[11] οὐχ ἅπας ἅπαντα δύναται.
ἐγὼ συγγινόμενος ἐμαυτῷ καὶ διὰ νοῦ τῷ
θεῷ, καταβὰς ἀπὸ θεωρίας δύναμαι συνουσίας ποιεῖσθαι
οὐκ ἀχρήστους πρὸς ἕνα καὶ δύο· καὶ οὐδὲ τούτους
ἀγελαίους, ἀλλ´ οἵτινες εἶεν ἢ φύσεως λαχόντες
ἢ ἀγωγῆς εὐτυχήσαντες, ὥστε νοῦν τεθαυμακέναι πρὸ
σώματος. ἀλλὰ καὶ διὰ πολλοῦ πραγμάτων ἁπτόμενος
μετὰ τῆς ἐμαυτοῦ ῥᾳστώνης, γενοίμην ἂν τῷ καιρῷ
χρήσιμος· καταχωννύμενος δὲ ὑπ´ αὐτῶν ἐμαυτοῦ τε
ἐπιλήσμων εἰμὶ καὶ τῶν πραγμάτων ζημίαν ποιῶ· οὐ
γὰρ ἔστι μισοῦντα καλῶς τι ποιεῖν. ἀλλ´ ὁ μὴ πάσῃ
τῇ γνώμῃ δεδογμένα ποιῶν ἄθυμος ἔρχεται πρὸς τὴν
πρᾶξιν ἧς προστῆναι δεῖ· ὅστις δὲ πρὸς μὲν σχολὴν
ἀνοικείως ἔχει, καὶ οὐκ ἔστιν ὅπως ἂν τῷ σχολάζοντι
χρήσαιτο, αὐτὸ δὲ τὸ πᾶν ὅπερ ἐστὶ δημωφελέστατος
ἄνθρωπος πολυχωροτάτη ψυχὴ ταῖς ἁπάντων ἀρκοῦσα
φροντίσιν, ὅστις δὴ πέφυκεν οὕτω καὶ βούλεται, ὁ
τοιοῦτος κἂν χάριν εἰδείη ταῖς ἑλκούσαις αὐτὸν ἐφ´
ἑαυτὰς περιστάσεσιν· ὑποθέσεις γὰρ αὐτοῦ τῇ φύσει
πορίζονται, καὶ μέγιστον εἰς τὸ κατορθοῦν ἐφόδιον ἡ
φιλία τοῦ πράγματος. αἱρετέος οὖν ἅπασιν ἡμῖν ὁ
λυσιτελέστερος ἄνθρωπος, καὶ ἀνθαιρετέος ἡμῶν οἳ
μόλις μόνοι σωζόμεθα. τί κεκράγατε; οὐ διότι μήπω
γέγονεν, ἄξιόν ἐστι μηδὲ νῦν γενέσθαι; πολλὰ τῶν
δεόντων ὁ χρόνος ἐξεῦρε καὶ κατωρθώσατο. οὐχ ἅπαντα
πρὸς παράδειγμα γίνεται. καὶ τῶν γενομένων ἕκαστον
ἀρχὴν ἔσχε, καὶ πρὶν γενέσθαι μήπω γενόμενον
ἦν. ἀξιώτερόν ἐστι προτιμηθῆναι τῆς συνηθείας
τὸ χρήσιμον. ἡμεῖς ἀρχὴν δῶμεν ἔθει βελτίονι.
ἀνθαιρετέος οὖν ἡμῶν ἢ μεθ´ ἡμῶν αἱρετέος,
πάντως δὲ αἱρετέος ὁ ἄνθρωπος. ὅστις ἂν ᾖ, πάντως
ἐμοῦ τὰ πολιτικὰ μακρῷ φανεῖται σοφώτερος, καὶ δυνήσεται
τὰ δύστηνα ταῦτ´ ἀνθρώπια ὑπὲρ ὑμῶν ἐξομιλεῖν
καὶ μεταχειρίζεσθαι. οὐκοῦν εἰ μήπω δοκεῖ,
τοῦτο μὲν ἐσαῦθις ἀναθώμεθα· ἔξεστι γὰρ ὑπὲρ αὐτοῦ
κατὰ μόνας καὶ μετ´ ἀλλήλων βουλεύσασθαι. νυνὶ
δὲ οἷς τὸ συνέδριον μετῆλθε τὴν Ἀνδρονίκου μανίαν
ἀκούσατε.
| [11] Tous ne peuvent pas toutes choses. Pour moi, vivant avec moi-même, et
vivant aussi par la pensée avec Dieu, je puis, au sortir de la méditation, converser
avec une ou deux personnes, non sans quelque profit pour elles; mais à une condition,
c’est qu’elles ne soient pas du vulgaire, et qu’elles tiennent de la nature ou de
l’éducation des sentiments assez élevés pour mettre l’âme au-dessus du corps.
D’ailleurs, en prenant mon temps pour m’occuper d’affaires et en m’y préparant à
loisir, je puis encore à l’occasion rendre des services; mais si je suis trop pressé, tout
en me sacrifiant je n’arrive à rien faire de bon. Car comment bien faire une chose qui
n’inspire que du dégoût? Il faut une pleine résolution pour ne pas se porter mollement
à l’œuvre dont on est chargé. Mais c’est à celui qui n’aime pas le repos et qui ne peut
se décider à prendre du loisir, de se vouer tout entier au service du public; il peut
poursuivre beaucoup d’affaires à la fois, et soutenir à lui seul les intérêts de tous; qu’il
suive ses inclinations naturelles: il trouve du plaisir aux occupations qui l’appellent, car
elles lui donnent l’occasion de satisfaire ses goûts; et pour mener à bonne fin ce que
l’on entreprend, il n’est rien de tel que d’aimer le travail auquel on s’applique. Tous
ensemble faisons donc choix d’un homme qui puisse vous être utile; qu’il soit mis à ma
place, car c’est à peine si je suis capable de me défendre moi-même... Quoi! vous
vous récriez!... Parce que cela ne s’est pas encore vu, faut-il que cela ne se voie pas
aujourd’hui? Les circonstances n’ont-elles pas souvent révélé et prescrit ce qu’il
convenait de faire? On ne se règle pas uniquement d’après les usages du passé; il y a
eu commencement à tout, et rien de ce qui s’est fait ne s’était toujours fait. Consultons
nos intérêts plutôt que la coutume; donnons un exemple qui sera bon à suivre. Oui,
nommez-moi un successeur, ou tout au moins un coadjuteur; mais dans tous les cas
nommez quelqu’un: celui que vous aurez choisi s’entendra mieux que moi à traiter les
affaires de la cité; il saura aborder et adoucir les misérables qui vous tourmentent... Si
cette proposition ne vous agrée pas encore, eh bien! nous en reparlerons plus tard;
nous prendrons alors le parti le plus conforme à vos intérêts et aux miens. Mais en
attendant écoutez la sentence que j’ai cru devoir porter, après avoir pris l’avis de mon
conseil, contre ce furieux Andronicus.
|