| [17c,7] Οὕτω δ´ εὐδαίμονα χώραν οἰκοῦντες τὴν πλείστην
 οἱ Μαυρούσιοι διατελοῦσιν ὅμως καὶ μέχρι δεῦρο τοῦ
 χρόνου νομαδικῶς ζῶντες οἱ πολλοί. καλλωπίζονται 
 δ´ ὅμως κόμης ἐμπλοκῇ καὶ πώγωνι καὶ χρυσοφορίᾳ
 σμήξει τε ὀδόντων καὶ ὀνυχισμῷ· σπάνιόν τε ἂν ἴδοις
 ἁπτομένους ἀλλήλων ἐν τοῖς περιπάτοις τοῦ παραμένειν 
 αὐτοῖς ἄθικτον τὸν κόσμον τῶν τριχῶν. μάχονται
 δ´ ἱππόται τὸ πλέον ἀπὸ ἄκοντος, σχοινοχαλίνοις χρώμενοι 
 τοῖς ἵπποις καὶ γυμνοῖς· ἔχουσι δὲ καὶ μαχαίρας· 
 οἱ δὲ πεζοὶ τὰς τῶν ἐλεφάντων δορὰς ὡς ἀσπίδας
 προβάλλονται· τὰς δὲ τῶν λεόντων καὶ παρδάλεων
 καὶ ἄρκτων ἀμπέχονται καὶ ἐγκοιμῶνται. σχεδὸν δέ τι
 καὶ οὗτοι καὶ οἱ ἐφεξῆς Μασαισύλιοι καὶ κοινῶς Λίβυες 
 κατὰ τὸ πλέον ὁμοιόσκευοί εἰσι καὶ τὰ ἄλλα ἐμφερεῖς, 
 μικροῖς ἵπποις χρώμενοι, ὀξέσι δὲ καὶ εὐπειθέσιν 
 ὥστ´ ἀπὸ ῥαβδίου οἰακίζεσθαι· περιτραχήλια
 δὲ ξύλινα ἢ τρίχινα, ἀφ´ ὧν ὁ ῥυτὴρ ἀπήρτηται· ἔνιοι
 δὲ καὶ χωρὶς ὁλκῆς ἕπονται ὡς κύνες· πέλτη μικρὰ βυρσίνη, 
 πλατύλογχα μικρά, ἄζωστοι πλατύσημοι χιτῶνες, 
 ἐπιπόρπημα, ὡς ἔφην, δορὰ καὶ προθωράκιον.
 Φαρούσιοι δὲ καὶ Νίγρητες οἱ ὑπὲρ τούτων οἰκοῦντες
 πρὸς τοῖς ἑσπερίοις Αἰθίοψι καὶ τοξεύουσι, καθάπερ
 καὶ οἱ Αἰθίοπες· χρῶνται δὲ καὶ δρεπανηφόροις ἅρμασι· 
 μίσγονται δὲ καὶ τοῖς Μαυρουσίοις οἱ Φαρούσιοι
 διὰ τῆς ἐρήμου σπανίως, ὑπὸ ταῖς κοιλίαις τῶν ἵππων
 ὑπαρτῶντες τοὺς ἀσκοὺς τοῦ ὕδατος· ἔστι δ´ ὅτε καὶ
 εἰς Κίρταν ἀφικνοῦνται διά τινων τόπων ἑλωδῶν καὶ
 λιμνῶν. τινὰς δ´ αὐτῶν καὶ τρωγλοδυτικῶς οἰκεῖν
 φασιν ὀρύττοντας τὴν γῆν. λέγεται δὲ κἀνταῦθα τοὺς
 θερινοὺς ὄμβρους ἐπιπολάζειν, χειμῶνος δὲ εἶναι ἀνυδρίαν. 
 ἐνίους δὲ τῶν ταύτῃ βαρβάρων καὶ ὄφεων καὶ
 ἰχθύων δοραῖς ἀμπεχόναις τε καὶ στρώμασι χρῆσθαι.
