[4] Ἐμοὶ παιδόθεν παρέστη θεῖον ἀγαθὸν εἶναι σχολὴ
καὶ τοῦ ζῆν εὐμάρεια, τοῦθ´ ὃ ταῖς θείαις φύσεσι προσήκειν
τις ἔφη· αὐτὸ τοῦτ´ εἶναι τὸ τὸν νοῦν ἐκτρέφειν
καὶ συνιστᾶν τῷ θεῷ τὸν ἔχοντά τε αὐτὴν καὶ καρπούμενον.
ὅσα δὴ παισίν ἐστιν ἢ γίνεται πράγματα, τούτων
ὡς ἐλαχίστων ἐγὼ μετέσχον, καὶ ὅσα μειρακίοις καὶ
ὅσα νέοις. καὶ εἰς ἄνδρα παραγγείλας οὐδέν τι
παιδαρίου πρὸς ἀπραγμοσύνην παρήλλαξα, ἀλλ´ ὥσπερ
ἐν πανηγύρει σεμνῇ διεξάγων τὸν βίον διὰ πάσης
ἡλικίας ἵλεων καὶ ἀκύμαντον τῆς ψυχῆς ἐτήρησα τὴν
διάθεσιν. οὐ μὴν διὰ τοῦτο ἀνθρώποις ἀσυντελῆ με
πεποίηκεν ὁ θεός, ἀλλὰ πολλάκις ἡμῖν καὶ ἰδιῶται
καὶ πόλεις εἰς δέον ἐχρήσαντο· ἐδίδου γὰρ ὁ θεὸς δύνασθαί
τε τὰ μέγιστα καὶ τὰ κάλλιστα βούλεσθαι.
τούτων οὐδὲν ἐμὲ φιλοσοφίας ἀφεῖλκεν, οὐδὲ τὴν εὐδαίμονά
μοι σχολὴν ὑπετέμνετο· τὸ γὰρ ὠθισμῷ καὶ
μόχθῳ καὶ μόλις ποιεῖν, τοῦτ´ ἐστὶν ὃ δαπανᾷ τὸν
χρόνον, καὶ τὴν ψυχὴν ἐμβαπτίζει μερίμναις πραγμάτων.
ὅτῳ δὲ εἰπεῖν μόνον καθήκει, ἡ πειθὼ δὲ
ἕπεται, καὶ ὁ λόγος ἀνυσιμώτατός ἐστι παρὰ τοῖς
ἀκούουσι, τίς φειδὼ ῥημάτων, ἵνα δυστυχίας τις
ἐλευθερωθῇ; τίμιον ζῷον ὁ ἄνθρωπος· τίμιον γάρ, εἰ
δι´ αὐτὸν ἐσταυρώθη Χριστός. ἐμοὶ δὴ τὸ πείθειν
ἀνθρώπους εἰς τὸν μέχρι τοῦ παρόντος ἐνιαυτὸν τάχα
μὲν θεῖος κλῆρος ἐγένετο, τάχα δὲ μόλις πραγμάτων
ἁπτόμενος ἐπετύγχανον. νῦν γὰρ δὴ τὸ πρᾶγμα
ἔοικεν ἐξελέγχεσθαι μετὰ πολλῶν ἅτινα σαφῶς ἦν
τοῦ θεοῦ, καὶ τοῦτ´ ἀνετίθην αὐτῷ, καὶ ἔζων μετ´
ἀγαθῶν τῶν ἐλπίδων, ὥσπερ ἐν ἱερῷ περιβόλῳ τῷ
κόσμῳ, ζῷον ἄφετον ἀνειμένον, εὐχῇ καὶ βιβλίῳ καὶ
θήρᾳ μερίζων τὸν βίον· ἵνα γὰρ ὑγιαίνῃ ψυχή τε καὶ
σῶμα, τὸ μέν τι δεῖ πονεῖν, τὸ δὲ αἰτεῖν τὸν θεόν.
| [4] Dès mes premières années j’ai considéré comme un bien vraiment céleste les
douceurs d’une vie paisible et facile : un tel sort, a-t-on dit, est le privilège des esprits
divins; l’homme assez fortuné pour goûter ici-bas cette existence calme élève son
intelligence et se rapproche de Dieu. Les occupations et les amusements de l’enfance
m’ont laissé indifférent, aussi bien que ceux de l’adolescence et de la jeunesse. Arrivé
à l’âge viril, mes goûts et mon humeur n’ont point changé : loin du tumulte des affaires,
ma vie tout entière a été comme une fête perpétuelle; mon âme se maintenait dans
une heureuse quiétude. Dieu n’a pas voulu cependant que je vécusse inutile : plus
d’une fois, dans leurs besoins, les particuliers et les cités ont eu recours à mes
services. Grâce à la faveur divine, je jouissais de beaucoup de crédit, et je n’en usais
que pour le bien. Mais c’étaient des soins que je pouvais prendre sans me détourner
de la philosophie, sans m’arracher à mon doux repos. N’agir qu’avec de laborieux
efforts et à contrecœur, c’est perdre véritablement son temps, et se plonger dans les
ennuis et dans les tracas. Mais quand il suffit d’ouvrir la bouche pour persuader les
auditeurs, quand les paroles ont par elles-mêmes une action assez efficace, et
peuvent sauver des malheureux, voudrait-on se montrer avare de discours? L’homme
est d’un grand prix, oui, d’un bien grand prix, car c’est pour lui que le Christ a été mis
en croix. Jusqu’à présent j’avais toujours eu, grâce au ciel, la chance de persuader
ceux auxquels je m’étais adressé; et les affaires dont je m’étais mêlé, quoique à
regret, avaient eu une heureuse issue. Mais aujourd’hui c’en est fini de cette faveur,
comme de toutes celles dont Dieu me comblait. Je vivais dans ce monde, comme
dans un asile sacré, me nourrissant des plus douces espérances, libre, indépendant,
partageant mon existence entre la prière, la lecture et la chasse; car, pour nous
conserver la santé de l’âme et du corps, il faut qu’à nos propres efforts s’ajoute
l’assistance de Dieu.
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