[14] ὀνήσεται δὲ οὐ μόνον τοῦτο τῆς πυκνῆς ἐπιμιξίας,
τὸ καθάπερ ἓν σῶμα συμφυὲς τὸ στράτευμα περικεῖσθαι,
ἀλλὰ καὶ πολλὰ τῶν ἐν τοῖς τοιοῖσδε καιροῖς γινομένων,
τὰ μέν ἐστι μελέτη πολεμικῶν ἔργων,
τὰ δέ ἐστι στρατηγίας προτέλειαι καὶ παρασκευαί τινες, ἃ
πρὸς τὰ μείζω τε καὶ σπουδαῖα διεγείρει. οὐ γάρ τοι σμικρὸν
ἐν χρείᾳ δορὸς ὀνομάσαι μὲν στρατηγόν, ὀνομάσαι
δὲ ὑποστράτηγον, καὶ ἰλάρχην καὶ ταγματάρχην καὶ σημαιοφόρον,
εἰ τύχοι, καί τινας τοῦ πρεσβυτικοῦ σὺν ἐπιγνώσει
καλέσαι τε καὶ προτρέψαι, τοὺς ἐν τέλει λέγω καθ´ ἕκαστον
ἱππικόν τε καὶ πεζικὸν σύστημα. Ὅμηρος μὲν γάρ
τινα θεῶν παραστήσας τῇ μάχῃ τῶν Ἀχαιῶν, πληγῇ
σκήπτρου φησὶν αὐτὸν πιμπλάναι τοὺς νέους
"--- μένεος κρατεροῖο,
ὡς τήν τε ψυχὴν
μᾶλλον ἐφωρμῆσθαι πολεμίζειν, ἠδὲ μάχεσθαι",
καὶ μηδὲ τὼ πόδε μηδὲ τὼ χεῖρε ἀτρέμας ἔχειν ἀνέχεσθαι·
τὸ γάρ,
"μαιμώωσι δ´ ἔνερθε πόδες, καὶ χεῖρες ὕπερθεν",
ᾄττουσίν ἐστιν αὐτοκέλευστοι περὶ τὰ ἔργα τῆς μάχης. ἐμοὶ δὲ
ταὐτὸ τοῦτο ἂν ποιήσαι καὶ βασιλεὺς ὀνομαστὶ καλέσας, καὶ
τὸν ἀπερισάλπιστόν τε ἂν εἰς φιλοτιμίαν ἐγείραι, καὶ τὸν
ἀγωνιστὴν ἂν ἐπιθήξαι. πᾶς γὰρ ἐθέλει πονεῖν ὑπὸ μάρτυρι
βασιλεῖ. ὅ τοι ποιητὴς οὕτως ἔοικε κρίνειν, πάμμεγα ὄφελος
εἶναι βασιλεῖ καὶ εἰρηνικῷ καὶ πολεμικῷ· ὃς αὐτό που
τοῦτο πρῶτον κατανοήσας, ὅτι πλείστην ἔχει ῥοπὴν εἰς
εὐψυχίαν ἀνδρῶν τὸ μηδὲ τοὺς ἀγελαίους ἀγνοεῖσθαι τῷ
βασιλεῖ, οὐκ ὀνόματι μόνον καλοῦντα τοὺς στρατιώτας
πεποίηκεν Ἀγαμέμνονα, ἀλλ´ οὗτος αὐτῷ καὶ τὸν ἀδελφὸν
νουθετεῖ πρὸς τῇ προσηγορίᾳ πατρόθεν καὶ ἐκ γενεῆς
ἄνωθεν ὀνομάζειν ἄνδρα ἕκαστον καὶ πάντας κυδαίνειν μηδὲ
μεγαλίζεσθαι. καὶ τὸ κυδαίνειν δὲ αὖ εὖ λέγειν ἐστίν, εἴ
τῴ τι ἀγαθὸν ἢ πραχθὲν ἢ εὐτυχηθὲν συνηπίστατο.
