HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Synesius de Cyrène (c. 373 - c. 414), Contre Andronicus

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6] ἀλλ´ ἅμα τε παρῆν ἐνθάδε καὶ τὰ δεινὰ πάντα παρῆν, καὶ χορηγὸς πάντων Ἀνδρόνικος, δαίμων ἀρήιος, ἄπληστος συμφορῶν, τῆς πόλεως τοῖς λειψάνοις ἐγκείμενος. ἔα, πανταχοῦ τῆς ἀγορᾶς ἀνδρῶν οἰμωγαί, γυναικῶν ὀλολυγαί, παίδων ὀλοφυρμοί. σχῆμα πόλεως ἑαλωκυίας αὐτῇ περιτέθεικεν, ἧς τὸ κάλλιστον μέρος ἀποτεμόμενος τίσεως χωρίον ὀνομασθῆναι γέγονεν αἴτιος, τὴν στοὰν τὴν βασίλειον, τὸ πάλαι κριτήριον, ἀποδείξας βασανιστήριον. ταύτην δαίμοσι ποινίμοις, οἷς ἑαυτὸν ἄρα προσένειμε, βωμὸν καὶ τράπεζαν παρέθηκεν. πόσοις αὐτοὺς πολιτῶν εἱστίασε δάκρυσι. ποῖοι Ταυροσκύθαι, τίνες Λακεδαιμόνιοι τοσοῦτο τῷ διὰ τῶν μαστίγων αἵματι τὴν παρ´ αὑτοῖς ἐτίμησαν Ἄρτεμιν; δρόμος ἁπάντων εὐθὺς ἐπ´ ἐμέ, καὶ πανταχόθεν εὐθὺς ἐβαλλόμην ἀκοῇ καὶ θέᾳ κακῶν. νουθετήσας οὐκ ἔπεισα, ἐπιτιμήσας ἠρέθισα. παρὼν καιρὸς ἤλεγξεν ἡμῶν τὴν ἀσθένειαν, ἣν μέχρι νῦν ἔκρυψεν ἀπὸ τῶν ἀνθρώπων θεός· συγχωρουμένων γὰρ ἀεὶ τιμὴν καρπωσάμενος παρέσχον ὑποψίαν τῇ πατρίδι δυνάμεως. καὶ τοῦτο τὸ χαλεπώτατον τῶν συμβεβηκότων ἐστί μοι· πρὸς γὰρ τὴν ἐλπίδα τῶν ἠγνοηκότων με κρίνομαι. οὐδὲ γὰρ πείθω λέγων αὐτοῖς ὡς οὐ δύναμαι, ἀλλ´ ἀξιοῦμαι πάντα τὰ δίκαια δύνασθαι. περίεστιν οὖν αἰσχύνεσθαι καὶ λυπεῖσθαι. πάθος εὐθὺς ἐν ψυχῇ, καὶ ποικιλία φροντίδων καὶ εἰδωλοποιία πραγμάτων καὶ μακρὰν θεός. εἰ δαιμόνων εἰσὶ προσβολαὶ τὰ γινόμενα δι´ Ἀνδρονίκου, πᾶν ἐποίησαν ὅσον ἐβούλοντο. οὐκέτι τῆς συνήθους ἐν εὐχαῖς γλυκυθυμίας ᾐσθόμην, ἀλλὰ τὸ μὲν σχῆμα εὐχῆς, ἐγὼ δὲ περιηνέχθην ἁπανταχοῦ τῶν πραγμάτων ὀργῇ καὶ λύπῃ καὶ πᾶσι πάθεσι μεριζόμενος. καίτοι διὰ νοῦ τῷ θεῷ συγγινόμεθα, γλῶττα δὲ ἀνθρώποις τὰ πρὸς ἀνθρώπους ὑπηρετεῖ. εἰ τοίνυν ἐν εὐχαῖς ἀπροσεξίαν ἠτύχηκα καὶ παρὰ πόδας πεῖρα, τῆς γέ τοι τοῦ βίου μεταβολῆς οὐ ταύτῃ μόνον εἰς κακὸν ἀπολέλαυκα, ἐξ ἀπροσεξίας εὑρόμενος πράγματα, ἀλλ´ ἀπενθὴς τὸ μέχρι πρῴην διαγενόμενος, νεκρὸν ἐπεῖδον οὗ προαποθανεῖν ηὐχόμην· οὕτω πικροῖς ἡμᾶς πόλις ἐπιβατηρίοις ἐξένισεν. ὡς ἅμα τοῖς ἀνθρώποις τὰ πράγματα νῦν μὲν ἄνω νῦν δὲ κάτω χωρεῖ, καὶ ῥοῦς ἥκει φέρων ἀθρόα πολλά, νῦν μὲν αἴσια νῦν δὲ ἀπαίσια. ἀλλ´ ἐπειδή μοι συνέπεσεν ἀποβαλεῖν τῶν παιδίων τὸ φίλτατον, κἂν εἰργασάμην τι δεινὸν αὐτὸς ἐμαυτόν· οὕτως ἑαλώκειν τοῦ πάθους. ἔγωγέ τοι τὰ μὲν ἄλλα ἄρρην εἰμί (λέγω δὲ ἐν εἰδόσι), καὶ τὰ πολλὰ δουλεύω τῷ λόγῳ, συνηθείας δὲ οὕτω τι ἥττων ὡς ταύτῃ κρατεῖν τὴν ἀλογίαν τοῦ λόγου. [6] Tous les maux sont venus fondre sur moi ; Andronicus y a mis le comble, Andronicus, ce démon cruel, insatiable, qui s’acharne sur les restes de notre pairie. Hélas! on n’a plus entendu sur la place que les gémissements des hommes, les hurlements des femmes, les lamentations des