[17c,1] Περὶ δὲ Λιβύης ἐφεξῆς λέγωμεν, ὅπερ λείπεται
μέρος τῆς συμπάσης γεωγραφίας. εἴρηται μὲν οὖν καὶ
πρότερον πολλὰ περὶ αὐτῆς, ἀλλὰ καὶ νῦν ὅσα καίρια
προσυπομνηστέον, προστιθέντας καὶ τὰ μὴ λεχθέντα
πρότερον. οἱ μὲν οὖν πρὸς τὰς ἠπείρους τὴν οἰκουμένην
διελόντες ἀνίσως διεῖλον· ἐμφαίνει γὰρ τὸ τριχῆ
τὸ εἰς τρία ἴσα· τοσοῦτο δ´ ἀπολείπεται τοῦ τρίτον
εἶναι μέρος τῆς οἰκουμένης ἡ Λιβύη ὥστε καὶ συντεθεῖσα
μετὰ τῆς Εὐρώπης οὐκ ἂν ἐξισάζειν δόξειε τῇ
Ἀσίᾳ· τάχα δὲ καὶ τῆς Εὐρώπης ἐλάττων ἐστί, κατὰ δὲ
τὴν δύναμιν καὶ πολλῷ τινι· ἔρημος γάρ ἐστιν ἡ
πολλὴ τῆς μεσογαίας καὶ τῆς παρωκεανίτιδος, κατοικίαις
δὲ κατάστικτός ἐστι μικραῖς καὶ σποράσι καὶ νομαδικαῖς
ταῖς πλείσταις· πρὸς δὲ τῇ ἐρημίᾳ καὶ τὸ θηριοτρόφον
ἐξελαύνει καὶ ἐκ τῆς δυναμένης οἰκεῖσθαι·
πολὺ δὲ καὶ τῆς διακεκαυμένης ἐπιλαμβάνει ζώνης. ἡ
μέντοι καθ´ ἡμᾶς εὐδαιμόνως οἰκεῖται πᾶσα παραλία
ἡ μεταξὺ Νείλου καὶ στηλῶν, καὶ μάλιστα ἡ ὑπὸ Καρχηδονίοις
γενομένη· ἀνυδρίαι δέ τινες κἀνταῦθα παρεμπίπτουσιν,
οἷαι περί τε τὰς Σύρτεις καὶ τοὺς Μαρμαρίδας
καὶ τὸν Καταβαθμόν. ἔστι δὲ ὀρθογωνίου
τριγώνου τὸ σχῆμα, ὡς ἄν τις ἐν ἐπιπέδῳ νοήσειε, βάσιν
μὲν ἔχον τὴν καθ´ ἡμᾶς παραλίαν τὴν ἀπὸ τῆς Αἰγύπτου
καὶ Νείλου μέχρι Μαυρουσίας καὶ στηλῶν,
πρὸς ὀρθὰς δὲ ταύτῃ πλευρὰν ἣν ὁ Νεῖλος ποιεῖ μέχρι
Αἰθιοπίας, προσεκβαλλόντων ἡμῶν ἕως Ὠκεανοῦ,
τὴν δ´ ὑποτείνουσαν τῇ ὀρθῇ τὴν παρωκεανῖτιν ἅπασαν
τὴν μεταξὺ Αἰθιόπων καὶ Μαυρουσίων. τὸ μὲν
οὖν κατ´ αὐτὴν τὴν κορυφὴν τοῦ λεχθέντος σχήματος
ἤδη πως ὑποπῖπτον τῇ διακεκαυμένῃ λέγομεν ἐξ εἰκασμοῦ
διὰ τὸ ἀπρόσιτον, ὥστ´ οὐδὲ τὸ μέγιστον πλάτος
τῆς χώρας ἔχοιμεν ἂν λέγειν· τὸ μέντοι τοσοῦτον
ἐν τοῖς πρόσθεν λόγοις ἔφαμεν ὅτι ἐξ Ἀλεξανδρείας
εἰς Μερόην τὸ βασίλειον τῶν Αἰθιόπων πρὸς νότον
ἰόντι στάδιοί εἰσι περὶ μυρίους, ἐκεῖθεν δ´ ἐπ´ εὐθείας
ἐπὶ τοὺς ὅρους τῆς διακεκαυμένης καὶ τῆς οἰκουμένης
ἄλλοι τρισχίλιοι· τὸ γοῦν αὐτὸ θετέον τὸ μέγιστον
πλάτος τῆς Λιβύης, μυρίους καὶ τρισχιλίους ἢ τετρακισχιλίους
σταδίους, μῆκος δὲ μικρῷ ἔλαττον ἢ διπλάσιον.
