[17c,10] Ποσειδώνιος δ´ οὐκ οἶδ´ εἰ ἀληθεύει φήσας ὀλίγοις
καὶ μικροῖς διαρρεῖσθαι ποταμοῖς τὴν Λιβύην·
αὐτοὺς γάρ, οὓς Ἀρτεμίδωρος εἴρηκε, τοὺς μεταξὺ
τῆς Λυγγὸς καὶ Καρχηδόνος καὶ πολλοὺς εἴρηκε καὶ
μεγάλους. ἐν δὲ τῇ μεσογαίᾳ ταῦτ´ ἀληθέστερον εἰπεῖν·
εἴρηκε δὲ τούτου τὴν αἰτίαν αὐτός· μὴ γὰρ κατομβρεῖσθαι
τοῖς ἀρκτικοῖς μέρεσι, καθάπερ οὐδὲ τὴν
Αἰθιοπίαν φασί· διὸ πολλάκις λοιμικὰ ἐμπίπτειν ὑπὸ
αὐχμῶν καὶ τὰς λίμνας τελμάτων πίμπλασθαι καὶ τὴν
ἀκρίδα ἐπιπολάζειν. ἔτι φησὶ τὰ μὲν ἀνατολικὰ ὑγρὰ
εἶναι, τὸν γὰρ ἥλιον ἀνίσχοντα ταχὺ παραλλάττειν,
τὰ δ´ ἑσπέρια ξηρά, ἐκεῖ γὰρ καταστρέφειν - - - ὑγρὰ
γὰρ καὶ ξηρά, τὰ μὲν παρ´ ὑδάτων ἀφθονίαν ἢ σπάνιν
λέγεται, τὰ δὲ παρὰ τὴν τῶν ἡλίων· βούλεται δὲ λέγειν
τὰ παρὰ τοὺς ἡλίους· ταῦτα δὲ πάντες ἀρκτικοῖς
καὶ μεσημβρινοῖς κλίμασιν ἀφορίζουσι· καὶ μὴν ἀνατολικά
τε καὶ δυσμικά, τὰ μὲν πρὸς τὰς οἰκήσεις λεγόμενα,
καθ´ ἑκάστην τὴν οἴκησιν καὶ τὴν μετάπτωσιν
τῶν ὁριζόντων ἄλλα καὶ ἄλλα ἐστίν, ὥστ´ οὐδ´ ἔνεστι
καθολικῶς εἰπεῖν ἐπὶ τῶν ἀπεριλήπτων τὸ πλῆθος, ὅτι
τὰ μὲν ἀνατολικὰ ὑγρά, τὰ δὲ δυσμικὰ ξηρά. ὡς δὲ
λέγεται πρὸς τὴν οἰκουμένην ὅλην καὶ τὰς ἐσχατιὰς
τὰς τοιαύτας, οἵα καὶ ἡ Ἰνδικὴ καὶ ἡ Ἰβηρία, λέγοι ἂν
εἰ ἄρα τὴν τοιαύτην ἀπόφασιν. τίς οὖν ἡ πιθανότης
τῆς αἰτιολογίας; ἐν γὰρ περιφορᾷ συνεχεῖ τε καὶ ἀδιαλείπτῳ
τοῦ ἡλίου τίς ἂν εἴη καταστροφή; τό τε τάχος
τῆς παραλλαγῆς πανταχοῦ ἴσον. ἄλλως τε παρὰ τὴν
ἐνάργειάν ἐστι, τὰ ἔσχατα τῆς Ἰβηρίας ἢ τῆς Μαυρουσίας
τὰ πρὸς δύσιν ξηρὰ λέγειν ἁπάντων μάλιστα· καὶ
γὰρ τὸ περιέχον εὔκρατον ἔχει καὶ πλείστων ὑδάτων
εὐπορεῖ. εἰ δὲ τὸ καταστρέφειν τοιοῦτον εἴληπται, ὅτι
ἐνταῦθα τὰ ὕστατα τῆς οἰκουμένης ὑπὲρ γῆς γίνεται,
τί τοῦτο συντείνει πρὸς ξηρασίαν; καὶ γὰρ ἐνταῦθα
καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις τόποις τῆς οἰκουμένης τοῖς
ταυτοκλινέσι τὸν ἴσον διαλιπὼν χρόνον τὸν τῆς νυκτὸς
ἐπάνεισι πάλιν καὶ θερμαίνει τὴν γῆν.
