[17c,24] Τὰ μὲν οὖν μέρη τῆς καθ´ ἡμᾶς οἰκουμένης οὕτω
διάκειται· ἐπεὶ δ´ οἱ Ῥωμαῖοι τὴν ἀρίστην αὐτῆς καὶ
γνωριμωτάτην κατέχουσιν, ἅπαντας ὑπερβεβλημένοι
τοὺς πρότερον ἡγεμόνας ὧν μνήμην ἴσμεν, ἄξιον διὰ
βραχέων καὶ τὰ τούτων εἰπεῖν. ὅτι μὲν οὖν ἐκ μιᾶς
ὁρμηθέντες πόλεως τῆς Ῥώμης ἅπασαν τὴν Ἰταλίαν
ἔσχον διὰ τὸ πολεμεῖν καὶ πολιτικῶς ἄρχειν εἴρηται,
καὶ διότι μετὰ τὴν Ἰταλίαν τὰ κύκλῳ προσεκτήσαντο
τῇ αὐτῇ ἀρετῇ χρώμενοι. τριῶν δὲ ἠπείρων οὐσῶν τὴν
μὲν Εὐρώπην σχεδόν τι πᾶσαν ἔχουσι πλὴν τῆς ἔξω
τοῦ Ἴστρου καὶ τῶν μεταξὺ τοῦ Ῥήνου καὶ τοῦ Τανάιδος
παρωκεανιτῶν, τῆς δὲ Λιβύης ἡ καθ´ ἡμᾶς παραλία
πᾶσα ὑπ´ αὐτοῖς ἐστιν, ἡ δὲ ἄλλη ἀοίκητός ἐστιν ἢ λυπρῶς
καὶ νομαδικῶς οἰκεῖται. ὁμοίως δὲ καὶ τῆς Ἀσίας
ἡ καθ´ ἡμᾶς παραλία πᾶσα ὑποχείριός ἐστιν, εἰ μή τις
τὰ τῶν Ἀχαιῶν καὶ Ζυγῶν καὶ Ἡνιόχων ἐν λόγῳ τίθεται,
λῃστρικῶς καὶ νομαδικῶς ζώντων ἐν στενοῖς καὶ
λυπροῖς χωρίοις. τῆς δὲ μεσογαίας καὶ τῆς ἐν βάθει
τὴν μὲν ἔχουσιν αὐτοί, τὴν δὲ Παρθυαῖοι καὶ οἱ ὑπὲρ
τούτων βάρβαροι, πρός τε ταῖς ἀνατολαῖς καὶ ταῖς ἄρκτοις
Ἰνδοὶ καὶ Βάκτριοι καὶ Σκύθαι, εἶτ´ Ἄραβες καὶ
Αἰθίοπες· προστίθεται δὲ ἀεί τι παρ´ ἐκείνων αὐτοῖς.
ταύτης δὲ τῆς συμπάσης χώρας τῆς ὑπὸ Ῥωμαίοις ἣ
μὲν βασιλεύεται, ἣν δ´ ἔχουσιν αὐτοὶ καλέσαντες ἐπαρχίαν,
καὶ πέμπουσιν ἡγεμόνας καὶ φορολόγους. εἰσὶ δέ
τινες καὶ ἐλεύθεραι πόλεις, αἱ μὲν ἐξ ἀρχῆς κατὰ φιλίαν
προσελθοῦσαι, τὰς δ´ ἠλευθέρωσαν αὐτοὶ κατὰ τιμήν.
εἰσὶ δὲ καὶ δυνάσται τινὲς καὶ φύλαρχοι καὶ ἱερεῖς
ὑπ´ αὐτοῖς· οὗτοι μὲν δὴ ζῶσι κατά τινας πατρίους νόμους.
| [17c,24] Voilà comment se trouvent distribuées actuellement les différentes
parties de la terre habitée. {Mais ne nous en tenons pas à ce tableau},
et, puisque les Romains, supérieurs à tous les conquérants dont l'histoire
a conservé le souvenir, sont arrivés à posséder ce que la terre habitée
contient de plus riche et de plus célèbre, rappelons ici encore, ne fût-ce
qu'en peu de mots, les principaux traits de leur histoire. Rappelons ce
que nous avons déjà dit plus haut, que, partis d'un point unique, les
Romains, autant par leur habileté politique que par la force de leurs
armes, annexèrent à Rome d'abord toute l'Italie, puis, de proche en proche
et par les mêmes moyens, toutes les contrées environnantes. Or,
aujourd'hui, des trois continents composant la terre habitée voici ce
qu'ils possèdent : de l'Europe, presque tout, sauf la région située au
delà de l'Ister et la région parocéanitique comprise entre le Rhin et le
Tanaïs ; de la Libye, tout le littoral baigné par notre mer Intérieure,
mais rien de plus, tout le reste étant ou inhabitable ou habité seulement
par des populations misérables et nomades ; de l'Asie, également tout le
littoral que baigne notre mer (à moins pourtant qu'on ne croie devoir
tenir compte des possessions des Achaei, des Zygi, des Héniokhi, quelque
stérile et quelque resserré que soit le territoire de ces brigands
nomades), et, outre le littoral, une partie de l'intérieur, mais une
partie seulement, car le reste relève soit des Parthes, soit des
différents peuples barbares qui habitent au-dessus des Parthes, tels que
les Indiens, les Bactriens ou les Scythes, au nord et à l'est ; les Arabes
et les Ethiopiens {au sud}. Encore est-il constant que les Romains gagnent
sans cesse du terrain sur ces peuples barbares. De tous les pays,
maintenant, qui composent l'empire romain, les uns sont gouvernés par des
rois, les autres sous le nom de provinces relèvent de Rome même, qui y
envoie ses préfets et ses questeurs. On compte aussi dans l'empire un
certain nombre de villes libres (ce sont celles qui les premières ont
brigué l'amitié du peuple romain, ou que les Romains d'eux-mêmes et par
considération ont affranchies), un certain nombre enfin de dynastes, de
phylarques et de grands prêtres, qui, sous l'autorité de l'empereur,
vivent et gouvernent d'après leurs lois et coutumes nationales.
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