[12] Παραφυλακτέον μέντοι, καὶ μάλα ὅλῃ τῇ γνώμῃ,
καί, εἴγε δυνάμεθα, ἅπασι τοῖς ἐν ταῖς αὐλαῖς ὅπλοις ἐπὶ
τούτῳ χρῆσθαι, μὴ λάθῃ παρεισδῦσα κολακεία τὸ φιλίας
πρόσωπον περικειμένη. ὑπὸ μόνης γέ τοι ταύτης, καὶ ἀγρυπνούντων
τῶν δορυφόρων, λῃστεύεται βασιλεία. εἰσφέρεται
γάρ, ἢν μὴ καὶ πάνυ ἐρύκηται, μάλα ἐνδοτέρω τῶν ταμιείων
καὶ ἐπιχειρεῖ τῷ κυριωτάτῳ τῶν βασιλέων, αὐτῇ τῇ ψυχῇ·
ἐπεὶ τό γε φιλέταιρον οὐχ ἥκιστα ἀρετὴ βασιλέως. τοῦτό
γέ τοι καὶ Κῦρον τὸν πάνυ καὶ Ἀγησίλαον ὀνομαστοτάτους
βασιλέων ἐν Ἕλλησι καὶ βαρβάροις ἐποίησε. γνώσεται
μὲν δὴ τὰ ποιητέα καὶ γνώμην ἐν τοῖς φίλοις κυρώσει·
ἵνα δὲ ἔργα γένηται, χειρῶν αὐτῷ δεῖ πολλῶν.
| [12] 12. Mais il faut surtout éviter, et c’est un danger contre lequel on ne saurait être à
la cour trop bien armé, que l’adulation ne vienne à se glisser sous le voile de l’amitié. A
elle seule l’adulation, malgré la vigilance des gardes, peut faire du prince sa proie. Si
on ne la chasse bien loin, elle pénètre jusqu’au fond du palais, elle s’attaque à ce que
les souverains ont de plus précieux, à leur âme même. L’affection pour ses amis n’est
pas la moindre vertu d’un prince. C’est là ce qui a fait du fameux Cyrus et d’Agésilas
les rois les plus renommés chez les Barbares et chez les Grecs. Faut-il agir? Le roi
délibérera d’abord, puis il arrêtera sa décision avec ses amis; mais, pour exécuter ses
desseins, il a besoin de beaucoup de bras.
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