| [17c,10] Je doute que Posidonius ait dit vrai, quand il a prétendu que la Libye
n'était arrosée que par un petit nombre de cours d'eau, et de cours d'eau
sans importance, car tous les fleuves que signale Artémidore comme
débouchant dans la mer entre Lynx et Carthage, Posidonius lui aussi les
mentionne, et il en fait ressortir qui plus est le nombre et l'importance.
Si encore il n'eût parlé que de l'intérieur du pays, son assertion eût pu
paraître plus fondée. Au surplus, voici son explication : c'est à
l'extrême rareté des pluies dans tout le nord {de la Libye}, voire aussi,
paraît-il, dans toute l'Ethiopie septentrionale, qu'il attribue le fait en
question, et «de là vient, ajoute-t-il, cette sécheresse extrême qui
engendre les épidémies, envase les lacs de manière à les convertir en
marais et fait pulluler les sauterelles». Autre erreur de Posidonius : il
prétend que le côté du soleil levant est toujours plus humide par la
raison que le soleil, au moment de son lever, semble fuir et passe très
vite, et que le côté de l'occident, au contraire, est plus sec, vu qu'en
cet endroit de sa course, le soleil, ayant à tourner, {séjourne plus
longtemps}. On sait que ces mots d'humidité et de sécheresse peuvent
s'entendre, soit du plus ou moins d'eau, soit du plus ou moins de soleil.
Or, ici, point de doute possible, et Posidonius évidemment veut parler de
la sécheresse causée par l'excès de la chaleur solaire. Mais
habituellement c'est au climat, c'est à la position septentrionale ou
méridionale des lieux, que se mesure la chaleur solaire. Quant à l'orient
et à l'occident (dénominations purement relatives), ils varient autant
vaut dire à l'infini, suivant les lieux et à chaque changement d'horizon,
et il s'ensuit qu'il est absolument interdit d'énoncer d'une manière
générale que l'orient est humide et que l'occident est sec. A la rigueur,
et vu qu'on emploie quelquefois ces deux mêmes termes par rapport à la
terre entière et pour désigner ses deux extrémités, l'Inde d'un côté,
l'Ibérie de l'autre, c'est dans ce sens-là qu'on pourrait entendre
l'assertion de Posidonius. Mais, même à la prendre ainsi, son explication
en deviendrait-elle plus plausible ? Dans un mouvement continu et
ininterrompu comme l'est la révolution du soleil, un seul moment d'arrêt
est-il admissible ? Non, la vitesse avec laquelle le soleil passe
successivement devant tous les lieux de la terre est partout la même.
N'est-ce pas d'ailleurs aller contre l'évidence des choses que de
présenter comme étant les pays les plus secs de la terre les extrémités
occidentales de l'Ibérie ou de la Maurusie, contrées qui jouissent
notoirement, elles et leurs alentours, du climat le plus tempéré, en même
temps qu'elles possèdent les plus belles eaux, les eaux les plus
abondantes. Que si, maintenant, Posidonius, en parlant de cette conversion
du soleil, a entendu dire que là, aux derniers confins de la terre
habitée, le soleil surplombe la terre {au lieu de l'effleurer}, en quoi
cette circonstance, je le demande, pourrait-elle être une cause de
sécheresse plus grande, puisque, pour ces points extrêmes, aussi bien que
pour les autres lieux situés sous le même climat, l'intervalle de la nuit,
pendant lequel le soleil disparaît pour revenir ensuite échauffer la
terre, est absolument le même ?
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