[17c,8] Ἀρτεμίδωρος δ´ Ἐρατοσθένει μὲν ἀντιλέγει, διότι
Λίξον τινά φησι πόλιν περὶ τὰ ἄκρα τῆς Μαυρουσίας
τὰ ἑσπέρια ἀντὶ Λυγγός· Φοινικικὰς δὲ πόλεις κατεσπασμένας
παμπόλλας τινάς, ὧν οὐδὲν ἰδεῖν ἔστιν
ἴχνος· ἐν δὲ τοῖς ἑσπερίοις Αἰθίοψι ταῖς τε ὀρθριναῖς
ὥραις καὶ ταῖς δειλιναῖς παχεῖς καὶ ἀχλυώδεις εἶναι
τοὺς ἀέρας· πῶς γὰρ ἐν αὐχμώδεσι καὶ καυματηροῖς
τόποις ταῦτ´ εἶναι; αὐτὸς δὲ τούτων πολὺ χείρω λέγει
περὶ τοὺς αὐτοὺς τόπους· μετανάστας γάρ τινας ἱστορεῖ
Λωτοφάγους, οἳ τὴν ἄνυδρον νέμοιντο, σιτοῖντο
δὲ λωτόν, πόαν τινὰ καὶ ῥίζαν, ἐφ´ ἧς οὐδὲν δέοιντο
ποτοῦ. παρήκειν δ´ αὐτοὺς μέχρι τῶν ὑπὲρ Κυρήνης
τόπων· τοὺς δ´ ἐκεῖ καὶ γαλακτοποτεῖν καὶ κρεωφαγεῖν,
καίπερ ταυτοκλινεῖς ὄντας. καὶ Γαβίνιος δὲ ὁ
τῶν Ῥωμαίων συγγραφεὺς οὐκ ἀπέχεται τῆς τερατολογίας
τῆς περὶ τὴν Μαυρουσίαν· πρὸς γὰρ τῇ Λυγγὶ
Ἀνταίου μνῆμα ἱστορεῖ καὶ σκελετὸν πηχῶν ἑξήκοντα,
ὃν Σερτώριον γυμνῶσαι καὶ πάλιν ἐπιβαλεῖν γῆν. καὶ
τὰ περὶ τῶν ἐλεφάντων μυθώδη· φησὶ γὰρ τἆλλα μὲν
θηρία φεύγειν τὸ πῦρ, τοὺς δ´ ἐλέφαντας πολεμεῖν
καὶ ἀμύνεσθαι, διότι τὴν ὕλην φθείρει· πρὸς δὲ τοὺς
ἀνθρώπους διαμάχεσθαι, κατασκόπους προπέμποντας,
καὶ ὅταν ἴδωσιν ἐκείνους {φεύγοντας}, φεύγειν
καὶ αὐτούς, ἐπειδὰν δὲ τραύματα λάβωσιν, ἱκετηρίαν
προτείνειν κλάδους ἢ βοτάνην ἢ κόνιν.
| [17c,8] Artémidore adresse à Eratosthène, {au sujet de la Maurusie,} plusieurs
critiques : il lui reproche d'avoir appelé Lixus, et non Lynx, certaine
ville située à l'extrémité occidentale du pays ; d'avoir parlé de
plusieurs centaines de villes phéniciennes répandues sur cette côte, bien
qu'on n'y retrouve pas trace d'une seule ; enfin d'avoir dit que, dans le
pays des Ethiopiens occidentaux, il y a d'épais brouillards tous les
jours, le matin et le soir. Car, ajoute-t-il, comment concilier cette
dernière circonstance avec la sécheresse habituelle de cette contrée et
l'extrême chaleur qui y règne ? - Mais lui qui parle, dirons-nous à notre
tour, il énonce sur le même pays de bien autres énormités, quand il parle,
par exemple, d'émigrants lotophages qui seraient venus habiter toute la
région privée d'eau et y auraient trouvé pour unique nourriture les
feuilles et la racine du lotus, qui du moins dispense de boire, et que,
prolongeant ensuite le territoire de ce peuple jusqu'au-dessus de Cyrène,
il nous le montre là, c'est-à-dire sous le même climat, buvant du lait et
mangeant de la viande ! Gabinius, auteur d'une Histoire romaine célèbre,
n'a guère su éviter non plus le merveilleux dans ce qu'il dit de la
Maurusie, témoin ce prétendu tombeau d'Antée qu'il signale dans le
voisinage de Lynx et ce squelette long de 60 coudées, que Sertorius aurait
exhumé, puis enterré de nouveau ; témoin aussi ces détails passablement
fabuleux sur les éléphants, qu'à la différence des autres animaux, qui
fuient devant le feu, eux le combattent et cherchent à le repousser comme
étant le plus grand ennemi des forêts ; que, dans leurs combats contre
l'homme, ils se font précéder d'éclaireurs et qu'ils prennent la fuite
quand ils voient ceux-ci {fuir} ; qu'enfin, lorsqu'ils se sentent
grièvement blessés, ils tendent à leurs vainqueurs comme pour implorer
leur pitié une branche d'arbre, une touffe d'herbe ou un peu de poussière.
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