[7] οὔκουν οὐδὲ τοῖς ἐκ φιλοσοφίας δόγμασι τοῦ παρόντος πάθους ἐκράτησα, ἀλλὰ Ἀνδρόνικος ἀντιπεριήγαγε, καὶ πρὸς
ταῖς κοιναῖς συμφοραῖς τὸν νοῦν ἔχειν ἐποίησε. καὶ
γεγόνασί μοι συμφοραὶ παραμυθίαι τῶν συμφορῶν,
πρὸς ἑαυτὰς ἀνθέλκουσαι καὶ πάθει πάθος ἐκκρούουσαι.
συνεπιτίθεται δή μοι τῇ πικρᾷ τῶν παρόντων αἰσθήσει
μνήμη τῶν παρελθόντων ἀγαθῶν, ἐξ οἵων ἄρα ἐν
οἵοις γεγόναμεν, καὶ ζῶ πονήρως, ἅμα πάντων ἀφῃρημένος.
τὸ μὲν οὖν μέγιστον τῶν κακῶν, ὅ μοι καὶ
δύσελπιν εἶναι τὸν βίον ποιεῖ, οὐκ εἰωθὼς ἀποτυγχάνειν
ἐν ἱκετείαις θεοῦ, νῦν πρῶτον οἶδα μάτην
εὐξάμενος· ὃς τὴν μὲν οἰκίαν κακῶς πράττουσαν
ὁρῶ, τὴν δὲ πατρίδα δυστυχοῦσαν οἰκεῖν ἀναγκάζομαι.
πᾶσι δὲ ἐκκείμενος ἐφ´ ᾧ προσανακλάεσθαι
καὶ τὰ καθ´ αὑτὸν ἕκαστον ὀλοφύρεσθαι, ἔλεον αὐτοὺς
ἀνόνητον ἐλεῶ. καὶ πρόσεστι τὸ αἰσχύνεσθαι ὅτι
πολίτην ἄνδρα χρησάμενον συμφοραῖς καὶ κλαπέντα
χρυσίον δημόσιον, ἀπαιτήσας στατῆρας ὑπὲρ μυρίους,
ἔγνωκεν ἀναβολὴν μὴ διδοὺς ἀποκτεῖναι διὰ χιλίους,
μᾶλλον δὲ δι´ ἐμέ· δι´ ἐμὲ γὰρ αὐτὸν ἔχει καθείρξας
εἰς ἀνεπιχείρητον φρούριον, ἐν οἵῳ τοὺς Τιτᾶνας δεδέσθαι
ποιητῶν παῖδες φαντάζονται. καὶ ἵνα μὴ
ἀφαιρεθῇ, φησί, παρ´ ἐμοῦ, δεῖ πέμπτην ταύτην ἡμέραν
ἀπόσιτον εἶναι τὸν ἄνθρωπον, εἰσαγωγῆς ἄρτων
ἀπηγορευμένης τοῖς δεσμοφύλαξιν. ἀλλὰ πρῴην αὐτοῦ
κεκραγότος ἅπαντες ἤκουσαν ὡς ὠφελιμώτερος
ἔσται τῶν χιλίων στατήρων ἀποθανὼν ὁ πολιτευόμενος.
διὸ καὶ τοὺς προσιόντας αὐτῷ ἐπὶ τῇ τῶν χωρίων
ὠνῇ φοβεῖ καὶ ταράττει καὶ πάντα τρόπον ἀφίστησιν·
οὐ γάρ, οἶμαι, δεῖ τοῦ χρυσίου, τοῦ δὲ τεθνάναι
τὸν ἄνθρωπον δεῖ. ἐγὼ δὲ οὔτε ἰσχυρός εἰμι
πρὸς τὸ τείχεσιν ἐρυμνοῖς προσβαλεῖν, οὔτ´ εὐμήχανος
εἰσερπύσαι καὶ τῆς συμφορᾶς ἐξελέσθαι τὸν
ἄνθρωπον. παρίησι δέ, φασί τινες, οὐδεὶς οὐδένα· οἱ γὰρ
ὑπηρέται φύσει μέν εἰσιν οἵτινές εἰσι, νῦν δὲ καὶ πρὸς
παράδειγμα ζῶσιν Ἀνδρόνικον, ὃς ἐπὶ τῷ τὴν ἐκκλησίαν
ἀτιμοῦν προκαθέζεται.
| [7] Dans mon deuil je demandais en vain des consolations à la philosophie. Mais
Andronicus est venu faire diversion à mes douleurs; il m’a forcé de songer surtout aux
calamités publiques. Ainsi des malheurs nouveaux me font oublier les malheurs
précédents; les peines sont remplacées par d’autres peines. Au sentiment amer de
mes infortunes présentes se joint le regret de ma félicité passée tant de bonheur jadis!
tant de tourments aujourd’hui! Ainsi je vis dans la tristesse ; j’ai tout perdu à la fois. Et
ce qui met le comble à mes maux, ce qui fait surtout que l’existence m’est à charge,
c’est que jusqu’ici jamais je n’avais prié Dieu en vain; et maintenant, je ne le sens que
trop, les supplications que je lui adresse sont inutiles. Je suis frappé dans ma famille;
ma patrie n’offre à mes regards que sujets d’affliction. Dans le poste que j’occupe, tous
les infortunés viennent me raconter leurs chagrins; je suis le confident de leur
désespoir, et je ne puis leur accorder qu’une vaine pitié! Mais voici surtout ce qui me
couvre de confusion. On a volé, à un malheureux citoyen, les deniers publics confiés à
sa garde : Andronicus réclame la somme, plus de dix mille statères; il la reçoit,
presque tout entière; mais il lui faut, sans aucun délai, le remboursement intégral; il
veut faire périr le débiteur, à cause de mille statères qui restent à payer, ou plutôt à
cause de moi. Oui, c’est bien à cause de moi qu’il le fait enfermer dans un fort
inaccessible, comme celui où les Titans furent enchaînés, au dire des poètes. Pour
m’empêcher, dit-il, de faire sortir le prisonnier de son cachot, voilà cinq jours qu’il lui
refuse toute nourriture; les geôliers ont défense de porter du pain aux captifs. Naguère
tout le monde a pu entendre Andronicus crier qu’il trouverait moins de profit à recevoir
mille statères qu’à faire mourir un fonctionnaire: aussi, quand des acheteurs se
présentent pour acquérir les biens de son débiteur, il les épouvante et les éloigne par
ses menaces; car ce qu’il lui faut, ce n’est pas de l’argent, mais la mort de sa victime.
Pour moi, je ne suis pas assez fort pour renverser des murs aussi solides, ni assez
adroit pour me glisser sans être aperçu dans le cachot, et délivrer ce malheureux. On
ne peut compter, comme on dit, sur aucun des gardiens pour faire entrer personne.
Quels qu’ils soient par nature, aujourd’hui tous ces geôliers se modèlent sur
Andronicus, qui semble n’avoir été élevé en dignité que pour insulter l’Église.
|