[17c,2] Οἰκοῦσι δ´ ἐνταῦθα Μαυρούσιοι μὲν ὑπὸ τῶν
Ἑλλήνων λεγόμενοι, Μαῦροι δ´ ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων καὶ
τῶν ἐπιχωρίων, Λιβυκὸν ἔθνος μέγα καὶ εὔδαιμον,
ἀντίπορθμον τῇ Ἰβηρίᾳ. κατὰ τοῦτο δὲ καὶ ὁ κατὰ τὰς
στήλας τὰς Ἡρακλείους πορθμός ἐστι, περὶ οὗ πολλὰ
εἴρηται. ἔξω δὲ προελθόντι τοῦ κατὰ τὰς στήλας πορθμοῦ,
τὴν Λιβύην ἐν ἀριστερᾷ ἔχοντι ὄρος ἐστίν, ὅπερ
οἱ μὲν Ἕλληνες Ἄτλαντα καλοῦσιν οἱ βάρβαροι δὲ Δύριν.
ἐντεῦθεν δὲ πρόπους ἔκκειταί τις ὕστατος πρὸς
δύσιν τῆς Μαυρουσίας αἱ Κώτεις λεγόμεναι· πλησίον
δὲ καὶ πολίχνιον μικρὸν ὑπὲρ τῆς θαλάττης, ὅπερ
Τρίγγα καλοῦσιν οἱ βάρβαροι, Λύγγα δ´ ὁ Ἀρτεμίδωρος
προσηγόρευκε, Ἐρατοσθένης δὲ Λίξον· κεῖται δ´
ἀντίπορθμον τοῖς Γαδείροις ἐν διάρματι σταδίων
ὀκτακοσίων, ὅσον ἑκάτερα διέχει τοῦ κατὰ τὰς στήλας
πορθμοῦ· πρὸς νότον δὲ τῇ Λίξῳ καὶ ταῖς Κώτεσι
παράκειται κόλπος Ἐμπορικὸς καλούμενος, ἔχων Φοινικικὰς
ἐμπορικὰς κατοικίας. ἔστι μὲν οὖν πᾶσα ἡ συνεχὴς
τῷ κόλπῳ τούτῳ παραλία κολπώδης, ὑπεξαιρουμένῳ
δὲ τοὺς κόλπους καὶ τὰς ἐξοχὰς κατὰ τὸ σχῆμα
τὸ τριγωνοειδὲς ὃ ὑπέγραψα, νοείσθω μᾶλλον ἐπὶ τὴν
μεσημβρίαν ἅμα καὶ τὴν ἕω λαμβάνουσα τὴν αὔξησιν
ἡ ἤπειρος. τὸ δ´ ὄρος διὰ μέσης ἐκτεινόμενον τῆς
Μαυρουσίας τὸ ἀπὸ τῶν Κώτεων μέχρι καὶ Σύρτεων
οἰκεῖται καὶ αὐτὸ καὶ ἄλλα παράλληλα αὐτῷ κατ´ ἀρχὰς
μὲν ὑπὸ τῶν Μαυρουσίων, ἐν βάθει δὲ τῆς χώρας
ὑπὸ τοῦ μεγίστου τῶν Λιβυκῶν ἐθνῶν, οἳ Γαίτουλοι λέγονται.
| [17c,2] Les peuples qui l'habitent sont appelés Maurusii par les Grecs, Mauri
par les Romains et par les indigènes : ils sont d'origine libyque et
forment une nation puissante et riche en regard des Ibères, dont ils ne
sont séparés que par un bras de mer, le fameux détroit des colonnes
d'Hercule si souvent cité dans le présent ouvrage. Une fois hors du
détroit, si l'on gouverne à gauche, on voit se dresser sur la côte de
Libye une haute montagne, l'Atlas des Grecs, le Dyris des Barbares. Un
contrefort de cette montagne forme en s'avançant dans la mer l'extrémité
occidentale de la Maurusie : c'est ce qu'on appelle les Côtes. Tout près
de ce cap, mais un peu au-dessus de la mer, est une petite ville connue
des Barbares sous le nom de Trinx et qui est appelée Lynx dans Artémidore,
Lixus dans Eratosthène. A cette ville correspond de l'autre côté du
détroit la ville de Gadira et le trajet de l'une à l'autre de ces villes
mesure 800 stades, tout juste autant que la distance de chacune d'elles au
détroit des Colonnes. Lixus et le cap des Côtes sont bordés au midi par le
golfe Emporique, ainsi nommé parce qu'il renferme en effet plus d'un
emporion ou établissement de commerce phénicien. Toute la côte qui fait
suite à ce golfe est sinueuse et découpée, mais si l'on veut bien, étant
donnée la figure triangulaire que nous tracions tout à l'heure, faire
abstraction par la pensée de toutes les parties saillantes ou rentrantes
de cette côte, on concevra aisément que c'est dans la direction du sud-est
que le continent libyque reçoit sa plus grande extension. La chaîne de
montagnes qui traverse toute la Maurusie depuis le cap des Côtes jusqu'aux
Syrtes est habitée par les Maurusii, qui occupent de même les premières
pentes des autres chaînes parallèles à celle-là ; mais plus avant dans
l'intérieur, la montagne n'est plus habitée que par les Gétules, la plus
puissante des nations libyques.
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