τὰ καθ´ ὅλου μὲν ταῦτα περὶ Λιβύης· τὰ
καθ´ ἕκαστα δὲ λεκτέον ἀρξαμένοις ἀπὸ τῶν ἑσπερίων
μερῶν καὶ τῶν ἐπιφανεστέρων.
| [17c,1] Abordons maintenant ce qui doit former la dernière partie de notre
Géographie universelle, c'est-à-dire la description de la Libye ; et,
comme nous avons déjà eu occasion à plusieurs reprises de parler de cette
contrée, commençons par rappeler ce que nous en avons dit précédemment
d'essentiel, après quoi nous ajouterons tout ce qui manquait encore. - Ce
que nous ferons remarquer d'abord, c'est que ceux qui ont prétendu diviser
la terre habitable d'après le nombre des continents l'ont très inégalement
divisée : une division en trois parties impliquait que ces parties fussent
égales. Or il s'en faut du tout au tout que la Libye soit le tiers de la
terre habitable, puisqu'on n'arriverait pas, en l'augmentant de l'Europe,
à l'égaler à l'Asie, et qu'on risquerait même, en la comparant à l'Europe,
de la trouver autant inférieure à cette contrée en étendue, qu'elle lui
est sensiblement inférieure sous le rapport de la richesse et de la
fertilité. On sait, en effet, quel aspect la Libye offre, non seulement
dans sa région intérieure, mais dans toute la Parocéanitide : l'aspect de
déserts parsemés, tachetés, pour mieux dire, de rares habitations sans
importance et le plus souvent sans fixité. Et cet inconvénient de vastes
solitudes sans eau n'est pas le seul, il y a encore le voisinage des bêtes
féroces, lequel écarte l'homme de cantons entiers qui autrement seraient
fort habitables. Ajoutons enfin qu'une bonne partie de la Libye se trouve
comprise dans les limites de la zone torride. Il est vrai de dire que tout
le littoral de notre mer Intérieure, depuis le Nil jusqu'aux colonnes
d'Hercule, constitue, notamment dans l'ancien territoire de Carthage, un
pays riche et populeux, bien que là encore les espaces arides, les déserts
ne manquent pas, témoins ceux qu'on rencontre aux abords des Syrtes, des
Marmarides et du Catabathmus.
Représentée sur une carte, sur une surface plane, la Libye figurerait donc
assez exactement un triangle rectangle ayant pour base tout le littoral
précisément de notre mer Intérieure qui va de l'Egypte et du Nil à la
Maurusie et aux colonnes d'Hercule, pour côté perpendiculaire à la base le
cours même du Nil jusqu'à l'Ethiopie et à partir de l'Ethiopie une ligne
droite tirée en manière de prolongement jusqu'aux bords de l'Océan, pour
hypoténuse enfin toute la Parocéanitide de l'Ethiopie à la Maurusie. Du
reste, quand nous disons que la partie de la Libye contiguë au sommet du
triangle en question doit se trouver déjà comprise dans les limites de la
zone torride, nous émettons une pure conjecture, vu que cette région est
absolument inaccessible. Nous ne saurions même, à cause de cela, indiquer
d'une façon précise ce que la Libye a d'étendue dans sa plus grande
largeur. Toutefois en nous reportant à ce que nous avons dit dans les
livres précédents, que la distance comprise entre Alexandrie au nord et
Méroé capitale de l'Ethiopie au sud était de 10 000 stades environ, et
que, de Méroé à la limite commune de la zone torride et de la terre
habitée, on pouvait compter encore 3000 stades, nous sommes autorisé à
supposer que la plus grande largeur de la Libye est de 13 à 14 000 stades
et que sa longueur mesure un peu moins du double de cette distance. Mais
ne poussons pas plus loin ces considérations générales sur la Libye, et
passons aux détails en commençant notre description par la région la plus
occidentale, qui se trouve être en même temps la plus célèbre.
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