[9] ἀπογνῶναι δὲ προστασίας ἀδικουμένων, ἀπολελογημένοις
ὑμῖν καὶ τῷ δήμῳ διὰ τῆς μάτην ἐπιχειρήσεως. ὃ
νοῦ μέγεθος ἔχοντος ἦν καὶ πρὸ πείρας ποιῆσαι· νυνὶ
δὲ περιεμείναμεν ὑμᾶς ἐκ τῶν πραγμάτων συμψήφους
ποιήσασθαι, ὅτι πολιτικὴν ἀρετὴν ἱερωσύνῃ συνάπτειν
συγκλώθειν ἐστὶ τὰ ἀσύγκλωστα.
Ὁ πάλαι χρόνος ἤνεγκε τοὺς αὐτοὺς ἱερέας τε καὶ
κριτάς· καὶ γὰρ Αἰγύπτιοι καὶ τὸ Ἑβραίων ἔθνος χρόνον
συχνὸν ὑπὸ τῶν ἱερέων ἐβασιλεύθησαν. εἶτ´ ἐπειδή
μοι δοκεῖ τὸ θεῖον ἔργον ἀνθρωπίνως ἐπράττετο, διῴκισεν
ὁ θεὸς τοὺς βίους, καὶ ὃ μὲν ἱερὸς ὃ δὲ ἡγεμονικὸς
ἀπεδείχθη· τοὺς μὲν γὰρ εἰς ὕλην ἐπέστρεψε, τοὺς δὲ
συνέταξεν ἑαυτῷ. τετάχαται δὲ οἳ μὲν πρὸς τοῖς πράγμασιν
ἡμεῖς δὲ ἐν ταῖς εὐχαῖς εἶναι, τὸ δὲ καλὸν ἀπαιτεῖ
παρ´ ἀμφοῖν ὁ θεός. τί οὖν ἐπανάγεις; τί δὲ συνάπτειν
πειρᾷ τὰ κεχωρισμένα παρὰ θεοῦ, ὃς οὐδὲ
διοικεῖν ἡμᾶς ἀλλὰ παραδιοικεῖν ἀξιοῖς, οὗ τί γένοιτ´
ἂν ἀθλιώτερον; προστάτου σοι δεῖ; βάδιζε παρὰ τὸν
ἐπιτροπεύοντα τῶν νόμων τῆς πολιτείας. τοῦ θεοῦ
σοί τι δεῖ; ἴθι παρὰ τὸν ἱερέα τῆς πόλεως, οὐχ ὡς ἐνταῦθ´
ἐνὸν τὸ πάντως ἐπιτυχεῖν, ἀλλ´ ὡς ἐγὼ
προθυμήσομαι. ἂν δ´ ἐπιτρέπῃ τις ἠρεμεῖν, τάχα ποτὲ
καὶ δυνήσομαι· ἅμα γάρ τις ἀποστρέφεται τὴν ὕλην καὶ
πρὸς θεὸν ἐπιστρέφεται. θεωρία τέλος ἐστὶν ἱερωσύνης
μὴ ψευδομένης τὸ ὄνομα, θεωρία δὲ καὶ πρᾶξις οὐκ
ἀξιοῦσι συγγίνεσθαι. ὁρμὴ μὲν γὰρ ἀρχὴ πράξεων, οὐδεμία
δὲ ἀπαθὴς ἀλλὰ δεῖ κενὴν εἶναι παθῶν τὴν ψυχὴν
τὴν μέλλουσαν ἔσεσθαι δοχεῖον θεοῦ· μὴ καθαρῷ
γάρ φησι καθαροῦ ἐφάπτεσθαι μὴ οὐ θεμιτὸν ᾖ. σχολάσατε
καὶ γνῶτε ὅτι ἐγώ εἰμι ὁ θεός. σχολῆς
δεῖ τῷ μετὰ φιλοσοφίας ἱερατεύοντι.
| [9] Si nous renonçons désormais à prendre en main la cause des opprimés, ne
sommes-nous pas suffisamment excusés auprès de vous par l’inutilité de nos efforts?
Sans doute, avant d’avoir constaté son impuissance, un homme de cœur devait
essayer d’agir. J’ai attendu que l’épreuve fût faite pour vous amener aujourd’hui à
reconnaître avec moi que vouloir joindre l’administration des affaires publiques au
sacerdoce, c’est prétendre unir ce qui ne peut s’unir. Dans les premiers âges, les
mêmes hommes étaient prêtres et juges tout à la fois. Longtemps les Egyptiens et les
Hébreux obéirent à leurs pontifes; puis, quand l’œuvre divine commença à s’opérer
par des moyens humains, Dieu sépara les deux existences : l’une resta religieuse,
l’autre politique. Il abaissa les juges aux choses de la terre, il s’associa les prêtres: les
uns furent destinés aux affaires, les autres établis pour la prière. Dieu n’exige des uns
et des autres que ce qui est conforme à leur caractère. Pourquoi donc revenir aux
temps anciens? Pourquoi réunir ce que Dieu a séparé? Vous voulez que nous nous
mêlions des affaires publiques, dites plutôt que nous manquions à notre mission; et
rien ne pourrait être plus déplorable. Vous avez besoin d’un défenseur, allez trouver le
magistrat; vous avez besoin des choses de Dieu, allez trouver le prêtre. Ce n’est pas
que je puisse vous donner tous les secours spirituels que vous souhaitez, mais j’y ferai
du moins tous mes efforts; et mes efforts seront peut-être heureux, si l’on ne
m’arrache pas à mon paisible ministère. Dès que le prêtre se dégage des occupations
terrestres, il s’élève vers Dieu. La contemplation est sa fin, s’il est vraiment digne du
nom qu’il porte. Mais la contemplation et l’action ne peuvent s’associer. Pour l’action, il
faut un mouvement de la volonté excitée par quelque passion; mais toute passion doit
être étrangère à l’âme qui veut recevoir Dieu; car à celui qui n’est pas pur, dit un
ancien, il est interdit de toucher à ce qui est pur. Tenez-vous en repos et sachez que
je suis votre Dieu. Le repos est nécessaire au philosophe chargé du ministère sacré.
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