[17c,3] Πλεῖστα δὲ πλάσματα τῇ Λιβυκῇ παραλίᾳ τῇ ἐκτὸς
προσεψεύσαντο οἱ συγγραφεῖς ἀρξάμενοι ἀπὸ τοῦ
Ὀφέλα περίπλου, περὶ ὧν ἐμνήσθημέν που καὶ πρότερον,
καὶ νῦν δὲ λέγομεν, συγγνώμην αἰτούμενοι τῆς
τερατολογίας, ἐάν που βιασθῶμεν ἐκπεσεῖν εἴς τι τοιοῦτο,
φεύγοντες τὸ πάντα σιγῇ παραπέμπειν καὶ τρόπον
τινὰ πηροῦν τὴν ἱστορίαν. φασὶ δ´ οὖν τὸν Ἐμπορικὸν
κόλπον ἄντρον ἔχειν εἴσω δεχόμενον τὴν θάλατταν
ἐν ταῖς πλημμυρίσι μέχρι καὶ ἑπτὰ σταδίων,
προκείμενον δὲ τούτου ταπεινὸν καὶ ὁμαλὸν χωρίον
ἔχον Ἡρακλέους βωμόν, ὃν οὐκ ἐπικλύζεσθαί φασιν
ὑπὸ τῆς πλημμυρίδος. ἓν δὲ δή τι τῶν πλασμάτων νομίζω
τοῦτο, ἐγγὺς δὲ τούτῳ τὸ ἐν τοῖς ἑξῆς κόλποις
κατοικίας λέγεσθαι παλαιὰς Τυρίων, ἃς ἐρήμους εἶναι
νῦν, οὐκ ἐλαττόνων ἢ τριακοσίων πόλεων, ἃς οἱ Φαρούσιοι
καὶ οἱ Νιγρῖται ἐξεπόρθησαν· διέχειν δὲ τούτους
τῆς Λυγγός φασιν ἡμερῶν τριάκοντα ὁδόν.
| [17c,3] Depuis la première description qui en fut donnée dans le périple
d'Ophélas, tout ce que les historiens ont publié sur cette côte de la
Libye extérieure au détroit n'est qu'un tissu de fables et de mensonges.
Nous en avons donné un échantillon quelque part dans les livres qui
précèdent {et à la rigueur nous pourrions nous en tenir là} : si nous y
revenons présentement, c'est que nous craindrions, en ne tenant aucun
compte des assertions de ces historiens et en les passant purement et
simplement sous silence, de paraître tronquer et mutiler l'histoire. Nous
prierons seulement qu'on nous pardonne si nous-même involontairement,
nous laissant gagner par l'exemple, nous donnons quelque peu dans le
merveilleux. A propos du golfe Emporique, précisément, les historiens
affirment qu'on voit s'ouvrir sur ses bords un antre où la mer pénètre à
marée haute jusqu'à la distance de 7 stades et qu'en avant de cet antre il
existe un terrain bas et uni sur lequel on a bâti un autel d'Hercule, que
le flot respecte et ne submerge jamais. Voilà bien, j'imagine, un de ces
contes inventés à plaisir dont je parlais tout à l'heure. En veut-on un
autre à peu près de même force puisé à la même source ? Il y aurait eu
anciennement dans l'intérieur des golfes qui font suite au golfe Emporique
des établissements tyriens, et ces établissements, dont il ne reste plus
trace aujourd'hui, n'auraient pas compté moins de trois cents villes ; les
trois cents villes, jusqu'à la dernière auraient été détruites par les
Pharusii et les Nigrites, peuples que les mêmes historiens placent à
trente journées de marche de la ville de Lynx.
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