[17c,4] Τὸ μέντοι τὴν Μαυρουσίαν εὐδαίμονα εἶναι χώραν
πλὴν ὀλίγης ἐρήμου, καὶ ποταμοῖς τε καὶ λίμναις
κεχορηγῆσθαι παρὰ πάντων ὁμολογεῖται. μεγαλόδενδρός
τε καὶ πολύδενδρος ὑπερβαλλόντως ἐστὶ καὶ πάμφορος·
τὰς γοῦν μονοξύλους τραπέζας ποικιλωτάτας
καὶ μεγίστας ἐκείνη τοῖς Ῥωμαίοις χορηγεῖ. τοὺς δὲ
ποταμοὺς ἔχειν φασὶ καὶ κροκοδείλους καὶ ἄλλα γένη
ζῴων ἐμφερῆ τοῖς ἐν τῷ Νείλῳ· τινὲς δὲ καὶ τὰς τοῦ
Νείλου πηγὰς πλησιάζειν οἴονται τοῖς ἄκροις τῆς Μαυρουσίας.
ἐν ποταμῷ δέ τινι γεννᾶσθαι βδέλλας ἑπταπήχεις,
κατατετρημένα ἐχούσας τὰ βραγχία δι´ ὧν
ἀναπνέουσι. καὶ ταῦτα δὲ λέγουσι περὶ τῆς χώρας ὅτι
ἄμπελος φύεται δυσὶν ἀνδράσι τὸ πάχος δυσπερίληπτος,
βότρυν πηχυαῖόν πως ἀποδιδοῦσα· βοτάνη τε
ὑψηλὴ πᾶσα καὶ λάχανον * νεαρὸν καὶ δρακόντιον, οἱ
δὲ τῶν σταφυλίνων καυλοὶ καὶ ἱππομαράθου καὶ σκολύμων
δωδεκαπήχεις, τὸ δὲ πάχος παλαιστῶν τεττάρων·
καὶ δρακόντων δὲ καὶ ἐλεφάντων καὶ δορκάδων
καὶ βουβάλων καὶ τῶν παραπλησίων ζῴων, λεόντων
τε καὶ παρδάλεων, παντοδαπὴ τροφὸς ἡ χώρα ἐστί.
φέρει δὲ καὶ γαλᾶς αἰλούροις ἴσας καὶ ὁμοίας πλὴν ὅτι
τὰ ῥύγχη προπέπτωκε μᾶλλον, πιθήκων τε πάμπολυ
πλῆθος, περὶ ὧν καὶ Ποσειδώνιος εἴρηκεν ὅτι πλέων
ἐκ Γαδείρων εἰς τὴν Ἰταλίαν προσενεχθείη τῇ Λιβυκῇ
παραλίᾳ καὶ ἴδοι τῶν θηρίων μεστόν τινα τούτων ἁλιτενῆ
δρυμόν, τῶν μὲν ἐπὶ τοῖς δένδρεσι τῶν δ´ ἐπὶ
γῆς, ἐχόντων ἐνίων καὶ σκύμνους καὶ ἐπεχόντων μαστόν·
γελᾶν οὖν ὁρῶν βαρυμάστους, ἐνίους δὲ φαλακρούς,
τοὺς δὲ κηλήτας καὶ ἄλλα τοιαῦτα ἐπιφαίνοντας σίνη.
| [17c,4] Il est un point cependant sur lequel tous les témoignages s'accordent,
c'est que la Maurusie, à l'exception de quelques déserts peu étendus, ne
comprend que des terres fertiles et bien pourvues de cours d'eau et de
lacs. Ajoutons qu'elle est très boisée, que les arbres y atteignent une
hauteur prodigieuse et que toutes les productions du sol y abondent. Ces
belles tables d'un seul morceau, notamment, si nuancées de couleurs et de
dimensions si énormes, c'est la Maurusie qui les fournit à Rome. Les
fleuves qui l'arrosent nourrissent, dit-on, des crocodiles, comme le Nil,
et toutes les mêmes espèces d'animaux que l'on trouve dans le Nil.
Quelques auteurs vont jusqu'à croire que les sources du Nil sont voisines
des extrémités de la Maurusie. On parle aussi de sangsues qu'on n'y
pêcherait que dans une certaine rivière et qui, longues de 7 coudées,
auraient pour respirer des branchies percées de part en part. Autres
détails à joindre aux précédents : le pays produit soi-disant une espèce
de vigne tellement grosse, que deux hommes ont de la peine à en embrasser
le tronc et que les grappes qu'elle donne mesurent presque une coudée ;
toutes les herbes, de plus, y sont très hautes ; tel est le cas aussi de
certaines plantes potagères, comme voilà l'arum et le dracontium ; enfin
les tiges des staphylinus, des hippomarathus et des scolymus ont jusqu'à
12 coudées de hauteur avec un diamètre de 4 palmes. Dans un pays aussi
plantureux, les serpents, les éléphants, les gazelles, les bubales et
autres animaux semblables, les lions, les léopards naturellement abondent,
on y signale aussi la présence d'une espèce de belette ayant exactement
même taille et même figure que le chat, si ce n'est que son museau est
plus proéminent ; enfin il s'y trouve une quantité innombrable de singes,
comme l'atteste Posidonius, qui raconte que, jeté sur la côte de Libye
pendant sa traversée de Gadira en Italie, il y vit dans un bois qui
bordait le rivage une multitude de ces animaux, les uns-montés dans les
arbres, les autres assis à terre, et dans le nombre des femelles tenant
leurs petits et leur donnant à téter, et que le spectacle de ces mamelles
pendantes, de ces têtes chauves, de ces descentes et de mainte autre
infirmité exhibée avec complaisance, lui parut singulièrement réjouissant.
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