Οὐκοῦν ὅταν», ἔφη, «μαχώμεθα, τῆς μὲν
κώπης οὐ πειράσῃ, τὸν σίδηρον δὲ οὐκ ἐνέσται σοι μέμψασθαι».
| [19] 19. Tu connais sans doute un autre fait encore plus récent; car il est impossible
que tu n’aies pas entendu parler de cet empereur qui, s’exposant lui-même, alla, sous
les dehors d’un ambassadeur, explorer le pays ennemi. Commander aux villes et
aux armées, c’était remplir une dure fonction: aussi vit-on plus d’une fois refuser une
souveraineté aussi laborieuse. Un prince, après avoir régné de longues années,
abdiqua, pour jouir au moins dans sa vieillesse des loisirs de la vie privée. Ce titre de
roi, il n’y a pas longtemps que nous l’avons fait revivre; il était tombé en désuétude à
Rome depuis l’expulsion des Tarquins. Maintenant, en vous parlant et en vous
écrivant, nous vous qualifions de rois. Mais vous, soit avec intention, soit tout
simplement par habitude, vous semblez repousser cette dénomination comme trop
orgueilleuse. Jamais, dans les lettres que vous adressez à une cité, à un simple
particulier, à un gouverneur de province, à un prince barbare, vous ne vous parez du
nom de rois, vous ne vous appelez qu’empereurs. Empereur est le terme qui désigne
un chef militaire, revêtu de pleins pouvoirs. C’est en qualité d’empereurs qu’Iphicrate
et Périclès commandaient les flottes qui partaient d’Athènes. Ce titre n’avait rien qui
pût choquer un peuple libre; car c’était le peuple même qui conférait par ses suffrages
cette légitime autorité. Un des magistrats d’Athènes s’appelait roi; mais il n’avait que
des attributions limitées et inférieures; c’est par une sorte d’ironie qu’il recevait ce
nom dans une république qui ne connaissait aucun maître. Empereur, chez eux, ne signifiait pas souverain; mais la chose, comme le nom, était ce qu’il y avait de plus élevé. Eh! veut-on un témoignage évident de la sagesse des Romains? La monarchie, qui s’est établie chez eux, a tellement en aversion les maux enfantés par la tyrannie, qu’elle s’abstient, qu’elle se fait scrupule de prendre le nom de royauté. La tyrannie fait
détester la monarchie, mais la royauté la fait aimer. La royauté! Platon l’appelle un
bien vraiment divin, donné aux hommes. Mais le même Platon dit aussi que la
simplicité convient à tout ce qui est divin. Dieu n’agit pas d’une manière théâtrale, il
n’étonne pas par des prodiges; mais par
"--- ses conseils secrets
Il sait, comme il convient, régler nos intérêts.
Toujours et partout il est prêt à se révéler à l’âme digne de le recevoir. J’estime
donc que le roi doit se montrer simple et bienveillant pour tous. Les tyrans, pour mieux
frapper les esprits, aiment à s’envelopper de mystère ou à n’apparaître qu’avec une
pompe saisissante. N’est-il pas naturel qu’ils tâchent de se donner une majesté
d’emprunt, à défaut de la vraie? Quand on ne possède en soi rien de bon, et qu’on le
sait, on sent le besoin de se soustraire à la lumière pour se soustraire au mépris. Mais
personne jamais n’a songé à dédaigner le soleil; et pourtant ne se montre-t-il pas tous
les jours? Un roi qui ne craint pas qu’on puisse le trouver indigne de ce titre doit se
montrer à tous; il ne fera par là qu’ajouter à l’admiration qu’il inspire. Agésilas, ce roi
dont Xénophon fait un si grand éloge, était boiteux; jamais nul ne pensa à rire de lui, ni
parmi ses soldats, ni chez les alliés, ni chez les ennemis; et pourtant, dans les villes où
il s’arrêtait, on le voyait sur les places publiques; il vivait sous les yeux de ceux qui
voulaient connaître le générai des Spartiates. Pénétrant en Asie à la tête d’une faible
armée, pour aller combattre un roi qu’adoraient des populations innombrables, il faillit
abattre son trône; il abattit du moins son orgueil. Lorsqu’il dut, rappelé par les
magistrats de la cité, renoncer à poursuivre ses succès en Asie, il remporta de
nombreuses victoires en Grèce; et le seul qui vainquit Agésilas sur les champs de
bataille fut le seul qui pouvait l’emporter sur lui en simplicité : c’était cet Épaminondas
qui, ne pouvant, en sa qualité de général, se dispenser, sans exciter le
mécontentement, d’assister aux banquets où l’invitaient les villes, n’y buvait que d’une
aigre piquette. « Il ne faut pas, disait-il, qu’Épaminondas oublie ses habitudes
domestiques. » Un jeune Athénien riait en regardant son épée dont la poignée n’était
qu’en bois grossièrement travaillé. « Quand nous combattrons, dit Épaminondas, ce
n’est pas la poignée que tu sentiras, mais le fer, et tu seras bien forcé de reconnaître
qu’il est d’assez bonne qualité ».
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