enfants; la cité a présenté l’aspect d’une ville prise d’assaut. Un portique royal, qui en faisait le plus bel ornement, et où se rendait jadis la justice, est devenu le lieu des exécutions : c’est là qu’Andronicus a dressé l’autel et la table pour les bourreaux, pour les démons auxquels il s’est associé. Oh ! comme il les a rassasiés des larmes des citoyens! Les Tauroscythes, les Lacédémoniens ont-ils jamais fait couler autant de sang sous le fouet pour honorer leur Diane? Alors de tous côtés on est accouru vers moi; le récit, le spectacle de tant de calamités exigeaient mon intervention. Mes représentations n’ont pas arrêté Andronicus; mes reproches n’ont fait que l’exaspérer. Ainsi s’est manifestée mon impuissance, que jusqu’ici Dieu avait cachée à tous les yeux. La réussite dans les affaires dont j’avais été chargé m’avait fait honneur, et on me croyait dans mon pays beaucoup d’influence. Dans mes chagrins ce qui m’est le plus pénible, c’est la pensée que l’on me juge d’après l’espoir que placent en moi ceux qui se font une fausse idée de mon crédit. J’ai beau assurer que je ne peux rien, on persiste à croire que je peux tout ce qui est juste. Je reste accablé de honte et de tristesse. Je suis en proie aux agitations de l’âme, aux inquiétudes de toute espèce; j’ai mille préoccupations, et Dieu est loin de moi. Si les démons ont voulu m’éprouver en déchaînant Andronicus, ils doivent être pleinement satisfaits. Je ne sens plus, comme autrefois, de plaisir à prier; ma prière n’en est plus une. Je suis emporté par la douleur, par la colère; toutes les passions se disputent mon cœur. C’est par l’âme que nous entrons en rapport avec Dieu; la langue sert à l’homme pour communiquer avec les hommes. Si j’ai ce malheur (et la chose n’est que trop certaine) de ne plus prier avec assez de recueillement, si les soucis m’ont détourné de l’oraison, mon changement de vie m’a apporté encore d’autres infortunes: moi qui jusqu’ici n’avais pas connu le deuil, j’ai vu mourir un fils, qui devait me survivre, si mes vœux avaient été exaucés. Voilà par quelles tristesses j’ai inauguré le ministère auquel vous veniez de m’appeler. Les choses humaines sont inconstantes et mobiles comme les flots; dans leur cours elles ne nous apportent tantôt que des joies, tantôt que des peines. Après avoir perdu le plus cher de mes fils, je fus, tant était grande mon affliction, tenté de mettre fin à mes jours. Contre les autres chagrins je ne manque pas de courage, vous le savez, vous à qui je parle; ma raison prend facilement le dessus; mais quand je souffre dans mes affections, je suis si faible que je me laisse aller au désespoir.


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Dernière mise à jour : 11/07/2008