[2] Ταῦτ´ ἄρα ἐποτνιώμην, καὶ μικρὸν οὐδὲν ἐπενόουν
περὶ τῆς συμφορᾶς. ἐπεὶ δὲ ὅ τε χρόνος αὐτὴν συνηθεστέραν
ἐποίησε, καὶ ὁ λόγος ἀντεισιὼν κατεξανίστη τοῦ πάθους,
τὸ δὲ κατὰ μικρὸν ὑπεξίστατο, ἤδη διὰ ταῦτα ῥᾴων ἦν
καὶ ἀνέφερον· νυνὶ δὲ ἀνθυπήνεγκεν αὐτὸ ῥεῦμα ἕτερον
οὗτος αὐτὸς ὁ Δίων, καὶ ἐπανήκει μοι μετὰ συνηγόρου.
πρὸς δύο δέ, φησὶν ὁ λόγος, οὐδ´ Ἡρακλῆς, εἰ τοὺς
Μολιονίδας ἐκ λόχου προσπεσόντας οὐκ ἤνεγκεν, ἀλλὰ καὶ
πρὸς τὴν ὕδραν ἀγωνιζόμενος, τέως μὲν εἷς ἑνὶ συνεστήκεσαν·
ἐπεὶ δὲ ὁ καρκίνος αὐτῇ παρεγένετο, κἂν ἀπεῖπεν, εἰ μὴ
τὴν Ἰόλεω συμμαχίαν ἀντεπηγάγετο. κἀγώ μοι δοκῶ
παραπλήσιόν τι παθεῖν ὑπὸ Δίωνος, οὐκ ἔχων ἀδελφιδοῦν
τὸν Ἰόλεων. πάλιν οὖν ἐκλαθόμενος ἐμαυτοῦ τε καὶ τῶν
λογισμῶν, ἐλεγεῖα ποιῶ θρῆνον ἐπὶ τῇ κόμῃ. σὺ δὲ ἐπειδὴ
φαλακρῶν μὲν ὁ κράτιστος εἶ, δοκεῖς δέ τις εἶναι γεννάδας,
ὃς οὐδὲ ἐμπάζῃ τῆς συμφορᾶς, ἀλλὰ καί, ὅταν ἔτνους προκειμένου
μετώπων ἐξέτασις γίνηται, σαυτὸν ἐπιλέγεις, ὡς
ἐπ´ ἀγαθῷ δή τινι φιλοτιμούμενος, οὐκοῦν ἀνάσχου τοῦ
λόγου, καὶ τήρησον ἐν πείσῃ, φασί, τὴν καρδίαν, ὥσπερ
ὁ Ὀδυσσεὺς πρὸς τὴν ἀναγωγίαν τῶν γυναικῶν ἀνέκπληκτος
ἔμεινε· καὶ σὺ πειρῶ μηδὲν ὑπὸ τούτου παθεῖν.
ἀλλ´ οὐκ ἂν δύναιο; τί φῄς; καὶ μὴν δυνήσῃ. τοιγαροῦν
ἄκουε. δεῖ δὲ οὐδὲν ἐξελίττειν τὸ βιβλίον, ἀλλ´ αὐτὸς ἐρῶ.
καὶ γὰρ οὐδὲ πολύστιχόν ἐστι· γλαφυρὸν μέντοι, καὶ τὸ
κάλλος αὐτοῦ προσιζάνει τῇ μνήμῃ, ὥστε οὐδὲ βουλόμενον
ἐπιλαθέσθαι με οἷόν τε.
| [2] C’est ainsi que je me plaignais des dieux, et mon infortune me paraissait
insupportable. Peu à peu cependant, l’habitude et la raison m’aidant à supporter ma
tristesse, je commençais à me consoler, et je prenais mon mal en patience. Mais voici
que Dion a ravivé mes regrets ; il excite le chagrin qui revient m’assaillir. Contre deux
adversaires, dit le proverbe, que ferait Hercule lui-même? Quand les Molionides
fondirent ensemble sur lui, il ne put leur résister; mais il soutint la lutte avec succès
contre l’hydre, tant que ce ne fut qu’un duel entre elle et lui: lorsque l’écrevisse vint au
secours de l’hydre, il n’aurait pu espérer la victoire, s’il n’avait appelé Iolas à son aide.
Moi de même, quand je me vois Dion sur les bras, je me trouve bien empêché; car je
n’ai pas un neveu, un Iolas sur qui compter. Aussi perdant courage, et impuissant à
me faire une raison, je ne sais plus que composer des élégies pour déplorer la perte
de ma chevelure. — Mais quoi! dira-t-on, tu te prétends le plus brave des chauves, si
vaillant que tu ne t’inquiètes pas de ton infortune; et même, dans un festin, quand les
convives s’amusent aux dépens les uns des autres, tu es le premier à rire de ta
calvitie, tu as presque l’air d’en être fier. Eh bien! supporte, sans t’émouvoir, le
discours de Dion; amarre, comme on dit, solidement ton cœur, à l’exemple d’Ulysse,
quand il resta insensible aux injurieuses railleries des femmes; ne te laisse pas
troubler par ce livre... Tu ne le pourrais pas? Allons donc! tu le pourras. Écoute cette
lecture. — Inutile d’ouvrir le livre, je vais te le réciter moi-même; il est assez court,
mais quel charme! quelle grâce! Il se grave dans la mémoire; impossible de l’oublier,
quand même je le voudrais.
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