 τοὺς δὲ Φαρουσίους ἔνιοί φασιν Ἰνδοὺς εἶναι τοὺς συγκατελθόντας 
 Ἡρακλεῖ δεῦρο. μικρὸν μὲν οὖν πρὸ
 ἡμῶν οἱ περὶ Βόγον βασιλεῖς καὶ Βόκχον κατεῖχον αὐτήν, 
 φίλοι Ῥωμαίων ὄντες· ἐκλιπόντων δὲ τούτων,
 Ἰούβας παρέλαβε τὴν ἀρχήν, δόντος τοῦ Σεβαστοῦ
 Καίσαρος καὶ ταύτην αὐτῷ τὴν ἀρχὴν πρὸς τῇ πατρῴᾳ·
 υἱὸς δ´ ἦν Ἰούβα τοῦ πρὸς Καίσαρα τὸν θεὸν πολεμήσαντος 
 μετὰ Σκιπίωνος. Ἰούβας μὲν οὖν νεωστὶ ἐτελεύτα 
 τὸν βίον, διαδέδεκται δὲ τὴν ἀρχὴν υἱὸς Πτολεμαῖος 
 γεγονὼς ἐξ Ἀντωνίου θυγατρὸς καὶ Κλεοπάτρας.
 | [17c,7] Bien qu'habitant un pays généralement si fertile, les Maurusii ont 
conservé jusqu'à présent les habitudes de la vie nomade. Mais ces 
habitudes n'excluent pas chez eux un goût très vif pour la parure, comme 
l'attestent et leurs longs cheveux tressés et leur barbe toujours bien 
frisée, et les bijoux d'or qu'ils portent et le soin qu'ils ont de leurs 
dents et de leurs ongles. Ajoutons qu'on les voit rarement s'aborder dans 
les promenades publiques et se toucher la main, de peur de déranger si peu 
que ce soit l'économie de leur coiffure. Leurs cavaliers ne combattent 
guère qu'avec la lance et le javelot, ils guident leurs chevaux avec une 
simple corde qui leur tient lieu de mors et les montent toujours sans 
selle. Quelques-uns portent aussi le sabre court ou machaera. Ceux qui 
combattent à pied se servent de peaux d'éléphants en guise de boucliers, 
et de peaux de lions, de léopards ou d'ours en guise de manteaux et de 
couvertures. Au reste, on peut dire que les Maurusii, les Masaesylii leurs 
voisins les plus proches, et tous les peuples compris sous la dénomination 
commune de Libyens, ont les mêmes armes, le même équipement, et en général 
toutes les mêmes habitudes. Ils se servent tous, par exemple, des mêmes 
petits chevaux, si vifs, si ardents, et avec cela si dociles, puisqu'ils 
se laissent conduire avec une simple baguette. On leur passe au cou {pour 
la forme} un harnais léger, en coton ou en crin, auquel est attachée la 
bride, mais il n'est pas rare d'en voir qui suivent leurs maîtres comme 
des chiens, sans qu'on ait même besoin d'une longe pour les tenir en 
laisse. Le petit bouclier rond en cuir est commun aussi à tous ces 
peuples, et il en est de même du javelot court à fer plat, de la tunique 
lâche à larges bandes, et de la peau de bête dont j'ai parlé, agrafée 
par-dessus cette tunique, et qui peut servir de plastron ou de cuirasse. 
Les Pharusii et les Nigrètes qui habitent au-dessus des Maurusii dans le 
voisinage des Ethiopiens occidentaux sont, en outre, comme les Ethiopiens 
eux-mêmes, d'habiles archers. Ajoutons que l'usage des chars armés de faux 
leur est familier. Les Pharusii communiquent bien encore, mais à de rares 
intervalles, avec les Maurusii. Ils suspendent alors, pour la traversée du 
désert, des outres d'eau sous le ventre de leurs chevaux. Dans une autre 
direction, ils poussent jusqu'à Cirta à travers toute une région de marais 
et de lacs. Quelques-unes de leurs tribus vivent, dit-on, sous terre, à la 
façon des Troglodytes, dans des trous creusés exprès. Un autre détail 
qu'on donne sur le pays des Pharusii, c'est que l'été y est la saison des 
grandes pluies et l'hiver, au contraire, la saison sèche. Enfin l'on 
assure que quelques peuples barbares voisins des Pharusii se font des 
manteaux et des couvertures avec des peaux de serpents et des écailles de 
poissons. Certains auteurs voient dans les Maurusii les descendants des 
Indiens qui vinrent en Libye à la suite d'Hercule. A une époque de bien 
peu antérieure à l'époque actuelle, la Maurusie eut pour rois deux princes 
amis du peuple romain, Bogus et Bocchus. Mais, ceux-ci étant morts sans 
laisser de postérité, elle passa aux mains de Juba, qui la reçut en don de 
César Auguste pour l'ajouter à ses Etats héréditaires : Juba était fils du 
prince de même nom qui avait fait la guerre, comme allié de Scipion, au 
divin César. Juba du reste vient de mourir à son tour laissant pour 
successeur et héritier son fils Ptolémée, né d'une fille d'Antoine et de 
Cléopâtre.
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