ὁρᾷς Ὅμηρον; ἐγκωμιαστὴν ποιεῖ τὸν βασιλέα δημότου. καὶ τίς
οὐκ ἂν αἵματος ἀφειδήσειε βασιλέως αὐτὸν ἐπαινέσαντος;
καὶ τοῦτο οὖν ἥξει σοι τἀγαθὸν ἀπὸ τοῦ θαμὰ ὁμιλεῖν
στρατιώταις· καὶ πρὸς εἰδήσεις αὐτῶν ἤθη καὶ βίους καὶ
τίς ἑκάστῳ τάξις ἐν καιροῖς ἑκάστοις προσήκουσα. θέα γὰρ
δὴ καὶ τόδε. τεχνίτης ἐστὶν ὁ βασιλεὺς πολέμων, ὥσπερ
σκυτοτόμος ὑποδημάτων. ἐκεῖνός τε οὖν γελοῖος, ὅταν
ἀγνοῇ τῆς τέχνης τὰ ὄργανα, ὅ τε βασιλεὺς πῶς ἐπιστήσεται
χρῆσθαι στρατιώταις ὀργάνοις, ἂν μὴ γινώσκῃ;
| [14] 14. Le roi retirera de nombreux avantages de ses rapports fréquents avec les
soldats: non seulement son armée ne fera, pour ainsi dire, avec lui qu’un seul corps
animé d’un même esprit; mais dans les exercices variés des camps il pourra tantôt
faire l’apprentissage de la guerre, tantôt s’initier à la science du commandement: c’est
une école qui le prépare et qui l’excite aux œuvres sérieuses et considérables. Il n’est
pas indifférent de pouvoir, quand le jour des batailles sera venu, appeler par leurs
noms un général, un commandant de légion, un chef de cohorte ou d’escadron, un
porte-enseigne à l’occasion, et même quelques-uns des vétérans les plus connus, les
plus estimés parmi les cavaliers ou les fantassins. C’est par là qu’on les encourage.
Homère, on nous montrant l’un des dieux présent au milieu des Grecs pendant la
mêlée, nous dit que d’un coup de son sceptre il donne aux jeunes guerriers
" --- une force invincible;
et qu’ainsi dans leur cœur
La fureur du combat plus vive encore s’allume."
Ils frémissent d’impatience dans tout leur corps ; car ce vers :
"Leur pied veut avancer, leur bras veut se lever,"
nous marque qu’il leur tarde de se précipiter sur l’ennemi. Cette ardeur, un prince
saura l’inspirer à ses soldats en les appelant par leurs noms; chez celui-là même que
le son de la trompette laisserait insensible, il éveillera l’amour de la gloire, il excitera
son courage. On s’expose volontiers au danger sous les yeux de son roi. Pacifique ou
belliqueux, un roi ne saurait avec trop de soin entretenir cette noble émulation. Telle
est la pensée du poète; comme il estime que, pour animer surtout la valeur des
soldats, il faut les connaître tous, jusqu’aux derniers, il nous fait voir Agamemnon, qui
non seulement s’adresse à chaque guerrier en le nommant, mais qui recommande à
son frère d’en faire autant, de rappeler les noms des pères et des ancêtres de ceux
auxquels il parle, de traiter chacun avec honneur, et de se montrer affable. Or on
traite surtout un homme avec honneur quand on cite, pour le louer, un de ses actes de
courage, un de ses succès. Vois Homère, il fait du roi le louangeur de ses sujets. Et
qui donc hésitera à prodiguer son sang pour obtenir les éloges du prince? Voilà ce que
tu gagneras à venir souvent au milieu des soldats. J’ajoute qu’ainsi tu connaîtras leurs
caractères, leurs habitudes; tu sauras quelle place il convient d’assigner à chacun
selon les circonstances. Fais encore cette réflexion: le roi est l’artisan de la guerre,
comme le cordonnier est l’artisan de la chaussure; le cordonnier serait ridicule s’il ne
connaissait pas les instruments de son métier: comment le roi pourra-t-il donc se servir
des soldats, qui sont ses instruments, sans les connaître?
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